Pourquoi Barbie laisse-t-il certains spectateurs de marbre, malgré l’engouement général ? Petit décryptage des choses qui ne fonctionnent pas au monde enchanté de Margot Robbie et Ryan Gosling.
Notre critique du film Barbie
Barbie déchaîne les passions. Qualifié de chef-d’œuvre ou taxé de fraude, le film de Greta Gerwig ne met pas tout le monde d’accord, notamment à la rédaction d’Ecran Large. Et si certaines personnes restent perplexes devant ce spectacle de paillettes, c’est peut-être à cause de certains (gros) points noirs dans l’histoire du film qui viennent ternir son éclat. Entre mise au défi de la suspension volontaire de l’incrédulité, négligence de certains personnages ou encore publicité géante à peine dissimulée, les principaux problèmes du film méritent d’être soulignés.
le problème barbieland
La promesse initiale de Barbie, c’est la découverte du monde enchanteur de Barbieland. Cette terre promise en plastique rose où les incarnations taille humaine des poupées vivent en parfaite harmonie. Le problème, c’est que ce petit univers de rêve parsemé de touches humoristiques (l’eau qui ne coule pas pour de vrai, la piscine et le contenu du réfrigérateur qui sont des autocollants…) fonctionne de manière bancale et frustrante.
Par exemple, l’une des premières règles énoncées par le film est que Barbie peut descendre en flottant depuis le toit de sa maison jusqu’au volant de sa voiture, parce que c’est ainsi qu’un enfant ferait bouger sa poupée en jouant avec. Sauf que cette règle ne vaut pour presque aucun autre mouvements des Barbie, qui se déplacent par ailleurs normalement (alors que tout le monde sait très bien qu’une Barbie, on la fait sautiller sur ses pieds joints pour la faire “marcher”).
L’idée de ces cascades impromptues est reprise rapidement lors des “accidents” de voiture où le véhicule fait des tonneaux dans les airs au moindre écart, où alors quand Ken se cogne contre une vague en plastique et rebondit à plusieurs mètres de hauteur, mais dans l’ensemble, le principe est loin d’être respecté dans la vie des Barbie au-delà de ces quelques gags. Ce n’est malheureusement pas qu’un détail, puisque cela fait écho à la gestuelle de l’héroïne, qui s’amuse à bouger comme une poupée de manière complètement aléatoire au cours du film.
Sa posture est parfois rigide et mécanique, comme lorsqu’elle se prépare le matin ou se laisse tomber dans l’herbe de déprime, mais le reste du temps, ses gestes sont parfaitement souples et humains. Pourquoi renoncer au pari de tenir une gestuelle de poupée mannequin tout au long des scènes se déroulant à Barbieland ? Et que dire de cette fameuse vague en plastique, que Ken s’imagine pouvoir surfer ? N’a-t-il jamais essayé de mettre un pied dans la mer de sa propre plage ? Pourquoi les autres Ken semblent être au courant qu’il ne s’agit que de plastique ? L’incompréhension de départ fait tomber le gag à l’eau.
Un univers aussi cohérent que cette carte du monde
Mais tout ceci n’est encore rien en comparaison de règles bien plus importantes pour l’histoire du film. En effet, il est dit que ce qui se passe dans le monde réel vis-à-vis des poupées a une incidence sur Barbieland (par exemple, la Barbie “bizarre” qui est devenue bizarre à force d’avoir été malmenée dans la vraie vie). Mais est-ce que les actions d’une seule petite fille peuvent suffire à influencer Barbieland, comme c’est montré ? Dans ces cas-là, quid de l’impact du comportement de chaque petite fille avec chaque itération de chaque Barbie ?
Globalement, énormément de règles sur le fonctionnement du monde des Barbie, et surtout son lien avec le monde réel, sont floues ou contradictoires. Et non : ça n’est pas forcément excusables au simple prétexte que c’est un monde imaginaire. La cohérence est nécessaire pour s’immerger dans une histoire, si givrée soit-elle.
le problème sasha
Barbie, c’est l’histoire de la Barbie stéréotypée, la toute première de la gamme, mais aussi de celle de la marque Barbie détenue par Mattel. C’est aussi celle du Ken de Ryan Gosling, et avant ça encore, celle de Gloria, une humaine quadragénaire ou presque, qui déprime parce que sa fille Sasha (Ariana Greenblatt) est en pleine crise d’adolescence et a des réactions épidermiques à chaque démonstration d’affection de sa part. Du coup, c’est aussi l’histoire du passage à l’âge adulte de la collégienne.
En fait, cest l’histoire d’un peu tout le monde, et donc de plus personne. Mais si Barbie, Ken et dans une moindre mesure Gloria s’en tirent avec suffisamment de caractérisation et d’évolution, Sasha n’a plus aucune place dans ce récit surchargé pour exister et donc être un minimum intéressante au-delà de sa tirade assassine sur le fascisme de Barbie.
On devine que ce personnage devait incarner cette nouvelle génération davantage consciente des stéréotypes sexistes véhiculés pendant des décennies par Barbie, mais aussi une certaine misogynie intériorisée qui passe par le rejet des normes de genre et de l’hyperféminité, façon « les trucs pour filles c’est nul ». L’idée était intéressante, mais Sasha ne sert finalement que de prétexte pour que le scénario retourne la situation en braquant les projecteurs sur le mal-être de Gloria.
Passé ce twist tiède, Sasha se contente d’apparaître dans le cadre et de changer de personnalité en même temps qu’elle troque son look d’emo-grunge contre les tenues et les 50 nuances de roses de Barbieland. Pire, elle parasite le développement de sa mère, une femme lassée des injonctions contradictoires de la société et qui tente de s’affirmer, mais qui est systématiquement ramenée à sa relation avec sa fille et donc son strict rôle de mère (celui-là même que devait à l’origine contrecarrer la poupée Barbie).
LE PROBLème mattel
Le film Barbie est bien évidemment là pour le business Barbie. Mattel, giga-entreprise derrière les jouets (environ un milliard de chiffre d’affaire chaque année), a produit le film via Mattel Films, créé en 2013 pour exploiter le filon cinéma. Rien de spécial au fond : Hasbro (Transformers, GI Joe, Donjons & Dragons, Ouija, Battleship), Lego (La Grande Aventure LEGO, LEGO Batman : Le film…) ou encore Disney (les films tirés des attractions Pirates des Caraïbes, A la poursuite de demain, Le Manoir hanté…) ont fait la même chose.
Mais il y a un double problème avec ça dans Barbie. Le premier : Mattel fait partie de l’histoire. L’entreprise s’autocaricature (très gentiment) pour apparaître comme un boys club cynique et incapable, mené par un Will Ferrell de retour dans la blague méta après le film Lego. De quoi s’acheter ainsi une bonne image qui pue justement… le cynisme, vu qu’ils ont bien sûr accepté de passer pour des abrutis dans le seul but de soigner leur image cool. Et ainsi, camoufler la gigantesque opération marketing qu’est ce film. Puisqu’on le sait, et qu’on vous le dit, et qu’on en rigole ensemble (même de l’évasion fiscale), c’est moins grave, non ?
Mattel est pris qui croyait prendre
Deuxième problème, qui confirme le premier : Mattel n’est même pas le vrai méchant du film puisque le scénario se concentre sur la guerre des sexes entre les Barbie et les Ken. L’ennemi, c’est le patriarcat, et il est incarné par l’armée de Ken, bien plus vindicatifs que les débiles capitalistes. La bande Mattel est ainsi complètement mise de côté, reléguée à l’arrière-plan comme bouffons-figurants, et de grands enfants.
Non seulement c’est un élément superflu et lourdingue du scénario, que ni Greta Gerwig ni Noah Baumbach (ni Mattel) n’assument vraiment, mais en plus c’est la plus grosse couleuvre à avaler dans Barbie. Passer pour des cons, oui, mais des cons qui font rire, qui ne font rien de grave, et qu’on oublie vite tant ils sont inoffensifs. C’est ça, le vrai Cheval de Troie de Barbie.
Vu dans l’avion avant-hier, je me suis ennuyée. Je n’ai pas aimé le choix des acteurs pour Barbie et Ken par ailleurs. Toujours surprise par ces daubes qui font un maximum d’entrées…
@Hellohello, voir depuis plusieurs semaines déjà des vêtements « Barbie » chez le vendeur de vêtements Jennyfer en disait déjà long sur ce à quoi il fallait s’attendre. C’était évident qu’ils espéraient que le film leur permette une vente énorme de produits dérivés, et pas que chez les petites filles.
Quand on arrive à rendre le personnage cool y compris chez les ados, et jeunes adultes, c’est le jackpot assuré. Jennyfer est devenu spécialiste de ce genre de vêtements (Stranger Things, Animal Crossing, …)
J’aime bien les gens qui disent que c’est juste un film qu’il faut regarder avec son âme d’enfant….
Personnellement je n’y ai vu qu’une immense publicité payée par le fabriquant en projection de faire exploser ses ventes sur le dos de nos enfants. La preuve quand on voit sur tiktok la déferlante de vêtements, de rose partout dans toutes les vidéos…. Méfait accompli !
D’ailleurs quand Barbie était son jeu d’enfance on ne s’y retrouve en rien dans ce film. Personnellement aucune de mes copines n’avait un Ken alors pourquoi ce personnage est ultra central ? A vouloir dénoncer le pseudo patriarcat on se retrouve encore avec un film avec que des mecs quand la vraie remise en question de l’image des femmes est a peine soulevée et encore plus de la différence entre une petite fille pauvre et une petite fille riche
On est sur une vraie grande déception pour un film mais une très bonne publicité !
Mon problème avec ce film est tout simple, l’intérêt. Comment faire du vide avec du vide.
Totalement d’accord avec vous cette fois-ci.
Ces futilités de « guerre des sexes » (voire de « genre » chez les plus atteints) ne sont là que pour cacher la seule et unique vraie discrimination systémique, pour reprendre leurs termes, celle entre les classes ouvrières mais aussi moyennes (oui) et la bourgeoisie voire même plus haut.
Mais ça Hollywood ne laissera jamais passer, alors on va divertir le petit peuple avec de faux problèmes de lutte des races/sexes. Les rares fois où ils le font ils nous prennent pour des idiots comme vous dites si bien (les exemples depuis 2019 sont légions).
La vérité c’est qu’une femme bourgeoise est ultra archi privilégiée face à un homme au Smic, il y a une petite pique dans le film, et qu’une femme au Smic n’en a strictement rien à faire de ces absurdités de patriarcat quand elle se prend l’inflation en pleine face.
J’ai été mitigée…
Vu le film a sa sortie avec ma fille de 10 ans qui a adoré.
Moi j’ai aimé Barbieland et ses aliments immangeables, son eau sans eau,ses futilités…
J’ai eu mal au coeur pour Midge, et j’ai apprécié Barbie bizarre.
Là où pour moi le film pêche, c’est dans le passage au monde réel. Il y a quelque chose de biaisé dans la vision que le film nous offre, dans le patriarcat auquel Ken s’identifie.
Ce passage aurait pu être plus développé.
La violence est assez artificielle, déclinée de manière peu fine quand on compare le soin mis a dépeindre Barbieland, je trouve que le cliché aurait été meilleur si dirigé vers Barbie et son monde uniquement.
Les messages en filigrane me semblent survolés et l’ensemble oscille entre bonne idée mal exploitée et mauvaise interprétation de la perception de Barbie par les petites filles.
Barbie est sexuée entre les mains des enfants, elle leur permet d’exprimer leurs premiers émois, mes Ken finissaient en prison par exemple pour avoir battu barbie…ils avaient des enfants, des amoureux, etc…
Je dirais pour finir que ce genre d’oeuvre aurait eu besoin d’un vrai retournement de situation, au lieu d’un simple parallèle distopique. Enfin, si son but était plus profond que juste un énième film pseudo féministe, mais ce n’est que mon humble avis.
Je n’ai pas détesté Barbie, je l’ai trouvé fade, malgré toutes ses couleurs
C’est tout le problème des films artificiels qui doivent additionner les intérêts des uns et des autres.
Ce n’est pas un auteur, enfin, une « autrice » (lol) qui a fait le film, mais une yes-woman (re-lol).
Un film qui fait semblant d’avoir quelque chose à dire pour masquer le néant de sa justification.
J’attendais cet article ! Je l’ai vécu exactement comme ça. J’étais très chaud mais sceptique devant les trailers, à raison. L’essentiel est dedans. Dans le contexte de satyre que devait proposer le film, dès qu’il a été clair qu’on était sur du second degré, j’étais impatient de voir la déconstruction du mythe avec les appositions du monde réel, cynique et vulgaire, sur le féminisme actuel à la façon, notamment, de la réplique d’intro : « et grâce à toutes ces versions de Barbie, on a vaincu le patriarcat ». C’est con, c’est simple, c’est humble, j’ai bcp ri. La réflexion de Barbie à l’ouvrier vis-à-vis de son absence de vagin, et autres réponses crues aux questions sous-jacente que suggère l’humanisation du jouet, et l’incapacité de Ken à expliquer pourquoi il veut rester pour la nuit, ça promettait. Je pensais qu’il y aurait de l’autocritique avec un vrai fish out if water qui mettrait réellement Barbie dans le pétrin. Sauf que ces règles, comme les mouvements physiques et autres, sont dispersées sans cohérence. C’est bref, et bordélique sous les couches de rose. La vanne du type de Mattel qui se fiche de savoir comment les poupées existent et prennent vie ne suffit pas à rendre le voyage compréhensible ou agréable. Ça n’a rien à voir avec le fait qu’il s’agisse »juste d’un film rose bonbon avec un scénario simple », au contraire, ça manque de simplicité, à hésiter entre Matrix, Toy-story et Narnia. La suspension de crédulité de Toy-story est basée sur la premisse de jouets vivants et ça se passe très bien, peu importe qu’ils respirent ou pas ; mais là, le monde donne l’impression de s’inventer au fur et à mesure. Quand Barbieland ne fonctionne plus, il n’y a toujours pas de »vraie » eau au robinet, mais elle est froide quand même ? Les Barbies sont liées à une version miniature mais prennent leurs propres enveloppes physique ? Je sais qu’il faut pas over-think mais tout ça, et la réplique méta sur Margot Robbie ça m’a fumé. Donc, les John Cena et Dua Lupa ont pas suffi à m’emballer. Par-dessus, je ne vois aucun personnage dans Barbie. Je trouve que Robbie donne de ouf l’impression de s’ennuyer sur un truc qui aurait pu être poussé bcp, bcp plus loin dans le jeu. Oui, c’est la poupée stéréotypé mais son humanisation me semble creuse et paresseuse. Une Harley Queen sage. La bande du CEO sont très drôles, mais tellement mal utilisés. D’ailleurs, j’ignorais que le film irait dans ce genre de méta (présence des créateurs), et ça part trop en live. Le fantôme de Ruth ??? Ensuite, Barbie disparaît un peu trop du 3e acte, Ken ne suffit pas à faire un antagoniste solide pour Barbie qui oscille entre égalité des genres et acceptation de soi, et le personnage de Gloria a elle-même la crédulité d’un enfant de quatre ans ce qui donne un rythme bizarre à sa progression. Je pense qu’il fallait allait beaaaaaaaucoup plus loin et plus osé dans le délire absurde, genre The Mask, parce que là ça reste très sage et concon, et trop familial pour marquer le coup. Pour défaire le patriarcat, il faut lui opposer des contradictions en champ-contrechamp… Bof, comme conflit ! Et à quoi bon une Ordinary Barbie, vu que toutes les Barbies ont déjà été faites pour élever la Barbie originale qui ne faisait rien que d’être belle ? Ça tourne en rond pour ne déranger personne. Gloria a passé son idée, le CEO se fait des thunes, les femmes continueront de se trouver moches et fin, sauf que Barbie devient humaine. Ça marchait mieux avec Michael dans The Good Place !
Ma séquence préférée, Barbie qui contemple les gens sur son banc et surtout, la vieillesse qui fait l’humanité et la trouve magnifique. La beauté de la séquence fait très bien fonctionner la vanne un peu plus tard : « J’ai pleuré, au début c’était qu’une larme, et maintenant c’est a whole bunch ».
Je pourrais regarder Margot Robbie pendant des heures et des heures, et Weird Barbie était marrante, Gosling très investi, l’esthétique évidemment, mais dans l’ensemble, j’ai trouvé ça très modeste et maladroit comme realisation.
Détail personnel, je ne comprends tjrs pas Ryan Gosling. Je comprends le capital sympathie et la tête d’affiche au poil, mais je n’ai vraiment pas ri. J’ai souri, c’est charmant, c’est le personnage le plus développé, mais ses gags sont hyper, hyper, hyper simples et courants, non ? Je veux dire, il le joue bien, ok, mais les gens dans la salle hurlaient de rire en permanence…
Au delà de l’aspect fun et original de la couleur rose et des débuts…il est évident qu’il y a des messages idéologiques dans ce film mais amené avec tellement de maladresse à la façon d’un caterpillar le patriarcat c’est mal , les hommes sont bêtes (le scénariste progressiste se foule pas trop pour la recherche d’idée ! ) , Autre problème le marketing outrancier (chevrolet) , Mattel compte vendre encore des poupées évidemment…il y a d’autres films en préparation d’ailleurs
Le film soutiens une forme de domination inégalitaire par sexe (les hommes c’est pas bon) , la femme doit être éternellement seule tombant dans l’ennui le plus total mais une bonne consommatrice …au lieu de réunir le spectateur pour un bon moment il s’enlise parfois dans de l »idéologie lassante et c’est là où c’est problématique . Qui est la cible de ce film ? véritablement ? .
Ouh la, la …. La condescendance de certains commentaires me laisse pantoise ! Nous avons ici la crème de la crème des critiques cinéma ! « Tout juste bon pour Netflix », « film qui ne vaut pas le prix d’un billet » voici en substance les commentaires de personnes ayant vu ce film … enfin j’espère car sinon ces a priori ne seraient que la manifestation de pseudo-cinéphiles qui pètent plus haut que leur c** !