Les 15 meilleures BO de 2024 (Dune 2, Arcane, Les Anneaux de pouvoir, The Substance…)

Par La rédac
30 décembre 2024
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Les 15 meilleures BO de 2024 top © Canva Warner Bros. / Netflix

Quelles sont les meilleures musiques de films sortis en 2024 ? Ecran Large partage son top 15 des BO de 2024.

Dans les bureaux d’Ecran Large, quand l’équipe n’est pas occupée à se moquer des goûts d’un rédacteur ou chercher les meilleurs pires jeux de mots, tout le monde a un casque sur les oreilles. Et bien souvent, on écoute des musiques de films, séries et jeux vidéo.

En 2023, on avait partagé notre top 10 des meilleures BO de l’année, qui allait d’Oppenheimer à Suzume, en passant par Babylon, Spider-Man : Across the Spider-Verse, Silo, Godzilla Minus One, Tropic, The Idol ou encore Mars Express.

En 2024, rebelote, mais avec un top 15 cette fois, parce qu’on a envie de toujours plus partager autour de la musique.

Classement sans ordre particulier

Shōgun : photo, Hiroyuki Sanada
Il y a des absents oui, c’est le jeu

ARCANE SAISON 2


La série Arcane a marqué l’histoire de l’animation sur petit écran, pour son budget et ses ambitions cinématographiques, mais aussi pour sa bande-son qui a définitivement imposé cette seconde saison comme un autre rendez-vous artistique prestigieux. Riot étant rodé à l’exercice, Arcane est parsemé de clips musicaux suresthétisés, offrant ainsi au public une autre bande-son démente de 21 morceaux originaux qui mêle les genres et les nationalités, les anciens et nouveaux talents, les artistes populaires et la scène underground.

Plutôt qu’un effet jukebox superficiel (comme trop souvent dans ce genre de cas), les morceaux sont réfléchis pour s’intégrer au récit, voire y participer activement, que ce soit pour le faire avancer, souligner les événements en cours ou tout mettre sur pause.

Dans ce dernier cas, le plus bel exemple reste le morceau Ma Meilleure ennemie de Pomme et Stromae, qui après quelques soucis de santé a donc fait un retour plus que remarqué. La voix éraillée du Belge couplée à la douceur de la Française (et les paroles, évidemment) sublime ainsi cet instant de danse suspendu et vaporeuse, cette parenthèse de joie avant le chaos à venir, qui est par ailleurs une des plus belles séquences de la saison, si ce n’est de la série.

LES CHAMBRES ROUGES

La bande originale de ce thriller glaçant a été composée par Dominique Plante, qui n’est autre que le frère du réalisateur, Pascal Plante. Après avoir déjà collaboré sur les films Les Faux Tatouages et La Fleur de l’âge, les deux frangins poursuivent la collaboration pour le plus grand plaisir des oreilles du public. Dans Les Chambres Rouges, film aussi fascinant que dérangeant dans lequel une jeune femme (incarnée par Juliette Gariépy) se prend d’obsession pour le tueur en série dont elle assiste au procès, la musique joue un rôle déterminant.

Le film fait le choix de ne montrer aucune image violente par nature, alors même que d’horribles meurtres sont au cœur de son sujet, et compte en réalité sur la musique pour exprimer toute l’horreur des situations. L’exemple le plus évident est celui de la dernière séquence de procès, où une longue suite rythmique dans laquelle les percussions sonnent comme un cœur qui s’emballe accompagnent la préparation d’un plan machiavélique que le spectateur découvre avec horreur.

Lorsque le climax survient, la musique explose. Faite majoritairement d’un hurlement strident, renforcé par des sons d’orgue qui confèrent au malaise quelque chose de flamboyant et presque spirituel, le morceau trouble profondément. En quelques secondes, et associé au ralenti de l’image, il exprime toute la violence, toute la détresse et toute la perversité dont il a été question au long du film. La partition des Chambres Rouges est un exemple parfait de la manière dont la bande originale d’un film peut non seulement dialoguer avec la mise en scène, mais aussi l’augmenter, et déranger autant (si ce n’est plus) qu’une violence graphique

FLOW

Si vous voulez des raisons de penser que vous ne foutez pas grand-chose de votre vie, dîtes-vous bien que Gints Zilbalodis, 30 ans, a non seulement réalisé Flow, mais il l’a aussi co-écrit avec Matīss Kaža, et il a en plus co-composé la magnifique musique avec Rihards Zaļupe. On pourrait dire que c’est normal puisque l’artiste originaire de Lettonie a fait entièrement en solo son premier film, Ailleurs, sorti en 2019. Mais c’est encore plus intimidant en fait.

Dans un film sans dialogue, la musique devient le seul langage sonore. Et dans Flow, la BO remplit merveilleusement cette mission, épousant la simplicité, la douceur, la poésie, mais aussi le spectaculaire de cette aventure. C’est particulièrement grandiose dans les moments de mélancolie, comme lorsque l’oiseau (meilleur personnage) s’envole sur la mélodie de Flow Away, offrant à tous les niveaux un des moments les plus beaux du film. A la fin, c’est le morceau Reflection qui rappelle la mélancolie de ce monde, et appelle à creuser le sens de cette conclusion.

Normal que la musique soit si importante dans le film. Gints Zilbalodis expliquait que dès son premier film, elle arrivait très tôt dans le processus créatif, et influençait toute l’écriture. Il expliquait en novembre 2024 dans une interview avec Reverse Shot comment ça s’était passé sur Flow :

« Je monte le film, en utilisant la musique que j’ai composée pendant que j’écrivais le scénario. J’écris la musique sans vraiment penser à des scènes précises. C’est une grande librairie de musiques que j’essaye dans plusieurs scènes, pour voir où ça marche. (…) Mais c’est juste un brouillon de la musique. Par la suite, on a engagé un autre compositeur, Rihards Zaļupe, qui est bien plus expérimenté. J’ai juste commencé à faire de la musique avec mon précédent film. Je n’ai pas étudié la musique, je l’écris juste de manière électronique. »

EN ATTENDANT LA NUIT

Mathias Legoût Hammond en attendant la nuit Céleste Brunnquell
La BO n’est pas disponible sur internet, donc voilà une image

Ce petit film de vampire réalisé par Céline Rouzet est passé inaperçu en 2024, et on aurait du mal à dire que c’est une grande perte étant donné qu’on l’a trouvé beaucoup trop scolaire. Mais s’il y a bien une chose qui mérite l’attention dans En attendant la nuit (au-delà d’Élodie Bouchez, encore une fois excellente), c’est la musique composée par Jean-Benoît Dunckel. Et derrière ce nom se cache la moitié du célèbre duo de musique électro Air.

Passé aux BO de films depuis quelques années, avec notamment Pas de vagues sorti lui aussi en 2024, Jean-Benoît Dunckel apporte quelque chose de fantastique à ce récit aux dents longues. Dès les premières minutes, la mélodie mi-atmosphérique, mi-nerveuse, rythmée par une voix entêtante, impose d’emblée un ton. Sur le générique de début à la Lost Highway, c’est ce superbe thème mélancolique qui fait décoller l’imagination, avant de résonner régulièrement dans le reste de l’histoire.

Le film ne sera jamais vraiment à la hauteur de cette intention, donc on est sur un de ces cas où la BO est supérieure au film. Mais c’est bien aussi parfois : ça permet de rappeler à quel point la musique est un art à part entière, qui fait sa propre vie.

THE SUBSTANCE

The Substance
« Teuf ou aligot ? »

Ici, pas de surprise : la bande originale de The Substance est à peu près aussi agressive que le film. Comme lui, elle assume son artificialité déviante pour déverser tout ce qu’elle peut fournir de plus sale, notamment dans deux pistes successives, intitulées ironiquement Blood et… More blood. Ça a le mérite d’être clair. Pour ce faire, Coralie Fargeat et ses équipes n’ont pas choisi le musicien le plus identifié. Mais elles ont bien choisi.

Issu de l’écurie Ninja Tune, Raffertie ne s’est mis au scoring que très récemment et en gardant une approche principalement synthétique. Pour The Substance, il a expérimenté avec le sound design, excepté peut-être les 30 secondes de techno ironique Home Improvement. Et il va de soi que le son fonctionne très bien quand il se fond organiquement avec l’esthétique aliénante du film, comme Elizabeth et Sue chacune à leur tour. Il en parlait justement à Paper.

« L’une des choses qui me plaisent le plus dans le film, c’est comment le sound design et la musique vont si bien ensemble. Il y a un vrai flou entre les deux. Les gens m’ont demandé : ‘Est-ce que ce moment vient de l’équipe son ? Ou c’est la bande originale ?’ J’aime la connexion entre ces deux choses ».

Un flou qui persiste presque dans l’album, notamment lors du terrifiant morceau I Hate Myself, chaos expérimental confinant à la folie. Et puis bien sûr, il y a le banger au milieu de la pièce, ou plutôt du club, puisqu’il a littéralement été joué dans ces conditions suite à la bande-annonce. La piste-titre est parfaite pour tester votre caisson de basse, ou pour prolonger l’expérience délicieusement dérangeante du film, en collusion, selon les mots de l’artiste lui-même avec l’apogée de l’hyperpop féministe que fut Brat. Coralie Fargeat et Charli XCX, même combat ?

CHALLENGERS

Dans un film où absolument tout est excessif, où la caméra adopte le point de vue de la balle et s’autorise les excentricités les plus délirantes, le choix du célèbre duo Atticus Ross Trent Reznor à la musique peut paraître étrange. Certes, Reznor a su se montrer bruyant par le passé au sein de Nine Inch Nails, mais les musiciens désormais omniprésents à Hollywood ont plus l’habitude des douces nappes synthétiques.

Fausse alerte, puisque leur bande originale est presque plus déraisonnable que le film, et ce dès le premier morceau, dont on maudit l’interruption par un réveil intradiégétique ayant survécu dans l’album. Pas de panique : à de multiples reprises, ils reviendront à cette techno tendance transe énergisante qui pourrait très bien être jouée sur un dancefloor. Ça tombe bien, c’est exactement l’effet escompté : un son à peu près aussi pop et frénétique que le délire camp qu’il accompagne.

Mais outre ce qu’on pourrait presque appeler un thème principal, la bande originale comporte quelques autres morceaux archifun, toujours au rayon électro-pop 80’s délicieusement kitsch. Dès la deuxième piste (« I Know »), ils sortent les synthés pour une courte balade rétro reprenant certains des motifs de The Social Network. Et il ne faut pas aller plus loin que la troisième pour toucher des tympans le summum de l’hymne électro sucré avec Yeah x10, dont le titre est une véritable promesse. Promesse tenue évidemment.

À ce stade, et sans même compter les autres purs morceaux de techno à suivre (Brutalizer, The Signal…) , Challengers est déjà un magnifique prétexte pour bouger son boule sans forcément avoir à apprendre le tennis.

PENDANT CE TEMPS SUR TERRE

Avant de créer le fameux et génial groupe The Dø, Dan Levy se consacrait déjà à la musique de film. Après la séparation du groupe, officielle depuis quelques mois à peine, il est revenu vers le cinéma en grande pompe. On lui doit en effet l’une des plus belles B.O de l’année 2019, celle du superbe J’ai perdu mon corps. En 2024, il a retrouvé le réalisateur Jérémy Clapin pour un projet autrement plus expérimental, mais pourtant remarquable : Pendant ce temps sur Terre.

Le film jongle entre les implications cosmiques de son histoire de body-snatcher et l’intimité de son héroïne. Un choix qui se retrouve dans l’esthétique avec l’irruption du cinéma d’animation, et bien entendu dans la musique, qui joue grosso modo sur trois tableaux. D’une part, il y a les chœurs grandiloquents qui constituent presque un thème principal. Ensuite, il y a les voix synthétiques, menaçantes. Enfin, il y a de grandes envolées lyriques chargées de cordes. L’espace, l’altérité et l’émotion.

Il y a de quoi craindre un trop-plein, mais les mélodies de Levy sont trop pures et sincères pour ça. La musique est si expressive que l’album se réécoute à merveille, et gagne en intensité quand les trois approches se combinent, dans They Won’t Feel Anything par exemple. On attend avec impatience une hypothétique troisième collaboration.

PAUVRES CRÉATURES & KINDS OF KINDNESS

Yorgos Lanthimos a toujours usé de musiques classiques pour ses précédents métrages, sans jamais vraiment faire appel à un compositeur. Pour Pauvres créatures puis Kinds of Kindness, il a toutefois fait appel à Jerskin Fendrix, novice sur les écrans puisque ce sont ces deux (et uniques à ce jour) compositions pour le cinéma. Et ça se ressent tant, à l’image des films du Grec, les partitions de Fendrix se démarquent du tout-venant.

La bande originale de Pauvres créatures est ainsi régie par des styles complètement différents, passant de musiques proches du baroque à des airs plus folkloriques, de sonorités classiques ou électroniques à des bruits plus expérimentaux (avec une myriade d’instruments à cordes, bois, orgues, sorte d’accordéon…). Toutefois, elle suit une direction assez logique en accompagnant plus ou moins l’évolution de Bella Baxter. Qu’il bouscule les rythmiques ou les mélodies, Jerskin Fendrix superpose en permanence ses créations aux ressentis de son héroïne (ou de ce qui l’entoure) dans une mélopée surprenante et inattendue.

Avec Kinds of Kindness, aussi fou que cela puisse paraître, Jerskin Fendrix parvient à prendre un contre-courant assez hallucinant, Lanthimos lui ayant suggéré d’utiliser « juste du piano et des chœurs« . Il en résulte des partitions à la fois très classiques comme Hotel Cheval, ou des morceaux plus dérangeants, jouant avec une seule note (ou presque) comme Le Marteau ou R.M.F. Eats a Sandwich (non sans rappeler le Musica ricercata: No. 2, Mesto, rigido e cerimoniale de Ligeti utilisé par Kubrick sur Eyes Wide Shut), instiguant une ambiance particulièrement malsaine.

Les chœurs, eux, viennent agrémenter l’atmosphère de manière plus brutale (Hymn – Matia Vlemma Stoma Psema), contribuant à façonner le malaise désiré par Lanthimos devant les étranges situations que vivent les personnages.

DISCLAIMER

Finneas O’Connell a rencontré le succès en majeure partie aux côtés de sa sœur cadette qui n’est autre que… Billie Eilish. En dehors de sa carrière solo, l’Américain a en effet co-composé plusieurs chansons de sa sœur (tout en les produisant), remportant de nombreux Grammy Awards, mais aussi deux oscars de la meilleure chanson originale : No Time to Die pour Mourir peut attendre en 2022 et What Was I Made For ? pour le phénomène Barbie en 2024.

Avec Disclaimer, il change totalement de registre en écrivant sa première bande originale pour une série et pas n’importe laquelle, celle d’Alfonso Cuarón. Les deux hommes ont travaillé longuement ensemble pour établir un vocabulaire musical pour chaque personnage, la série juxtaposant différentes époques, différents points de vue et différentes émotions en fonction des situations et des regards exposés. Ils ont ainsi basé la plupart des partitions sur l’idée du quartet, un quatuor de musiciens solistes, où l’un des instruments avait le dessus sur les autres.

De quoi offrir, par exemple, une mélodie plus mélancolique avec un violoncelle pour le motif Catherine (correspondant au personnage éponyme) et surtout des motifs évolutifs en fonction de l’avancée de la narration et des découvertes des spectateurs. D’où un mélange, voire une superposition, des textures et musiques dans The Chase pour les derniers instants.

Une partition plus classique donc, mais parfaitement en symbiose avec le récit qu’elle accompagne. Il fallait bien cela pour une série aussi magnifique, captivante et déconcertante.

CONCLAVE

Pour qu’un thriller soit à la hauteur, il faut souvent une belle partition qui accentue les rebondissements et autres révélations narratives surprenant à la fois les personnages et les spectateurs. Dans Conclave, Volker Bertelmann (dont c’est la cinquième collaboration avec le cinéaste Edward Berger) réussit justement à accompagner la tension crescendo du film. Avec des leitmotivs rapidement identifiables, le compositeur allemand livre des morceaux à la fois glaçant, angoissant et entraînant.

Comme un personnage à part entière, la bande originale vient s’immiscer dans le secret des cardinaux (Rumours), les suivant de tous les plans, accélérant la cadence (Arrival), ralentissant le chaos (Explosion), apaisant leurs conflits (You Should Be Careful) ou annonçant ladite bonne nouvelle (Postlude of Conclave). C’est finalement une partition lumineuse et ténébreuse, soit tout l’objet de cette élection papale. Avec un peu de chance, elle vaudra d’ailleurs peut-être à Bertelmann son deuxième Oscar de la meilleure musique originale après À l’Ouest, rien de nouveau en 2022.

DUNE : DEUXIÈME PARTIE

Avec Hans Zimmer, ces dernières années, c’est un peu quitte ou double. Fort du style électro-orchestral qu’il a imposé depuis près de 30 ans et de son usine studio Remote Control Productions, le compositeur adulé s’est beaucoup reposé sur ses lauriers, quitte à gentiment ronfler sur ses synthétiseurs. Mais comme à la belle époque de ses collaborations avec Christopher Nolan, Zimmer a trouvé en Denis Villeneuve un réalisateur qui sait le stimuler.

La bande originale du premier Dune avait déjà su texturer l’univers de Frank Herbert et la planète Arrakis, dans ce mélange de leitmotivs rapidement identifiables (le thème de Paul, avec sa fameuse voix féminine entre le chant et le cri) et de sound-design qu’affectionne tant Zimmer. La partition de Dune 2 en reprend la plupart des acquis, mais pousse aussi les potards de l’épique pour accompagner la création artificielle du Messie que devient le personnage principal. Au milieu de ces considérations guerrières, le « love theme » entre Paul et Chani (prédominant dans le morceau A Time Of Quiet Between The Storms) rappelle les moments où Zimmer savait embrasser un lyrisme plus tendre, émouvant et à fleur de peau (on pense beaucoup à Gladiator).

L’usage du duduk pour refléter la fragilité de ce lien amoureux fonctionne du feu de Dieu, et sert de réceptacle à son expansion orchestrale lorsque l’union des deux amants est dépassée par la soif de conquête de Paul. C’est pour cette raison que la piste Kiss the Ring revient très souvent dans nos oreilles.

TO THE MOON

Certes, on aura dû passer 2024 sans Spider-Man : Beyond the Spider-Verse, mais il était hors de question de voir l’année filer sans un album du génial Daniel Pemberton. Malheureusement pour le compositeur, son travail n’a pas forcément été très retenu ces derniers mois, entre le crash du jeu vidéo Concord, le méga-fiasco de Sony, et To the Moon, dont le bide au box-office ne le prive pas d’être une sympathique comédie romantique teintée de conquête spatiale.

Puisque le long-métrage de Greg Berlanti s’amuse avec les théories du complot autour de la mise en scène d’Apollo 11, l’album de Pemberton jongle entre les tons, avec d’un côté ses synthés éthérés à l’ancienne évoquant un futur fantasmé, et de l’autre ses rythmiques jazzy et groovy héritées du film de braquage.

Le musicien avait déjà géré habilement ce cocktail dans Les Bad Guys, et To the Moon profite de la même malice dans le regard. Sa dynamique instrumentale, typique des années 60, se mixe à merveille aux élans comiques, tout en revenant régulièrement au lyrisme de sa mission spatiale, et à l’investissement de ceux qui y risquent leur vie. À ce titre, le love theme entre Kelly et Cole est aussi simple que dévastateur.

LE ROBOT SAUVAGE

Repéré pour des projets aussi variés que Green Book, la série Dear White People ou encore Bridgerton, Kris Bowers est en train de devenir l’une des stars montantes de la musique de film. En tout cas, sa partition somptueuse pour Le Robot sauvage devrait amplifier ce succès, tant l’émotion du long-métrage Dreamworks dépend beaucoup de son apport.

Sur le papier, on admettra que sa composition mixe assez logiquement du symphonique avec des éléments électroniques, afin de représenter le contraste entre la nature synthétique de Roz et cette nature qu’elle apprend à comprendre. Rien de révolutionnaire en somme, mais l’ensemble est très joliment équilibré et prenant, surtout dans les morceaux d’action, où le rythme s’emballe pour souligner la physicalité burlesque des corps.

Bowers est très clairement inspiré par les grands noms qui sont passés avant lui dans les productions Dreamworks (difficile de ne pas penser à John Powell et au souffle épique de la saga Dragons). Thématiquement, l’album n’est peut-être pas aussi complexe et brillant que son modèle, mais ses envolées lyriques à base de violons et de cuivres soutiennent à merveille la poésie du film, et l’envol de Joli-Bec. Diablement efficace.

LES ANNEAUX DE POUVOIR SAISON 2

Compositeur est parfois un métier très ingrat, surtout lorsque vous êtes l’un des artistes les plus talentueux du moment, contraint de servir la soupe à une série médiocre. Bear McCreary en sait quelque chose, lui qui a su transcender Les Anneaux de pouvoir depuis sa première saison. En plus de marcher habilement dans les traces d’Howard Shore sans se complaire dans la redite, ses thèmes ont su donner un souffle et une émotion tout bonnement absents du méga-blockbuster d’Amazon, au point où son écoute isolée nous fait fantasmer une bien meilleure histoire.

Sa partition pour la saison 2 est en cela un bonheur d’évasion, où les leitmotivs déjà installés (celui de Galadriel est toujours aussi merveilleux) se mêlent aux nouveaux par des réorchestrations impressionnantes. On retiendra surtout Battle for Eregion, morceau de bravoure symphonique qui croise les destinées avec un sens de l’urgence et de l’épique grisants.  

Mais McCreary développe par la même occasion le ton si particulier de la Terre du Milieu, qui trouve dans les voix une dimension spectrale et fantastique. Outre les chansons de Tom Bombadil, les chœurs enchanteurs amènent toute une personnalité à l’album. Et puis, il y a aussi The Last Ballad of Damrod, où le compositeur fait ressortir son amour du métal. Euphorisant.  

WICKED

S’il y a bien une bande originale qui n’avait pas le droit de se planter cette année, c’était celle de Wicked. En adaptant (enfin) sur grand écran la comédie musicale culte de Broadway, Jon M. Chu et Universal avaient une sacrée responsabilité. Le compositeur du show, Stephen Schwartz, est pour l’occasion revenu sur le travail des chansons, que magnifient Cynthia Erivo et Ariana Grande. De The Wizard and I à Popular, les deux actrices sont en merveilleuse symbiose, qui plus est pour des morceaux connus pour leur difficulté.

Pour autant, Wicked le film ne se contente pas d’un simple copier-coller musical de la pièce, et conçoit que le cinéma raconte son histoire autrement. En l’occurrence, Jon M. Chu a troqué l’énergie des voix, leur volume et leur projection (nécessaires pour être entendues au théâtre) pour des variations. Certains ont reproché ce choix plus axé sur l’émotion des performances, et pourtant, il accompagne tout le parcours d’Elphaba, qui trouve sa voix au fur et à mesure du film, jusqu’à l’explosion musicale galvanisante que représente Defying Gravity.

Étant donné que cette première partie dure à elle seule 2h40 (soit le temps de la comédie musicale complète), Wicked possède également un autre album, entièrement dédié à ses passages orchestraux. Stephen Schwartz a pour le coup reçu l’aide précieuse de John Powell (la géniale BO de Dragons, c’est lui), pour une partition magique et joliment complexe dans sa composition, qu’on écoute déjà en boucle.

Tout savoir sur Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau
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Ropib

Valls fait partie du casting de la saison 2 de Rings of Power ?

cinefab

The Piper, Strange Darling, Cabrini, Horizon, Ridley, A Gentlman in Moscow, Le moine et le fusil et Emilia Pérez enrichissent ce palmarès cohérent pour il est vrai une perte de qualité pour le cinéma qui cèdent a la tendance du sound design plutôt qu’aux partitions à thème…

jrmhubert71

Mes deux coups de cœurs de cette année niveau BO et que je qualifierai de chefs-d’œuvre, sont The Piper et la nouvelle composition pour le Nosferatu de Murnau tout deux composée par le vétéran Christopher Young. Deux BO qui montrent que le gars reste peut-être le meilleur compositeur de musique de film d’épouvante et qu’il est injustement sous-estimé par Hollywood

DL

Assez d’accord avec DjFab.

A noter, pour Arcane, qu’au-delà des musiques citées, il y a également les compositions originales qui sont bien sympa comme « Raised by Wolves », « Funeral », « I Promised You » ou bien « The Bridge (Reprise) » – ces deux dernières étant de Ray Chen, dont le talent au violon n’est plus à prouver ^^

DjFab

Une année vraiment pas terrible je trouve… La plus mauvaise depuis longtemps même.