Le 14 février dernier, Chien et Chat est sorti en salles, et on ne se serait sûrement pas intéressé autant à cette comédie française si elle n’avait pas coûté près de… 20 millions d’euros.
Avec un titre comme Chien et Chat et les phrases d’accroche « Elles sont félins pour l’autre« , « Attention humain méchant » et « Un voleur qui a du flair » sur les affiches, difficile de passer à côté du sujet de la dernière comédie coproduite et distribuée par Gaumont. En revanche, si la moquerie est (très) tentante et que la bande-annonce donne envie de lever les yeux à défaut de se les crever, il est facile de passer à côté de la singularité du projet et de sa place étonnante dans l’industrie française.
la patte folle
Chien et Chat, à ne surtout pas confondre avec Comme chiens et chats ou Entre Chiens et Chats, est le troisième long-métrage de Reem Kherici. Cette actrice et réalisatrice découverte dans le Grand Journal est une des membres de La Bande à Fifi, une troupe comique qui comprend également Élodie Fontan, Tarek Boudali ou encore Julien Arruti, sans oublier Philippe Lacheau, qui a prêté son surnom au groupe.
Le film suit une chatte influenceuse (oui…) et un chien des rues qui a avalé un gros rubis. Tous les deux se sont perdus et se lancent donc dans un road trip entre Montréal et New York pour retrouver leur humain respectif, un d’eux étant un voleur joué par Franck Dubosc qui veut récupérer son butin. Et parce que ce n’était pas assez bordélique comme ça, les deux animaux sont poursuivis par un policier campé par Lacheau, lui aussi déterminé à retrouver le rubis.
Son pitch emprunté à L’Incroyable Randonnée de Disney n’augurait peut-être rien d’original, mais Chien et Chat a la particularité d’être un film hybride qui incruste donc des personnages entièrement en CGI dans des prises de vues réelles. Si ce procédé existe depuis 1995 et le Casper de Brad Silberling, c’est la première fois qu’il est utilisé dans une production française et francophone. Luc Besson s’y était essayé dès 2006 et son Arthur et les Minimoys, mais avec un casting anglophone et une histoire qui limitait les interactions entre les minimoys et les humains.
De fait, le projet a mis longtemps à se faire. Sept ans, plus précisément. C’est à la société La Station Animation que la production a fait appel pour créer et animer Diva (le « chat » calqué sur le vrai matou de Reem Kherici) et Chichi (le « chien » calqué sur vos pires cauchemars). Le coût total de l’opération s’élève ainsi à près de 20 millions d’euros, ce qui fait pour l’instant de Chat et Chien le film français le plus cher de l’année.
C’est aussi le film plus cher de tous les films affiliés à La Bande à Fifi : Paris à tout prix et Jour J de Reem Kherici (respectivement estimés à 4 et 7 millions d’euros), Babysitting 2 (10 millions), Super-héros malgré lui (16 millions), Alibi.com 2 (14,2 millions) et même Nicky Larson et le Parfum de Cupidon (18 millions).
Moins anecdotique, le budget est surtout le plus gros jamais confié à une réalisatrice française.
LA REVANCHE DE kitty GALORE
Après deux mois d’exploitation en salles, Chien et Chat cumule un peu plus de 1,1 million d’entrées en France. Il s’agit donc pour l’instant du troisième film français à dépasser la barre symbolique du million de spectateurs après Maison de retraite 2 (1,5 million) et Cocorico (1,9 million). Quant aux productions étrangères, seules Bob Marley : One Love, Une Vie et Dune 2 ont franchi ce seuil. Pour autant, est-ce qu’on peut dire que la comédie familiale de Reem Kherici est une réussite au box-office ?
Oui, si on regarde le nombre d’entrées largement inférieur des précédents films de la réalisatrice. Non, si on compare aux derniers films de la Bande. Chien et Chat reste en effet loin du méga carton d’Alibi.com 2 en 2023 (4,2 millions d’entrées), mais aussi de 3 jours Max (1,9 million) et Super-héros malgré lui (1,8 million), malgré une sortie proche des vacances scolaires d’hiver.
En réalité, le cas de Chien et Chat est plus complexe et rappelle celui de Miraculous, un film à 80 millions (!!) d’euros devenu le film français et francophone le plus cher de tous les temps. Celui-ci n’avait cependant attiré « que » 1,6 million de spectateurs et s’apparentait ainsi à un immense échec. Sauf qu’il était difficile de se prononcer sur la rentabilité du film étant donné qu’il est sorti aux États-Unis sur Netflix et a donc dû s’assurer un contrat suffisamment juteux pour rentrer dans ses frais.
C’est pareil pour Chien et Chat, qui est sorti le 15 mars 2024 sur Netflix aux États-Unis et dans d’autres pays hors de l’Hexagone. Il n’est pas devenu le nouveau giga phénomène de la plateforme, mais il n’y est pas passé inaperçu non plus. Le film a en effet atteint la deuxième place du Top 10 mondial des films non anglophones derrière le drame romantique Art of Love, puis a fini par atteindre la première marche du podium.
Il s’est également incrusté le temps d’une semaine dans le Top 10 des États-Unis, juste derrière le biopic Shirley de John Ridley. Le montant des contrats n’étant pas connu, il est donc difficile de quantifier l’échec ou la réussite du film, qui ne marquera probablement pas les mémoires pour sa qualité artistique, mais fera malgré tout date dans le cinéma français, qu’on le veuille ou non.
En matière d »effets visuels j’ai rarement vu aussi moche, et la vulgarité des dialogues…
C’est sorti en salle ? Je n’avais même pas fait attention.
Ceci étant, comme le film a été en tête des résultats non-anglophones de Netflix lors de son passage en streaming, ils ont probablement atteint le seuil de rentabilité qui avait été globalement fixé.
Au vu de la bande annonce, les images de synthèse sont médiocres. Cela s’explique par un budget à seulement 20 millions d’euros, beaucoup trop limité pour un film nécessitant autant d’effets visuels.
Ceci étant, lever 20 millions d’euros pour un projet de ce type laisse supposer que les membres de la bande à Fifi sont collectivement considérés bankables par les diffuseurs. 20 millions pour une comédie populaire, on est plutôt dans une moyenne. Comme c’est un produit qui s’amortit facilement en télévision, il est plus facile de lever des fonds. Ça renforce ce que je pense et dis dans plusieurs commentaires des articles d’EL. Le cinéma français est dominé par les groupes télévisuels, c’est à dire des diffuseurs en aval, ce qui explique la nature même des productions, les budgets et le coût de production par minute produite. On s’éloigne du modèle anglo-saxon qui lui est basé sur l’amont, c’est à dire que le décideur principal est une multinationale qui intègre un studio susceptible de produire du contenu à destination de plusieurs canaux d’exploitation et de diffusion. Il n’y a pas d’autonomie de la production en France.
Sinon, le film ne m’intéresse pas en tant que spectateur. Je ne fais pas partie du public cible.
Par contre, je n’ai aucun préjugé irrespectueux contre Franck Dubosc, meilleur acteur, scénariste et réalisateur que ce que les journalistes spécialisés de cinéma en disent.
Du coup si ce film doit marquer le cinéma il mérite donc une p’tite critique EL, nan?
Pas possible d’aller jusqu’au bout du trailer. Je le savais… j’ai voulu laisser une chance à la comédie française, mais ce n’est toujours pas pour moi….