Des héroïnes de série télé à succès qui passent un jour au grand écran, on en connaît. Pour schématiser, on pourrait les regrouper eu deux catégories : d’un côté celles qui penchent la tête sur le côté en plissant les yeux (Neve Campbell, Jennifer Love Hewitt), et de l’autre celles qui penchent le buste sur le côté en envoyant des coup de pieds (Sarah Michelle Gellar en tête). Epaules et mâchoires carrées adoucies par un joli minois, Jennifer Garner était physiquement faite pour entrer dans la seconde catégorie. Et malgré quelques expériences plus ou moins réussies dans des univers éloignés de celui de l’action, il semble que la jeune actrice soit pour notre plus grand bonheur plus à l’aise en combinaison moulante qu’en tenue d’époque.
Jennifer Garner naît le 17 avril 1972 à Houston, au Texas. Ce n’est qu’à la fin de ses études c’est-à-dire après avoir obtenu un diplôme de chimie à la Denison University que la jeune femme se découvre de véritables aspirations de comédienne. Dès le début de sa courte carrière, elle oscille entre télévision et cinéma : elle apparaît ainsi d’abord dans quelques téléfilms dont Zoya (1995) et Rose Hill (1997), avant de décrocher quelques petits rôles sur grand écran. On la voit notamment dans Harry dans tous ses états (Woody Allen, 1997), où elle n’est créditée que comme « la femme dans l’ascenseur », puis dans Washington Square (Agnieszka Holland, 1997). Assez pour persévérer dans cette vocation, trop peu pour accéder véritablement à la notoriété. Chance ou malédiction, c’est la télévision qui va lui donner un nom grâce à son rôle dans la série Felicity (1998). Les portes du cinéma s’ouvrent alors à elle, mais elles ne débouchent malheureusement pas sur ce qui se fait de meilleur Sa participation à la comédie Eh mec, elle est où ma caisse ?(Danny Leiner, 2001) ne risque pas de faire d’elle une actrice reconnue, et si Pearl Harbor (Michael Bay, 2001) lui confère une certaine visibilité à Hollywood, il l’associe surtout à un retentissant échec critique.
Encore une fois, c’est la télévision qui vient à la rescousse. Car 2001 est aussi l’année où Jennifer Garner endosse les multiples identités de Sydney Bristow dans la désormais célèbre série Alias. Et la voici désormais catapultée non seulement en haut de l’affiche (remportant au passage le Golden Globe 2001 de la Meilleure actrice de série télé), mais également à la Une des tabloïds. « Jennifer garner et Matt Damon : ensemble ? », « Jennifer Garner enceinte de Ben Affleck ? » : les questionnements suscités par la nouvelle égérie des adolescents du monde entier sont bien loin de concerner uniquement sa carrière de comédienne .
Peu importe, car le rôle de l’agent secret a permis de révéler ses talents d’actrice de composition et d’actrice d’action. Un rôle qu’elle avoue ne pas être si éloigné de sa propre personnalité. « Personnellement, j’ai été jusqu’à m’introduire dans le bureau des scénaristes d’Alias pour savoir ce qui allait arriver à Sydney ( ) Une nuit, vers deux heures du matin, alors qu’il n’y avait presque plus personne dans les studios, je me suis introduite en cachette dans les bureaux de la production. Là, je me suis mise à fouiller un peu partout pour mettre la main sur les scripts des prochains épisodes ».
Et les portes du cinéma de s’ouvrir de nouveau. D’abord pour un petit rôle dans Arrête-moi si tu peux (Steven Spielberg, 2003), où elle campe une prostituée aux côtés de Leonardo DiCaprio, et surtout pour Daredevil (Mark Steven Johnson, 2003), où elle incarne pour la première fois la super-héroïne Elektra. Cette performance pour le moins sportive sera d’ailleurs transformée plus tard avec le tournage du spin off Elektra (Rob Bowman, 2004), qui tient entièrement sur ses solides épaules. La rumeur veut qu’elle ne soit pas spécialement fière de ce film, mais que, s’étant engagée par contrat à l’époque de Daredevil, elle ne pouvait y échapper
Entre temps, elle a donné dans la comédie avec 30 ans sinon rien (Gary Winick, 2004), un rôle initialement prévu pour Renée Zellweger, et a créé sa propre société de production (Vandalia Films) malheureusement sans savoir que le nom était déjà utilisé par une société spécialisée dans les vidéos X ! Après Elektra, on la verra dans un rôle plus doux pour Catch and release (Susannah Grant, 2005).
On peut cependant craindre que malgré tous ses efforts, Sydney Bristow et Elektra aient trop imprégnés l’inconscient collectif pour considérer Jennifer Garner autrement que comme une actrice d’action. Mais comme elle le dit : « Ça correspond vraiment à mon tempérament. C’est pourquoi ça ne me dérange pas de continuer sur cette voie, car c’est tout simplement ce que j’aime faire. Je n’ai jamais eu très envie de jouer du Shakespeare
»
Alors, si ça fait plaisir à tout le monde