Viva la Cinemateca!

Par Flavien Bellevue
16 mars 2006
MAJ : 10 octobre 2018
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Depuis sa réouverture en septembre 2005, la Cinémathèque française propose une programmation de plus de plus riche et éclectique. Après avoir rendu hommage à l’actrice Isabelle Huppert, Roberto Rosselini et Anthony Mann depuis janvier 2006. La programmation change et se met à l’heure de l’Espagne en offrant au public la seconde exposition temporaire cinéma avec le cinéaste Pedro Almodóvar.


Intitulé ¡ Almodóvar : Exhibition ! cette exposition, conçue avec le concours du réalisateur, vous permettra de vous plonger dans l’univers de ses films. Photos d’enfance du réalisateur, personnages principaux de ses films ainsi que des œuvres d’Henri Matisse, Robert Mapplethorpe, Bruce Weber, Gilbert and George, Joan Miró, Mario Giacometti, Jean Cocteau, Francis Bacon formeront un parcours baroque et haut en couleur que vous pourrez visiter durant 4 mois.


Parallèlement à cela, l’intégrale de ses films sera diffusée tout au long de cette exposition (la première partie aura lieu du 5 au 30 avril). Une carte blanche du réalisateur avec des films aussi variés que Pink Flamingos de John Waters (1972), L’Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel (1956), Eve de Joseph L. Mankiewicz (1950) ou encore La Bête humaine de Jean Renoir (1938) complétera cet hommage dont la fin coïncidera avec la sortie de son prochain film Volver prévue pour le 24 mai prochain.


Mais avant cela, l’hommage à Anthony Mann se terminera fin mars. L’occasion de pouvoir (re)voir L’Homme de l’Ouest (1958), La Chute de l’empire romain (1964), Les Furies (1950), La Cible vivante (1944), Du sang dans le désert (1957), Le Cid (1961), Les Héros de télémark (1965), Winchester’73 (1950) ou encore Cote 465 (1956) en copie neuve.


La cinémathèque n’oublie pas pour autant les précurseurs du cinéma, on se rappelle encore l’hommage à Léonce Perret avant la fermeture du palais de Chaillot et c’est avec un très grand plaisir que nous retrouvons une rétrospective de l’illustre réalisateur Louis Feuillade. Réalisateur phare de la Gaumont dans les années 1910, Louis Feuillade a réalisé près de 800 films (!) ; parmi les plus connus, les serials Fantômas, Judex et Les Vampires. Du 1er au 19 mars, vous pourrez découvrir l’essentiel des œuvres de ce cinéaste qui a inspiré plus d’une génération de réalisateurs, de George Franju avec Judex à Olivier Assayas avec Irma Vep). Pour cela, la cinémathèque a eu la très bonne idée d’associer des personnalités du cinéma proche du travail du réalisateur pour présenter les programmes qui auront tous les jeudis. Jacques Champreux, petit fils du réalisateur, a ouvert les festivités dès le jeudi 2 mars avec une sélection de courts-métrages ; samedi dernier, Olivier Assayas a présenté Les Vampires et suivront Claudine Kaufmann, Bernard Bastide, Laurent le Forestier, Patrice Gauthier et Alain Cariou. Foisonnants d’idées de mise en scène, les films de Louis Feuillade sont des curiosités à découvrir d’urgence pour tous les cinéphiles aventureux qui pourront découvrir, entre autres, les rues de Paris et son métro dans les années 1910. Sachez que cette rétrospective s’accompagne de sorties DVD et de livres (Coffret 4 DVD Les Vampires, Louis Feuillade, maître du cinéma populaire de Francis Lacassin et Patrice Gauthier éditions Découvertes Gallimard, série Arts ; Louis Feuillade : retour aux sources. Correspondance, 1902-1925). Avis aux amateurs…


Du 22 mars au 3 avril, un hommage sera rendu à un chef opérateur et pas des moindres puisqu’il s’agit de l’illustre Giuseppe Rotunno. Travaillant avec Federico Fellini et Luchino Visconti majoritairement, il a donné en grande partie les lettres de noblesse de « la lumière italienne » et ce dès ses débuts. Après des années sombres durant la Seconde Guerre mondiale, il devient l’assistant opérateur de chefs opérateurs tels que Marco Scarpelli et G.R Aldo (sur Umberto D. (1952) de Vittorio de Sica) dont il poursuivra le travail, suite à son décès, sur Senso (1954) de Luchino Visconti, référence classique du travail des couleurs au cinéma aujourd’hui. Cette rétrospective sera donc l’occasion de (re)voir des chef-d’œuvres comme Casanova de Fellini, Rocco et ses frères ou encore Le Guépard. Mais la carrière du chef opérateur ne s’arrête pas à ses deux metteurs en scène puisque nous aurons droit, entre autres, aux Aventures du baron de Münchhausen (1987) de Terry Gilliam, La Bible (1966) de John Huston, Le Dernier Rivage (1959) de Stanley Kramer, Cinq jours ce printemps-là (1981) de Fred Zinneman, Journal intime (1962) de Valerio Zurlini, Que le spectacle commence (1979) de Bob Fosse, Wolf (1994) de Mike Nichols ou encore Popeye (1980) de Robert Altman. Un hommage à ne pas manquer pour tous les amoureux de la « luce » au cinéma, d’autant plus que G. Rotunno sera présent le 25 mars pour « l’expérience cinéma ». Sous la forme de conversations avec d’autres chefs opérateurs (Renato Berta, Eric Gautier et Pierre Lhomme) et le critique Thierry Jousse, Rotunno parlera de sa carrière, ses techniques de travail et de sa vision de son métier.

Vous trouverez déjà que ce programme est alléchant ? Eh bien, attendez-vous à réserver vos soirées à la Cinémathèque avec la suite, puisque c’est loin d’être terminé.


Dans le cadre des rétrospectives intégrales, Jean-François Rauger, programmateur de la Cinémathèque, nous propose une intégrale William Friedkin. Avec pas moins de 15 longs-métrages et 12 téléfilms, vous pourrez (re)découvrir ce réalisateur singulier qui a, en partie, changé l’entertainment à Hollywood dans les années 1970. Vous frissonnerez de nouveau avec le classique, L’Exorciste (version originale et longue) et vous vous laisserez prendre dans les enquêtes tumultueuses de Jimmy Doyle et Buddy Russo avec French Connection ainsi qu’avec les agents Richard Chance et John Vukovitch dans Police fédérale Los Angeles qui sonnera le coup d’envoi de cette rétrospective en présence du réalisateur, le lundi 10 avril à 20 heures dans la grande salle Henri Langlois. Mais ce n’est pas tout ; William Friedkin sera à la cinémathèque pour un débat le 12 avril après la projection de French Connection ; le samedi 15 avril à 14 heures aura lieu une leçon de mise en scène toujours en sa présence avec également un regard sur toute la carrière du cinéaste. Cerise sur le gâteau, cette séance sera exceptionnellement gratuite. Ce même jour, à 19 heures, au tarif habituel, aura lieu un deuxième débat après la projection de L’Exorciste. Nous reviendrons bien évidemment sur cet événement plus en détail prochainement.

Sachez également pour les détenteurs de la carte Libre Pass, le réalisateur, « contemporain » de Friedkin, Tobe Hopper sera présent le 27 mars pour présenter son dernier film, Mortuary.


(Almost) Last but not least, la cinémathèque présentera une sélection de films autour du thème « Dandysmes » du 22 mars au 9 avril. L’occasion de s’arrêter sur des œuvres diverses et variées telles que La Chute de la maison Usher (1960) de Roger Corman, Le Bel Âge (1959) de Pierre Kast, Madame de… (1953) de Max Ophuls, Laura (1944) d’Otto Preminger, Faisons un rêve (1936) de Sacha Guitry, Les Confessions d’un mangeur d’opium (1962) d’Albert Zugsmith, Le Portrait de Dorian Gray (1944) d’Albert Lewin, Danger Diabolik ! (1968) de Mario Bava, Les Rites de l’amour et de la mort (1966) de Yukio Mishima ou encore Minuit dans le jardin du bien et du mal (1997) de Clint Eastwood.

À l’occasion de la sortie de deux coffrets DVD chez Arte vidéo (le 22 mars), le week end du 31 mars (au 3 avril) permettra de (re)voir quelques œuvres du cinéaste hollandais, Johan van der Keuken. Disparu depuis le 7 janvier 2001, ce cinéaste voyageur laisse derrière lui une filmographie de 15 films que l’on classerait dans le genre documentaire, mais qui vont bien au-delà. Seront projetés durant ce week-end : Amsterdam Global Village (1996), Beauty (1970), La Forteresse blanche (1973), I love $ (1986), La Jungle plate (1978), Le Nouvel Âge glaciaire (1974), Vacances prolongées (2000) et Vers le sud (1981).


Le cinéma bis

n’est pas en reste puisque le 3 mars dernier avait lieu une spéciale épouvante années 1960 avec La Mort dans le filet (1960) de Fritz Böttger et Le Froid Baiser de la mort (1966) de Mino Guerrini. Le 17 mars prochain, la séance bis rendra hommage à l’Américain Ted V. Mikels surnommé pour l’occasion « le flibustier de la série z américaine ». Au programme The Corpse Grinders (1972) qui sera suivi d’un jeu-concours avec 10 DVD du film The Worm Eaters à gagner avec Bach Films. Super flics en jupons (1974) sera le second film de cette soirée placée sous le signe du Z. Le 14 avril, ce sera au tour de Joe D’amato d’être à l’honneur sur le thème « Le sang et la chair » avec Antropophagus (1980) et Le Sexe noir (1980), tous deux présentés en copie neuves. Le vendredi 28 avril clôturera ce programme mars-avril avec des polars italiens où nous retrouverons Gian Maria Volonté et Tomas Milian dans Bandits à Milan (1968) de Carlo Lizzani ainsi que l’acteur Fabio Testi dans Big Racket (1976) d’Enzo G. Castellari.


Les autres rendez-vous, réguliers, de la Cinémathèque sont là bien entendu avec le cinéma d’avant garde qui proposera les films d’Asia Argento en tant que réalisatrice, L’art du court-métrage, les archives de l’AFRC qui proposent des courts-métrages de la Pathé réalisés principalement par Ferdinand Zecca, Gaston Velle ou encore Segundo de Chomôn. Les midis de la Cinémathèque continuent sa sélection du polar français tandis que les grands classiques du cinéma se projettent en début d’après-midi et les séances jeune public laissent place aux comédies musicales.

C’est donc un programme très chargé qui nous est offert et nous en remercions la Cinémathèque qui, plus que jamais, allie tous les goûts et styles cinématographiques pour rassembler le plus grand nombre autour de cette passion qu’est le cinéma. Maintenant, toutes les hypothèses sont ouvertes pour deviner le prochain programme de mai-juin qui pourrait avoir une sélection de palmes, et de films sélectionnés par le passé au festival de Cannes (actualité oblige) ou encore une sélection intitulée « En avant la musique ! » qui présenterait des comédies musicales, des films avec des stars de la musique, mais aussi un hommage aux compositeurs de films… Tout est permis. Nous félicitons Jean François Rauger et toute son équipe qui redoublent d’efforts pour offrir au public une telle programmation.

Retrouvez l’intégralité du programme sur le site de la Cinémathèque française: ici

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