Parce que le cinéma est un univers à géométrie variable, soumis aux modes et à la mauvaise foi, Ecran Large, pourfendeur de l’injustice, se pose en sauveur de la cinéphilie avec un nouveau rendez-vous. Le but : sauver des abîmes un film oublié, mésestimé, amoché par la critique, le public, ou les deux à sa sortie.
« Un teen-movie tonitruant perclus d’idées, d’intentions et d’énergie » (Chronic’art)
« Une véritable déclaration d’amour au cinéma fantastique des années 80 » (L’Ecran fantastique)
« Le film est réalisé un peu n’importe comment, mais avec un tel amour du détail qu’il en devient franchement sympathique » (Le Monde)
LE RESUME EXPRESS
Sid Soupir est amoureux d’Angie, mais Sid n’a pas de téléphone portable : sa vie est fichue. Il trouve une petite boutique asiatique où on l’arnaque en lui vendant un portable avec des cornes de diable, super cool mais hors service. Sauf que l’appareil s’allume au contact de Sid.
Le téléphone diabolique est doté d’une conscience et de pouvoirs magiques : il peut appeler n’importe qui et le forcer à faire n’importe quoi. Il pousse ainsi l’une des amies d’Angie à cramer les cheveux d’une camarade moqueuse, punit un professeur en lui faisant avaler des craies, et évite à Sid des heures de colle.
Mais le Hellphone est amoureux de Sid, et devient incontrôlable. Il tue le patron de l’adolescent en le faisant frire, et décide bientôt d’éliminer Angie, sa rivale. Le groupe se retrouve chez elle, où le téléphone prend possession des amis d’Angie dans une hystérie collective et sanglante.
Sid tente de détruire le téléphone, qui reprend vie. Avec Angie et son meilleur ami Tiger, il fonce à l’école pour essayer de le geler dans la salle de chimie. Mais le Hellphone se rebelle : il appelle des dizaines d’élèves qui arrivent en furie pour stopper Sid.
Les héros parviennent finalement à geler le maudit téléphone, et vont le jeter dans la mer, où un requin l’avale.
FIN
LES COULISSES
James Huth a été remarqué en 1998 avec Serial Lover, la comédie sanglante avec Michèle Laroque. Au début des années 2000, il tente pendant plusieurs années de réaliser une adaptation ambitieuse de La Marque jaune de la série Blake et Mortimer, qui aurait pu mettre en scène Rufus Sewell, Hugh Bonneville et Gong Li. En parallèle, il produit le film d’horreur Dead End, tourné en anglais, dont un extrait apparaît dans Hellphone.
C’est avec les 4,4 millions d’entrées de Brice de Nice en 2004 qu’il est lancé. Avec ce succès en poche, il se lance dans un teen movie d’horreur à l’américaine, nourri par le cinéma hollywoodien des années 80 : Steven Spielberg et surtout Joe Dante, avec Gremlins ou encore Explorers. Pour concrétiser ce rêve de gosse, il imagine un téléphone comme « une lampe d’Aladin du XXIème siècle ».
Le compositeur Bruno Coulais suggère Jean-Baptiste Maunier, révélé trois ans plus tôt par le succès des Choristes. Le réalisateur pense d’abord qu’il est trop jeune, mais Coulais insiste, et à juste titre puisqu’il sera casté.
Comme il nous l’expliquait en interview, James Huth avait un désir : faire « un film particulier ». « C’est sûr que dans mes comédies, j’aime construire ce genre d’univers sur le fil du rasoir et qui prennent un peu à des domaines différents. Cela dit, je ne me revendique d’aucun de ces deux genres dans Hellphone. C’est plus une comédie d’aventures fantastiques jouée par des jeunes qu’un typique teen-movie. Dès que ça commence à faire peur, c’est rattrapé par la comédie et il n’y a pas de gratuité dans les images. La seule goutte de sang du film a la forme de la cicatrice d’Harry Potter et elle est faite par un cure-dent. J’ai plutôt été inspiré par toutes les comédies américaines des années 1980 : Gremlins, 1941, Retour vers le futur, voire Outsiders pour le côté bande de jeunes.«
LE BOX-OFFICE
Avec environ 280 000 entrées, pour un budget d’environ 7,5 millions, Hellphone ne rencontre pas un franc succès.
Interrogé par Jeuxactu sur ce box-office pour la sortie en DVD, James Huth racontait : « L’un des risques du métier repose sur la communication autour d’un film et du temps alloué pour communiquer. Hellphone est un film atypique, et la seule vraie façon de communiquer autour d’un film atypique c’est le bouche-à-oreille. Je pense et je sais que beaucoup de gens l’ont aimé, mais le délai d’exploitation était bien trop court pour que le film se fasse sa petite réputation tranquille. Le cinéma est une industrie très rapide, qui s’emballe régulièrement et entre l’instant où vous terminez de fabriquer votre film et le moment où il sort, beaucoup de gens vous bousculent pour rapidement rentrer dans leur frais. Les banques entre autres, qui ne s’intéressent pas tellement à la manière de vendre une œuvre. »
« Je me retrouve donc en France, avec mon film français qui ne ressemble pourtant pas à ce que font les comédies françaises traditionnelles, et je dois très vite en faire parler sans que les gens sachent à quoi s’attendre, ni même leur faire comprendre que c’est un gros mélange de genres. J’aurais aimé passer par des festivals, ou des choses comme ça. Mais je n’en n’ai pas eu le temps. C’est un film qui fait peur, commercialement parlant… »
LE MEILLEUR
LE PIRE
Celui qui n’est pas séduit dans les premières scènes subira certainement Hellphone comme un exercice de style gras et bête. Même s’il est moins extrême que dans Brice de Nice (qui apparaît quasiment au détour d’une scène), l’humour de James Huth ne peut faire l’unanimité.
Pas étonnant donc que le film ait été perçu comme une pâle copie de ses modèles, qui se pense plus malin et original qu’il n’est en réalité. D’autant que James Huth va loin, parfois dans le mauvais goût, et en étant moins mené par l’intrigue que l’envie de filmer des vignettes.
Mais le principal problème de Hellphone vient de ses personnages, incapables d’être aussi touchants et attendrissants que l’exige le teen movie ou ce cinéma grandiose des années 80 auquel il rend hommage. L’aventure se regarde donc avec trop de distance pour véritablement satisfaire, et marquer les mémoires.
SCENES CULTES
RETROUVEZ L’INTEGRALITE DES MAL-AIMES DANS NOTRE RAYON NOSTALGIE
Ah merde a ce point lol
@euh
Il irait dans les indéfendables.
Hellphone, à sa sortie, on le défendait déjà.
…
Je pense que vous pouvez déjà anticiper l’article « Le mal-aimé » Brice de Nice 3…
Absolument d’accord avec votre analyse : en effet nous ne sommes pas touché par les personnages, trop de distance satirique pour qu’on les apprécie autant qu’on appréciait Bill Peltzer ou Phoebe Kates ou d**k Miller (dans Gremlins). Le film est sympa, trés bien rythmé, pas honteux dans l’inventivité et le mélange des genres (certains gags sont très bons) mais pêche encore par ce défaut de la nouvelle génération française à créer des personnages inoubliables (Gaspar Noé, Jan Kounen, Cattet Forzani, aussi ont ce défaut) des personnages que le film porte et pas l’inverse et qui ne reste que des archétypes ou des véhicules pour l’intrigue.