Après Prometheus, Alien : Covenant devait continuer la saga Alien avec d’autres suites, pour se reconnecter au premier film culte. Sauf que rien ne s’est passé comme prévu pour Ridley Scott et le studio Fox. Récit d’un petit désastre passionnant (et triste).
La sortie d’Alien : Romulus en août 2024 ne saurait faire oublier que la saga Alien a bien failli passer l’arme à gauche, plusieurs fois. D’abord après Alien, la résurrection à la fin des années 90, quand tous les plans ont été abandonnés après le score décevant au box-office, et avec la mise en chantier d’Alien vs. Predator. Puis avec Alien : Covenant en 2017, qui a enterré pour de bon tous les projets de saga-prequels de Ridley Scott. Le rachat du studio 20th Century Fox par Disney en 2019 a été le coup fatal.
Tout avait pourtant *relativement* bien commencé avec Prometheus en 2012, très beau succès au box-office malgré un accueil compliqué du côté des fans. Mais Alien : Covenant a tout changé en 2017, avec de gros remaniements, des preuves évidentes de problèmes en coulisses, et finalement un crash commercial.
Que s’est-il passé ? Qui est responsable de ce bordel ? Qu’est-ce qui était prévu avant que la saga Alien ne soit rachetée par Disney, avec Alien : Romulus en 2024 et la série Alien : Earth en 2025 ?
DANS L’ESPACE, TOUT LE MONDE VOUS ENTENDRA COMPTER
Avant la sortie d’Alien : Covenant, Ridley Scott voyait les choses en grand. Il expliquait chez BBC :
Je vois une énorme franchise là. Honnêtement, aussi grosse que Star Wars.
La réalité a été légèrement différente. Prometheus avait officiellement coûté dans les 120-130 millions (selon The Hollywood Reporter), et en avait amassé plus de 400 au box-office mondial, dont 126 côté domestique. Alien : Covenant a coûté un peu moins cher (environ 100-110 millions), et a encaissé 240 millions, dont 74 côté domestique.
Inutile de sortir la calculatrice : c’est un score très mauvais, forcément très loin des attentes du studio. Surtout que la presse américaine a rapporté des coûts marketing particulièrement élevés. La Fox aurait dépensé près de 23 millions rien pour que les publicités à la télévision américaine. Comparé aux 12 millions dépensés par la Warner sur le petit écran pour Wonder Woman la même année, le chiffre est significatif. De là à imaginer un budget promo de 100 millions au moins et donc un budget global de 200 millions environ…
C’est d’autant plus violent que Covenant est sorti en Chine, dans une version charcutée avec six minutes en moins, et beaucoup moins d’aliens à l’écran. Une manière de se plier en douze pour avoir accès à un territoire précieux, mais qui n’a pas vraiment payé puisque le film a récolté environ 45 millions – ce qui rend son score mondial encore plus faible puisqu’un studio américain récupère peu sur les recettes chinoises.
En France, même bilan négatif. Prometheus avait attiré 1,8 millions de spectateurs après un démarrage autour des 800 000 entrées ; Covenant a commencé aux alentours de 675 000, et a terminé sa course avec 1,2 million d’entrées. C’est le pire score de la saga Alien en France, derrière Alien, le huitième passager et Alien, la résurrection (2,8 millions chacun), Aliens, le retour (1,7 million) et Alien 3 (1,6 million). Il faudra sortir les souvenirs douloureux d’Alien vs. Predator et sa suite Aliens vs. Predator : Requiem (moins d’1 million) pour redorer le blason d’Alien : Covenant – c’est dire.
TOUT AVAIT MAL COMMENCÉ POUR ALIEN : COVENANT
Le carrière en salles de Covenant avait mal commencé. A sa sortie américaine, le film réalisé par Ridley Scott avec Michael Fassbender et Katherine Waterston a décroché de justesse la première place du podium avec 36,1 millions de dollars, devant Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2 (35 millions, deux semaines après sa sortie). En deuxième semaine, la nouvelle aventure des xénomorphes a accusé une spectaculaire chute de fréquentation de 70%, pour dégringoler à la quatrième place.
Là encore, la comparaison avec Prometheus fait mal : le film avec Noomi Rapace avait démarré avec 51 millions de dollars, et avait nettement moins chuté en deuxième semaine aux États-Unis (-59%). Covenant était pourtant sorti sur plus d’écrans aux États-Unis (3761, contre 3396 pour Prometheus), preuve que la Fox y croyait.
La chute de fréquentation est un signal fort : c’est la preuve que le bouche-à-oreille n’est pas positif, que l’intérêt du public s’évapore très vite, et que le champ est libre pour la concurrence. La bataille étant rude dans les salles, où les blockbusters se suivent de manière affolante, le premier week-end et la deuxième semaine permettent vite de prédire la carrière d’un film.
Avec finalement 240 millions au box-office mondial, Alien : Covenant a pourtant fait un score supérieur à tous les autres épisodes de la saga hormis Prometheus (400 millions). Le problème ? En prenant en compte l’inflation, le résultat est beaucoup moins reluisant pour Covenant, qui reste alors bien mal classé dans la franchise, d’un point de vue commercial.
LA PROMO ALIÉNÉE
Si la guerre autour d’Alien : Covenant continue à occuper les fans depuis 2017 (y compris chez Ecran Large), tout le monde s’accordera sur une chose : la promo est symptomatique des problèmes en coulisses.
Il n’y a qu’à revoir ces curieux prologues intégrés dans le marketing. Le premier, intitulé Last Supper et réalisé par Luke Scott (fils de), a été lâché en février 2017. Pendant près de 5 minutes, il montre l’équipage du vaisseau qui se prépare au cryo-sommeil avec dernier bilan de santé, dernier apéro, dernières messes-basses, dernier discours, dernières blagues… notamment avec Upworth (l’un des seconds rôles les plus ratés du film) qui s’étouffe à table pour rendre « hommage » à la scène culte du premier Alien.
Tout ça est globalement monté n’importe comment et surtout gentiment inutile. Ces images n’ont jamais été envisagées pour le montage final, mais ont été en partie utilisées dans les bandes-annonces.
En mars, il y a eu Meet Walter, toujours réalisé par le fils de Ridley Scott : une fausse publicité pour présenter le nouveau personnage incarné par Michael Fassbender.
Au fil des semaines, il y aura également eu une vidéo de réalité virtuelle à 360° (qui aura tout simplement spoilé la première grande séquence d’horreur du film, avec la mort de Ledward) ; la possibilité de créer un Walter personnalisé avec un quizz ridicule ; ou encore de mini-vidéos des membres de l’équipage avec un côté found footage et des images là encore absentes du film.
Sans parler des divers spoilers, lâchés au fil des images et spots TV. Notamment l’allure de cette charmante créature.
LE VRAI DÉBUT D’ALIEN : COVENANT… EST SUR YOUTUBE
Mais le plus intéressant est le deuxième prologue, arrivé en avril 2017. C’est le plus important – Ridley Scott l’a donc réalisé. La Traversée raconte une partie de l’histoire entre Prometheus et Covenant, avec Elizabeth Shaw et David. Soit exactement ce qui manque à la suite.
Ce deuxième prologue est tellement nécessaire qu’il commence comme Alien : Covenant aurait pu s’ouvrir : quelques cartons pour résumer les événements, une voix-off de David pour reprendre le récit, quelques éléments pour comprendre comment Shaw a trouvé leur destination et remis l’androïde debout, la décision de replonger l’héroïne en cryo-sommeil, et plusieurs dialogues importants pour expliquer les doutes des deux personnages.
Puis, leur arrivée chez les Ingénieurs, et la destruction préparée par David. Des images spectaculaires certes réutilisées dans le film pour un flashback, mais qui sont encore plus amères avec le recul. Ce deuxième prologue les utilise comme un teasing, alors qu’il n’y aura pas beaucoup plus dans le film – même si on voit des morceaux de la destruction apocalyptique.
MAIS OÙ EST ELIZABETH SHAW ?
Elizabeth Shaw est finalement absente d’Alien : Covenant. Elle est certes évoquée dans quelques dialogues, avec une photo par-ci et une pierre tombale par-là. On entend rapidement sa voix, et son cadavre disséqué apparaît à l’écran. Mais difficile de comprendre le choix de ne pas ramener Noomi Rapace dans le film, mais simplement sur YouTube.
Explications : le scénario a été plusieurs fois réécrit, et Shaw devait être présente dans le film. L’artiste Carlos Huante, qui a travaillé sur le design des xénos, en a longuement parlé. Il expliquait en 2021 à HN Entertainment :
Elle était vivante. Les nouveaux personnages la trouvaient et elle était cachée pour échapper à David depuis tout ce temps, et elle les aide à s’échapper. (…) Elle se cachait dans les catacombes sous la ville, et l’histoire c’était qu’en chemin vers ce monde, elle s’est sentie seule et elle avait accroché la tête de David au vaisseau à l’extérieur, pour l’éviter au maximum. Mais elle doit quand même communiquer avec lui. Finalement, elle ramène son corps et rattache sa tête et ils deviennent amis durant le voyage. Il finit par avoir de l’affection pour elle, amicalement. (…) Ils finissent pas arriver à la ville et c’est là que David se retourne vers elle et lui sort, ‘Est-ce que tu me fais confiance, crois-tu que je t’aime et que tout ce que je vais faire à partir de maintenant c’est pour toi et te protéger…’. Elle le regarde, et dit, ‘Oui’. Et c’est là qu’il tue tous les Ingénieurs sur la planète. C’est sa manière tordue de la venger, il tue la planète.
QUI EST RESPONSABLE D’ALIEN : COVENANT ?
Que s’est-il donc passé ? Comment Prometheus 2 est-il devenu Alien : Covenant ? Faut-il accuser les producteurs ou Ridley Scott ? Celles et ceux qui aiment les prequels diront probablement que c’est à cause du studio, qui a forcé le réalisateur à ramener des aliens, évacuer Noomi Rapace, etc. Et qu’on l’a incité à faire un film Alien plus classique, alors qu’il voulait raconter une autre histoire de SF, nihiliste et misanthrope, avec David.
L’autre camp dira que c’est trop facile de blâmer la Fox pour tous les problèmes (« C’est mal écrit ! C’est con ! C’est incohérent !« ), tout en affirmant que Scott est responsable de toutes les qualités (« C’est beau ! C’est profond ! C’est radical !« ). Après tout, au départ, il a bel et bien signé pour… un prequel d’Alien, et pas un film de SF original sur les robots, la création et la vie. Normal donc le public s’attende à… un film Alien.
Théorie : tout le monde est un peu responsable de ce résultat plus que bancal.
L’origine de cette fragilité pourrait être retracée jusqu’à la genèse même de Prometheus, dont le scénario et l’identité ont profondément mutés en cours de route. Le premier scénario, signé Jon Spaihts, était un vrai prequel d’Alien, avec notamment la planète LV-426, des facehuggers, et une fin qui ramenait au Space Jokey du premier film.
Mais Ridley Scott et/ou le studio ont changé d’approche. Damon Lindelof (qui sera par la suite bêtement jugé responsable de bien des problèmes du film) a été engagé pour rafistoler le scénario, déplacer les idées, brouiller les pistes, et probablement laisser des portes ouvertes pour d’autres films moins accrochés aux xénos.
En 2017, le cinéaste expliquait en tout cas à Yahoo Movie que l’accueil de Prometheus avait eu des conséquences :
Ce qui a changé, c’est les réactions à Prometheus. (…) On a découvert que les fans étaient vraiment frustrés. Ils voulaient davantage voir le monstre original et moi je pensais qu’il était cuit, mais genre cuit, avec une pomme dans la gueule et sorti du four. Du coup je me suis dit, ‘Ok, je me suis trompé’. D’une étrange façon, les fans n’ont pas le dernier mot, mais ils sont le miroir de vos propres doutes sur certaines choses.
LES SUITES ABANDONNÉES D’ALIEN : COVENANT
Alien : Covenant n’a pas tué la saga, comme le prouve Alien : Romulus en 2024. Mais il a bel et bien stoppé les plans de Ridley Scott dans cette direction. Le réalisateur avait l’intention de continuer sa saga de prequels, jusqu’à se recoller au tout premier film qu’il avait lui-même réalisé. Il avait même évoqué l’éventuel retour d’Ellen Ripley, avec un rajeunissement numérique de Sigourney Weaver.
En mars 2017, il s’emballait légèrement chez Sydney Morning Herald :
On doit anticiper dans une certaine mesure un succès potentiel et à partir de là, il faut être prêt. On ne veut pas attendre deux ans. Du coup, je suis déjà prêt pour repartir en tournage l’an prochain. Si vous avez envie d’une franchise, je peux encore en faire six. Je ne vais pas m’interrompre encore une fois. Pas question !
Des propos qu’il faut relier à d’autres déclarations du cinéaste. En 2024, il expliquait à Vanity Fair qu’il n’avait vraiment jamais digéré de voir Alien lui échapper avec les suites :
J’ai été lent au départ. Je veux dire, j’aurais dû faire les suites d’Alien et de Blade Runner. Vous changez au fil des années. À ce moment-là, je ne voulais plus refaire ça. Jim Cameron est arrivé, puis David Fincher, sur Alien.
C’est certainement pour cette raison que le projet Alien 5 de Neill Blomkamp a été tué dans l’œuf. Née en 2015, cette idée d’un nouveau film avec Sigourney Weaver a fait tourner la tête des fans (en bien et en mal) pendant plusieurs mois, avant de tomber à l’eau.
En 2017, Ridley Scott disait que ce projet était abandonné, et qu’il n’avait d’ailleurs jamais été réellement lancé. Blomkamp expliquait de son côté que la Fox avait mis Alien : Covenant en priorité, et que finalement Scott avait lui-même mis un coup d’arrêt à son Alien 5. Ce qui serait compréhensible, vu son désir de reprendre possession de la saga – sans même parler de la nature de ce projet, qui reste encore largement mystérieuse malgré les concept arts et indices partagés par Blomkamp.
ALIEN QUE POURRA
Dans tous les cas, la Fox n’a pas caché l’échec d’Alien : Covenant. En septembre 2017, la boss du studio Stacey Snider expliquait à Variety :
Ça a été une déception, mais j’ai confiance en Ridley Scott et Emma Watts pour reconnaître une bonne histoire quand ils la trouvent. Quand les univers sont aussi riches que celui d’Alien, ils peuvent rester dans des territoires trop familiers, auquel cas vous avez un problème. Mais ils peuvent aussi trouver une planète, une intrigue, un méchant au sein de cet univers, qui peut être révolutionnaire.
À cette époque, Ridley Scott continuait à y croire. Chez Empire, il parlait fin 2017 d’une suite à Covenant qui creuserait la thématique des androïdes pour peu à peu laisser de côté les xénomorphes :
Je pense que l’évolution de l’Alien lui-même est presque terminée. Mais ce que j’essayais de faire, c’était de transcender ça et avancer vers une autre histoire, autour des intelligences artificielles. Le monde qu’une IA pourrait créer en tant que leader, en trouvant une nouvelle planète. On a les grandes lignes pour le prochain film.
ALIEN CHEZ DISNEY
Mais en réalité, tout était déjà terminé. Dès 2017, la rumeur d’un rachat de 20th Century Fox par Disney faisait trembler Hollywood. L’opération sera finalisée officiellement en 2019, remettant les compteurs à zéro pour les xénos.
Dans la foulée, le studio de Mickey a assuré que la saga Alien continuerait. Une série a été annoncée, et Ridley Scott confirmait que des discussions avaient lieu pour un nouveau film. En 2020, il expliquait à Forbes :
C’est en cours. On a essayé de réinventer la roue avec Prometheus et Covenant. Est-ce qu’on va directement reprendre à partir de ça, c’est incertain. (…) Mais on est sur des questions fondamentales : est-ce qu’il y a encore des choses à faire avec l’alien, le facehugger, le chestburster ? Est-ce qu’il faut repenser tout ça et simplement utiliser le mot Alien pour faire une franchise ?
La réponse est vite arrivée avec l’annonce en 2022 d’un film, réalisé par Feda Alvarez (Evil Dead, Don’t Breathe). D’un côté, il est produit par Ridley Scott, qui a regardé tout ça de loin, en encourageant le jeune réalisateur. De l’autre, ce nouvel opus remet en scène un équipage confronté à des xénos, facehuggers et compagnie, dans un vaisseau. Comme avant.
C’est même plus que ça : loin des prequels ambitieux (on ne peut pas leur enlever ça), Romulus se déroule après Alien, le huitième passager et Aliens, le retour. C’était à peu près l’intention de Neil Blomkamp avec son Alien 5, et c’est à peu près le contraire de ce que Ridley Scott avait en tête. A la grande question de « que peut-on faire des aliens après autant de films et d’années ? », Disney a donc répondu avec une semi-suite qui s’incruste au milieu de la saga, juste après les deux films les plus vénérés. Une parfaite manière de ne pas avancer donc.
Néanmoins, la Alien : Earth (prévue pour 2025) sera également un prequel, situé quelques décennies avant le premier film, soit un peu avant l’année 2100. Juste après les événements de Prometheus, en 2089. Comme quoi, Ridley Scott n’était pas tant que ça à côté de la plaque.
ALIEN COVENANT 0/10
DAVID a sacrifié SHAW pour faire des expériences avec de la matières Noir
Pas d’accord pour « Last supper » : il aurait dû être plus ou moins intégré au film, il nous permet de découvrir les personnages (on ne voit plus du tout James Franco après), leurs caractères, leurs relations etc Ça manque cruellement au film.
En relisant cet article, je pense qu’il y a plusieurs erreurs d’interprétation. D’une part parler de « fan » mécontent après Prometheus, en essayant de sortir des explications de l’ordre du fan-service, est très réducteur : ce sont des spectateurs qui ont jugé le film franchement pas terrible. Il y a en effet des fans qui essaient d’exprimer ce qu’ils attendaient, mais en gros il ne faut jamais prendre pour argent comptant ce qu’un client exprime de ses attentes. Ce qui compte c’est que le film était mauvais. Évidemment on peut considérer que le résultat du film en nombre de spectateurs est une boucle de rétroation suffisamment juste.. je pense qu’il n’en est rien : le bon score de Prometheus mesure particulièrement une attente et une curiosité des spectateurs, le mauvais succès de Covenant s’explique par la qualité du film certes, mais aussi par la qualité du précédent, plus personne n’avait d’attente ni de curiosité. On peut tout à fait imaginer que le « cette fois-ci c’est pas pareil » pourra fonctionner pour vendre Romulus et réinstaurer de la curiosité, et en ne prenant pas trop de risque et en étant sérieux comme avec Star Wars 7, on pourra faire une exploitation de plus à vide, mais c’est tout.
On peut reconnaître à Ridley Scott d’avoir eu envie de raconter quelque chose qu’il a cru original. Le souci, et là on touche peut-être à des questions sociologiques, c’est que les thèmes abordés étaient éculés, peu originaux, et illuminés en se croyant profonds. Ces films montrent comment un certain nombre « d’intellectuels » se rendent épiques leur superficialité et leur bouclier de représentations périphériques des problématiques, certes gravement perturbantes, de notre époque (et que dire du recours à la foi, à la morale « longtermiste » ou « l’altruisme efficace », pour en fait tenter de justifier une volonté de ne pas s’intéresser à une approche systémique des questions sociales actuelles, et l’angoisse de devoir dépenser de l’argent en garantissant l’absence de redistribution ? parce que c’est ce que ça transpire un peu des deux films en fait). Je suis très dubitatif quant à la capacité de l’industrie du cinéma à dépasser ses blocages à court et moyen terme, parce que je ne suis pas certain que le problème soit celui du cinéma en réalité.
« Covenant », pas convenant..?
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il s’agit tout de même d’un des films de SF le plus effrayant jamais vu depuis des années… Non pas vraiment par ce qu’il montre, car Ridley Scott a raison de ce côté là : on est blasé maintenant des aliens, des organes qui giclent du sang etc…. Même de la part de ceux qui n’ont pas encore vu les films, l’apparence de la bête (gros cafard) est largement connue.
Bien qu’ici, la scène la plus effrayante (graphiquement) du film, c’est celle avec cet Alien qu’on croyait encore tout petit (jeu de perspective), et qui devant sa victime se révèle grand comme un adulte, nous fixe face caméra avant de… seule scène visuelle qui fout les foies !
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L’horreur, elle est surtout dans ce que ça raconte, d’une tristesse absolument incroyable… La Misanthropie ponctuelle de Scott se comprend, d’autant plus avec un frère (et pas n’importe lequel) s’étant suicidé il y a encore peu à cette époque.
Si on est bien accroché, et qu’on a pas de tendances dépressives, on peut comprendre ainsi toute cette partie. Le fait qu’un androïde tout lisse, se prenant (dans le précédent) pour Peter O’Toole dans « Lawrence d’Arabie » sans en comprendre son orgueil destructeur…
Qu’il ne soit ni monstrueux et ni gluant, et que ça soit pourtant cet être artificiel qui se pense comme l’horrible fossoyeur de l’Humanité, sans espoir autre que… (mais Ripley empêchera ça bien sûr, un jour).
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L’avantage du Prequel étant que si les humains que montre ici Scott sont si maladroits et (même) abrutis – car il ne s’agit que de « matelots de l’espace » ici, tout comme ceux de « Prometheus » n’étaient que de simples scientifiques naïfs…
Cela raconte toutefois une histoire tragique de couples qui ne cessent d’être défaits par une entité extérieure (encore plus que dans « Prometheus », tous les conjoint(e)s de l’équipage meurent, avant que l’autre conjoint(e) n’y passe aussi).
Déjà que la Saga « Alien » nous montrait un large parabole sur le Viol, et (de manière tordue) sur la Maternité…
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Mais tout ça est compensé par le fait que les héros qui suivront cette histoire dans les films postérieurs, sortis de 1979 à 1997, seront bien plus débrouillards (camionneurs de l’espace, marines, taulards, pirates).
Que tout n’est donc pas complètement perdu, ni même soumis à une rationalisation extrême comme on a pu le reprocher à Scott à la sortie de « Exodus ».
Car il y a un élément important : la tempête magnétique qui tue le capitaine, et les oblige à s’arrêter et se diriger vers le signal… Sinon, ils auraient loupé la planète.
Il y a donc un coté « Main de Dieu » dans l’introduction du film (ou Main du Diable), qui rend le tout un peu moins rationnel.
Et moins figé qu’on ne le croit.
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Vite, la suite !
L’article est passionnant !!
A la sortie de covenebt j’étais déçu d’apprendre que lalien était le fruit d’expérimentation d’un cyborg…. j’ai tjr pu imaginer que son origine était extra terrestre issu d’une naissance naturel sur une planète hostil qui était la leur…. avant la sortie de romulus j’avais envi de me replonger dans alien et Aliens histoire de me remettre dans le bain car la promo avait bien situer romulus entre les 2…. eh bien après avoir les avoir visionner, convenant tiens plutôt assez bien la route et je l’ai réhabiliter. Pk? Eh bien tout simplement il ya assez d’indice dans le 1 et le 2, subtile certes, pour nous apprendre que ce n’est pas le fruit d’une naissance naturel et qu’ils aurait bien été créer par une tierce entité… les œufs dans le vaisseau que découvre cain , « il fait une chaleur tropical ici » comme l’effet d’une serre pour faire pousser n’importe quelle legume. Rien que ça prouve que le xeno n’est pas naturel. Et puis Mother qui réveille l’équipage pour récupérer le spécimen pour en faire une arme… à l’époque j’avais mis covenent dernier même s’il était très généreux en action et sang . Le je le met parmi les premier , mieux que romulus en tout cas. Romulus est un Best of de tout les film parfois pour le pire et rarement le meilleur, on sent bien la leche (ou le respect) pour le père ridley jusqu’au design des ordinateurs de bord effet 70 que j’ai plutôt bien aimer en passant. Il faut vraiment une suite à covenent car la suite s’annonce chaotique vu le carnage que s’apprête a faire david avec les 2000 colons sur origae6 (lv426?) . Et puis perso j’ai envi de connaître les événements qui se sont dérouler sur cette planète avant que le nostromo s’y pose. Peut être que David était dans le coup et que c’est lui qui a poser cette serre qui a fait sentir la chaleur tropical à cain. Et puis pk David n’aurai pas visionner la scène lorsque cain s’est fait prendre par le facehugger….
Pour ma part j’ai vraiment aimé PROMETHEUS ,ALIEN COVENANT, et ALIEN ROMULUS je dois avouer qu’avec le temps c’est dur de faire plaisir à l’ancienne génération et de faire plaisir à la nouvelle génération qui ont plus ou moins connu tout les films ALIEN j’espère que ce dernier aurait un bon résultat au box office pour q’un jour il est d’autre films ALIEN ….pour faire changement à MARVEL ET STAR WARS.
Ouais, ouais… Autant j’ai plaisir à revoir indépendamment tous les films Alien (même s’ils ne sont clairement pas tous égaux qualitativement), autant les problèmes de logique scenaristique m’empêchent de les voir comme une saga complète… Après avoir vu Covenant au cinéma (ça remonte…), je me suis demandé comment s’établit la logique d’un vieux vaisseaux sur la planète LV-426 qui contient des œufs Alien (issus de la création de David) avec un ingénieur fossilisé comme pilote (alors que tous censés être exterminés par David), ayant lui-même subit un chestbuster… Bref, la saga a clairement des problèmes de continuité et le lien entre les prequelles et le 1er film Alien est encore bien fumeux…
Merci pour votre article très intéressant.
« The last Supper » a, à mon humble avis, bien mieux défini les personnages en 5 min que dans le film entier. Donc oui, je pense qu’il aurait du être intégré dans le montage final.
Les jeux de regard, les gestes d’affection pour mieux montrer les couples plutôt que cette stupidité de montrer les alliances dans le film.
Après il est clair que la volonté de Scott était de dépeindre une humanité pathétique qui mérite ce qui lui arrive. Il en a rien à faire des personnages hormis David.
En réalité, Papa Scott était juste dégouté de voir d’autres réalisateurs jouer avec son joujou et a fait son t*t c*ca nerveux pour le récupérer. Plutôt que d’être fier d’avoir été le fer de lance d’une saga culte, il a fait n’importe quoi (même si j’aime bien Prometheus et Covenant).
Idem pour Blade Runner.
Pbl d ego tout ça.