Parents est autant une sucrerie qu’une boucherie, et c’est l’acteur-réalisateur Bob Balaban qui régale avec cet ancêtre cannibale d'American Beauty.
On mange de tout au cinéma, et il suffit parfois d’un plan pour avoir l’eau à la bouche, ou au contraire, la nausée. La seconde option arrive plus souvent qu’on ne le pense, et certains films ne nous épargnent rien, surtout quand ils ont faim de chair humaine. Cannibal Holocaust, Delicatessen, Grave ou plus récemment Le Cercle des neiges ont de quoi secouer quelques estomacs, chacun à leur façon, et Parents peut s’ajouter fièrement à la liste.
Passant pour la première fois derrière la caméra, l‘acteur Bob Balaban fait ici appel à Randy Quaid et Mary Beth Hurt dans le rôle des géniteurs anthropophages. Hélas, le film ne passionne pas grand monde à sa sortie, d’où un score au box-office désastreux et des critiques mitigées, dont celle à l’époque du très respecté et respectable Roger Ebert. Qu’importe, Parents garde ses fervents défenseurs, et on s’allie volontiers à eux pour réhabiliter cette comédie d’horreur à la fois chic et choc.
À table, le repas est prêt !
AUX PETITS OIGNONS
On a beau dire, l’Amérique des années 50 constitue toujours un cadre rêvé pour la fiction. Quand elle ressuscite sur petit ou grand écran, on retombe d’abord sous le charme des maisons coquettes, des étoffes colorées et des parures impeccables, puis on questionne assez vite l’authenticité de tout ce grand étalage cosmétique. Il n’y a pas longtemps encore, Don’t Worry Darling nous mettait en garde sur la supposée vertu de cette époque "bénie", et Parents procède exactement de la même logique.
Le film s’ouvre sur un air de mambo, au cœur d’une petite bourgade pavillonnaire typique de ces années-là. Nick et Lily, les parents, y emménagent avec leur fils, Michael, prêts pour une nouvelle aventure. Seulement, les minauderies incessantes de papa et maman, affairés à la cuisine ou dans le jardin avec le barbecue, inquiètent le fiston, et pour cause, il les soupçonne de suivre un régime alimentaire peu orthodoxe voire carrément criminel. Oui, Nick et Lily font rôtir leurs congénères en toute tranquillité (mais chut, c’est un secret !).
Un peu de sel par-ci, un peu de poivre par-là, et le tour est joué
Avec son décorum de papier glacé, Parents se présente d’emblée comme le parfait tract publicitaire sur le rêve américain, quelque part entre les couvertures de magazines à la mode et les spots de télé-achat. Et il n’y a pas que l’ameublement ou le choix du papier peint qui comptent, il faut aussi être un modèle de savoir-vivre, saluer l’agent qui fait traverser les piétons, ne pas oublier de se laver les dents, et toute une liste de bonnes manières à appliquer à la lettre.
Le vernis s’écaille évidemment au bout de quelques scènes seulement, au détour d’une réplique du père : "Il existe un...
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Je n’avais jamais entendu parler de ce film, et pourtant, étant un amateur de gore et un nostalgique des perles des années 80 et 90, il aurait dû me taper dans l’œil plus tôt. Intrigué par cette découverte tardive, je me laisse tenter ce soir… avec l’espoir de retrouver un peu de cette folie sanguinolente et sans complexe qui caractérisait tant cette époque.
Merci pour ce super article sur un film dont je n’avais jamais entendu parler – et que je vais maintenant tenter de voir, en espérant qu’il soit trouvable.