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Acteur défiguré et réalisateur honni : la malédiction du nouvel Autant en emporte le vent

Par Ange Beuque
13 octobre 2024
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Acteur défiguré et réalisateur honni : la malédiction du nouvel Autant en emporte le vent

L'Arbre de vie devait être le nouveau Autant en emporte le vent. Mais entre un acteur qui frôle la mort et finit défiguré au milieu du tournage, un réalisateur victime de chasse aux sorcières et un Hollywood en pleine reconfiguration, l'aventure va lentement virer au cauchemar malgré la présence d'Elizabeth Taylor.

8 Oscars sur 13 nominations, une histoire d'amour comptant parmi les plus belles de tous les temps et un statut inamovible au panthéon cinématographique : n'importe quel film rêverait d'entrer dans la légende avec de telles références. Le problème, c'est qu'il est ici question d'Autant en emporte le vent et non de celui conçu comme son successeur : L'Arbre de vie.

Désireuse de répliquer la formule magique du triomphe de Victor Fleming, la Metro-Goldwyn-Mayer mise gros. Elle sécurise les droits du best-seller de Ross F. Lockridge, Raintree County, contre 150 000 dollars avant même sa publication. Hélas, l'auteur ne verra jamais l'adaptation : bien que pressenti pour contribuer à l'écriture, il se suicide au monoxyde de carbone peu après la signature.

Autant en emporte le vent pris au box-office

Un accident dramatique

"La Metro-Goldwyn-Mayer a interrompu ce matin le tournage du film L'Arbre de vie". La dépêche du New York Times du 14 mai 1956 laisse craindre le pire : son principal interprète Montgomery Clift doit récupérer de blessures dont la gravité exacte est tue. Mais les plus fins connaisseurs des arcanes hollywoodiens ont peut-être accueilli l'information avec un brin de fatalisme : la trajectoire de la superstar rendait un accident de ce genre presque inévitable.

En 1948, c'est pourtant par un double galop d'essai prestigieux que Clift lance sa carrière. Son interprétation dans Les Anges marqués de Fred Zinneman lui vaut une nomination aux Oscars, lui permettant de rejoindre un cercle très fermé d'acteurs ayant eu cet honneur pour leur toute première apparition à l'écran : Orson Welles, James Dean… Quelques mois plus tard, il figure au casting de La Rivière rouge d'Howard Hawk, dans lequel il incarne le fils de John Wayne.

Elle était pas (si) maquillée Cette star de ciné

Il accède rapidement au statut de superstar, grâce notamment au succès de Une place au soleil dans lequel il partage l'affiche avec une certaine Elizabeth Taylor. Tous deux entament une longue et précieuse histoire d'amitié. Mais à courir les plateaux, l'acteur s'épuise : après l'ironiquement nommé Station Terminus, il se met en retrait. Usé par le regard des autres sur sa sexualité, il sombre dans l'alcool et devient accro aux pilules initialement prescrites contre ses allergies.

Après trois années de pause, L'Arbre de vie apparaît comme une opportunité salutaire de reprendre sa place au sommet de la chaîne alimentaire hollywoodienne. Elizabeth Taylor en est, et a probablement beaucoup joué dans sa décision de sortir de sa tanière.

Mais le 12 mai 1956, émoussé par une gueule de bois carabinée, il encastre sa Che...

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