Quel est le meilleur épisode de la saga culte Matrix, écrite et réalisée par les Wachowski, et avec Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss ?
Qu’on le veuille ou non, Matrix 5 est officiellement en préparation, avec Drew Goddard à la réalisation (La Cabane dans les bois, Sale temps à l’hôtel El Royale). Parce que même si Matrix Reloaded a largement divisé, même si Matrix Revolutions a été une déception au box-office, et même si Matrix Resurrections a encore plus divisé (et s’est vautré en salles), la saga des sœurs Wachowski reste un pur objet de fascination.
Etant donné que le sujet Matrix passionne une bonne partie de la rédaction au quotidien et qu’on a déjà clamé notre amour pour chaque film (à différents niveaux), on avait envie de reparler de toute la saga, avec un l’habituel petit classement.
Avertissement : zéro surprise dans ce classement, on a surtout utilisé ce format pour reparler de la saga
4. MATRIX Resurrections
- Sortie : 2021
- Durée : 2h28
Sur le papier, le retour de Matrix presque 20 ans après Revolutions avait tout d’un énorme pavé dans la marre (comprenez : un autre legacyquel sans intérêt). Et le fait que Lana Wachowski soit cette fois seule à la réalisation, sans sa soeur Lilly, était un autre signal d’alarme inquiétant. Après tout, à quoi bon ramener Neo et Trinity ? Et surtout, pourquoi prendre le risque de désacraliser une trilogie aussi culte et maîtrisée ? La réponse, c’est la cinéaste qui l’a donnée : après la mort de ses parents, elle avait besoin de ramener les deux protagonistes à la vie pour faire son deuil (d’où certainement le « Resurrections » du titre au pluriel).
On peut trouver ça niais, con ou très beau, mais c’est bien cette volonté d’apaisement, sincère et désintéressée, qui évite au film de tomber dans les pires écueils. Cette fois, il n’est plus question d’Elu, de sauver Zion, de faire disjoncter des Sentinelles ou de libérer l’Humanité du joug des Machines.
Il s’agit de donner une belle fin à la grande histoire d’amour, lyrique et chevaleresque, qui a toujours été au cœur de la franchise. Qu’importe que Neo ne soit plus que l’ombre de lui-même, qu’il n’excelle plus en arts martiaux et ne vole plus. Seules ses retrouvailles avec la femme de sa vie (voire de ses vies) comptent.
Il ne s’agissait pas non plus d’invoquer bêtement la nostalgie à grands coups de caméos, mais de nous faire réfléchir à la postérité de l’œuvre dans une industrie qui déraille, en plus de notre propre rapport à la trilogie. Hollywood sert ainsi de claque à la nouvelle Matrice. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’agent Smith est d’abord présenté comme le PDG de Thomas. Tel un Cheval de Troie, Matrix 4 permet à une des créatrices de se réapproprier sa création, de la même façon que Neo et Trinity finissent enfin par prendre le contrôle de la Matrice qu’ils remodèleront à leur façon (comme promis à la fin du premier volet).
Bon, l’annonce d’un Matrix 5 réalisé par Drew Goddard vient tout contredire, mais pour l’instant, profitons encore un peu de cette belle symbolique.
3. MATRIX Revolutions
- Sortie : novembre 2003
- Durée : 2h08
Si la place a depuis été récupérée par Matrix 4, Matrix Revolutions a longtemps été considéré comme le maillon le plus faible de la saga, notamment au box-office (427 millions de dollars dans le monde, contre 741 millions pour Reloaded). Et même s’il est effectivement troisième de ce « classement », il n’en est pas moins un film fascinant et réussi.
Rien que le projet en lui-même était un pari dément : il a coûté 150 millions de dollars et a été tourné en même temps que Reloaded pour sortir seulement six mois après, simultanément aux quatre coins du monde (à l’exception de quelques marchés mineurs).
Cette douche froide s’explique certainement par les attentes trop élevées ou trop précises après le deuxième volet et son cliffhanger précurseur. Une partie de la déception concerne les questions qui n’ont pas trouvé de réponses claires, mais aussi le sort de Neo et son rôle dans la grande Histoire.
Après avoir été présenté comme l’Élu, donc un être singulier et exceptionnel comme Hollywood les aime, sa victoire en demi-teinte et le choix d’un compromis et non d’un triomphe total, pouvait laisser un goût amer en bouche.
Mais c’est bien ce geste final à contre-courant des standards qui a fait de la trilogie originale une œuvre aussi riche et épique. Cette fin ambiguë, presque contrariante, propose ainsi un recommencement plus qu’une réelle conclusion, tandis que l’ombre de la guerre continue de planer au-dessus de Zion.
Et puis, difficile de bouder son plaisir devant l’affrontement final démesuré entre Neo et Smith, entre les clones spectateurs, la pluie battante, les éclairs, la musique orchestrale et les chœurs qui s’emballent. La chair de poule à chaque revisionnage, ça ne bouge pas.
2. MATRIX Reloaded
- Sortie : 2003
- Durée : 2h18
À l’époque, c’était probablement l’un des blockbusters hollywoodiens les plus attendus de l’Histoire. Plus cher, plus philosophique, plus original, plus tout : Matrix Reloaded devait être la suite ultime (de même que Revolutions). Mais c’était sans compter sur le jusqu’au-boutisme provocateur des Wachowski, qui vont largement décevoir la presse et une partie des spectateurs en poussant leur démonstration plus loin que prévu.
Entendons-nous bien : sur le plan de l’action, la première suite de Matrix est un festin gargantuesque, qui reste plus de vingt ans après une référence absolue niveau générosité et inventivité. Outre la fameuse séquence de l’attaque des clones de Smith, qui pousse le principe de doublure numérique dans des extrêmes volontairement absurdes, le récit est coupé en deux par une homérique succession de scènes d’action avoisinant la demi-heure.
Le tout culmine dans une course-poursuite mémorable rythmée par le tempo électro de Juno Reactor. Les cinéastes explosent les limites de ce que les moyens parfois accordés à l’industrie permettaient à l’époque.
C’est narrativement que le bat a blessé, et pour cause : elles persistent à exploiter l’idée de simulacre de Baudrillard… quitte à carrément faire s’effondrer les modalités de leur propre récit. Le concept d’élu chouchouté par le cinéma américain finit par transcender notre perception de la science-fiction, dans une logique typiquement cyberpunk.
La frontière entre l’humain et la machine est la véritable illusion : l’humain est la machine. Et pour s’échapper de ce cycle infernal, où tout n’est que dimensions numériques encastrées les unes dans les autres, il faut croire en l’extraordinaire. C’est-à-dire : sortir de l’ordinaire hollywoodien. Désormais, on en est persuadés : la mission est accomplie.
1. MATRIX
- Sortie : 1999
- Durée : 2h15
Zéro surprise : le premier Matrix est en première place. Comment faire autrement avec ce film devenu instantanément culte ? Comment oublier que le pari des Wachowski (et Warner Bros.) a été une révolution, célébrée dès sa sortie par tous les gens dotés d’yeux, et immédiatement copiée par tout le monde ? Comment ne pas saluer la réussite d’une œuvre arrivée à l’aube d’un nouveau millénaire, comme pour synthétiser une tonne de références et ouvrir un nouveau chapitre post-moderne à la croisée des cultures (le cinéma hongkongais, l’animation japonaise…) ?
En coulisses, Matrix avait tout d’un miracle, voire d’un bug dans la matrice hollywoodienne. Imaginé par les Wachowski avant même leur premier film (Bound), le projet a fait peur pendant des années, notamment parce que le duo voulait le réaliser. Grâce aux producteurs Lorenzo di Bonaventura et Joel Silver, puis un storyboard ultra-détaillé de 600 pages dessiné par Geof Darrow et Steve Skroce, Warner Bros. a fini par se lancer, avec un budget de 60 millions de dollars.
Mais ce n’est qu’une fois qu’ils ont vu un premier montage de la scène d’intro avec Trinity que les pontes du studio ont véritablement compris que Matrix n’était pas un film comme les autres.
A l’écran, dès 1999, Matrix avait tout d’une évidence. L’allure des personnages, le casting (Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Laurence Fishburne, Hugo Weaving), les lignes de code vertes, la musique de Don Davis et le reste de la BO (la fin où Néo raccroche le téléphone et lance Wake Up de Rage Against the Machine), la mythologie sous forme de pot-pourri SF, la précision de la mise en scène, et bien sûr le fameux effet bullet time : Matrix a créé tout un monde vertigineux, rempli d’images sensationnelles, d’idées passionnantes et de pistes de réflexion sans fin (de Platon à la transidentité).
Parce qu’au-delà de l’extraordinaire accomplissement visuel et technique, le premier Matrix est surtout un modèle d’écriture. Avec un parfait sens du tempo et une maîtrise totale des codes du cinéma à grand spectacle, les Wachowski ont concocté une fable irréprochable, et un mélange formidable entre tous les ingrédients (l’action et la parole, l’amour et la violence, le plaisir immédiat et le réflexion profonde). Si quelqu’un a envie d’apprendre à écrire un scénario classique dans le sens le plus noble, Matrix fait certainement partie des bonnes références.
La réussite du premier Matrix pourrait finalement être résumée à une chose : le film lui-même. S’il n’y avait pas eu de suites, on serait certes passé à côté d’expériences passionnantes et de moments de cinéma hors du commun. Mais ça n’aurait en rien entaché ce Matrix, immense film-univers qui réunit à lui seul le génie des Wachowski, de la première et la dernière seconde (tout ce que l’envol de Neo suggère, sans pour autant rendre une suite obligatoire). Pas une miette en trop, et une satisfaction entière. C’est ce qu’on appelle un chef-d’œuvre, non ?
Pour moi,
1. Matrix Reloaded & Revolution, à égalité puisqu’ils ont été mis en scène d’un bloc.
2. Matrix Resurrection car prolongement thématique logique de la série Sense8 et donc de la vie de Lana Washowski.
3. Matrix qui m’avait bien gonflé à l’époque car trop surfait et boulimique dans ses différentes influences jusqu’à l’indigestion.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il m’a fallu respectivement 19 et 20 années pour visionner ses suites directes. Et là, quelle claque je me suis pris.
Quel objectivité…….article qui ne sert à rien….sans efforts aucun ne répétant que ce qui a été dis mainte et mainte fois sur la saga….. puis bon bizarrement 4 3 2 1…..si c’est pour pondre de tel conneries engagé moi je vous fais la même sur la saga starwars….
matrix 1, puis 2 et 3 a égalité. Puis le 5, le 6 le 7, le 8 et enfin le 4 en dernier parce qu’il existe et qu’on est obligé de le mettre dans la liste
Le 1er film est à part car, datant de 1999, il est antérieur aux attentats du 11 septembre 2001, contrairement aux 3 autres volets.
Il y a un sous-texte dans le premier film (d’ailleurs assez proche de Fight Club sorti la même année) qui ne pouvait plus être exploité dans un blockbuster après les attentats.
Pour moi Resurrection surclasse trèèèèèès largement Reloaded et Revolution. Il est du même niveau que le 1er. Et pourtant je partais pas du tout convaincu en ayant vu la bande-annonce.
A sa sortie Matrix a été une révolution, un rechargement et une résurrection. Mix d’action, d’arts martiaux, de SF dystopique, d’apocalypse et la fameuse matrice (piquée à William Gibson ceci dit). Ambience, scénario, mise en scène, direction artistique, bullet time, morphing et une borchette d’acteurs parfaits dans leur rôle. Un classique qu’on peut voir et revoir des années après (perso je me fous des histoires de FX datés),
Après ce sont des… suites.
Je me souviens de 5 ou 6 collègues de bureau discutant de leur déception avec le seul qui avait aimé le Reloaded. Trop long, trop d’action et moins de suspens, trop d’attente pour voir un film qui fait partir l’histoire dans autre chose avec un « à suivre » à la fin. Revu 20 ans après avec des gens qui ne connaissaient pas Matrix et mêmes retours dubitatifs. A la limite je préfère sa suite. Quand au dernier je n’ai pas trop pu entrer dedans vu qu’il manquait Fishburn et Weaving – quel outrage ! Ca reste quand même de très bons films (3-2-4 si il faut classer).
Merci pour ce 10000ème classement de films et 5000ème article sur Matrix.
Ça manquait vraiment.
Matrix, comme la trilogie de Tolkien, sont des purs films de cinéma, de salle de cinéma.
Ce ne sont pas des films pour plate-formes ni smartphone mais pour des belles salles, un superbe écran, un son énorme et un bon siège… et tu passes 3h sans voir passer le temps, loin du monde et de ses problèmes
@Garm
Oh je ne savais pas, merci de l’info.
En effet il assure grave mais techniquement il n’était pas encore à son niveau « Wickien ». Il était entre de bonnes mains avec le mentor de Donnien Yen et s’est révélé ultra doué en se jetant à corps perdu dans le kung-fu.
Le 1er Matrix est aussi un vrai miracle avec ses multiples changements de casting :Sean Connery, Russell Crowe Samuel L. Jackson and Gary Oldman pour Morpheus, Johnny Depp, Val Kilmer, Nicholas Cage, Pitt pour Neo.