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Le Saw à la française qui a fait scandale au cinéma : la boucherie Frontière(s) 

Par Ange Beuque
12 août 2024
6 commentaires
Extrême droite au pouvoir ou tendons sectionnés : Frontière(s), quand Saw fait de la politique

C'est quoi le pire, l'extrême droite au pouvoir ou les deux tendons d'Achille sectionnés à la pince rouillée ? C'est la question cruciale que pose Xavier Gens dans Frontière(s), avec Samuel LeBihan et Estelle Lefébure en croque-mitaines… sans franchement y répondre.

Quiconque a déjà pratiqué le jeu d'ambiance (de fin de soirée, généralement) "tu préfères" frémira de plaisir à la lecture du pitch. Sauf qu'ici, pas question de choisir entre des bras en mousse ou un pénis en forme de tire-bouchon, mais entre un président d'extrême droite et la mort dans d'affreuses souffrances.

À ceux qui trouveraient le dilemme trop aisé, rappelons qu'il se pose à des jeunes de banlieue, pas forcément les moins exposés aux élucubrations xénophobes. Et comme à chaque fois, il n'y a pas de vraie bonne solution : dans Frontière(s), Xavier Gens commue l'horreur sociale en cauchemar fantasmagorique dans un grand déluge de sang.

Un petit coup de karcher et n'y paraîtra plus

L'horreur sociale : de Charybde…

En 2002, une abomination s'extirpe d'un écran cathodique pour terroriser les américains : il s'agit bien sûr de la chevelue Samara dans Le Cercle, remake du génial Ring d'Hideo Nakata. En France, cette relecture ne sortira qu'à l'hiver 2003. C'est donc un spectre d'une tout autre nature qui glace les sangs des téléspectateurs le 21 avril 2002 : le visage (moins chevelu) de Jean-Marie Le Pen parmi les deux candidats accédant au second tour de l'élection présidentielle.

Devant son poste, Xavier Gens, 27 ans, se décompose.

J'ai alors pris conscience de l'extrême gravité de la situation et c'est quelque chose qui m'a fait intimement peur. Je voulais essayer de retraduire cette angoisse à travers un scénario. Étant un grand fan de films de genre comme Massacre à la tronçonneuse, je me suis dit que le meilleur vecteur pour traduire cette histoire serait de faire une métaphore de cette angoisse à travers la fuite d'une bande de jeunes, tous représentatifs de la jeunesse d'aujourd'hui.
Dossier de presse de Frontière(s)

Le Saw dans l'inconnue politique

Le point de départ du film est trouvé : l'extrême droite est aux portes de l'Élysée, et une poignée de jouvenceaux tente de se faire la malle après avoir commis un braquage. Les premières minutes sont consacrées à leur fuite hors de la ville, sur fond d'embrasement urbain et de heurts ultra-violents avec les forces de l'ordre.

Parmi eux figurent Yasmine, future final girl métissée interprétée par Karina Testa, aux origines italo-hispano-kabyle, et Farid : pas les prénoms les plus faciles à porter dans un tel contexte. Pour ne rien arranger, ce dernier est musulman. Pas radicalisé ni prosélyte : juste musulman.

La brutalité a d'emblée perverti les personnages et leurs relations. Ces jeunes aux abois ont commis un délit, dont rien n'indique qu'il ait la moindre légitimité morale. Ils ne s'adressent les uns aux autres qu'en s'agressant verbalement. En face, les polici...

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grand-ju

Ah tiens, je l’avais raté celui là à l’époque, je vais l’ajouter sur ma pile de films à voir.

D’ailleurs, je ne sais pas si quelqu’un verra ma question, mais il s’est passé quoi en France pour que cette décennie 2000-2010 ait vu la sortie de nombreux films français « de genre » ? (je pense à Martyrs, que j’ai découvert l’année dernière, par exemple).

zakmack

C’est fou, j’avais totalement oublié le contexte politique du film. Et pas vu du tout la structure en noeud coulant. Je n’irais pas le revoir pour autant, c’était effectivement trop mal joué et franchement nanardesque par endroits.

Nico1

Très mauvais film effectivement, stéreotypé, mal joué, une réalisation aux fraises, une vrai catastrophe. Mais bon c’est un peu politique sur les bords donc ça trique dur à EL.

penny-jammer

Ouais, c’est surtout un très mauvais film. C’est tellement mal joué. J’en ai perdu des morceaux de mon âme