Films

Cauchemar en coulisses : Studio 54, le film destiné à devenir culte saboté par les Weinstein

Par Geoffrey Fouillet
12 octobre 2024
1 commentaire
Studio 54 (1)

Parmi tous les accidents industriels nés à Hollywood, Studio 54, avec Ryan Phillippe et Salma Hayek, fait office de mètre étalon oublié et fascinant.

Quand des producteurs un peu trop envahissants mettent la main à la pâte alors que personne ne leur a rien demandé, on peut s’attendre à une belle grosse catastrophe à l’arrivée. David Fincher l’a vécu très douloureusement sur le tournage d’Alien 3, tout autant que Mathieu Kassovitz sur celui de Babylon A.D., parmi d’autres nombreux et malheureux cinéastes. Studio 54, réalisé par Mark Christopher, a subi le même châtiment en son temps sous la houlette du studio Miramax et des deux affreux frères Weinstein. 

Au-delà du fiasco commercial (à peine 16 millions de dollars de recettes au box-office international), le film est surtout perçu à sa sortie comme le numéro de charme raté de toute une nouvelle génération d’acteurs sexy à Hollywood, Ryan Philippe et Salma Hayek en tête. Pourtant, Studio 54 reste encore aujourd’hui un projet fascinant, portant déjà en germe toutes les qualités que la version "director’s cut" cultivera des années plus tard. 

Cupidon en chair et en os

LES DÉMONS DE MINUIT

Avant qu’Ibiza ne devienne la Mecque des jet-setteurs, le monde de la nuit avait un autre pied-à-terre célèbre au cœur de la Grosse Pomme : le 54. Bien sûr, tout le gratin s’y retrouvait : Mike Jagger, Sylvester Stallone, Elton John, Grace Jones, Diana Ross etc. (oui, nous aussi on a le tournis). Vouloir ressusciter un endroit aussi mythique sur grand écran tenait de la gageure, surtout pour un novice tel que Mark Christopher, même s’il avait pour mentor un certain Paul Schrader, de quoi se lancer dans le métier en toute sérénité. 

Fidèle au récit d’ascension sociale cher à Scorsese, le réalisateur nous transporte à la fin des années 70 alors que Shane (Ryan Philippe), un post-ado sans avenir, quitte son New Jersey natal pour goûter aux folles nuits du Studio 54 à New York. Il y est remarqué par le copropriétaire du club, Steve Rubell (Mike Myers, méconnaissable, surtout si vous avez Austin Powers à l’esprit), et y décroche un boulot de serveur, tout en se liant d’amitié, et plus si affinités, avec deux de ses collègues, Greg et sa compagne Anita (Salma Hayek).

Gloria Gaynor n’a qu’à bien se tenir

Avec un matériau d’origine aussi propice à la fête et au chaos, on pouvait s’attendre à un sérieux rival à Boogie Nights. Hélas, les frères Weinstein, et notamment le plus terrible des deux, Harvey, ont tout édulcoré en salle de montage. Face à la popularité grandissante des jeunes stars du film, dont Neve Campbell, alors élue nouvelle reine de l’horreur après le succès de Scream, décision est prise de retourner des scènes entières - l’équivalent d’une trentaine de minutes exploitables - et d’en expurger d’autres à la place, de peur de choquer un public adolescent jugé trop prude.

Résultat, tout semble tronqué, altéré, même si on perçoit déjà da...

Ce contenu est réservé aux abonnés

Rédacteurs :
Vous aimerez aussi
Commentaires
1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
batmalien

Pas parfait c’est sûr mais la version DC est vraiment sympa et rattrape le truc, l’univers et l’ambiance disco du film sont réussis, les persos sont plutôt bien écrits voir même « touchants », bref si c’est votre délire vous passerez un bon moment !

✮⋆˙♪🫧🥂🕺🏻💃🪩🫧♫✧˖°

robindesbois

Mouai, c’est la version Disney, sans âme, sans vision et sans talent de Boogie Nights. Jamais vu la director’s cut mais même si beaucoup de scènes ont été retournées, je vois difficilement comment ça pourrait être beaucoup mieux avec des personnages aussi insipides et des acteurs guindés qui n’y croient pas du tout (forcément avec des dialogues aussi mal écrits et un scénar aussi standard).

Mis à part la BO et la reconstitution de la boite de nuit, tout ça ne ressemble à rien d’autre qu’un film de commande bon enfant écrit et réalisé en pilotage automatique. Ce film n’a aucune authenticité et ça se ressent dans tous les plans, tous les dialogues.

« Les derniers jours du disco » sorti vers la même période est beaucoup plus intelligent et intéressant. Et réalisé avec un budget beaucoup plus limité.