L’événement hollywoodien de ces derniers jours, c’est bien sûr les nominations aux Golden Globes. Et comme souvent, la sélection ne fait pas l’unanimité.
En France, on retient surtout la nomination dans la catégorie « meilleur film étranger » des productions hexagonales Les Misérables et Portrait de la jeune fille en feu, une belle performance pour deux oeuvres majeures de cette année. Mais d’un point de vue plus global, c’est la catégorie « meilleur réalisateur » qui fait couler le plus d’encre.
En honorant que des hommes dans cette catégorie reine, les membres de la HFPA (Hollywood Foreign Press Association), à l’origine de la sélection, auraient dû se douter qu’ils allaient faire face à une petite polémique.
Adèle Haenel et Noémie Merlant dans Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
Pourtant, ils avaient déjà essuyé pas mal de critiques à ce sujet. Ils doivent probablement se rappeler de la pique acide lancée par une Natalie Portman pas franchement amusée lors de l’annonce des nommés, pendant la cérémonie 2018. L’actrice avait introduit la liste en disant : « et voilà les nominés, tous masculins ».
Cette année, on reproche aux membres du comité de ne pas avoir considéré par exemple la présence de Greta Gerwig pour Les Filles du Docteur March, de Mati Diop pour Atlantique, de Lulu Wang pour L’Adieu, et beaucoup d’autres.
No female directors were nominated for #GoldenGlobes https://t.co/BSoUuLpSBu pic.twitter.com/vO6ZBqheRX
— Variety (@Variety) 9 décembre 2019
C’est le reproche que formule la cinéaste Alma Har’el, à l’origine du film Honey Boy, dans une série de tweets exprimant son dégoût et listant les femmes réalisatrices méritant selon elle plus de reconnaissance.
Comme beaucoup de ses collègues, elle s’est appuyée sur un article de Variety pointant du doigt la situation. Ce dernier rappelle qu’en 77 ans d’existence, seules 5 femmes ont été nommées pour la mise en scène aux Golden Globes, et une seule en est ressortie gagnante : Barbra Streisand pour Yentl en 1984.
Lulu Wang
Mati Diop
Greta Gerwig
Olivia Wilde
Lorene Scafaria
Marielle Heller
Melina Matsoukas
Chinonye Chukwu
Céline SciammaMade films this year that reached people and touched them.
That’s our awards.
No one can take that away.— Alma Har’el???? (@Almaharel) 9 décembre 2019
« Elles ont fait des films cette année qui ont atteint et touché les gens. C’est notre récompense. Personne ne peut nous l’enlever. »
Toujours pressé par Variety, le président de la HFPA, Lorenzo Soria, a défendu ces choix, au nom d’une certaine rigueur dans la sélection.
« Ce qui s’est passé, c’est que nous ne votons pas pour des genres, nous votons pour des films et des accomplissements. »
À côté de lui, un des producteurs exécutifs de l’événement, Barry Adelman, a pris la parole, histoire de donner plus de précisions.
« Chaque année, quelqu’un est laissé de côté. Il y a tellement de talents en ce moment, peut-être que nous devons étendre les catégories pour que plus de gens puissent en faire partie. Je pense aussi que si vous regardez quelques autres choses… Beaucoup de grosses séries TV sont créées par des femmes, donc je pense qu’en général, il y a une plutôt bonne représentation. Peut-être que dans deux-trois de ces catégories, on aurait aimé que ce soit un peu différent. Qui sait ce qui arrivera l’année prochaine ? »
Les Filles du Docteur March de Greta Gerwig
Il est donc question d’accorder à plus de réalisatrices ou de réalisateurs l’honneur d’être considéré comme un potentiel meilleur représentant de sa profession. En l’état, la sélection est la suivante : Bong Joon-ho pour Parasite, Sam Mendes pour 1917, Todd Phillips pou Joker, Martin Scorsese pour The Irishman et Quentin Tarantino pour Once Upon a Time… in Hollywood. On verra donc bien ce que le comité nous prépare pour l’année prochaine, afin d’éviter une nouvelle polémique.
En attendant, certains des films snobés seront bientôt à l’affiche, notamment Les Filles du Docteur March de Greta Gerwig le 1er janvier 2020, L’Adieu de Lulu Wang le 8 janvier 2020, Queen & Slim de Melina Matsoukas le 12 février 2020 et Un ami extraordinaire de Marielle Heller le 25 mars 2020. Le plus bel honneur qu’on peut leur faire, c’est encore d’aller les voir.
Recompensons la médiocrité !
C’est fréquent qu’un simple soit nommé aux Golden Globes alors qu’il n’est même pas encore sorti aux USA ?
La seule question en fait, c’est qui, dans la liste des nominés, n’est pas légitime ? Si on peut se dire que Todd Philipps est un poil en dessous,il n’y a rien de honteux à se trouver derrière Scorsese, Mendes, Tarantino et Bong, qui ne sont rien de moins que quatre immenses réalisateurs.
Et pour info, leurs films aussi ont bouleversés des gens, n’en déplaise à Alma Har’el.
Avant de dire qui il faut mettre, il serait plus courageux de désigner ceux qui n’ont rien à faire là, selon leurs critères. Pour info, pas de trace de Eastwood, de Malick, de Peele, et de quelques autres, très célébrés aux USA et par la presse étrangère.
on se moque que les réalisateurs soient des femmes ou hommes.
faut arreter les polémiques ridicules.
Le vrai problème de la vague de « gendrement correct » : croire que des nominations doivent être faites pour représenter les différents genres et non le talent.
halala, je suis désolé, mais pour moi, les nominations font sens. Et pas parce que ce sont des hommes réalisateurs : ce sont de très bons films, et il se trouve qu’ils sont réalisés par des hommes… Je pense juste que quand il y aura à Hollywood autant de femmes réalisatrices qu’il n’y a d’hommes, là on pourra parler d’injustice si il n’y a pas de femme représentée. Et caser dans la nomination une femme, juste pour être cool avec tout le monde, ce n’est pas bon pour l’égalité : j’imagine, et j’espère, que si c’était une femme qui avait réaliser Parasite, elle serait nommée ! Parce que forcement, il y a pleins de bons films fait par des femmes qui ne sont pas nommés, mais penser à ça aussi : il y en a encore plus réaliser par des hommes qui n’ont pas été nommés non plus ! Sur 100 films majeurs aux USA, il y en a moins de 10% réalisés par des femmes, c’est là le problème. Donc en prenant les 5 « meilleurs », il y a de fortes chances qu’aucun de ces 10 films réalisés par des femmes ne soit pas dans le lot. Rien à voir avec le genre. C’est juste une question de statistique, en gros. Sur les dernieres grosses sorties qui rameutent du monde, et bah ce ne sont que des films réalisés par des hommes. Confiez plus de gros films aux femmes, et puis voila !