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Bioshock : la version ultra-violente qu’on ne verra jamais

Par Mathieu Jaborska
26 août 2022
MAJ : 26 août 2022
9 commentaires
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Alors que le film Netflix Bioshock se prépare, n’oublions pas qu’un film avait déjà été lancé… puis abandonné. Retour sur cette version alléchante, qu’on ne verra jamais.

Un phare menaçant, une ville immergée et vidée de sa population, des grosses mécaniques accompagnées de petites filles généreuses… Les joueurs et joueuses de Bioshock retrouvent à l’évocation de ces mots l’ambiance d’un jeu qu’ils apprécient pour la plupart beaucoup. L’aventure menée par Ken Levine et Paul Hellquist a définitivement marqué l’industrie au point d’engendrer deux suites acclamées par la critique et les amateurs de steampunk : Bioshock 2 et Bioshock Infinite.

 

photoPhare d’eau

 

Forcément, une telle oeuvre avait tout pour plaire au monde du cinéma, et en 2008, Universal a acheté les droits pour produire une adaptation au budget faramineux. On parle de 160 millions, voire 200 millions de dollars, ce qui en aurait fait un blockbuster très spectaculaire. D’autant plus qu’ils avaient engagé un habitué des démonstrations techniques : Gore Verbinski, qui à l’époque sortait du remake de The Ring et surtout de la trilogie Pirate des Caraïbes, un des plus gros succès de Disney.

A l’écriture, on retrouvait aussi une valeur sûre : John Logan, auteur sur Le Dernier Samouraï ou encore Aviator de Scorsese, pour lequel il avait été nommé aux Oscars. Le scénario a été écrit en entier avant que le projet ne tombe à l’eau (sans jeu de mot), et jusqu’ici, personne n’en avait plus entendu parler.

Du moins jusqu’à ce qu’un rédacteur cinéma, Scott Wampler, tombe sur le script ayant chuté selon ses propres mots « du camion devant chez lui » (lol) Il a donc pu lire pour le site Birth. Movie. Death les 119 pages, et détailler un peu leur contenu.

 

photoCoronavorus, jour 56

 

bioshock : au commencement

Bioshock, le film aurait donc commencé exactement comme le jeu. Nous sommes en 1960, un avion s’écrase, Jack trouve un phare, et découvre Rapture, ville sous-marine où quelque chose de très violent s’est passé. Le monologue d’ouverture de Andrew Ryan est même préservé. Peu d’adaptations de jeu vidéo peuvent se targuer d’être aussi fidèles. Directement, un mutant (les fameux chrosômes) attaque la bathysphère. L’ambiance est posée. Niveau décors, tout est là également : les piles de cadavres, les machines étranges et les limaces dans les toilettes.

Le jeune homme fait très vite la connaissance d’Atlas via la radio. Bien sûr, le personnage de Jack est bien plus profond. Bioshock était un FPS et ici, on le suit d’une distance imposée par la mise en scène. Le vol qu’il avait pris auparavant devait le faire fuir la carrière que lui destinait son père. Le jeune homme est dirigé par son envie de liberté. Il passe son temps à s’interroger sur la façon qu’ont les monstres et autres habitants de Rapture de réagir à sa présence, comme si tout cela avait été fait pour lui. Néanmoins, il suit les directives d’Atlas, lui demandant d’aller voir Ryans, dirigeant de la ville engloutie.

 

PhotoIl vaut mieux éviter la visite médicale

 

Jack rencontre pas mal de boss et personnages originels, comme bien sûr Atlas en chair et en os, ou encore Sander Cohen, l’artiste frappadingue au milieu d’un des combats les plus marquants de l’aventure. D’ailleurs, « l’oeuvre » du psychopathe en question aurait bien dû ressembler à celle du jeu, montrant bien le niveau de violence prévue par John Logan et Gore Verbinski. C’est le moment où Jack s’injecte l’ADAM pour la première fois, ce qui lui permet d’éclater violemment une floppée de chrosômes.

Toujours observé par Andrew Ryans, il poursuit alors son chemin, croisant les fameuses petites soeurs et autres Big Daddy, ainsi qu’un groom mystérieux nommé Rudy. A la fin de son voyage, il rencontre enfin le maire. Les joueurs savent ce qui s’ensuit et le twist faisant la renommée de Bioshock est bien présent.

A partir de là, cet article présentera donc des spoilers, qu’on conseille d’éviter à tout lecteur n’ayant pas fait l’expérience de jeu.

 

PhotoDaddy cool

 

attention spoilers bioshock

Le rival d’Atlas se fait donc défoncer à grands coups de « je vous prie », et Jack parvient à se débarrasser du contrôle exercé sur lui, pour aller affronter son véritable ennemi. La question qui subsiste est la suivante : quelle fin fut selectionnée par le scénariste ? Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est bien la mauvaise fin qui a été retenue, fin que même les développeurs du 2ème opus ont décidé d’invalider pour construire leur histoire.

Tout au long de sa description, Scott Wampler insiste sur les ressemblances avec les jeux. Jack y est perpétuellement en mouvement, chose admise dans les FPS, beaucoup moins dans les blockbusters où l’action a parfois besoin de se poser. Mieux, le scénario serait d’une noirceur et d’une violence mémorable. Les descriptions de monstres ne les épargnent pas, Big Daddy en tête.

Il décrit également un meurtre très graphique de petite soeur, et même une séquence où le héros se fait arracher l’oreille.

 

PhotoBlood and thunder

 

La violence sourde et l’ambiance glauque de Rapture sont donc probablement les deux principales raisons de l’abandon d’un projet qui ressemblait finalement plus à un film d’horreur classé R qu’à un blockbuster d’aventure. De plus, pas mal de productions du même genre avaient subi un triste sort à l’époque. Prince of Persia, les sables du temps, sorti en 2010, prouvera bien à Universal que les adaptations de gros jeux vidéo ne sont pas toujours forcément rentables.

Les compères Verbinski et Logan s’en sont facilement remis, le premier enchainant sur Rango et le deuxième continuant sa carrière de scénariste à succès sur des films comme Hugo Cabret, Skyfall, Alien : Covenant et bientôt Penny Dreadful : City of Angels. Une sacré revanche. Sans oublier que Verbinski a clairement été inspiré par Bioshock pour son A Cure for Life.

 

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Weezy

Je me rappelle avoir été intéressé par le projet à l’époque, ayant beaucoup apprécié le jeu vidéo ainsi que la voie que voulait emprunter Verbinski. Dommage qu’il n’y ai pas de place pour ce genre de projet, même si c’est compréhensible d’un point de vue pécuniaire, ce serait clairement casse-gueule.

Loozap

C’est très intéressant

Sultano

C’est vrai que le projet avait l’air alléchant et l’équipe derrière capable d’accoucher de quelque chose d’énorme. Mais c’est vrai qu’un film de 2h ce serait un peu chiche pour un résultat pertinent et fidèle au matériel d’origine. Une petite série HBO ? 😉

Greensmiile

Pour moi cet univers est tellement riche que ce serait du gachi de l’adapter en seulement 2-3h au ciné. Une serie entiere serait parfaite 😀

Hasgarn

J’aurais payé 3 places pour voir ça !

Gat

Quel gâchis. Est-ce que la « fuite » de ce scénario ne serait pas une façon de tester le public et de voir si il ne faut pas relancer la machine ? Les films R-Rated étant de plus en plus plébiscités et les films tout publics de plus en plus conspués.

Après le virus il faudra une grosse annonce pour attirer le public dans les salles !

Nico1

Oui je me souviens de cet article et c’est vrai que c’était vraiment marquant dès la bande annonce effectivement !

Geoffrey Crété

@Nico1

Tout à fait, on l’avait remarqué dès la bande-annonce aussi !
https://www.ecranlarge.com/films/news/968409-gore-verbinski-a-t-il-adapte-bioshock-en-secret

Nico1

D’ailleurs Verbinski a réalisé a Cure for Wellness où l’on sent bien l’influence de Bioshock