Si les services de SVoD cartonnent en ce moment, beaucoup de très bons films sortent directement chez nous sans passer par la case salles ou plateforme de streaming. Chaque mois, plusieurs productions inédites et beaucoup de rééditions sortent en DVD, Blu-ray ou en VOD. Ecran Large a sélectionné le meilleur des programmes disponibles depuis décembre, dans une liste non exhaustive.
« Toi aussi, tu suis les conseils d’Ecran Large ? »
Lucy in the Sky
Ça raconte quoi ? De retour d’une mission dans l’espace, Lucy reprend sa vie normale, auprès de son mari. Mais elle n’a plus qu’une seule chose en tête : repartir le plus vite possible dans les étoiles.
Pourquoi il faut le regarder ? Lucy in the Sky revient de loin. Prévu à l’origine avec Reese Witherspoon et apparemment sous forme d’une comédie noire, le film réalisé par Noah Hawley (derrière les séries Fargo et Legion) était très attendu en 2019… jusqu’à ce qu’il soit présenté au festival de Toronto. Cette rampe de lancement pour les Oscars a sonné le glas pour le film, accueilli froidement par tout le monde. Sorti dans la foulée dans quelques salles américaines, Lucy in the Sky a été un énorme échec (budget d’environ 20 millions, à peine 6 millions dans le monde). Sa sortie cinéma en France a alors été discrètement annulée, pour basculer en VOD en décembre.
Et Lucy in the Sky méritait mieux. Vaguement inspiré de l’histoire de l’astronaute Lisa Nowak, le film souffre certes d’un scénario maladroit qui risque de dérouter, et d’une durée pas forcément justifiée (deux bonnes heures). Mais il y a surtout une grande énergie de cinéma, avec des partis pris forts. Le format change, le montage se plie aux émotions et rêveries de l’héroïne, et Noah Hawley rappelle qu’il est un réalisateur à suivre de très près. Lui qui avait perverti les formules avec Fargo et Legion, démontre une nouvelle fois qu’il a un regard tout sauf ordinaire sur la mise en scène et la narration.
Natalie Portman, elle, trouve là l’un de ses meilleurs rôles depuis quelques années. Entourée d’excellents acteurs (Jon Hamm, Dan Stevens, Zazie Beetz), elle brille de mille feux, et étonne plus d’une fois.
C’est disponible où ? En VOD sur Orange, Rakuten TV, Apple TV, Google Play, YouTube et Canal VOD.
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Ma belle-famille, Noël, et moi
Ça raconte quoi ? Harper et Abby s’aiment à la folie, et décident de passer Noël ensemble pour la première fois. Pour Abby qui déteste les fêtes, c’est un grand pas, d’autant qu’elle va enfin rencontrer sa belle-famille. Problème : Harper n’a jamais réussi à dire qu’elle était homo à son clan, et décide de cacher encore un peu plus longtemps la vérité pour ne rien gâcher de Noël…
Pourquoi il faut le regarder ? Parce que Kristen Stewart et Mackenzie Davis sont deux excellentes actrices qui forment un beau couple, parce qu’il y a l’irrésistible Aubrey Plaza dans un joli second rôle, et parce que c’est le deuxième film de l’actrice Clea DuVall (bien connue d’une génération, avec The Faculty, Carnivàle, Une vie volée ou encore Ghosts of Mars).
Clea DuVall s’est largement inspirée de ses expériences pour co-écrire ce film, que Hulu (Disney donc) a racheté lorsque la sortie salles a été annulée en temps de pandémie. Et Mickey doit être ravi puisque le film a été un carton record.
C’est à peu près tout ce qu’il y a à retenir de cette comédie romantique sinon très classique, qui use et abuse de tous les codes et clichés du genre. À condition d’être de bonne humeur, Ma belle-famille, Noël et moi (affreux titre qui ressemble à un spin-off de Mon Beau-Père, mes Parents et Moi) reste un petit plaisir léger et mignon. Sa valeur repose sur une chose malheureusement encore utile : remettre les pendules à l’heure avec la version gay de la comédie de Noël classique, pour normaliser les gens normaux. C’est moins charmant que Love, Simon dans le genre, mais ça reste bien fichu, vu les ambitions modestes.
C’est disponible où ? En DVD chez Sony le 10 février, et déjà en VOD sur Filmo TV, Google Play, Orange, YouTube, Apple TV, Microsoft, Canal VOD, Rakuten TV.
The Doorman
Ça raconte quoi ? Une membre des Marines, après avoir vécu des événements traumatisants, est de retour chez elle. Devenue concierge d’un immeuble new-yorkais, elle va se retrouver confrontée à des mercenaires bien décidés à mettre la main sur une précieuse oeuvre d’art.
Pourquoi il faut le regarder ? Le cinéma d’action à l’ancienne, dans lequel un personnage défouraille dans la joie et la bonne humeur une troupe de vilains pas beaux, n’est plus en odeur de sainteté, c’est triste, mais c’est ainsi. L’heure de gloire des Bruce Willis, Steven Seagal et autres Jean-Claude Van Damme est bien loin, et on croit de moins en moins à un retour en grâce des Expendables. C’est pourquoi la moindre occasion de retrouver un bon cassage de bouche dans les règles est à ce point délicieuse. Ici, c’est l’athlétique Ruby Rose qui jouera les tatanneuses, dans le rôle d’une ex-marine un peu traumatisée par son passé, et devenue concierge. Jusqu’à ce que des cambrioleurs se mettent en tête de dérober un bien dissimulé dans le bâtiment.
Un pitch à la Die Hard donc, qui a pour lui deux atouts maîtres. Tout d’abord, il est réalisé par Ryûhei Kitamura, metteur en scène japonais qui s’est fait discret à l’orée des années 2010, mais a vrillé quelques rétines au tournant du XXIe siècle. On lui doit notamment Versus, Godzilla : Final Wars ou encore le gorissime Midnight Meat Train. Trois propositions de cinéma de genre extrêmement fortes et différentes, qui n’ont pas non plus empêché le réalisateur de s’illustrer du côté d’un cinéma bis très énervé, avec le récent et salissant Downrange, petit survival bien méchant comme il faut. Autant dire qu’on espère le cinéaste capable de nous offrir de la baston digne de ce nom.
Et comme en plus le méchant est incarné par notre Jean Reno national, ce Doorman ferait presque office de cadeau de Noël en retard. En effet, depuis quelques films maintenant, ce visiteur pas exactement du futur semble s’être spécialisé dans des rôles d’antagoniste poussiéreux, voué à de paresseuses éliminations, pas toujours incroyablement divertissantes, mais qui vengeront dignement les spectateurs de L’Opération Corned Beef. Après Da 5 Bloods : Frères de sang et Bronx, Jean va-t-il ajouter un nouveau joyau du cinéma conceptuel à son CV ?
C’est disponible où ? En streaming sur Canal+, en VOD sur Google Play, Orange, YouTube, Rakuten TV et Canal VOD. En DVD chez AB Video dès le 27 janvier.
« Et ça, c’est pour Les Visiteurs 3 ! »
Zones humides
Ça raconte quoi ? Helen est une adolescente non-conformiste qui entretient une relation conflictuelle avec ses parents. Passant la plupart de son temps à traîner avec son amie Corinna, avec qui elle transgresse un tabou social après l’autre, elle utilise le sexe comme un mode de rébellion et casse la morale bourgeoise conventionnelle. Après un accident de rasage intime, Helen se retrouve à l’hôpital où il ne lui faut pas longtemps pour faire des vagues. Mais elle y rencontre Robin, un infirmier dont elle va tomber follement amoureuse…
Pourquoi il faut le regarder ? Âmes sensibles s’abstenir, cinéphiles déviants recherchés ! Sorti en 2013 en Allemagne après un passage à Locarno et avant une projection à l’étrange festival de Paris, ce Wetlands était inédit dans nos contrées depuis 7 ans et on comprend pourquoi. En mixant sans gène et sans pitié pour nos pauvres estomacs la chronique vingtenaire à la Amélie Poulain et le faux teen-movie punk trash à la Trainspotting (une séquence en particulier restera dans les annales), David Wnendt sonde une nouvelle génération en apparence décomplexée, mais victime d’un mal-être très contemporain.
C’est aussi parfois très rigolo
Les amateurs de comédies romantiques qui ne se fieront qu’à la jaquette innocente et une esthétique aussi lumineuse que rose bonbon risquent donc de salement déchanter au fur et à mesure que les péripéties se moquant bien des normes hygiénistes ou des zones habituellement montrées au cinéma prennent de l’ampleur. Et pourtant, ils auraient tort d’abandonner, car le cinéaste y relate un récit profondément humain et parfois même assez touchant, où la vraie douleur et la vraie gêne ne peuvent venir que des séparations ou des histoires d’amour contrariées.
C’est tout le génie du personnage principal, campé par une Carla Juri démente. À première vue très provocateur, il va se révéler bien plus complexe. Et finalement, la violence supposée de ses choix de vie semble bien dérisoire face aux vraies blessures qu’il renferme. Un portrait paradoxalement tout en finesse d’une jeunesse capable de redéfinir les tabous les plus absurdes sans se dépêtrer de sentiments certes sociaux, mais indéniablement vitaux. De quoi largement oublier quelques lourdeurs stylistiques et traumatismes bien sentis.
C’est disponible où ? En Blu-ray et DVD chez Extralucid.
Breaking Surface
Ça raconte quoi ? Quelques jours après Noël, Ida et sa soeur Tuva organisent une sortie plongée hivernale dans un coin reculé de la côte Norvégienne. Pendant la plongée, un éboulement coince Tuva sous l’eau.
Pourquoi il faut le regarder ? Parce que malgré le faux pas d’Amazon Prime, qui avait promis de le mettre à disposition sur sa plateforme ce mois-ci avant de céder au silence radio, on aime les survival. Et Breaking Surface est un spécimen particulièrement représentatif du genre. On est en territoire connu dans ce subtil mélange entre 127 heures et 47 Meters Down, les requins en moins. Une recette classique, mais pas moins efficace, puisque le film propose quelques scènes de tension telles qu’on les aime, alternant le désespéré et l’inespéré.
On ne manque pas d’air dans ce film
Il dispose même de quelques armes bien à lui, notamment une photographie parfaite, figurant l’aspect glacial du récit et tirant parti des superbes paysages norvégiens pour renforcer la solitude du duo d’actrices. Il peut aussi compter sur un dernier acte inventif et plutôt inattendu, renversant grâce à une composante technique bien connue des amateurs de plongée le mécanisme de survie, tout en prolongeant l’apnée des héroïnes et du spectateur.
Certes, Breaking Surface ne révolutionnera pas le genre, mais c’est un très honnête divertissement, pour qui aime le survival et dispose d’une couverture bien chaude.
C’est disponible où ? En Blu-ray et DVD chez AB Vidéo, en VOD sur Orange, Apple TV et Canal VOD.
Madeleine Martin reste dans sa bulle
Mais aussi…
Max Steel, L’acrobate, The Last Shift, Songbird, Bloodline, Adolescence Explosive, Lifechanger, Jane, Alone, Suspect numéro un…
Ressorties cultes
L’événement de ces dernières semaines pour les cinéphiles de tous poils ou tout simplement les amoureux de pop culture au sens large, ce n’est pas la sortie de Tenet dans tous les formats encore commercialisés (quoiqu’on rêve d’une édition laserdisc), mais bien l’arrivée fracassante des trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit en 4K, commentée en long, en large et en travers. Supervisée par Peter Jackson lui-même, la restauration de la première trilogie corrige la patine des précédentes éditions Blu-ray pour à la fois plus correspondre à sa vision d’origine et au look si décrié des trois Hobbit, quitte à carrément toucher à la colorimétrie de l’image. Chacun pourra juger du résultat, mais nul doute qu’il marquera les amateurs de 4K.
De quoi presque faire passer inaperçu le méga coffret Game of Thrones, lui aussi soumis au traitement 4k. Un objet imposant qui va pousser la moitié des fans de la gargantuesque série HBO à hypothéquer leur maison ou vendre leurs marmots John et Daenerys au premier venu. Ici, on pense que ça vaut quand même le coup.
Oui, la dernière saison est comprise
Mais que ces énormes sagas de fantasy tombant en grande pompe sur les amoureux de la technologie n’occultent pas la ressortie d’un autre très grand film, qui a bien plus secrètement infusé le 7e art, mais qui l’a indéniablement transformé. Il est bien sûr question de Soy Cuba, monstre technique et esthétique pillé par tous les grands maîtres, proposé dans une édition française par Potemkine. Une occasion en or de se (re)plonger dans ces plans-séquences délirants, jamais vus, même en 2021.
Bien évidemment, pas mal d’autres sorties ont attiré notre attention, notamment un steelbook du chef-d’oeuvre de Satoshi Kon, Millennium Actress, longtemps privé de sortie en France et clairement un des meilleurs films de son auteur parti trop tôt. On note également un coffret édité par Blaq out et regroupant trois longs-métrages trop peu connus de George A. Romero, There’s Always Vanilla, La Nuit des fous vivants et surtout le superbe Season of the Witch. Enfin, on vous conseille un petit tour du côté de chez l’éditeur Coin de Mire, qui vient de balancer sur le marché une salve de films de patrimoine français parmi lesquels Le Jardinier d’Argenteuil, Le Soleil des voyous ou encore Le Mouton à cinq pattes.
Bonjour Mr Castor, ça va bien ?
Cool je me demandais si le film avec Nathalie Portman n’était pas perdu dans l’espace.
Un sacré flop du coup, allez hop sur ma liste.
À bientôt Mr Castor 🙂
Commentaire de kyle Reese dans 1, 2, 3…
Les hémorroïdes de Nathalie Portman je les déguste avec plaisir !