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The Northman : le film de vikings serait un film anti-Marvel d’après le réalisateur

Par Axelle Vacher
19 avril 2022
MAJ : 30 mai 2022
21 commentaires
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D’après Robert Eggers, son ultra-violent film de vikings The Northman peut être considéré comme une antithèse aux films Marvel.

Après ses premiers contes glaçants The Witch et The Lighthouse, Robert Eggers s’apprête de nouveau à gracier les salles obscures de sa féroce élégance et de son animalité poétique. The Northman, fresque viscérale à la violence singulière portée par Alexander Skarsgård, dépeint le récit du viking Amleth, dont la quête vengeresse aura déjà inspiré le Halmet de Shakespeare, et propose de fait une expérience cinématographique aussi brutale qu’esthétique, comme l’explique notre critique du film.

Auteur aux partis pris artistiques dont l’âpreté se mêle sans mal à une beauté plastique ensorcelante, Eggers n’est pas un cinéaste que l’on imagine sacrifier son identité visuelle et narrative en vue de correspondre aux stratégies mercantiles de gros studios. Toutefois, avec un budget avoisinant les 90 millions de dollars, le réalisateur fut bien obligé de se plier à quelques obligations, lesquelles furent parfois, tel qu’il l’a confié à IndieWire, difficiles :

 

The Northman : photo, Alexander SkarsgårdLes studios justifiant la nécessité de rentabiliser le budget

 

« Je savais quand j’ai confié le scénario au studio que je n’aurais pas le final cut de ce film. Et c’était un risque que j’étais prêt à prendre. Le studio a pris un gros risque en laissant le réalisateur de deux films art et essai aux commandes d’un gros film de vikings réalisé en caméra unique avec tous ses chefs de départements. J’ai dit que la post-production a été un procédé très douloureux, et, c’est un fait. Mais c’était également un processus nécessaire […].

Le studio n’a pas effectué de réelles altérations, et n’a pas interféré non plus. Sjón Sigurdsson [le co-scénariste du film, ndlr] m’a dit que c’était mon boulot de savoir interpréter les notes et retours que me faisait le studio et de les exécuter d’une façon qui me rende fier. Si j’avais bêtement suivi chacun des ordres du studio, le film aurait été mauvais. Il aurait été mauvais parce que les exécutifs ne sont pas des réalisateurs, et c’est d’ailleurs bien pour ça qu’ils engagent des réalisateurs pour faire des films. »

 

The Northman : Photo Anya Taylor-JoyAprès The Witch, Anya Taylor-Joy est toujours aussi ensorcelante

 

Robert Eggers a donc concédé quelques renoncements au regard de certains choix narratifs et esthétiques, mais n’a toutefois pas souhaité y travestir son identité. Certes, The Northman est une production à gros budget, mais le métrage demeure in fine sa création. Et si la liberté créative qu’induit un budget conséquent n’est pas à négliger, le réalisateur a également confié que la réalisation de blockbusters n’est pas nécessairement une voie au sein de laquelle il souhaite s’investir :

« Je n’ai toujours réalisé que ce qui m’appartient. Je conçois qu’il s’agit là d’une position très privilégiée. Alors même si pour ce film, je savais que je n’aurais pas le final cut, le studio savait de son côté qu’il s’agirait malgré tout d’un film estampillé Robert Eggers, et que c’est bien tout ce que ça allait être. […] Tout ce que je fais, et la manière dont je le fais, est complètement antithétique de la manière dont on fait un Marvel. »

 

The Northman : Photo Alexander SkarsgårdRobert Eggers déclarant la guerre à l’uniformisation du paysage cinématographique à gros budget

 

Effectivement, difficile d’observer que les films du MCU brillent par l’identité artistique de leurs réalisateurs. De la colorimétrie délavée de la trilogie Captain America, aux montages convenus et uniformisés auxquels répondent la majorité des métrages, en passant par l’humour standardisé dont souffrent bien souvent les dialogues, les films produits au sein de l’empire Marvel s’identifient davantage par leur appartenance aux studios que par leurs réalisateurs.

Cette uniformisation conformiste répond avant tout d’un parti pris commercial, un parti pris auquel Robert Eggers estime ne pas s’identifier, et cherche ainsi à faire perdurer un cinéma d’auteur. Si le cinéaste est conscient qu’une production telle que The Northman nécessite davantage d’accommodements qu’un film à plus faible échelle tel que The Lighthouse (qui disposait d’un budget d’environ 11 millions de dollars), Eggers a tout de même eu le loisir d’y asseoir sa propre vision artistique. De quoi confirmer l’antithèse évoquée par le réalisateur quant aux méthodes de production Marvel, tout en appuyant l’importance des créateurs vis-à-vis des exécutants. Du reste, The Northman sera disponible en salles dès le 11 mai en France. 

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Marty

Le prix des places de cinéma est t’il à considerer à propos de cet échec ?

Perso, c’est typiquement le film que je serais aller voir en salle avec les potes et madame un week end .

Mais à 15 balles la place, ils peuvent aller couler .

Deja 20 balles pour Top Gun en imax.. si on veut aller voir tout ce qui nous interesse bientot faut hypothéquer un rein .

Maintenant je choisis dratiquement, tant pis pour ce genre de film .

Zapan

Ce ne sera pas un film à box office comme un Marvel c’est sûr.

Mais bordel qu’est-ce que c’est bon!
Certains plans restent en tête des jours après visionnage.
Niveau Cinématographie, c’est le film de l’année.

GTB

@Rayan> Comment peut-on comprendre cela des propos d’Egger?…j’avoue que ça m’échappe. Le mec dit littéralement que le studio savait que le film serait un film Eggers.
Il parle des échanges qui se font entre les studios et les artistes, et plus les studios mettent d’argent plus ils surveillent leur investissement. C’est des plus banals. L’industrie fonctionne ainsi.

Marvel, eux, ne sont pas dans ce schéma là. C’est pas juste qu’ils se gardent le final cut. Le contrôle de la prod est total. Au point que peu importe quel réal vient faire un de leurs films, ils ont des équipes chez eux qui s’occupent des scènes d’actions. Ils standardisent aussi la post-prod. Sans parler de tout ce qui gravite autour. Il suffit d’écouter Garfield parler de la prod de ses Spider-man pour comprendre que ça ne suit pas le schéma classique, que le cahier des charges et les priorités sont différentes.

Rayan

@Nico

Tu n a donc pas lu l’article , de la liberté artistique il en a eu 0, il a tourner des scènes et le studio a fait le montage, un peu comme Marvel fait quoi

Y a 0 liberté dans son film le Eggers

Flo

Il enfonce bêtement des portes ouvertes : puisqu’il est l’initiateur, c’est normal que ça soit pas pareil. Ce serait comme de dire qu’une pâtisserie personnalisée était un anti chocolatine.
Mais ça n’empêche pas que les thématiques peuvent être présentes en creux dans les films de commande. Pas besoin de tel machin visuel qui t’impressione pour ça.

Ichabod

Visiblement, l’abus de films Marvel endommage considérablement les cerveaux.

Flash

@Pareil et j’espère qu’il fera fermer les bouches des blaireaux qui souhaitent que le film se plante.

Nico

@Emperorkouado NM

Au contraire, j espère vraiment que ce film marchera suffisamment pour qu’il puisse continuer à garder une certaine liberté créative et nous proposer encore et encore ses œuvres !

Emperorkouado NM

@Rayan
C’est exactement ça, vu qu’il veut faire l’inverse de marvel,et ben il le sera dans tout les sens du terme et surtout sur le plan financier.
Tous ces soi disants grands realisateurs sont justes des beaufs qui savent que taper sur marvel pour glorifier leur cinéma.
J’espère que son film va bidé et qu’il n’aura plus le droit qu’a réalisé des films pourris à micro budget destinés à occuper le catalogue de netflix et qui passeront totalement inaperçu pour qu’on’o, entende plus parler de lui

Rayan

Bravo, c’est tellement un anti marvel qu il va faire l enverse et ce que font les marvel au ciné, flopper sévère