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Dune 2 : Denis Villeneuve crée le débat et affirme que « la télévision a corrompu le cinéma »

Par Axelle Vacher
27 février 2024
MAJ : 2 mars 2024
26 commentaires

À quelques heures de la sortie tant attendue de son Dune: Deuxième Partie, Denis Villeneuve crée le débat et affirme que « la télévision a corrompu le cinéma ».

Si rien n’est jamais bien certain en ce bas monde, il subsiste malgré tout quelques évidences ; l’une d’elles étant que ces quinze dernières années , Denis Villeneuve s’est imposé comme l’un des grands cinéastes de sa génération – n’en déplaise à ses détracteurs. Si ces quatre premiers longs-métrages connaissent un succès critique avéré, c’est avant tout son entrée à Hollywood avec le fracassant Prisoners qui révèle le Québécois au grand public.

Huit ans et une poignée de très belles propositions plus tard (Sicario, Premier Contact, Blade Runner 2049), voilà que Villeneuve s’attaque enfin à l’un de ses grands fantasmes. Celui-ci réussit alors où d’autres grands noms avant lui ont échoué en transposant l’oeuvre de Frank Herbert au grand écran. Et là, c’est le carton. En dépit d’un contexte de sortie difficile, Dune premier du nom est parvenu à engendrer quelques 394,6 millions de dollars au box-office.

 

 

soit beau et tais-toi

Mais alors que la deuxième moitié du diptyque – plus attendue par ses aficionados que le Muad’Dib par les Fremen – s’apprête à investir les salles obscures d’ici quelques heures, le cinéaste a créé le débat au détour d’une déclaration plutôt pessimiste au Times :

« En toute honnêteté, je déteste les dialogues. Les dialogues sont pour le théâtre et la télévision. Je ne me souviens pas d’un film à cause d’une bonne réplique, je me souviens d’un film s’il a une proposition visuelle forte. Les dialogues ne m’intéressent pas du tout. Le pouvoir du cinéma, c’est purement de l’image, et du son ; mais il suffit de regarder les films d’aujourd’hui pour savoir que ce n’est pas évident.

La télévision a corrompu les films de cinéma. Dans un monde idéal, je réaliserais un long-métrage convaincant, qui n’aurait pas du tout l’air d’être expérimental, et dans lequel aucun mot ne serait prononcé. Les gens quitteraient la salle et se diraient : « Mais attends, il n’y avait pas de dialogues ? ». Ils n’en ressentiraient pas le manque. »

 

Dune: Deuxième Partie : photo, Timothée Chalamet, Josh Brolin« Tu te tais, j’ai dit »

 

De toute évidence, de tels propos n’ont guère fait l’unanimité. Étant donné qu’il est encore bien tôt à l’heure où nous écrivons ces lignes, on s’affranchira de toute leçon relative à l’histoire du cinéma et à l’avènement du parlant. Si le brave Villeneuve exagère peut-être un tantinet en affirmant que les dialogues sont le mal incarné (si Denis, une réplique culte à le pouvoir de pérenniser un film dans la mémoire collective), un excès de blabla, ou toute autre forme de surexposition par le dialogue, à effectivement le pouvoir de nuire à un récit. Ceci étant dit, Dune 2 investira les salles dès ce 28 février.

 

 

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Cidjay

En gros, il dit qu’il n’aime pas le cinéma de Tarantino.

blablastop

Bizarrement j’ai pas trouvé Dune 1 extraordinaire mais alors je suis tout a fait d’accord avec ce qu’il dit.

Joey Joe Joe Jr Shabadoo

Du coup je ne comprends pas pourquoi son Dune 1 est aussi verbeux ?

Il vire 1/4 des dialogues et ça devient un bien meilleur film

Fifih91

« We need a bigger boat », « I have à bad feeling about this », « I’m too old for that s**t », « she talkch in shleep », etc.. meuh non, des répliques ne font pas souvenir des films, meuh non…

Le dormeur de dune

Son rejet du dialogue explique pourquoi plusieurs de ses films semblent si froids.

petitbiscuit

« Je ne me souviens pas d’un film à cause d’une bonne réplique, je me souviens d’un film s’il a une proposition visuelle forte. Les dialogues ne m’intéressent pas du tout. Le pouvoir du cinéma, c’est purement de l’image, et du son  »

houla quelle douche froide cela a du être pour beaucoup de ses fans. un mépris assez gênant en fait mais on peut aussi saluer qu’il assume une vision du cinéma marquée.

il valide ce qu’on savait déjà son style photographique prévalant qui à paraitre fade voir grisâtre.

j’imagine que ces propos ont du décevoir pas mal de gens du milieux…auteurs de dialogues, acteurs…

en fait ironiquement, il vient de se définir comme un réalisateur parfait pour réaliser des documents animaliers du national geographics.

Laurent SFN

Interview tronquée ou réflexion sortie de son contexte. Car si il pense réellement ce qu’il dit, cela veut dire qu’il est dénué de toute culture cinématographique, et je ne pense pas que ce soit le cas. Cependant, ça pourrait aussi expliquer un des gros défauts du cinéma de Villeneuve : de très chouettes images, mais un poil trop contemplatif.

Quand à Dune 2, je vais attendre le printemps du cinéma pour y aller. Je suppose que le film sera toujours à l’affiche.

YannYann

C’est dingue comment les gens sont capable de s’enflammer sur un simple citation et sans analyse. D’autant que l’auteur de l’article précise que Villeneuve exagère surement.

Après, je pense comprendre ce qu’exprime ici le réalisateur. Depuis un peu plus d’une décennie la différence entre film de cinéma et film de télévision/Streaming est de plus en plus flou. Peu de film sortent avec des propositions visuelles fortes et narrativement pertinentes.

Et à l’heure où nous sommes entouré d’écrans et de canaux de diffusion d’objet « Film » quel est la plus-value d’un film au cinéma par rapport au plateforme de streaming et au chaine de télévision ?
A part y voir une certaines castes d’acteurs car les budgets y sont plus conséquent ?

Et c’est dans ce contexte que je trouve sa citation pertinente. Si l’objet « film » repose sur sa seule histoire et sur ces dialogues, l’apport de la diffusion en cinéma est minime et son cout de production sera très élevé.
C’est typiquement les films de dialogues qui excelle sur ces sujets (Globalement tout ceux sur lesquels Audiard a travaillé…) mais ces films là date d’une époque où la télévision n’était pas aussi massivement présent.
Et d’ailleurs ces films là et de nombreuse adaptation de pièce de théâtre, les rediffusions télé sont toujours très suivi. Car ce qui compte dans ces films là, c’est la musicalité des dialogues, la tranche de rire que l’on se paie.

Denis Villeneuve promeut un cinéma d’image, où chaque choix du réalisateur va imprimer sur la rétine et les oreilles du spectateurs une émotion, une réaction.
Paradoxalement, ce sont ces films là que j’aime le moins revoir sur ma télé (ou alors, seul dans la pénombre et le son à fond ! en gros j’essaie de reproduire les conditions du cinéma chez moi…)

Le débat du renouveau de l’industrie du cinéma est loin d’être fini, mais ce que dit ici Villeneuve en est une piste.
Un films peut être réalisé de nombreuses manières sans pour autant remettre en question sa qualité, mais à l’heure où de nombreux films se casse la gueule car non rentable (liée au embouteillage chaque mercredi…) cesser de toujours vouloir sortir un film au cinéma permettrait d’améliorer la lisibilité de l’industrie (et mécaniquement réduire les marketing des films…) et de marquer la différence entre les différents canaux de diffusion.

Seb77

C’est un tantinet provocateur mais il s’attaque probablement plus aux films à grand spectacle actuel qu’aux classiques. Dans le fond, il rappelle un principe majeur du cinéma : « Show, don’t tell ». Or on voit beaucoup de films récents qui nous infligent des dialogues qui ne servent à rien. ça donne des films avec des durées surgonflées où on s’ennuie profond.

Ghost Leopard

Je ne sais pas si j’aurais utilisé le mot « corrompre » pour décrire la situation mais, concernant le cas du cinéma français, c’est effectivement le cas, sans nul doute possible. Au niveau mondial je ne me prononcerai pas.