2073, le nouveau documentaire d’Asif Kapadia, se paye une bande-annonce orwellienne avec ce mélange entre fiction et réalité.
Ayrton Senna, Amy, Diego Maradona, Les 12 derniers jours de Federer… Asif Kapadia s’est fait spécialiste du documentaire en plus de vingt ans de carrière, délaissant peu à peu ses premières fictions pour s’attaquer à des figures emblématiques du sport et de la chanson dans le cas d’Amy Winehouse. Et si on pensait que les portraits incisifs de stars resteraient son thème de prédilection, coup de théâtre, le cinéaste a décidé d’opérer un changement radical avec son prochain film : 2073.
Ce documentaire, aux allures de futures dystopique à la Watch Dogs, se concentrera en effet sur l’effondrement de l’humanité, rien que ça. Ce postulat a de quoi déstabiliser au vu de la teneur extrême et visionnaire des premières images qui rompt avec ses derniers travaux. En tout cas, c’est ce que semble vouloir nous montrer la première bande-annonce mise en ligne par Neon.
Juste la fin du monde
« Ce n’est pas une fiction! Ce n’est pas un documentaire! C’est un avertissement! ». Voilà comment le trailer résume l’idée du « documentaire-fiction » dont les images stupéfiantes ont de quoi glacer le sang. 2073 met en scène Samantha Morton et Naomi Ackie dans un monde futuriste en déliquescence dont la puissance visuelle emprunte autant au jeu vidéo qu’au court-métrage mythique de Chris Marker La jetée. Comme ce chef d’œuvre sorti en 1962, 2073 prendra pour témoin une humanité au bord de l’effondrement.
Un moyen de mettre en garde la génération présente sur les dérives actuelles : dérives autoritaires, climatiques et sécuritaires qui menacent nos libertés et notre bien être. La bande-annonce s’appuie ainsi sur des images d’archives de notre époque (2024 en partie) avec des catastrophes naturelles, des défilés néonazis, répressions policières… en plus de tirer son épingle du jeu avec une esthétique post-apo au couleur sépia et poussiéreuse, faisant écho autant au Stalker de Tarkovski qu’à Blade Runner 2049.
Même si les thématiques qu’il soulève n’ont rien d’original à l’heure où n’importe quels documentaires d’Arte parlent de ces sujets, Asif Kapadia semble prêt à jouer les Cassandres et à répéter ce que tant de scientifiques et observateurs répètent depuis des années. La différence c’est, en théorie, que le cinéma permet de toucher un plus grand public par des références que tout le monde connait. Asif Kapadia semble vouloir surfer sur cette vague geek tant il emprunte à l’univers du jeu vidéo.
Le film a été présenté à la Mostra de Venise en hors-compétition et les premiers retours sont d’ailleurs déjà en ligne. Il semblerait, à ce stade, que le film a divisé la critique, The Guardian évoquant un documentaire manquant de « nuance » quand Deadline parle d’un film « d’une plausibilité troublante ». Rien qui ne nous empêchera d’attendre avec impatience ce 2073. Pour l’instant, sa date de sortie reste inconnue en France.