Cannes 2013 – Shield of straw : Compétition officielle

Par Laurent Pécha
21 mai 2013
MAJ : 26 octobre 2018
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Shield of straw

 

Pourquoi être allé le voir : Deux ans après sa première sélection en compétition officielle avec Hara-Kiri : mort d’un samouraï, Takashi Miike revient dans la cour des grands. Une consécration d’autant qu’il le fait avec un scénario qui sentait bon la poudre.

Ça raconte quoi : « Tuez cet homme et vous toucherez 1 milliard de yens de récompense ». Avec cette publicité parue dans tous les journaux japonais, le milliardaire Ninagawa met à prix la tête de Kiyomaru, l’assassin présumé de sa petite-fille. Des millions d’ennemis potentiels vont alors se dresser sur la route des policiers chargés d’escorter Kiyomaru jusqu’à Tokyo, transformant leur périple en une poursuite infernale et entraînant le spectateur au coeur d’un western urbain à l’issue incertaine.

Verdict : Qui n’a pas eu le visage qui s’illumine à la lecture du pitch ? Pour preuve, l’intégralité de la team EL était levée aux aurores pour assister à la projection de presse de 8h30. On jubilait à l’idée de voir Miike amener dans ses derniers retranchements le polar urbain comme il avait su si bien le faire avec le superbe 13 assassins où ses héros se battaient contre une centaine d’adversaires. La déception est d’autant plus grande de se rendre compte que le cinéaste nippon préfère la parole et la psychologie très appuyée à la multiplication des séquences d’action.

D’un sujet dantesque susceptible de faire naître les situations les plus folles et rocambolesques, Miike n’accouche que d’un polar incroyablement bavard dont on ne retient vraiment qu’une seule scène spectaculaire (l’attaque du convoi par un camion chargé de nitroglycérine). La frustration est de mise et il faudra se contenter d’un réalisateur qui préfère se concentrer sur les doutes moraux de ses protagonistes plongés dans une situation hors du commun. Sur le papier toutefois tant Miike ne fait rien pour la sublimer par l’image. Un vrai comble venant d’un cinéaste qui s’est fait sa réputation sur ses délires visuels. Si c’est à ce prix que le monsieur peut parader dans le plus grand festival du monde en compet officielle, on préfère nettement le voir plus énervé et mordant dans une salle du marché du film en 2014.

70% de chance qu'il sorte en salle : Miike est loin d’être rentable en salles. Son dernier film sélectionné en compétition cannoise, Hara-Kiri, n’avait été vu que par 12 652 spectateurs. Il n’a dépassé qu’une seule fois les 100 000 entrées avec La mort en ligne (120 376 spectateurs). Un pari risqué pour le futur ( ?) distributeur français.

Récompense possible : On ne voit pas ce qu’il pourrait remporter. Sa principale chance était le prix de la mise en scène. Et c’est peut être dans ce domaine là que le film déçoit le plus.

 

 

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