Todd Phillips, réalisateur de Joker : Folie à Deux, critique la présence des publicités en salle avant la diffusion des films, et veut un retour à des séances de cinéma plus immersives.
Joker 2 a beau être l’une des catastrophes industrielles de l’année 2024, le film de Todd Phillips peut s’enorgueillir d’avoir des défenseurs de choix. Quentin Tarantino a ouvertement défendu Joker 2, Francis Ford Coppola a expliqué pourquoi il a aimé Joker : folie à Deux, et même le réalisateur de Metal Gear Solid, Hideo Kojima a déclaré que Joker 2 deviendrait un classique.
Et le réalisateur des deux Joker et de Very Bad Trip a eu une idée pour réenchanter les salles de cinéma. Pour lutter contre la tentation du streaming, voire du piratage, il suggère de supprimer les publicités projetées dans les salles pour ramener de la « magie » dans l’expérience du partage d’émotions collectives
Joker Texas Holdem
Todd Phillips a participé en octobre 2024 à une table ronde organisée par le magazine Empire, à laquelle participaient également Sean Baker et George Miller, entre autres. Le principal sujet de réflexion de la table ronde concernait l’avenir du cinéma, et les nécessaires évolutions de l’industrie.
Le réalisateur a alors expliqué que, pour lui, il était temps que les salles de cinéma arrêtent de diffuser des publicités avant les projections de films, car cela nuirait à l’ambiance et à l’expérience collective du visionnage d’un film en salle. De plus, cette suppression permettrait une immersion immédiate, sans distraction, dans le long-métrage que le public a choisi d’aller voir.
« Arrêtez de diffuser des publicités avant les films. Nous avons payé nos billets. Nous sommes heureux d’être là. Les publicités ont tendance à casser l’ambiance. »
La dernière pub avant la fin du monde
L’idée de Todd Phillips, si elle vise avant tout à rétablir une certaine intimité et une immédiateté du rapport entre le public et le film, pose tout de même de sérieux problèmes au niveau des enjeux financiers pour les salles de cinéma. La publicité représente une part importante des revenus des cinémas, bien que son montant puisse varier en fonction de plusieurs facteurs, comme la taille du marché, le type de film projeté et la philosophie des cinémas (grand public, art et essai, etc.).
Mais quel que soit le type de lieu ou d’expérience proposée, les revenus issus de la publicité sont essentiels pour la survie des salles de cinéma. En ce qui concerne les publicités diffusées avant les films, qu’il s’agisse des annonces de films à venir, des publicités pour des entreprises privées ou pour des produits commerciaux, ce type de publicité peut constituer jusqu’à 15 à 20 % des revenus des salles.
Si ce sont ces publicités projetées en amont des films qui sont visées par Todd Phillips, il ne faudrait pas oublier que d’autres espaces commerciaux existent dans les salles. En plus des annonces diffusées avant le film, de nombreux cinémas génèrent des revenus en vendant de l’espace publicitaire sur des affiches dans les halls ou des écrans numériques.
Ces revenus peuvent être significatifs, bien que là encore, ils varient selon la taille de l’établissement et des tarifs moyens appliqués dans la région où il se situe. Un énorme multiplexe situé en centre-ville vendra ses espaces de communications beaucoup plus cher qu’un petit cinéma associatif d’une ville de campagne.
Enfin, il convient de garder en tête que les cinémas partagent généralement les revenus publicitaires avec les sociétés spécialisées dans la diffusion d’annonces, comme National CineMedia aux États-Unis, ou Cinépub en France. Ces sociétés collectent les revenus des annonceurs et en redistribuent une partie aux cinémas, ce qui permet de faire vivre le secteur.
Money Train
S’il est très difficile d’obtenir les coûts réels des achats d’espaces publicitaires, il est tout de même possible d’avoir connaissance des montants moyens que représentent les recettes publicitaires.
Aux États-Unis, les recettes issues des pubs liées aux salles de cinéma ont généré environ 2,5 à 3 milliards de dollars par an au cours des trois dernières années, selon les estimations de National CineMedia. En France, le marché de la publicité en salle (y compris les publicités avant les films et les affiches et écrans numériques dans les salles) représente environ 100 à 150 millions d’euros par an, selon les données de Statista et du CNC.
Bien que la publicité ne représente qu’une portion des revenus totaux des cinémas, elle reste un complément essentiel aux recettes provenant des ventes de billets et des ventes de produits annexes, comme les snacks et boissons. Elle devient d’autant plus importante dans un contexte où les revenus liés à l’exploitation de films peuvent fluctuer, notamment à cause de la concurrence des plateformes de streaming et du piratage.
De plus, le risque majeur de la suppression de la publicité dans les salles de cinéma serait évidemment la hausse drastique du coût du billet de cinéma. D’après les données de la Fédération Nationale des Cinémas Français, le prix du billet a augmenté de 11,5% sur les dix dernières années. Les études de la FNCF ont révélé que plus de 60% des places de cinéma sont vendues à tarif réduit, ce qui laisse entendre que sans ces réductions, les salles seraient beaucoup moins fréquentées.
En cas de hausse inconsidérée de ces prix, il est plus que probable que les salles fonceraient droit dans le mur, devenant un plaisir réservé à une certaine classe aisée, et évinçant ainsi le grand public des salles.
Quoi qu’il en soit, l’avenir de Joker : Folie à Deux, lui, ne se joue plus dans les salles, mais sur les petits écrans puisque Joker 2 est disponible en VOD outre-Atlantique depuis le 29 octobre 2024.
Très drôle cette proposition , on reconnaît là le réal de very bad trip.
A moins que ce ne soit un petit contre feux pour masquer le bide Joker.
J’ai été voir Anora cette semaine : 30min de pubs avant le film. Séance à 16h20, début du film à 16h50. Je suis prêt à aller manifester dans les rues pour mettre fin à ce fléau s’il le faut.
A propos de pub, est-ce que le maquillage du Joker, sur les yeux, ne ressemblent pas au logo du groupe Carrefour ? 🤡