Qui aurait cru qu’un nouveau film estampillé Le Seigneur des Anneaux, une décennie après le carton absolu du Hobbit, se vautrerait complètement au box-office ? C’est l’exploit accompli par New Line et Warner grâce à La Guerre des Rohirrim.
Le Seigneur des Anneaux, c’est l’une des franchises les plus convoitées d’Hollywood. La preuve : Amazon a déboursé la somme colossale de 250 millions de dollars uniquement pour les droits d’adaptation, avec la série Les Anneaux de pouvoir. La trilogie de Peter Jackson, avec ses 17 Oscars et ses presque 3 milliards de dollars de recettes, en a instantanément fait une référence absolue, qui s’est prouvée toujours rémunératrice un peu moins de 10 ans après, puisque les trois Le Hobbit ont atteint les mêmes sommets financiers.
Encore une décennie plus tard, et alors qu’un film Le Seigneur des anneaux : The Hunt For Gollum se prépare pour 2026, New Line revient à la charge avec un septième film animé, sous-titré La Guerre des Rohirrim et réalisé par Kenji Kamiyama. Sauf que cette fois, c’est un gigantesque bide. Que s’est-il donc passé en Terre du milieu… et dans les couloirs du studio ?
Le Seigneur des Anneaux : au fond du gouffre de Helm
Tout d’abord, il faut bien souligner que La Guerre des Rohirrim n’a pas du tout été produit avec les mêmes moyens, ni dans les mêmes circonstances (mais on va y revenir) que ses prédécesseurs. Chaque volet du Seigneur des Anneaux avait coûté moins de 95 millions de dollars (environ 285 millions au total), donc bien plus avec l’inflation. Les Hobbit, eux, ont coûté 200 à 250 millions de dollars, ce qui en faisait la trilogie la plus chère de l’histoire à l’époque.
La facture de La Guerre des Rohirrim, en revanche, est estimée selon les médias américains à… 30 millions de dollars.

Avec une telle économie de moyens, on pourrait croire qu’il avait toutes les chances d’au moins se rembourser. Bien au contraire. À compter de la toute fin d’année 2024, après trois misérables semaines d’exploitation américaine, il est déjà en fin de course. Le bilan est de 18,3 millions de dollars à l’échelle mondiale et il a peu de chances de grappiller beaucoup plus.
Aux États-Unis, territoire où ils pouvaient rapporter le plus, les pauvres Rohirrim ont subi une véritable descente aux enfers. Déjà lors de leur week-end d’ouverture, ils arrachaient péniblement une cinquième place au classement, quelques centaines de milliers de dollars devant le désastre Red One, en cinquième semaine.

Le deuxième week-end, ils s’écroulaient complètement, passant de 4,5 à 1,2 millions de dollars de recettes, soit 72,9% de baisse. De quoi perdre 1 467 salles sur 2 602 avant le 3e week-end, et donc plonger de 63,2% supplémentaires, passant sous la barre des 500 000 dollars. En tout, ils n’auront même pas atteint les 9 millions chez l’oncle Sam.
Le seul film à avoir bénéficié du même budget récemment chez New Line, c’est la coproduction Les Guetteurs, qui avait cumulé un peu moins de 33 millions de dollars sur toute son exploitation. Et c’était déjà un gros flop. Par décence, ne remontons pas jusqu’au dernier Evil Dead qui, avec un budget quasi moitié moins important, en avait rapporté 146 millions ! Difficile de trouver des productions auxquelles le comparer, tant le projet (un long-métrage d’animation au budget modeste dans une saga hyper-puissante) est unique en son genre. Et c’est bien le sujet.

Le Seigneur des Anneaux : le retour des droits
Lors de son week-end d’ouverture, Variety avait éventé le secret de polichinelle, appuyé par ScreenRant : la production de La Guerre des Rohirrim a bel et bien été accélérée par le studio. L’objectif ? Garder les droits de la saga, qui auraient expiré si un nouveau long-métrage n’était pas produit à temps.
Qu’importent donc les critiques mitigées et le désintérêt du grand public, souvent moins friand d’adaptations en animation (The Witcher et Transformers One sont des exemples récents). Qu’importe l’absence de bouche à oreille, et donc l’échec au box-office.

L’objectif est rempli : les droits restent entre les mains de New Line, sous la houlette de Warner. Et ils en avaient bien besoin, vu le chantier à venir. En effet, le film d’animation servait avant tout à faire de la place pour l’exploitation à venir de la franchise, exigée par le patron de Warner David Zaslav. Deux films en prises de vue réelles sont pour le moment prévus et actuellement développés par les équipes de Peter Jackson, dont le premier sera intitulé The Hunt of Gollum. Nul doute que c’est sur ces chevaux-là qu’il mise plutôt.
Reste à savoir si ce contretemps somme toute anecdotique n’a pas abîmé la réputation de la saga, déjà concurrencée par Amazon sur Prime… Warner n’a pas oublié de doter la chose d’une campagne de promotion, et donc ne l’a pas condamnée non plus aux confins de l’oubli, prouvant avec ce gigantesque bide à quel point la marque ne suffit pas à susciter l’enthousiasme, ou tout du moins à vivoter en salles.

Difficile de ne pas penser aux licences acquises par Disney (Star Wars, Marvel) qui à force de séries au rabais et de surexploitation éhontée, ont fini par perdre de leur prodigieuse force d’attraction. Est-ce le sort qui attend les écrits de Tolkien ? Réponse dans quelques années…
J’aurais plutôt vu un style à la Don Bluth et surement pas de la japanimation pour cet univers…
Philippa Boyens annonçait à l’automne qu’il y aurait un deuxième film d’animation en chantier si la Guerre des Rohirrim était un succès. ça semble compromis…
Pas vu le film, je suis déjà assez déçu par la série Amazon. En tous cas, dix ans après le Hobbit on continue la grande braderie des écrits du génie Tolkien.
La trilogie du Seigneur des Anneaux par Jackson est une version très hollywoodienne du roman, mais c’est une adaptation très réussie, rien à redire. C’était la version idéale pour un large public, et ça a permis de faire connaître Tolkien au plus grand nombre. Pari réussi contre toute attente!
ça n’a pas duré. La trilogie du Hobbit était déjà un beau saccage ultra-étiré du roman original, les versions longues ont paradoxalement un peu rattrapé l’affaire. La série de Amazon démarrait bien, avant de se vautrer dans la surenchère spectaculaire stérile et une narration à la ramasse. Et maintenant cette version animée à la japonaise, en plus bâclée pour garder les droits au sein de New Line-Warner!
On touche déjà le fond de la pure exploitation mercantile du filon… et ils vont à nouveau nous sortir des histoires inventées de toutes pièces tirées de trois lignes dans les appendices. Jackson avait réussi miraculeusement à respecter Tolkien il y a 20 ans, c’est fini. Le rouleau compresseur hollywoodien a une fois de plus tout saccagé… Heureusement que le fils de Tolkien a verrouillé les droits sur le Silmarillion et les autres écrits, on nous épargnera au moins ce massacre!
Transposer Tolkien en animation low-cost, c’est un peu sortir avec Miss Univers et l’inviter au McDo…
Rappelons que la somme déboursée par Amazon correspond à une petite partie des droits des écrits de Tolkien autour du Seigneur des Anneaux.
Pour le film Rohirrim ça ne surprend pas vraiment. Déjà c’est de l’animation 2d, ce qui implique qu’une (bonne) partie du public ne s’y intéressera même pas. Les critiques et le bouche-à-oreille ne sont pas très bons, ce qui éloigne les potentiels intéressés.
Pour ceux qui parlent de Tolkien à la japonaise…’faut le dire vite quand même. Le film est une prod US, scénaristes US, compositeur Neo-Zélandais, il a été animé dans des studios US par des animateurs US. En réalité il y a 3 japonais qui se battent en duel dans le projet. Et ça se voit très clairement dans le résultat, fort loin de la patte japonaise. Ils auraient mieux fait de laisser carte blanche à une équipe jap, surtout vu le budget…
… dont l’estimation est étonnante. Pour rappel, tous les Ghibli (les plus gros budgets de la japanim) sont assez notablement en dessous des 30 millions. Seul Kaguya est au dessus. Your Name est sous la barre des 10 millions de budget par ex.
30 millions pour Rohorrim, ça sent clairement le projet produit à la va-vite, du mieux que l’équipe pouvait faire.
Avec quelqu’un comme Kenji Kamiyama à la réalisation, on aurait pu espérer un film bien meilleur que celui là, avec un côté japanimation beaucoup plus appuyé. On parle de quelqu’un qui a travaillé sur Akira, Jin-roh, Ghost in the Shell Stand alone complex quand même!
Jackson a réussi un exploit en adaptant le Seigneur des Anneaux. Il a présenté son projet aux studios hollywoodiens, gardé le découpage du livre en trois tomes, monté sa propre boite d’effets spéciaux, tourné les trois films d’un coup pour garder la continuité de l’histoire, exploité intelligemment les paysages de son pays et gardé le contrôle sur son adaptation. Que l’on soit un puriste hardcore de Tolkien ou que l’on s’emerveille devant l’histoire, les acteurs, les décors et la musique de Shore, on ne peut que saluer l’aboutissement d’un projet hors norme dans le monde du cinéma.
Avec le Hobbit il a fallu inventer et rajouter pour faire d’un unique livre de 400 pages une trologie ce qui était déjà moins apprécié tout comme sa débauche de CGI.
Aujourd’hui on fait des séries à un milliard de dollars basées sur quelques pages d’appendices ou des dessins animés basés sur 3 lignes de ces mêmes appendices. La qualité de la direction artistique ne suffit plus.Jackson était limité par la technologie de la fin des années 90 mais avait quelque chose à raconter. Aujourd’hui plus rien ne limite ce qu’on peut montrer à l’écran. La seule limite est dans la tête des scénaristes qui passent plus de temps le nez dans leur smartphone orientés par les algorithmes des GAFA que dans les livres des auteurs qu’ils doivent adapter. Quelle que soit la qualité de la direction artistique du dessin animé, le public s’en fout parce qu’il considère que c’est un énième produit estampillé Tolkien raconté au travers du prisme des valeurs appropriés de notre époque. Il attendra patiemment que ça passe sur une plateforme dont le coût d’abonnement est inférieur à celui d’une place de ciné.
Ca peut pas etre aussi mauvais que l’affreuse, immonde trilogie du hobbit, si?
La feuille de route de Sony avec son spider verse sans spider verse pour conserver les droits de Spiderman version Warner et Tolkien.
Personne arrivera à la cheville du grand néo-zélandais Peter Jackson