Disney+ a passé un accord avec la France pour pouvoir diffuser des films plus vite sur la plateforme de streaming.
Entre la crise sanitaire et l’expansion soudaine des plateformes de streaming, le début des années 2020 a obligé la France à repenser sa chronologie des médias. Si ce système vertueux permet de protéger chaque fenêtre d’exploitation (et assurer des piliers du financement du cinéma hexagonal, comme Canal+), les disponibilités de plus en plus immédiates demandées par le public nécessitaient une certaine modernité.
Cela étant dit, il fallait aussi que la France se protège des méthodologies libérales et agressives des plateformes américaines. En 2021, Disney avait carrément menacé d’arrêter d’exploiter ses productions dans les salles françaises face à la chronologie en vigueur. A ce moment-là, les plateformes de streaming devaient attendre 36 mois après la diffusion d’un film au cinéma pour le mettre sur leur service de SVoD.
Ce fossé a finalement été réduit à 17 mois (15 pour Netflix) après la réforme de 2022 ; une victoire certaine pour ces structures, sans pour autant léser Canal+ (le premier financeur du cinéma français) qui garde une longueur d’avance en pouvant diffuser les productions locales et internationales 6 mois après leur diffusion en salles. Mais ce mercredi 29 janvier, Disney et les représentants du septième art en France ont annoncé un nouveau bouleversement de cette chronologie.
Toujours + de Disney
Au travers d’un communiqué de presse, il a été confirmé que Disney pourra diffuser ses propres productions et d’autres films français sur Disney+ 9 mois après leur diffusion en salles. Cette décision a été prise au travers d’un accord sur 3 ans, pendant lesquels « Disney+ s’engage à investir 25% de son chiffre d’affaires net annuel généré en France pour financer des œuvres cinématographiques et audiovisuelles, européennes et françaises ». Jusque-là, le service de SVoD investissait 20% de ce même chiffre d’affaires.
Au-delà de séries comme Oussekine, Becoming Karl Lagerfeld ou encore Les Enfants sont rois, on a pu voir le logo de Disney+ sur un certain nombre de longs-métrages français (à l’instar de La Pampa d’Antoine Chevrollier, en salles le 5 février). La plateforme cherche donc à asseoir son positionnement en tant que nouveau soutien important du cinéma hexagonal, comme le précise le communiqué de presse :
« Disney+ s’engage sur un investissement sur trois ans, en achat et en préachat, dans la création cinématographique, et à financer un minimum de 70 films sur cette période en assurant une diversité de genres et de budgets. »
A noter que ces 25% doivent être répartis entre le cinéma et l’audiovisuel, et que Disney avait jusqu’alors toujours privilégié le second. Visiblement, la firme tient aussi à entraîner une transition de ce côté-là. Si la première année de l’accord répartira à parts égales (12,5%) le financement entre cinéma et audiovisuel, la dernière année donnera 14% au cinéma et 11% à l’audiovisuel.
Forcément, ce renouveau de la chronologie des médias ne pouvait que déplaire à Canal+, en sachant que le groupe avait encore récemment un accord de diffusion avec Disney+, qui l’incluait dans des offres promotionnelles. Juste avant l’annonce de Disney, Maxime Saada, le président de Canal+, a déclaré que l’investissement annuel de la chaîne, élevé à 220 millions d’euros par an et qui devait être reconduit pour les 5 prochaines années, devait être rediscuté et allait baisser. Il faut dire que les 25% de Disney représenteraient en moyenne 38 millions d’euros, bien loin des chiffres de Canal+. Saada s’est exprimé sur le sujet au Sénat.
En bref, Saada estime que les avantages de Canal+ sur la chronologie des médias sont devenus trop faibles par rapport à la proportion de leurs investissements dans la production hexagonale. D’un côté, cet argent s’avère plus que jamais essentiel dans l’écosystème actuel. De l’autre, le positionnement de nouveaux concurrents permettrait à certaines productions d’être moins dépendantes du géant français.
Pour ce qui est de Disney+, la plateforme a annoncé fièrement que ses plus gros films profiteront dès maintenant de cette fenêtre de 9 mois. Ainsi, Deadpool & Wolverine sera disponible sur le service de streaming dès le 25 avril, tandis qu’Alien : Romulus sera visible dès le 16 mai.