Les premières critiques concernant le nouveau film Emmanuelle réalisé par Audrey Diwan, avec Noémie Merlant, sont là.
Trois ans après l’électrochoc L’Événement (Lion d’or à Venise), Audrey Diwan est de retour à la réalisation avec un remake du film érotique devenu objet de culte : Emmanuelle.
Bien que le film ait connu un changement de taille après le départ de Léa Seydoux qui devait avoir le rôle principal d’Emmanuelle, c’est Noémie Merlant qui a reçu pour lourde tâche de donner corps à l’héroïne du classique de la littérature érotique d’Emmanuelle Arsan, datant de 1959.
Pathé avait livré une bande-annonce sulfureuse pour cette Emmanuelle version 2024, à mi-chemin entre thriller humide et film à la thématique féministe puissante, ce qui avait attisé notre curiosité. Aux côtés de Naomi Watts, Jamie Campbell Bower et Will Sharpe, Noémie Merlant va tenter de faire oublier (ou pas) l’unique Sylvia Kristel.
L’Emmanuelle d’Audrey Diwan a été présentée au festival de San Sebastian. Les premières critiques le concernant sont loin d’être très excitées, et sont très divisées. Revue de presse.
Les critiques françaises face à Emmanuelle
« Audrey Diwan va au bout de ses parti pris, fuit toute concession, n’esquive aucune scène d’intimité sexuelle et reste toujours au plus près de cette femme se réappropriant son corps. Le tout aidé par le travail précieux à la lumière de Laurent Tangy, aussi convaincant quand il crée l’atmosphère de prison dorée du palace dans lequel évolue Emmanuelle que dans les scènes où elle s’en échappe pour tenter de retrouver l’homme qui, la fuyant, devient de plus en plus désirable. »
Thierry Cheze – Première
« Cet érotisme-là se cantonne à une surface lisse et froide, évoquant de mauvais magazines sur papier glacé. L’intrigue, abstraite et sans intérêt – le thème du voyeurisme y est abordé mais pas traité -, se traîne avec lenteur, dans une espèce de léthargie compassée presque anachronique. Une vision totalement datée. »
Pascal Gavillet – 24heures
« Le récit prend son temps pour se déployer, se perd un peu dans les couloirs du palace mais la dernière partie dans les ruelles de Hong Kong où plane l’ombre de Wong Kar-wai est très réussie. Elle rappelle qu’érotisme se conjugue avec romantisme quand pornographie rime avec boucherie. »
Yannick Vely – Paris Match
« La mise en scène est élégante, léchée, d’une froideur qui n’est peut-être pas volontaire. Cela brille, mais reste lisse. Les dialogues sont ampoulés, ce qui ne signifie pas lumineux. On disserte sur la tristesse. Une escort lit Les Hauts de Hurlevent. Évidemment, le but était de transformer Emmanuelle en icône féministe. Drôle d’idée. L’hôtel, lui, est très bien. Il mérite ses cinq étoiles. On n’en dira pas autant du film. »
Eric Neuhoff – Le Figaro
Les critiques américaines face à Emmanuelle
« Les questions relatives au plaisir sexuel d’une femme sont audacieusement mises en avant dans ce film. Il s’agit sans aucun doute d’un territoire inexploré et d’une contribution significative pour contrer le regard masculin et redéfinir la représentation du désir sexuel féminin du point de vue d’une femme. »
Critique collégiale – Montage Review
« En fin de compte, le film n’a qu’un seul but dramatique, et c’est de voir Emmanuelle s’envoyer en l’air avec un autre étranger séduisant pendant que l’asexué Kei observe et traduit en cantonais les instructions à l’amant, car la prise de contrôle semble être l’apogée émotionnelle de toute histoire érotique contemporaine. »
Leslie Felperin – The Hollywood Reporter
« Tous les acteurs sont, en fait, tellement meilleurs que leur matériel de départ qu’ils réussissent presque à transformer l’histoire du réveil d’Emmanuelle – qui arrive finalement et inévitablement, avec un soupir prolongé se confondant avec le post-orgasme du générique – en quelque chose d’étrange et d’intéressant. »
Stephanie Dunbury – Deadline
« Tous deux autrices de qualité en français, Diwan et Zlotowski sont complètement perdues avec des dialogues en anglais qui ne sont ni convaincants, ni une parodie de scénario érotique. Merlant, loin des spécificités sensorielles et émotionnelles de Portrait d’une jeune fille en feu, est une présence trop sérieuse pour apporter une touche lascive à des répliques telles que « J’ai senti son odeur – un peu poivrée ».«
Guy Lodge – Variety
« Il y a pourtant peu de sexe dans Emmanuelle (ce qui était tout l’intérêt du roman/film français) et suffisamment de dialogues risibles en anglais pour que les brunchs de drag queens soient alimentés pour les années à venir – s’ils peuvent passer à travers les 105 minutes de durée et les enjeux nuls. »
Fionnuala Halligan – Screen Daily
LA RÉALISATRICE RÉPOND DÉJÀ AUX CRITIQUES
En France comme aux États-Unis, la presse est donc très divisée sur l’Emmanuelle d’Audrey Diwan. Au-delà des remarques sur la qualité du scénario, et des dialogues potentiellement perdus dans la traduction, c’est évidemment la question de l’érotisme et du sexe qui revient le plus.
La réalisatrice Audrey Diwan a justement réagi sur son compte Twitter/X, suite à la critique de Première. Mais nul doute que c’est une réaction plus globale.
Emmanuelle arrivera dans les salles de cinéma françaises à partir du 25 septembre 2024. Elle débarquera en plein embouteillage cinématographique puisque face au film d’Audrey Diwan on retrouvera le Mother Land d’Alexandre Aja, ainsi que le Megalopolis de Francis Ford Coppola.
Sortir un « remake » d’un film érotique dont on a parlé pendant des années et qui est sûrement le plus connu dans ce genre de cinéma est sans doute une manière habile et presque malhonnête de gagner de l’argent.
Pour Neuhoff « La mise en scène est élégante, léchée, d’une froideur qui n’est peut-être pas volontaire. Cela brille, mais reste lisse. »
Quelque part, le doute m’habite.
« mise en scène », c’est le surnom de Noémie Merlant ?
Autant j’aime beaucoup Noémie Merlant, autant ce film ne me tente pas du tout. J’ai l’impression qu’il y aura plus de tension sexuelle dans megalopolis en face le jour de la sortie.
Ouah mon commentaire as sauté car la critique venais d’un média français ?
L’original a pu choquer à l’époque mais ce remake dans cette société woke et aseptisée n’a plus aucun intérêt. L’actrice principale en plus n’est pas d’une beauté renversante