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Gretel & Hansel : le conte macabre génial du réalisateur de Longlegs passé inaperçu en France

Par Mathieu Jaborska
13 juillet 2024
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Avant LongLegs, Gretel & Hansel

Grâce à la stratégie promotionnelle redoutable de Neon, la presse américaine considère Longlegs comme un futur classique de l’horreur. À moins que le succès d’estime du précédent long-métrage du réalisateur Oz Perkins, Gretel & Hansel, ne les ait aussi influencés.

À Ecran Large, Longlegs a divisé. Pourtant, aux Etats-Unis, sa narration cryptique, les performances de Maïka Monroe, Nicolas Cage et sa mise en scène froide ont largement séduit la critique. Son réalisateur Oz Perkins est dans les petits papiers de la presse spécialisée et d’une partie des amateurs d’horreur. Le fils de Anthony Perkins, légendaire Norman Bates de Psychose, en est à son quatrième long-métrage.

Le plus connu d’entre eux, outre Longlegs, est sans aucun doute Gretel & Hansel, conte noir beaucoup commenté outre-Atlantique… mais sorti dans la plus grande discrétion en France, directement en DVD. Un film qui renferme aussi bien les défauts que les qualités du cinéaste, et reste symptomatique du cinéma d’horreur indépendant contemporain.

Oz reprend à ce monde toutes ses couleurs

Osgood Robert Perkins, connu sous le nom de Oz perkins, a très littéralement suivi les pas de son père, puisqu’il l’a joué jeune dans Psychose II dès 1983. Adulte, il a logiquement suivi cette voie, décrochant des rôles secondaires dans les années 2000. Il lui arrive encore d’ailleurs de passer devant la caméra, comme pour le Nope de Jordan Peele. Mais à partir des années 2010, il a entrepris de scénariser, puis de réaliser lui-même ses propres films – d’horreur bien sûr.

En 2015, après deux participations à des séries B quelconques, il met en scène February, itinéraire croisé de deux jeune filles (Emma Roberts et Kiernan Shipka) en proie à une mystérieuse force terrée dans une pension. Déjà il revendique un style lent, atmosphérique, qui en a laissé beaucoup sur le bas-côté, mais a fait son petit effet chez l’Oncle Sam. Variety, le New-York Times, le Washington Post et le Los Angeles Times s’avouent impressionnés.

Froid et cynique : c’est February

Il va encore plus loin dans l’abstraction avec I Am the Pretty Thing That Lives in the House en 2016. Disponible sur Netflix, le film énerve beaucoup d’abonnés à la plateforme. Il faut dire que son rythme archi-lent et sa narration éparse jure avec le reste du catalogue du N rouge. Au moment d’envisager la suite de sa carrière, Oz Perkins se dit que réimaginer Hansel et Gretel, ça ne mange pas de pain d’épice. Et c’est ainsi qu’il va se faire connaître du plus grand nombre.

Très rassurant

Hansel corps

Une fois de plus, le film a surtout été remarqué pour son ambiance particulièrement travaillée. Le conte version Perkins se passe à une époque indistincte, où les inégalités sont flagrantes. Une bonne partie du récit se déroule dans la masure de la sorcière, à l’architecture très particulière, épousant la précision géométrique de la mise en scène. Les couleurs ocre et l’atmosphère pesantes en ajoutent encore une couche, tandis que le scénario joue assez habilement de notre connaissance de cette histoire.

Comme son titre l’indique, Gretel & Hansel s’intéresse particulièrement à Gretel (Sophia Lillis), ici transformée en adolescente, tandis que son frère est rajeuni. Une manière de déséquilibrer le duo et de s’attarder sur la prise de conscience de l’héroïne, en pleine découverte du pouvoir de sa féminité. La sorcière, jouée par une Alice Krige très flippante, ne cherche pas à boulotter celle qu’elle voit comme une semblable, du moins à première vue. Bref, le conte est moins une fable d’avertissement destinée aux enfants qu’une description du moment où il faut quitter cette enfance confortable, laisser ses parents derrière et trouver un sens moral dans un monde corrompu.

Très très rassurant

Assez efficace grâce à son minimalisme, le film n’en est pas moins devenu un précipité des marottes du cinéma d’horreur indépendant américain : une lenteur volontaire, une mise en scène rigide tout en longs travellings, un scénario un poil cryptique et une métaphore évidente, souvent de l’émancipation féminine ou de la sortie de l’adolescence. Bingo. Voici peut-être une raison de son succès critique outre-Atlantique… et de sa discrétion en France, où le cinéma post-Aster a mis un peu de temps à rencontrer du succès.

Peu étonnant donc que son film suivant, Longlegs, ait trouvé preneur chez les désormais célèbres NEON. La firme représente, avec sa célèbre comparse A24, cette vague de slowburner, de films d’horreur d’auteur qui ont tendance à diviser chez les spectateurs. A vous de décider si vous vous laissez emporter.

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