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Joker 2 : pourquoi Harley Quinn est un triste ratage, qui gâche les bonnes idées de départ

Par Owen Carrel
13 octobre 2024
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Joker 2 pourquoi Harley Quinn est un triste ratage, malgré les bonnes idées de départ © Canva Warner DC

La version de Harley Quinn incarnée par Lady Gaga dans Joker 2 est une adaptation étonnamment réussie… mais gâchée par le film.

Ce n’était sans doute pas le scénario prévu par Warner Bros., mais Joker 2 a réalisé un démarrage très décevant au box-office, et se dirige vers un bide monumental. Une grosse surprise alors que le premier film, sorti en 2019, avait récolté plus d’1 milliard de dollars de recettes dans le monde, et reçu les louanges de la critique et des fans (un Lion d’or à Venise, et un Oscar pour Joaquin Phoenix).

Folie à Deux n’a pas eu la même chance, torpillé par les mêmes qui avaient vanté les mérites de son prédécesseur. Plusieurs éléments posent question dans le long-métrage, toujours réalisé par Todd Philipps, à commencer par une avalanche de scènes coupées avec Harley Quinn. Un triste constat pour le personnage incarné par Lady Gaga, alors que le choix d’adaptation était audacieux.

ATTENTION SPOILERS

Harley Queen

À l’annonce de Joker : Folie à Deux et de l’introduction à venir de Harley Quinn, on était en droit de se questionner sur le chemin choisi par le film pour l’adapter. En effet, le Joker de Todd Philipps s’était volontairement éloigné des comics pour construire son Clown Prince du Crime (malgré quelques parallèles évidents).

Alors que Margot Robbie a porté à l’écran une adaptation plutôt réussie (surtout dans Birds of Prey et The Suicide Squad), la version interprétée par Lady Gaga allait forcément différer, ne serait-ce que pour coller à la brutalité du monde ultra-réaliste de Joker. Et si les premières images laissaient penser que celle-ci allait être une prisonnière de l’asile d’Arkham, le film s’est finalement montré bien plus malin que prévu.

Harley Quinn dans la série animée Batman de Bruce Timm, là où elle est née

En effet, si elle se présente au premier abord comme une femme déséquilibrée et internée car elle a tué ses parents, on découvre finalement qu’elle a elle-même rempli ses papiers d’admission dans le seul but de rencontrer Arthur Fleck. Ses parents sont bien vivants, et l’avocate d’Arthur lui révèle que Lee Quinzel (son nom dans le film) a même mené des études de psychologie, élément majeur de la mythologie de Harley Quinn.

Là où Folie à Deux fait un choix d’adaptation audacieux, c’est qu’il inverse le rapport de force habituel entre le Joker et Harley. Ici, celle-ci est en position dominante, et le long-métrage joue habilement de son ambiguïté. Manipule-t-elle Arthur pour parvenir à ses fins ou éprouve-t-elle des sentiments sincères pour lui ? En tout cas, c’est elle qui mène la danse, comme le prouvent les numéros musicaux où elle finit par prendre la place du Joker en le tuant sur scène.

Harley au pouvoir

C’est la belle réussite de Joker 2 avec le personnage, qui garde ainsi son aspect totalement chaotique issu de la série animée Batman de 1992. Elle est moins flamboyante certes, mais semble beaucoup plus dangereuse, et surtout n’est pas soumise à son clown d’amant.

Du moins jusqu’à la deuxième partie du long-métrage, qui abandonne Harley au bord de la route.

Une adaptation bien plus réussie que prévu

Plus Joker 2 que Folie à Deux

Quand Arthur découvre qu’elle lui a menti sur son internement à Arkham, Lee tente de le rassurer et de reprendre la main, notamment en lui annonçant qu’elle est enceinte. Un point majeur dans le film… qui n’en fait pas grand chose. Alors qu’Arthur abandonne son alter ego du Joker lors de sa plaidoirie finale, Lee le quitte.

La retrouvant sur les fameux escaliers du premier Joker, Arthur tente de la convaincre de s’échapper avec lui, mais elle lui révèle qu’elle a également menti sur sa grossesse, et l’abandonne.

Le problème, c’est que d’un point de vue émotionnel, ce qui est supposé agir comme un uppercut est plombé par la baisse drastique du temps d’écran de Lady Gaga dans la deuxième moitié du film. Le véritable adieu déchirant est plutôt celui qu’Arthur lui fait au téléphone, reprenant la chanson de Jacques Brel « Ne me quitte pas« . Une scène où Lady Gaga est absente donc.

Une scène cruciale totalement absente du film

La plongée de Lee dans son personnage de Harley Quinn n’est quasiment pas explorée par Folie à Deux, et la découverte de nombreuses scènes coupées avec elle provoque une réelle frustration autour du personnage. Finalement, celle-ci reste dépendante du Joker, disparaissant quand celui-ci se renie au lieu de s’en émanciper.

Joker 2 reste un one-man-show avec Lady Gaga en featuring, ce qui n’est pas foncièrement problématique tant Joaquin Phoenix est brillant dans le film. Cependant, la perspective de voir le rôle de la chanteuse et actrice (par ailleurs également excellente) être plus développé dans un scénario alternatif rend cette adaptation inachevée, à l’image d’un projet pétri de bonnes idées mais maladroit dans son exécution.

Ce qui aurait pu (dû ?) être…

C’est d’autant plus dommage que Todd Philipps et son co-scénariste Scott Silver avaient concocté une version rafraîchissante de ce personnage culte, plus sombre et aux antipodes de celle de Margot Robbie (et de la plupart des adaptations en comics ou séries animées).

Nul doute qu’une version bien plus réussie de ce Joker : Folie à Deux existe quelque part, mais ce n’est pas celle sortie au cinéma le 2 octobre 2024 en France.

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Tout savoir sur Joker: Folie à Deux
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