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« Les critiques les ont détruits » : le producteur de Kraven et Madame Web n’est pas content

Par Geoffrey Crété
3 janvier 2025
MAJ : 6 janvier 2025
"Les critiques les ont détruits" : le producteur de Kraven et Madame Web n'est pas content © Canva Sony

Tony Vinciquerra, PDG de Sony Pictures, défend Kraven, Madame Web et Venom face aux méchantes critiques, responsables de la situation et des flops (apparemment).

Le crime était presque parfait pour le studio Sony : mettre en place un deal avec Disney pour relancer une nouvelle version de Spider-Man avec l’aide du MCU (première apparition dans Captain America : Civil War), récupérer un max d’argent sur les films solo (de Spider-Man : Homecoming à No Way Home), et profiter de la situation pour exploiter le catalogue des ennemis de l’homme-araignée dans des films séparés.

Ainsi est arrivé Venom en 2018, qui a explosé les compteurs avec plus de 856 millions au box-office, pour un budget officiel de 100 millions environ. C’était le lancement parfait pour ce Sony’s Spider-Man Universe, mais la chute n’en a été que plus drôle. Si Venom 2 (506 millions) et Venom 3 (476 millions) ont sauvé la face, les copains ont creusé la tombe en un temps record. Morbius, Madame Web et Kraven the hunter ont redéfini la notion de bide avec des chiffres de plus en plus désastreux, qui rappellent les glorieuses heures d’Elektra et Catwoman.

Que faire dans une telle situation ? Chercher les coupables. Et ce n’est évidemment pas à cause des scénarios nullissimes, des scènes d’action risibles, des projets sans queue ni tête, ou des mensonges assumés du studio qui n’a pas hésité à tricher dans la bande-annonce de Morbius pour rajouter un faux Spider-Man. Non. Pour le PDG de Sony, les critiques sont responsables de ces flops, et ce n’est pas juste.

« ILS ONT JUSTE ÉTÉ DÉTRUITS PAR LA CRITIQUE… »

Dans une interview avec Los Angeles Times en décembre 2024, le PDG de Sony Pictures, Tony Vinciquerra, a sorti ses plus beaux ouin ouin. Interrogé sur les non-succès de Madame Web et Kraven, le monsieur en poste depuis 2017 a répondu :

« Parlons un peu de Madame Web. Madame Web a sous-performé au cinéma parce que la presse l’a juste crucifié. Ce n’était pas un mauvais film, et il a très bien marché sur Netflix. Pour je ne sais quelle raison, la presse a décidé qu’ils ne voulaient pas qu’on fasse des films avec Kraven et Madame Web, et les critiques les ont détruits. Ils l’ont aussi fait sur Venom, mais le public a adoré Venom et a fait de Venom un succès énorme. Ce ne sont pas des films terribles. Ils ont juste été détruits par les critiques, pour je ne sais quelle raison. »

Tom Hardy, Venom : The Last Dance
A droite, la cruelle critique qui influence

Notons la politesse hypocrisie du Los Angeles Times qui n’a même pris la peine de relever l’argumentaire aussi solide que les VFX de Madame Web. Si le public a fait de Venom des succès énormes malgré les critiques négatives, pourquoi n’en a t-il pas fait autant avec Madame Web et Kraven ?

Serait-il possible que… le public soit doté d’un libre-arbitre, et pas uniquement quand ça arrange les studios ? Est-il envisageable que… le public n’en ait rien eu à carrer de Dakota Johnson et ses futures Spider-Women, et Aaron Taylor-Johnson et sa peau de bête virile ?

Et pourquoi Tony Vinciquerra ne prend-il pas la peine de citer et défendre Morbius ? En voilà un malheureux et malhonnête oubli, surtout pour un film que Sony avait décidé de ressortir en salles aux États-Unis pour essayer de surfer sur les moqueries sur les réseaux sociaux (« It’s Morbin Time !« ) – une fabuleuse idée, puisque ça a rapporté des clopinettes.

Madame Mouais

LA FIN DE CES FILMS (GRÂCE À LA CRITIQUE) ?

Il y a donc une grosse remise en question chez Sony, et Tony Vinciquerra en tire les meilleures conclusions. Vont-ils revoir leur stratégie ?

« Je pense effectivement qu’on doit repenser ça, juste parce que c’est condamné à échouer. Si on en sort un autre, il sera détruit, peu importe si c’est bien ou pas bien. »

Jared L’étau

Evidemment, ce n’est pas la première fois que la critique est blâmée pour un bide. D’Alex Proyas sur Gods of Egypt (« Rien ne confirme la stupidité rampante plus vite que lire les critiques de mes films« ) à Gilles Lellouche sur Astérix et Obélix : L’Empire du milieu (« La violence de l’accueil qu’il a reçu m’a semblé inouïe, c’est un peu le drame de l’époque »), c’est même un sport international. Et c’est le jeu, d’autant que c’est souvent croustillant.

Le problème avec Sony, c’est que la démonstration est d’une totale mauvaise foi. Si la critique faisait les succès ou les échecs des blockbusters, ça se saurait. Venom, Suicide Squad et quelques Transformers, Fast & Furious et Pirates des Caraïbes auraient été des bides, tandis que Donjons & Dragons, Blade Runner 2049, The Suicide Squad et Furiosa auraient fonctionné.

kraven Aaron Taylor-Johnson
Kramé le chasseur

Les cas de Wonder Woman et Batman v Superman montrent bien que le public a le dernier mot. En 2015, BvS a démarré du feu de dieu au box-office domestique (166 millions), malgré une critique très divisée, pour le dire poliment. En 2017, Wonder Woman a démarré en-dessous (103 millions), alors que la critique était absolument de son côté. Pourtant, Wonder Woman a fini par dépasser Batman v Superman sur la longueur, pour une seule et bonne raison : le bouche-à-oreille. Ce n’est pas la critique qui a fait toute seule la loi, c’est le public.

Pour Kraven the Hunter, le message est clair. Avec même pas 55 millions au box-office pour un budget de 110 millions au moins, le film est un bide stratosphérique, pire encore que Madame Web (100 millions récoltés, pour un budget de 80 millions) et Morbius (167 millions au box-office, pour un budget d’environ 80 millions).

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anthonyattia

Aucune remise en question de la nullité de leurs films, ça fait peine à voir. Certains dirigeants de Sony sont à virer, ils ont des œillères et refusent de les retirer, c’est toujours la faute des autres mais jamais la leur. Ce dirigeant a laissé une empreinte indélébile avec ses daubes de spiderverse et a fait plus de mal à Sony qu’autre chose.. Et ca se répand même chez Playstation avec le forcing d’avoir un compte PSN pour jouer à leurs jeux sur PC.

chrisb

Pour info, le verbe performer n’existe pas en français. Sous-performer, encore moins.

johnparker

Bah moi ,j’ai adoré Madame Web à sa juste valeur, je n’avais aucune attente, surtout pour Spidey, je l’ai vu comme un simple stand alone et pas comme le film d’un univers plus grand. Je ne m’attendais pas à des costumes non plus. Juste à une origine story sur certains personnages dont Cassandra Web. C’est surement pour ça que j’ai adoré. Et oui, je fais partis de ceux qui ne se sont pas déplacer au cinéma à cause des critiques assassines (je n’aurais pas du les écoutés) et aujourd’hui je fais partis de ceux qui l’ont acheté en blu-ray 4K!

Mais je comprends les gens qui voulaient un vrai Spider-verse (j’en fais aussi partis) et qui du coup ont détesté ce film. Moi par exemple j’ai détesté tout les films du Spider-man Universe (y compris Kraven) de Sony sauf celui sur Madame Web, où finalement j’ai été agréablement surpris (donc je comprends sont succès sur Netflix d’ailleurs).

adrock

Et c’est ce genre de gus avec ce genre de raisonnement qui dirige les plus grandes sociétés.

Ghob_

Ah oui effectivement, ça pue la mauvaise foi à des kilomètres lol
Venom a marché, parce que malgré ses qualités et défauts, le personnage reste très populaire et apprécié du public (aux states du moins) et que même si ça fait souvent mal aux yeux, il y a une certaine « légèreté » qui permet de faire passer la pilule. Mais c’est sûr que dans le cas de persos moins populaires comme Morbius ou Madame Web, ben il faut un peu plus pour intéresser les gens, comme… je sais pas moi, des idées de réalisation, un scénar’ qui tienne la route, un minimum d’implication des acteurs, enfin je sais pas, le genre de trucs qu’on trouve dans la plupart des bons films.

Et le raisonnement « si on en sort un truc il sera détruit, peu importe si c’est bien ou non » ben c’est encore nawak, vu que Venom continue à leur rapporter des sous même au bout de 3 épisodes, donc ça prouve bien que le public est prêt à payer pour un film qu’il a envie de voir, non ? Mais le problème, c’est que la recette proposée avec cette trilogie est difficile à reproduire avec des personnages moins facilement identifiables par le grand public, surtout quand on leur vend du caméo ou du Spider-fan-service et qu’au final on a absolument rien à se mettre sous la dent. Ce grand ponte de Sony semble oublier quelques éléments en cours de route, comme le respect élémentaire du public ou les conséquences d’une publicité mensongère à travers la promo’… (et un « carton » sur Netflix ne signifie pas forcément que les gens aiment ton film, peut-être juste que beaucoup étaient simplement curieux/se faisaient chier ce jour-là lol comme le dit Cidjay, on ne « consomme » pas un film de la même façon en payant sa place de ciné que derrière son écran de télé ; on peut faire dire beaucoup de choses différentes à ces chiffres trompeurs).

tie joe

jespere quils(sony)onts la claireter d esprit pour adapter nightwatch ou encore deathlock…

Ropib

Que le film soit bon ou mauvais, il serait détruit… peut-être, mais manifestement, qu’il soit bon ou mauvais ils le sortiraient surtout. Ca me semble être une philosophie relativement condamnable à la base, et on se dit que peu importe le fim sorti, les producteurs le trouvent bon.

Le travail de critique ce n’est pas uniquement une expression de goût, c’est un travail d’explication et d’analyse. Ici il serait relativement simple de proposer une contre-analyse critique pour expliquer ce qu’il y a d’intéressant dans ces films. L’idée que la production doit considérer ses produits comme des déchets et ne pas s’intéresser à leur qualité, et surtout, comme ici, ne pas encourager les clients à s’y intéresser, ça peut marcher à petite dose, mais si c’est utilisé régulièrement ça fait assimiler l’idée qu’il n’y a pas de valeur distinctive associée au produit.. alors en plus au vu du cout actuel. Cette tactique ne peut être que contreproductive si elle est souvent utilisée.

Vincent Terranova

😂

cidjay

Le fait que Madame Web ai bien fonctionné sur Netflix ne prouve pas que le film est bon.
Cela prouve juste que les gens n’ont pas envie de payer plus cher pour voir un seul film une fois alors qu’en payant un abonnement Netflix, ils ont accès à tout un catalogue qu’ils peuvent revoir à envie.

Entre payer 11 balles pour un abo mensuel avec des milliers de films et séries
et 11 balles juste pour une séance d’un film, le choix est vite fait, surtout si le film n’est pas excellent.

Bref, Les plateformes de streaming sont littéralement en train de tuer le fonctionnement du cinéma tel qu’on le connaît aujourd’hui.

D’ailleurs, (vu le prix d’un abonnement Netflix) si on pouvait faire un prorata de ce que nous coûterai le visionnage d’un seul film sur Netflix par rapport à tout ce qu’on regarde sur la plateforme en 1 mois, je serai curieux de connaître le prix moyen d’un visionnage (certainement pas plus d’un euro).

Il faudrait que les salles de ciné puissent proposer des abonnements illimités à 20 balles max par mois pour que les gens trouvent réellement un intérêt d’aller voir des films en salle.
Mais pas sûr que ça soit rentable pour les salles non plus…

naughtysoft

Personnellement et je le dis franchement, j’aime bien. J’aime bien le changement. Miser sur les méchants au lieu des gentils, ça fait plaisir (on a bien vu les 2 versions de Suicide Squad)