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Longlegs : encore un énorme coup pour le cinéma d’horreur (et le distributeur Neon)

Par JL Techer
29 août 2024
MAJ : 31 août 2024
8 commentaires
Longlegs : encore un bon coup pour le cinéma d'horreur (et le distributeur Neon) © Canva Metropolitan

Longlegs d’Oz Perkins a bel et bien été un nouveau gros succès pour le cinéma d’horreur. Et c’est encore la preuve que le distributeur Neon (Anatomie d’une chute, Immaculée, Parasite…) est incontournable.

Pour tout amateur de poil qui se hérisse et de palpitations jusqu’à la tachycardie, Longlegs d’Oz Perkins était l’un des films les plus attendus de 2024. Déjà au fait de la chose horrifique avec ses I am the Pretty Thing That Lives in the House (2016) et Gretel et Hansel (2020), le réalisateur a servi sur un plateau un film satanique, malin et pervers – même si ça a divisé dans l’équipe, pour rappel.

Il faut dire que Oz Perkins et le distributeur américain Neon ont savamment orchestré la sortie, pour faire de Longlegs un petit événement incontournable, et pas simplement un film d’horreur lambda. Le cauchemar porté par Maika Monroe (It Follows) et Nicolas Cage a divisé le public et les critiques, mais peu importe : ça a été une énorme réussite commerciale, et un succès de plus à fixer sur le tableau de chasse de Neon.

Sorti au cinéma dans les salles française le 10 juillet 2024, Longlegs est désormais disponible en VOD. L’occasion pour nous de faire le point sur la cette nouvelle démonstration de la force du cinéma d’horreur.

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Le public face à la campagne de comm’ de Neon

Daddy Longlegs

Question rentabilité, Longlegs est un véritable cas d’école, comme souvent avec les films d’horreur. Il n’a bénéficié que d’un petit budget de 9 millions de dollars, l’équivalent d’Immaculée (9 millions de dollars également). C’est moins que beaucoup d’autres exemples récents, comme Imaginary (10-13 millions), Night Swim (15 millions), Five Night at Freddy’s (20 millions), Abigail (28 millions), ou encore Les Guetteurs (30 millions).

Longlegs a certes coûté beaucoup plus cher qu’It Follows de David Robert Mitchell (1,3 million de dollars), avec déjà Maika Monroe. Mais comparé aux gros phénomènes de l’horreur (40 millions pour Conjuring 2 et Conjuring 3), Longlegs fait figure de petit joueur.

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Autre cauchemar, même Maika

Malgré un budget modeste, Longlegs a affiché des recettes globales à 9 chiffres. Au box-office mondial, au moment où sont rédigées ces lignes, le film de Perkins a récolté un peu plus de 101 millions de dollars (73,5 millions de dollars au box-office domestique, 27,9 millions à l’international).

À titre de comparaison, Immaculée a rapporté un peu plus de 25 millions et It Follows 21 millions de dollars. Mais le score de Longlegs reste à des années lumières des 320 millions de Conjuring 1 et des 322 millions de sa suite, évidemment incomparables dans le genre.

Reste qu’avec ses 101 millions en poche, Longlegs fait mieux au box-office mondial que beaucoup de films en 2024 : Argylle (96 millions), Trap (71 millions), Imaginary (43 millions)… et même Madame Web (100 millions pour un budget de 80 millions). Le film d’horreur avec Nic Cage et Maika Monroe est devenu le deuxième plus gros succès mondial de l’écurie Neon, juste derrière Parasite (253 millions de recettes) et devant Moi, Tonya (53 millions de recettes).

COMBIEN ????

If you’re 555, I’m 666 (Neon aussi)

Le succès de Longlegs est aussi le fruit d’une campagne de marketing savamment menée par Neon. Pendant des semaines, voire des mois avant la sortie du film au cinéma, la maison de distribution a fait monter la pression au niveau du public, en utilisant des messages cryptiques, et des images ne montrant presque rien du film (notamment le visage de Nicolas Cage, le fameux Longlegs).

À l’image des coups de comm’ géniaux utilisés pour Immaculée, Neon a réitéré l’exploit d’imposer son film sur la scène médiatique en en montrant le moins possible.

Les nombreux messages codés diffusés sur les réseaux sociaux ont créé une vague d’intérêt. Les threads sur Reddit cherchant à décrypter ces messages ont attiré des dizaines de milliers d’interactions.

Dans un délire s’apparentant aux ARG (augmented reality games ou « Jeu en réalité alternée », c’est-à-dire des jeux qui s’appuient sur des éléments de la vie courante pour faire avancer des enquêtes en ligne), Neon a même posté une image avec une série de chiffres que les Twittos ont fini par identifier comme étant un numéro de téléphone. En le composant, on tombait sur une boite vocale jouant en boucle un morceau de musique classique… Ce simple tweet a généré plus de 32 millions de vues.

La communication ne s’est pas limitée à une préparation de terrain en amont du lancement de Longlegs. A posteriori du lancement du film, aux côtés des bandes-annonces qui en montraient le minimum, les réseaux sociaux ont été abreuvés de simples photos dans des teintes sombres et à la colorimétrie terne, sur lesquelles se détachent en rouge sang des phrases chocs issues des critiques : « Il se glisse sous votre peau et n’en sort plus«  ou « Chaque image est un cauchemar« …

Autre petite trouvaille : Neon a offert un billet pour aller le film à tout spectateur né le 14 août. Il suffisait de se connecter au site dédié et avec une copie de sa pièce d’identité, l’entrée était gratuite. Pourquoi le 14 août ? Parce que le tueur de Longlegs fait une fixation sur le nombre 14.

Le visage de la peur, ou presque

Conjuguant à la fois un science du marketing contrôlée de bout en bout et un budget raisonnable, Longlegs est donc une énième démonstration de la recette de l’horreur. C’est aussi une nouvelle preuve de l’importance de Neon dans le paysage du cinéma américain, où il se pose face à A24 (Midsommar, The Lighthouse, Hérédité).

Et tout ça est bien évidemment une stratégie mûrement réfléchie. En 2017, l’une des deux têtes de l’entreprise, Tom Quinn, expliquait au Zurich Summit Panel

« Je pense que la clé, si vous voulez construire une marque, c’est qu’il faut penser au-delà d’un seul film, il faut réfléchir à un ensemble de films. »

Avec Infinity Pool, Immaculée, Cuckoo, et Longlegs, Neon est bel et bien en train d’installer sa « marque » au rayon horreur-auteur. A l’horizon : le prochain Oz Perkins, The Monkey, adaptation de la nouvelle Le Singe de Stephen King. La sortie du film est prévue pour le 19 février 2025.

Rédacteurs :
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Commentaires
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FranckD

Pas mauvais, mais pas aussi réussi que je l’aurais espéré. Le film effleure de nombreuses idées et concepts intéressants, sans jamais y plonger complètement. Et à trop renoncer aux artifices du genre pour rythmer son film, l’aspect « elevated horror » semble forcé, la ou le film « La Main » sorti l’année dernière était un peu plus malin (dans le bon sens du terme).

Le vrai point positif c’est que le succès du film vas sans doute nous apporter plus de film du genre et ça c’est cool.

tomgenot

1h30 à perdre alors c’est parti pour voir la tranche éclatée de Nicolas Cage. Sinon passez votre chemin

docteurbenway

Écran Large est en train de se transformer en un sous-Allociné avec ses articles prêt à encenser n’importe quelle daube.
Cet article confirme bien mon ressenti : un bon produit commercial. Mais un bon film d’horreur, sûrement pas. Perkins est plus intéressé par la forme que par le fond. Un pétard mouillé.

Marc en RAGE

Polar Grotesque qui s’inspire de l’Ambiance du Le Silence des Agneaux ou de l’intrigue de Zodiac.

Maika Monroe sauve de son interprétation ce NANAR.

jpsg1973

Nicolas Cage continue de courir le cachet. Il s’est certainement bien amusé à jouer ce personnage complétement barré, nous beaucoup moins. Quant à Maika Monroe, elle fait presque plus peur que Nicolas Cage. Ce film m’a plutôt fait penser à Terrifier qu’aux classiques du genre. Il vaut mieux se refaire le silence des agneaux ou Se7en.

Oldskool

Affreux je pense que c’est la première fois que j’assiste à une escroquerie de ce type… alors bravo la boite de prod pour la campagne de pub… mais rien ne tient debout dans ce film. Une parodie de chaque instant… Le scénario, le jeu des acteurs, les invraisemblences… une compilation de tout ce qu’il.ne faut pas faire si on veut jouer dans la cour des grands.

Prisonnier

A noter que Nicolas Cage est producteur sur ce film avec sa boîte Saturn films.
J’aimerais bien savoir s’il a pris un gros cachet ou bien quelques pourcentages sur les entrées.