Brie Larson, interprète de Captain Marvel dans l’univers des Avengers, a répondu de la meilleure des manières aux questions sur les attaques sexistes contre elle et Marvel.
Il aura fallu 11 ans et 20 films pour que Marvel Studios consacre (enfin) un blockbuster à une super-héroïne. Après Black Widow, éternelle second rôle aux côtés d’Iron Man, Captain America et compagnie, c’est donc Carol Danvers alias Captain Marvel qui a ouvert une brèche dans le MCU, deux ans après le succès phénoménal de sa concurrente Wonder Woman chez DC.
Ça pourrait être un détail, mais non. L’absence de super-héroïnes en haut de l’affiche était un choix conscient de certains patrons, en l’occurrence Ike Perlmutter, qui supervisait les films du MCU jusqu’en 2015. Suite à divers conflits, Disney a décidé de donner plus de pouvoir à Kevin Feige, qui a rapidement mis sur les rails deux projets impossibles avant ça : Captain Marvel et Black Panther.
Leur succès affolant au box-office (1,1 milliard pour la super-héroïne, 1,3 milliard pour le héros du Wakanda) n’est pas passé inaperçu, pour le meilleur et pour le pire. Brie Larson en a pris pour son grade, que ce soit pour ses prises de position sur l’industrie hollywoodienne, les problèmes de Captain Marvel et The Marvels, son rôle dans Avengers : Endgame, les décisions des grands studios, et probablement la mauvaise météo du printemps dernier. Elle a parfaitement conscience d’être devenue la cible d’une partie du public, comme elle l’a démontré malgré elle dans une nouvelle interview.

LE DOSSIER MARVEL
Actuellement sur les planches à Londres pour Elektra (celle de Sophocle, pas de Frank Miller), l’actrice oscarisée pour Room a donné une interview à The Telegraph en février 2025. Sans surprise, le sujet Marvel a été mis sur la table, et Brie Larson a été questionnée sur la violence de certains retours masculins quant à son rôle de Captain Marvel.
L’article précise qu’elle a répondu « avec le regard vide » qu’elle n’y prêtait pas attention. Mais puisque la journaliste Claire Allfree a insisté, et lui a demandé son avis sur la misogynie, Brie Larson a rétorqué :
« Ce que j’aimerais que vous compreniez, c’est qu’en continuant cette discussion, vous me connectez à quelque chose qui n’a rien à voir avec moi. »

De toute évidence, la journaliste cherchait plus croustillant que ça. Elle a donc continué sur sa lancée, et lui a demandé ce qu’elle pensait du statut des super-héroïnes à Hollywood. Réponse de Brie Larson :
« Je pense qu’il n’y a aucune manière pour moi de répondre à ça sans que ça devienne un problème pour moi. »
L’article précise alors que l’attachée presse de l’actrice a demandé à la journaliste de passer à un autre sujet, au cas où les trois réponses évasives de l’actrice n’étaient pas assez claires.

TROP PARLER OU TROP SE TAIRE
Brie Larson n’est ni la première ni la dernière à être mise dans une telle position. Les dernières années l’ont démontré : lorsqu’une actrice si visible s’exprime sur des choses comme le féminisme et les inégalités, elle devient le sujet voire la cible. Et si elle n’en parle pas, c’est éventuellement un problème aussi.
Qu’elle parle de l’uniformité des profils dans le milieu (masculin) de la critique, du manque de modèle féminins dans les superproductions hollywoodiennes ou de l’importance symbolique de Captain Marvel à Hollywood, Brie Larson en est un exemple.
Ça ne veut absolument pas dire que Captain Marvel et The Marvels sont de grands films (féministes), ou que tout ce que dit Brie Larson mérite de figurer dans les livres d’histoire du cinéma. Mais en aucun cas ça ne saurait justifier l’acharnement en ligne contre elle, et d’autres phénomènes comme le review bombing (c’est-à-dire : descendre un film massivement avant de l’avoir vu, ce qui n’a rien à voir avec ne pas aimer un film et l’exprimer à titre individuel).

En 2016, Amy Adams l’avait très bien résumé lors d’une table ronde avec The Hollywood Reporter, au sujet des inégalités salariales :
« C’est à la table ronde des producteurs que vous devriez poser ces questions. « Est-ce que pensez que les minorités sont assez représentées ? Est-ce que vous pensez que les femmes sont sous-payées ? ». On est toujours mises sur la sellette pour partager nos opinions, et cette question n’est jamais posée. Pourquoi vous ne leur demandez pas, pour que leurs déclarations fasse la une, dans la presse ? Je ne veux plus faire la une avec ce que je dis sur l’inégalité des salaires. »

Dans tous les cas, Brie Larson a ajouté dans l’interview avec The Telegraph :
« Je ne pense pas que tout ce que je dis est une prise de position. Il y a des moments où je m’exprime, et des moments où je ne m’exprime pas. »
Probablement une manière d’éviter que son silence devienne… un sujet à part entière. Comme dans cet article, sur Ecran Large, parmi des dizaines d’autres sur internet. Mais en voyant que les réponses laconiques de Brie Larson faisaient l’objet de commentaires encore une fois durs voire ridicules, on a eu envie de partager notre modeste petit avis. Et remettre un peu de contexte dans l’histoire.
La parole est d’argent, le silence est d’or.
Je pense, quand-même, qu’à la formulation d’une question sur le statut des super-héroïnes, il aurait été possible de demander, au moins, si ce n’était pas reformuler en question sur le super-héroïsme. J’ai l’impression que la ligne de clivage se situe sur la question essentialiste/existentialiste, et que son déplacement sur le genre n’est qu’une distraction. Évidemment, en l’exprimant de cette manière, je prends clairement position, mais il est tout à fait de ne pas du tout mentionner le genre pour éviter même l’idée de son évitement. Et je pense que nous avons besoin de parler de l’héroïsme : on peut le faire en n’évoquant que les figures héroïques masculines, c’est peut-être même encore plus parlant parce qu’on y retrouverait quand-même les mêmes énervements. Alors… je suis en train de lire 1984, et je me dis qu’on manque de fictions en POV d’un protagoniste en confort avec le slogan « l’ignorance c’est la force » et qui pense qu’il est nécessaire de le faire croire même s’il n’y croit pas.
Note pas très importante : Elektra -> Daredevil -> Marvel (et non DC)
c’est vrai que certains journalistes ont souvent tendances à vouloir mettre les acteurs sur l’échafaud en les piégeant avec des questions qui pourraient leur porter préjudice…
Le mieux serait peut-être encore de rester focus sur la thématique « promotion d’un film » et d’arrêter de donner du crédit aux rageux du net et de s’en servir comme pied de biche pour ouvrir ce genre discussions.
Donc y’a des gars en survet’ chez eux qui s’énervent tout seul devant leur ordi parce que des premiers rôles dans des films de super-héros sont tenus par des femmes (ou des gens de couleurs) ? Ca fout la trouille…
L’insondable vide abyssal de leur vie ne les inquiètent pas plus que ça par contre…
Et dire que je suis de la génération X. Comme quoi les vieux ne sont pas forcement les plus réac’.