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La meilleure Blanche-Neige (moderne) : le film oublié avec Julia Roberts qui a fait mieux que Disney

Par Judith Beauvallet
23 mars 2025
La meilleure Blanche-Neige (moderne) : le film oublié avec Julia Roberts qui a fait mieux que Disney © Relativity Media

Alors que le conte de Blanche-Neige revient pour la millième fois sur nos écrans avec le remake live-action de Disney, il est temps de reparler de l’une de ses adaptations les plus sous-estimées.

Il y a la version classique de Disney, oui. Il y a le conte de Perrault, oui. Encore avant, il y a la version des frères Grimm, oui aussi. Et les innombrables adaptations qui ont précédé et suivi, épargnons-nous de toutes les citer ici. En revanche, en 2012, quelque chose de surprenant se produit : ce n’est pas moins de trois versions de Blanche-Neige qui sortent sous forme de longs-métrages.

Côté Hollywood et gros moyens, Blanche-Neige et le Chasseur, de Rupert Sanders, oppose Kristen Stewart et Charlize Theron dans un blockbuster d’action, tandis que du côté du cinéma indépendant espagnol, le sublime Blancanieves de Pablo Berger (sorti en 2013 en France) met en scène une version tragique située dans l’univers de la corrida, et dans laquelle c’est Maribel Verdú qui en veut à la beauté de Macarena García.

Et entre les deux, il y a… Blanche-Neige tout court. Hollywood et gros moyens aussi, mais ton décalé, partis pris esthétiques étonnants, et énorme second degré par-dessus, le tout servi par Tarsem Singh avec Julia Roberts et Lily Collins. Une réussite passée trop inaperçue dans l’ombre du film de Sanders, et qu’il faut redécouvrir d’urgence.

julia roberts lily collins blanche-neige
Blanche-Neige in Paris

Blanche-Neige et les ados torturés

C’est peut-être à cause de son ton trop léger, trop piquant et trop original que le Blanche-Neige de Tarsem Singh n’a pas rencontré le succès qu’il méritait. Il est vrai que dans les années 2010, beaucoup (beaucoup) de figures de la pop culture ont commencé à basculer dans des approches plus sombres et (soi-disant) plus adultes, des deux derniers films Harry Potter au deux derniers films Hunger Games, en passant par les derniers films Twilight.

Qu’on n’aime ou pas Blanche-Neige et le Chasseur, le gros coup du film fut bien sûr de traiter le conte originel comme une saga young adult, et de lui imprimer cette esthétique de dark fantasy qui donnait l’impression d’une approche plus mature de l’histoire pour enfants. En somme, la mode de l’époque (si ce n’est le monde) n’était pas prête pour le film de Tarsem Singh.

Lily collins blanche-neige
Emily is in the kitchen

Le réalisateur s’aventurait d’ailleurs bien loin de sa zone de confort, puisqu’il était alors connu pour avoir signé The Cell, The Fall et Immortals. Pas grand-chose à voir avec du conte pour la jeunesse ou de la comédie. Est-ce que c’est le résultat indéfinissable de cet étrange cocktail qui a conduit à l’échec financier du film, qui ne remporta que 183 millions de dollars au box-office après en avoir coûté une centaine, là où le film de Sanders récolta près de 400 millions après en avoir coûté 170 ? Peut-être.

Pourtant, le remake live-action lisse et formaté que Disney vient de vomir est l’occasion parfaite de reconsidérer le cas de cet objet filmique non identifié qui avait tenté, lui, de réellement se réapproprier Blanche-Neige.

lily collins blanche-neige
Blanche-Neige et sept nains bien incarnés par de véritables acteurs de petite taille

Blanche-Neige et robe rouge

Même si c’est rarement le premier élément via lequel un film est jugé, la meilleure porte d’entrée pour décrire celui-ci, c’est peut-être les costumes. Ici, ils sont conçus par la géniale Eiko Ishioka, artiste décédée l’année de sortie du film et dont ce fut le dernier projet en tant que costumière. Si elle avait déjà créé la garde-robe des précédents films de Tarsem Singh, Ishioka est particulièrement connue pour avoir signé les impressionnants costumes du Dracula de Coppola (oui, c’est à elle qu’on doit la fameuse armure rouge aux muscles striés).

Avec Blanche-Neige, la costumière laisse une nouvelle fois parler sa créativité, tout en s’aventurant dans un univers beaucoup plus heureux et insouciant. C’est ainsi que Julia Roberts se retrouve à parader tantôt dans une imposante robe rouge sang aux motifs qui miment le paon, tantôt dans une robe de mariée qui rappelle les écailles d’un dragon, tandis que Lily Collins, elle, a droit à un nœud orange géant dans le dos d’une robe bleu ciel qui mélange les inspirations de pleins d’époques et de pays (tout comme les décors), parce que pourquoi pas ?

julia roberts blanche-neige
La robe mi-paon, mi-sang

Cette folie et cette beauté étrange des costumes font parfaitement écho à la direction artistique du film, attachée à un univers fantastique de carton-pâte, qui donne littéralement l’impression d’ouvrir un album illustré. Mention spéciale à la forêt de studio et à sa neige poudreuse qui fait office de décor pas crédible pour un sou, mais absolument charmant aux scènes de combat aussi élégantes qu’amusantes.

Dans ce cadre qui assume à fond son côté décalé, toute l’âme du film repose en la performance de Julia Roberts, absolument parfaite dans le rôle d’une marâtre mesquine et pétrie de complexes. L’actrice s’éclate comme jamais et fait preuve d’un timing comique à toute épreuve, surtout dans les séquences qui l’opposent à Armie Hammer (tête de prince charmant s’il en est, qui n’était, à l’époque, pas encore souillée par la révélation de sombres accusations).

lily collins blanche-neige
Une robe aussi incohérente, flamboyante, et finalement convaincante que le film

Tarsem Singh refuse à la fois totalement d’aborder Blanche-Neige de manière trop noble et officielle, mais fait preuve d’une incroyable sincérité dans tout le renouveau qu’il propose (les sept nains changés en bandits de grand chemin perchés sur des échasses, l’histoire du père de Blanche-Neige…), et même dans ce qui fonctionne moins bien, comme le miroir magique à la direction artistique bien décevante et la conclusion un peu facile sur un numéro chanté sorti de nulle part.

C’est aussi ces imprécisions et ces audaces qui font le charme d’un film à des années-lumière de l’interprétation, toujours boursouflée par son héritage, de Disney. Détail amusant : la musique est signée par Alan Menken, compositeur historique de nombre de classiques Disney. Un film à voir ou revoir d’urgence, pour se laver les yeux et se payer une bonne tranche de rire au passage.

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amonbofils

Vu à l’époque. Je n’en avais pas gardé un souvenir impérissable, mais il m’avait bien fait rire. Après j’avoue avoir préféré la version avec C Theron et K Stewart, que je trouvais très intéressant au delà du cahier des charges. J’aime beaucoup la matière dont ils ont réinventé la méchante reine et tout ce qui est fait autour de son design. Après, le film était pas exempte de défaut, mais à choisir entre la version comique et la version sérieuse, je suis plutôt client de la seconde catégorie.

sascha

Ce film est une pépite méconnue et totalement sous estimée. Tout respire la sincérité & l’originalité. La fin en mode bollywood est autant surprenante que démente. Et la chanson finale est top et reste bien en tête.
Son seul reproche : être sorti en même temps que Blanche Neige et le chasseur (film oubliable au demeurant).

uloora

Suite à cet article, j’ai regardé ce film que je ne connaissais pas. Je me suis marré à de nombreux passages (on a pas assez de Julia Roberts qui a eu l’air de bien s’amuser). Je n’ai toutefois pas trouvé ça terrible terrible puisque ça reste une histoire de blanche neige, au moins si le film à su détourner les codes (ça m’a fait un peu penser au jeux vidéo « rhapsody: a musical adventure », où c’est la fille qui part sauver le prince)

Merci pour l’article.