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Mother Land : la fin du film d’horreur expliquée par le réalisateur Alexandre Aja (ou presque)

Par La Rédaction
4 octobre 2024
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Mother Land : la fin du film expliquée par le réalisateur Alexandre Aja (ou presque) © Canva Metropolitan FilmExport

Mother Land d’Alexandre Aja possède un scénario pour le moins retors. Et c’est ce qui fait sa qualité, comme le souligne le réalisateur lui-même quand on lui demande d’expliquer la fin. Attention, spoilers !

Réalisateur de Haute Tension et La Colline a des yeux (entre autres !), le français Alexandre Aja avait récemment fait parler de lui grâce à une série B de croco tendue (Crawl), ainsi qu’un huis-clos de science-fiction (Oxygène). Dans Mother Land, tenant lui du post-apo d’horreur, il met en scène un scénario beaucoup plus retors, signé Kevin Coughlin et Ryan Grassby, qui semble enchainer les twists, mais refuse en fait de mettre le spectateur sur une piste précise.

Une ambiguïté qui n’a pas fait l’unanimité, mais qui fait pour nous l’intérêt du long-métrage. Une ambiguïté qui ne plait guère non plus aux sites asservis par l’ogre Google, lequel exige des « explications » à tous les films grand public sous forme d’article démonstratifs. Les GAFAM n’aiment pas le mystère. Le cas de Mother Land est donc intéressant, puisqu’il ne lui reste que des symboles à expliciter.

Le mal, il est avec nous dans la pièce en ce moment ?

Mother Land, Mother Death

Allociné n’a pas manqué de demander au metteur en scène une explication de la fin de Mother Land, qui confirme à la fois l’existence du « mal » et le fait que le monde n’a pas été détruit, comme prétendu par la mère jouée par Halle Berry.

« Quand je suis arrivé sur le film, j’avais une lecture très claire de ce que racontait l’histoire. Mais je me suis rendu compte que, finalement, d’autres personnes avaient une lecture très différente. Au début, cela m’a un peu déstabilisé. Pourtant, je me suis dit : peut-être que c’est une opportunité de confronter des points de vue différents, comme dans certaines histoires où il existe une explication surnaturelle et une explication réaliste.« 

Doggo time

Il a ajouté :

« Cela me rappelle des films comme The Shining ou Onibaba, où plusieurs interprétations sont possibles. C’est aussi le cas dans certains contes classiques d’horreur, comme « Hansel et Gretel » ou « Le Petit Poucet », où différentes explications peuvent coexister. Je trouvais intéressant de maintenir cette ambiguïté. Cependant, ma vision, elle, n’a jamais changé. Normalement, je n’aime pas la partager, car je préfère laisser chacun libre de sa propre interprétation. »

Chacun est libre de son interprétation et pour cause : le but de Mother Land est bel et bien de perdre le spectateur, de le maintenir dans un entre-deux où le réalisme et le surnaturel restent possibles. Ainsi, il le met dans la peau des deux frères, qui doivent comprendre que le mal existe bel et bien dans notre monde, mais que cela ne donne pas pour autant raison à leur mère, de toute évidence élevée dans un milieu très religieux et au passé trouble.

Tout ça pour avoir le droit d’utiliser une arbalète

Mother Land, Kids Kingdom

En validant les deux hypothèses principales, il raconte l’émancipation d’adolescents sur le point de faire la part des choses et de – littéralement – couper le cordon familial, mauvais pour leur santé. Malheureusement, les deux frangins ne parviennent pas à accomplir cet effort. La seule chose à vraiment expliquer de la fin, c’est donc leur état psychologique, foncièrement différent depuis la mort de leur mère.

« À la fin du film, l’un des enfants parvient à accepter la part d’ombre de sa mère, à couper les liens et à se libérer, tandis que l’autre restera à jamais prisonnier du traumatisme transmis par la mère. La photo que l’on voit à la fin, où le mal pose sa main sur l’épaule de Samuel, symbolise pour moi le fait que Samuel ne s’en remettra jamais, qu’il sera toujours contaminé par ce mal, alors que Nolan, lui, sera libre. »

De mon temps on avait une hachette et de l’écorce et on était content

Mother Land évoque donc à travers son ambivalence toute la cruauté et les traumatismes de la violence psychologique infligée aux enfants. Des symboles qui ont été jugés un poil lourds pour la presse, mais qui font toute la singularité d’un film d’horreur ne se contentant pas d’enchainer les twists, n’en déplaise à Google.

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