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Denis Villeneuve pense que Star Wars va mal depuis bien longtemps (et bien avant Disney)

Par JL Techer
29 novembre 2024
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Tout a déraillé en 1983 le réalisateur de Dune explique pourquoi il ne s'intéresse plus à Star Wars © Canva Warner Bros.

Denis Villeneuve, réalisateur de Dune, a exprimé son désintérêt pour la saga Star Wars, qui s’est égarée bien avant le rachat de Disney selon lui.

La filmographie de Denis Villeneuve, c’est un peu la caverne aux merveilles, où l’on serpente entre des récits intimes (Incendies), des thrillers tendus au possible (Prisoners, Enemy) et des blockbusters de SF (Blade Runner 2049). Avec Dune, il a rejoint la sphère de ceux capables d’adapter l’inadaptable (coucou Peter Jackson), en portant à l’écran l’univers dense de Frank Herbert. Un univers qui s’étend désormais au petit écran avec la série Dune Prophecy, qui a du mal à convaincre.

Si les films Dune de Villeneuve n’ont pas plu à Quentin Tarantino, ils se sont pourtant hissés au panthéon des grandes œuvres de science-fiction populaires, au même titre que Star Trek, Alien ou Star Wars. Denis Villeneuve a récemment pris la parole afin de donner son avis sur la saga de George Lucas. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le réalisateur de Dune n’a pas été tendre avec la saga des Skywalker.

Denis Villeneuve prêt à affronter la fanbase de Star Wars

Fan des années 80, mais fan au tabou dessein

Dans l’épisode du podcast The Town mis en ligne le 27 novembre 2024, Denis Villeneuve a été interrogé à propos de certaines rumeurs qui évoquent le fait qu’il serait prêt à tout pour réaliser un film Star Wars.

Le réalisateur a confié son ressenti au sujet de la saga La Guerre des Étoiles, avec laquelle il semble avoir une relation très ambivalente. Il a tenu tout d’abord à préciser qu’il a été un fan de la franchise de George Lucas, et que la saga de Luke Skywalker a occupé une place importante dans sa vie de cinéphile.

« J’étais le public cible. J’avais 10 ans [en 1977, à la sortie de La Guerre des Etoiles – NDLR]. Le film est entré dans mon cerveau comme une balle d’argent. Je suis devenu obsédé par Star Wars. L’Empire contre-attaque est le film que j’ai le plus attendu de ma vie. Je l’ai vu un milliard de fois à l’écran. L’Empire contre-attaque m’a traumatisé. J’adore la Guerre des étoiles. »

Traumatisme d’enfance

Songes, Dune, Nuits d’été

Mais ensuite, le cinéaste a déclaré qu’à ses yeux, seuls La Guerre des Étoiles et L’Empire contre-attaque portaient en eux un certain feu sacré. Dès Le Retour du Jedi, la saga se serait fourvoyée en adoptant un ton trop orienté vers la comédie :

« Le problème, c’est que tout a déraillé en 1983 avec Le Retour du Jedi. C’est une longue histoire. J’avais 15 ans, et mon meilleur ami et moi voulions prendre un taxi pour aller à Los Angeles et parler à George Lucas – nous étions tellement en colère ! Aujourd’hui encore, les Ewoks… Il s’est avéré que c’était une comédie pour enfants.

Star Wars s’est cristallisé dans sa propre mythologie, très dogmatique, on aurait dit une recette, il n’y a plus de surprises. Je ne rêve donc pas de faire un Star Wars parce que j’ai l’impression que le code est très codifié. »

On suppose que s’il avait vu l’Aventure des Ewoks, il aurait fait un AVC

À travers ses propos, Denis Villeneuve illustre un malaise partagé par de nombreux fans : l’impression qu’une certaine magie, propre aux premiers films, a été remplacée par une logique commerciale. La franchise Star Wars semble désormais davantage axée sur la production de contenus en masse plutôt que sur l’innovation narrative (peut-être encore plus depuis le rachat de Disney). Et quand l’innovation arrive, elle est souvent mise à mort par ceux-là mêmes qui se disent fans de la première heure. Une pensée pour The Acolyte, petite série partie trop tôt.

Bien que la licence Star Wars paraisse prisonnière d’un cycle infernal où elle ne peut que recycler à l’infini ses propres idées et codes, la saga continuera d’étendre ses ramifications narratives sur grand et petit écran. La saison 2 d’Andor arrivera en 2025, et que la série attendue au tournant Star Wars : Skeleton Crew est prévue pour une arrivée sur Disney+ dans la nuit du 2 au 3 décembre prochain. Quant au Mandalorian, on le retrouvera dans les salles de cinéma avec The Mandalorian & Grogu en 2026.

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Flo1

Villeneuve ne se contente pas d’enfoncer des portes ouvertes dans ses films, même en interview il s’y met – ça va ça fait 40 ans qu’on se moque des Ewoks, pas la peine d’en rajouter une couche… Et puis eux étaient badass et présumés anthropophages, ça créait du contraste avec leur mignnnitude – bien plus que ses Fremens.

Eomerkor

Je pense qu’il était juste plus facile de réunir des dizaines de personnes de petite taille pour jouer les E-WOOK que des dizaines d’acteurs de plus de 2 mètres pour jouer les WOOK-EE du scénario original. Je reste toujours perplexe par ces réactions quand aux supposées intentions de George Lucas. C’est nettement plus terre à terre et dicté par des impératifs financiers qu’une volonté de vendre des jouets en peluche qui ne se seraient pas vendus de toute manière (à l’instar des premières poupées Kenner – pas les figurines qui ont très bien marché). C’est assez stupide de dire que c’est à partir de l’épisode 6 de 1983 qu’on est rentré dans une logique commerciale. Il suffit de voir les catalogues Kenner, Mecano et Palitoy pour voir que les ewoks n’ont pas été crées pour booster des ventes. D’autant plus qu’elles n’ont pas décolé avec les téléfilms et dessins animés consacrées aux ewoks deux ans après.
Le seul gros problème du Retour du Jedi est sa production bien plus chaotique que celle de l’Empire Contre Attaque (voir le docu Light and Magic et le témoignage de Richard Edlund pour comprendre) et le fait que Lucas qui voulait au départ 12 puis 9 film a finalement décidé de s’arrêter à l’épisode 6 soit un troisième film sorti en 1983. Han Solo est réduit à un rôle très secondaire tout comme Leia et tout ce concentre sur Luke et le retour du « Jedi » perdu.
Cet épisode a le mérite de présenter Jabba (en 1983 avant que Lucas ajoute un CGI dégeulasse à l’épisode 4 en 99), de voir l’empereur superbement interprété par McDiarmid, de voir Luke en proie au côté obscur et surtout… nous montrer enfin le visage de Vador – celui d’un père bienveillant repassé du bon côté (pas l’ado attardé ajouté numériquement reprenant un essayage de costume d’Hayden Christensen.. qui n’avait pas été averti) . Le tout dans une débauche de batailles spectaculaire et rarement vues avant 1983. Loin d’une comédie pour enfant.
De toute manière je ne capte pas trop ces réactions de suiveurs et d’ados ppost pubers. Les Ewoks sont dans la continuité des Jawa et des Ugnaughts des deux épisodes précédents. Des aliens de petite taille sympatiques et un peu farceurs. Ca fait partie de la mythologie Star Wars comme les créatures en mousse bizarres et mal faîtes de la cantina de l’épisode 4.

batmalien

Oh je crois que le mal avait déjà commencé en 1978 avec le *Holiday Special* 😏

Winslow

Je ne sais pas si un jour on cessera de se focaliser uniquement sur l’aspect enfantin des Ewoks. Que Lucas ait voulu attirer les enfants dans les salles, peut-être, mais son idée était surtout de montrer un petit peuple primitif muni d’arcs et de flèches qui parvient à tenir tête à la puissante armée de l’Empire.

Marc en RAGE

J’ai vu STAR WARS un Nouvelle espoir ( 1977 ) STAR WARS L’Empire contre Attaque ( 1980 ) et STAR WARS Le retour du Jedi ( 1983 ) au Ciné j’avais 15 ans je voyait que Star Wars était déjà plus orienté pour les enfants. Pour vendre des peluches de Ewoks et qui apporté des milliards dans le monde à Disney.

Bipbip

Je lui donne en partie raison. La partie ewoks est la moins réussie du retour du jedi.
ça s’éloigne trop des deux premiers. Mais comme j’ai découvert enfant, la première trilogie passe. Par contre, c’est la deuxième trilogie que je n’ai pas du tout aimé et pour en avoir parlé avec des gens plus jeunes; eux, ils ont aimé le côté enfantin de la deuxième trilogie: les jar-jar, le côté Anakin enfant. Le regard qu’on porte sur les différents films SW et les attentes qu’on en dépendent vraiment beaucoup de l’âge auquel on les découvre.