L’équipe marketing de Sony a dû s’arracher les cheveux face à la déclaration d’Hideo Kojima à propos du nom donné à la nouvelle version de Death Stranding.
Malgré son démarrage et ses ventes records, la PS5 a subi de plein fouet la crise sanitaire, amenant à une distribution au compte-gouttes de sa nouvelle machine. Dès lors, cette situation n’a fait qu’accentuer une période de transition conséquente entre les générations de consoles. D’un autre côté, ce n’est pas comme si les éditeurs s’étaient précipités en matière de nouveautés et de vitrines technologiques pour pousser tous les joueurs à changer de matériel.
Sur ce point, Sony a même mis en place un magistral foutage de gueule marketing, en ressortant certains de ses hits récents avec une légère upgrade technique et quelques ajouts de gameplay, le tout sous l’appellation Director’s Cut. Directement hérité du cinéma, le terme évoque à l’origine le remontage d’un film, souvent en opposition à la version sortie en salles, et grâce auquel le réalisateur a pu retrouver un certain contrôle créatif, pour réarranger des scènes ou rajouter des morceaux supprimés.
Ainsi, Sony est parvenu à déguiser derrière un label prestigieux une simple mise à jour de ses jeux, le tout en prétendant remettre l’auteur au centre de l’équation. Alors que Ghost of Tsushima sera le premier à passer à la casserole le 17 juillet, Death Stranding, le blockbuster ovni d’Hideo Kojima, aura aussi droit à sa version augmentée le 24 septembre 2021. Lors du dernier State of Play, Sony a d’ailleurs mis en avant les nouvelles fonctionnalités du titre, qui orientera plus que jamais vers l’action et la facilité d’approche un titre pourtant pensé pour être contemplatif et éprouvant.
Néanmoins, s’il y a bien un auteur de jeux vidéo connu pour sa cinéphilie, c’est Hideo Kojima. Outre les multiples références filmiques condensées dans ses jeux (à commencer par le look et le nom de Snake dans Metal Gear Solid, repris du génial New-York 1997 de John Carpenter), le développeur a toujours voulu se tourner vers le septième art. Death Stranding l’a même affirmé avec hargne, en convoquant des acteurs et cinéastes de talents dans son univers de science-fiction post-apocalyptique, de Norman Reedus à Léa Seydoux en passant par Mads Mikkelsen, Guillermo del Toro ou encore Nicolas Winding Refn.
« Ô Guillermo, Guillermo, pourquoi es-tu Guillermo ? »
Ainsi, le créateur n’a pas hésité à remettre les pendules à l’heure sur son compte Twitter, en déplorant l’utilisation du terme Director’s Cut dans le cas de la ressortie de son jeu :
« Le Director’s Cut d’un film est un montage additionnel réalisé à partir d’une version abrégée, qui a soit été publiée à contrecœur par un réalisateur qui n’avait pas le contrôle sur son montage, soit parce que la durée de l’œuvre devait être raccourcie.
Dans le jeu, ce n’est pas ce qui a été coupé qui a été inclus, mais ce qui a été produit par la suite. Delector’s Plus alors ? En tout cas, je n’aime pas appeler cela un Director’s Cut. »
2/2
In the game, it is not what was cut, but what was additionally produced that was included. Delector’s Plus? So, in my opinion, I don’t like to call « director’s cut ».— HIDEO_KOJIMA (@HIDEO_KOJIMA_EN) July 12, 2021
Par ailleurs, ce n’est pas comme si Hideo Kojima n’avait jamais connu de productions houleuses, comme avec Metal Gear Solid 4 et 5, qui ont dû tous deux tronqué de larges pans de jeux pour pouvoir sortir dans les temps et dans les frais de Konami. Pour le coup, ces titres-là mériteraient largement l’appellation utilisée par Sony.
En tout cas, les joueurs les plus impatients pourront se (re)plonger dans le monde de Death Stranding. A noter que les possesseurs de la version PS4 n’auront qu’à débourser dix euros pour cette nouvelle mouture. En attendant, vous pouvez retrouver notre test du jeu d’origine, ou encore notre dossier sur Policenauts, autre titre du génial réalisateur, inspiré par le coup par L’Arme fatale.