Non, Baldur’s Gate 3 n’est pas le meilleur jeu de l’année, mais c’est peut-être encore mieux que ça

Par Léo Martin
26 septembre 2023
MAJ : 1 avril 2024
13 commentaires
Baldur's Gate 3 : n'est pas le meilleur jeu de l'année (mais il est peut-être davantage)

Après 200 heures sur Baldur’s Gate 3, voici enfin notre bilan. Et si le titre de Larian Studios est une œuvre colossale… on a choisi de ne pas la noter.

Ce que j’ai vécu avec Baldur’s Gate 3 a été une expérience rare. Lorsque j’ai démarré l’aventure de Larian Studio dans son accès anticipé il y a trois ans, il avait déjà conquis mon cœur. En tant que grand fan de Dragon Age Origins, et des RPG de l’âge d’or de Bioware, mon coup de foudre a été immédiat. J’y retrouvais alors toutes ces choses qui m’ont rendu amoureux du jeu vidéo en premier lieu, et que je croyais disparues de l’industrie.

Ainsi, Baldur’s Gate 3 partait déjà gagnant (et de loin) pour être mon élu de 2023. Le fameux meilleur jeu de l’année, titre ô combien disputé. Mais après un périple de 200 heures, les choses ne sont désormais plus aussi claires. Je suis toujours secoué par la musique de Borislav Slavov. La voix d’Amelia Tyler résonne encore et narre toutes mes actions. Et le sentiment d’un réveil embrumé persiste. Au terme de cette aventure, je n’ai aucune certitude… sauf une : Baldur’s Gate 3 n’est décidément pas le meilleur jeu de l’année.  

 

Baldur's Gate 3 : photoNotre aventurière, Merri, en aura vu de toutes les couleurs

 

Larian : le studio qui y a toujours cru

Le rêve de Larian Studios est né dans l’ombre de Bioware, bercé par les titanesques Baldur’s Gate 1 et 2, les pionniers dans l’adaptation du jeu de rôle sur table en jeu vidéo. Et c’est dans l’espoir de suivre leur voie que la compagnie belge avait ainsi créé le monde de Divinity (avec Divine Divinity en 2002). Mais malgré son enthousiasme, Larian Studios n’aura toujours pas réussi à décoller avec son ambitieux Divinity 2 : Ego Draconis en 2009. Leur jeu était resté alors (une fois de plus) dans l’ombre de Bioware et son chef-d’oeuvre Dragon Age Origins, sortie la même année. 

Mais Larian Studios n’a pas abandonné pour autant. Alors que Bioware se ramasse peu à peu (merci EA), la firme belge parvient à faire renaître de ses cendres Divinity avec Original Sin, et ce grâce à un financement participatif. Ils font alors le pari de retourner au RPG occidental classique à la vue isométrique, comme les premiers Baldur’s Gate. Et joie : le succès critique et public est au rendez-vous. On est en 2014, il y a presque dix ans. Et c’est très précisément à cet instant que le miracle Baldur’s Gate 3 naît. 

 

Baldur's Gate 3 : photoParmi tous les remerciements du jeu : les développeurs de Baldur’s Gate 1 et 2

 

Avec Divinity Original Sin 2, en 2017, Larian Studios fait encore mieux. Au-delà du succès, ils se sont tant perfectionnés, qu’ils n’ont désormais plus grand-chose à envier aux grands RPG du début des années 2000. Une idée folle émerge alors dans l’esprit de Swen Vincke, fondateur de Larian. Après vingt ans dans l’industrie, il peut enfin réaliser son rêve impossible. Ramener à la vie le roi perdu des RPG occidentaux et prendre la relève de ce que Bioware a laissé derrière lui. Baldur’s Gate 3 devient alors non pas la suite d’une franchise, mais la renaissance d’un fantasme fou. 

Un fantasme que beaucoup auraient dit impossible à concrétiser. Après tout, un tel jeu ne peut pas exister, sinon on l’aurait déjà fait avant. Ou alors il faudrait le sortir en plusieurs parties avec des tonnes de DLC. Et si le jeu a autant de dialogues, certains doivent être moins bien écrits que d’autres. Ou moins bien doublés. La qualité ne peut pas persister tout au long de l’aventure, pas vrai ? Pas pendant des centaines d’heures de contenu, en tout cas. Les choix n’ont probablement pas tant d’impact que ça sur l’histoire, d’ailleurs. La narration doit avoir des failles. C’est sûr. 

 

Baldur's Gate 3 : photoLes compagnons de BG3 sont parmi les personnages les plus mémorables jamais rencontrés dans un jeu

 

Baldur’s goty ?

Mais c’est pourtant réel. Baldur’s Gate 3 est bien le bac à sable narratif tentaculaire et sublime promis. Et il est même plus encore. Le jeu émerveille d’autant plus qu’il offre à chaque joueur un voyage qui lui est propre. Comme justement formulé par le personnage d’Anthony Hopkins dans Westworld, ce sont les détails uniques qui font la beauté de l’aventure. Ce PNJ que tout le monde a ignoré, mais que vous trouverez. Ce choix que vous aurez fait à un moment improbable. Cette cinématique cachée que personne n’avait vue avant. 

Cette Odyssée, elle n’existe que pour vous et elle vous ressemble. Et un travail d’une telle finesse, d’une telle générosité, ne peut être que le produit d’une passion immense. D’un sincère vœu pour le monde du jeu vidéo, qui a été mûri pendant des années. Le talent de toutes les personnes impliquées dans ce projet (comédiens, scénaristes, développeurs, compositeurs, etc.) a été tant mis à profit, qu’il ne pouvait accoucher que d’un saisissant chef d’œuvre. 

 

Baldur's Gate 3 : photoMerci

 

Ainsi, après ce vibrant éloge, pourquoi ai-je donc écrit que Baldur’s Gate 3 ne pourrait pas être le meilleur jeu de l’année ? C’est simple : il devrait être considéré comme davantage que cela. Baldur’s Gate 3 a été sous-estimé par Microsoft (qui y voyait un jeu mineur) et méprisé par d’autres studios qui l’ont appelé anomalie. Et ce afin qu’il ne soit pas perçu comme un nouveau standard pour les joueurs. Pourtant, il est d’une importance cruciale que le jeu de Larian devienne bien ce nouveau standard.

Si tous les efforts de Larian Studio ont placé la barre bien trop haut pour les autres, tant mieux ! Il serait trop facile de dire que la qualité exceptionnelle du jeu lui vaut sa petite récompense, pour ensuite passer à autre chose. Non. On ne peut pas se réveiller de Baldur’s Gate 3, et faire comme si de rien n’était. L’oeuvre de Larian est un rappel de ce pour quoi on aimait les jeux vidéo à la base. Il est un miracle qui force l’industrie à pâlir, et qui par sa dévotion artistique totale, en fait trembler ses fondations. C’est un exploit en dehors de tout test, toute note, et toute distinction.

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Zork

@Seriously Détendez vous donc, la syncope vous guette.
Votre ton péremptoire ne masque pas vos divagations. Arrêtez donc de parler de chose que vous ne maîtrisez qu’en surface.
Appliquez donc vos propres conseils dispensés à Morcar à vous meme et ne vous faites pas plus bête que vous semblez l’être déjà.

À oui et pour finir monsieur le développeur, le français est bien une langue indispensable aujourd’hui dans le monde du GAMING pour avoir une meilleure audience et donc de vente. Ce n’est pas moi qui le dit mais les marketeux avec leur vision F.I.G.S.

Léo Martin

@Seriously? Bonjour. Navré que le titre de l’article vous ai provoqué tant d’indignation mais en ce qui me concerne, je trouve qu’il correspond bien à mon propos. On a décidé de ne pas noter ce jeu, de lui donner un traitement différent des autres jeux de cette année pour tout ce qu’il a de particulier et ce qu’il représente pour moi.

J’ai justement voulu éviter « d’enfoncer des portes ouvertes » en ne me contentant pas de l’appeler jeu de l’année et d’en dire de bien. Pour de nombreuses raisons, il est un sursaut dans l’industrie et devrait juger en cas à part, selon moi.
Et il faut aussi bien dire qu’il est parfois possible de faire des titres un peu « exagérés » mais qui ne démentent pas leur sens.

Merci quand même à vous pour votre lecture avertie.

Seriously?

On va passer outre la qualité de l’article qui enfonce des portes ouvertes.

Mais on peu revenir sur le niveau de p*taclic de tout ça ? Juste deux secondes ?
Est ce que la personne de cet article peut encore se regarder dans une glace après ça ?

Alors je sais que le « journalisme » d’aujourd’hui n’est que titres scandaleux pour appâter le chalant, vente de poisson façon Marseillaise pour nous vendre des infos moisies, etc… Mais là on est quand même un cran au dessus. L’article dit LITTERALEMENT l’inverse du titre.
Excusez moi du peu.
Quoi titrer que « BG3 est PLUS que le GotY » c’était pas encore assez racoleur ?

P*tain mais respectez vous un minimum au moins.

Et @morcar va falloir accepter et comprendre à un moment ou un autre que la langue la plus pratiquée et comprise dans le monde reste l’anglais, n’en déplaise. Faire un doublage entier de la totalité du jeu en VO a déjà dû couter une somme colossale (d’ailleurs c’est pas un hasard si y’a pas de doublage pour le Main Character). Le doubler entièrement dans d’autre langue et une utopie hors budget, même pour des studios plus gros. On parle de 3 à 5 fois plus de lignes de dialogue que n’importe que épisode de Mass Effect.
Et même si ils dépensaient pour ajouter disons une ou deux langues de plus pour ouvrir un peu plus à l’international, le Français n’en ferai pas parti, parce que contrairement à une croyance tenace, nous ne sommes pas le centre du monde.
Donc avant de péter des steak faudrait penser à réfléchir si on est pas un peu en train de faire un petit caprice déconnecté de la réalité. En tant que dev, j’en ai raz le bol d’entendre ce genre de conneries. On se pète le cul à vous faire des jeux du mieux qu’on peu avec ce qu’on a et même quand le jeu est excellent, ça couine encore pour des broutillles.

Precipitus

Honnêtement, aucun jeu n’est exempt de défauts et celui-là n’y coupe pas, malheureusement… Cependant ils sont bien vite oubliés ( et d’ailleurs patchés aussi progressivement) devant les merveilles d’ingéniosité et de renouvellement du genre tout en restant dans ce que tout fan JDR et en particulier de D&D attend, un respect de l’oeuvre originale et de l’univers… Ce jeu est à part, oui… C’est un joyau, même.

Ioni

@morcar tu la fais tenir sur quoi la version physique à sa sortie le jeu faisait déjà 120 Go, c’est-à-dire qu’il aurait fallu 15 DVD d’installation, puisque les plus gros ne font que 8 Go.

Et pas possible de le faire sur Blu-ray puisque se support n’a jamais réussi à s’imposer sur PC (je m’en fiche complètement des consoles) en grande partie à cause de SONY.

Leduk

Nan mais les mecs qui veulent du physique et du français ils vivent en quelle année? La vo est toujours le must quel que soit le support, et le demat quel pied de ne plus s’emmerder avec des boites et des cd…
Se priver d’un tel chef d’oeuvre juste pour ça je trouve ça ridicule….

Cam

Juste pour dire que cette review est parfaite. OUI, que ce jeu devienne le standard.

Balenoxo

@morcar
Je comprend tout a fait la frustration de ne pas avoir de version physique ni de vf. Mais que ce soit pour l’un ou pour l’autre, il ya de bonnes raisons a ça. Concernant le version physique, elle se retrouverai de toute façon obsolète très vite. J’ai fais le jeu sur pc et entre tous les patchs, on est déjà a 10go de patch supplémentaires.
Pour la VF, la fait être pragmatique. Pour localiser le jeu, on est sur des mois de travail et un budget faramineux tant les dialogues sont nombreux. C’est juste pas rentable pour le studio. Alors qu’avec la vo uniquement, ils savent déjà qu’ils vont toucher un max de leur base de fans.
Et vu la qualité ahurissante de la VO, je la préfère 100 fois a une VF qui n’aurais fatalement pas la même envergure

Léo Martin

@morcar Hello ! J’entends bien que l’âge d’or de Bioware c’est flou. On aurait tendance à mettre les deux premiers Baldur’s Gate, Jade Empire et Kotor dans cette période et sans doute à raison. Mais en tant que grand fan de Dragon Origins, je me permet d’étendre cette période de grâce au moins jusqu’à Mass Effect 2, où le talent était encore florissant dans les équipes du studio. Même si c’était déjà le début de la fin du fait de la gestion calamiteuse de EA (et on commençait déjà à le sentir avec la sortie précipitée de Dragon Age 2 et son rendu décevant).

Vall

« il devrait être considéré comme davantage que cela. Baldur’s Gate 3 a été sous-estimé par Microsoft (qui y voyait un jeu mineur) et méprisé par d’autres studios qui l’ont appelé anomalie »

Le truc, c’est que les deux premiers Baldur’s Gate sont tellement inspirés de donjons et dragons que personnellement j’ai pas réussi à m’y plonger plus que ça car le système de combat me correspondait pas (et qu’il y avait pas mal de contrainte sur la création de perso). Après pour les plus jeunes, ils auront plus tendance à connaitre la saga Divinity que Baldur’s Gate ce qui fait que mise dessus était pas forcément le choix avec le moins de risque.
De ce que j’ai vu du 3, il corrige certains défauts qui me rebutaient sur les deux premiers, donc je l’essaierais à l’occaz.

@morcar d’accord avec toi concernant l’âge d’or de Bioware, même si je rajouterais dans le lot Kotor qui niveau jeu Star Wars reste l’un des meilleurs jeu de la licence que j’ai pu faire avec Jedi Outcast et les deux premiers Battlefront.

Sinon ça reste subjectif mais pour ma part le jeu que j’ai préféré de 2023 pour le moment c’est Octopath Travelers 2 (mais sans doute que Shadow Gambit va lui piquer la place)