Après avoir terminé la campagne de Vessel of Hatred, le DLC de Diablo IV, le verdict ne peut être que celui d’une grande déception. Explications.
ATTENTION SPOILERS
Dire que le lancement de Diablo IV a été un enfer serait un jeu de mots un peu facile. Il faut dire qu’avec 11 ans entre le troisième volet et son successeur, l’attente avait été interminable, et les espérances d’autant plus fortes. Des espoirs redoublés d’inquiétudes, car si Diablo III avait divisé à cause de sa direction artistique très warcraftienne, l’immonde Diablo Immortal était aussi passé par là et avait fait craindre le pire pour la franchise.
La délivrance vint en juin 2023 avec la mise sur le marché de Diablo IV. S’il a été bien accueilli par la presse (87/100 sur Metacritic) et a été un immense succès commercial, générant plus d’un milliard de dollars de recettes, ce n’était pas la même chanson côté joueurs (score utilisateur de 2,4/10 pour presque 10 000 votants sur Metacritic). En cause : l’aspect trop MMORPG et trop Jeu-Service de Diablo IV, un endgame famélique, et une volonté trop grande de copier Diablo II – sans en atteindre la virtuosité.
Après 5 saisons qui ont apporté quelques beaux coups de polish à Diablo IV, tous les regards se portent désormais sur le premier DLC du jeu : Vessel of Hatred. Avec une histoire qui se finissait sur un cliffhanger terrible, l’annonce du retour de Mephisto comme antagoniste principal, et l’arrivée d’une nouvelle classe à jouer inédite, Vessel of Hatred portait en son sein la promesse d’un renouveau pour Diablo IV. Une promesse trahie, qui s’est transformée en atroce déception.
Vessel of Hatred : les promesses et ceux qui les croient
Avec la sortie du DLC Vessel of Hatred, Diablo IV s’est une fois de plus retrouvé sous les projecteurs, mais pour les pires raisons. Ce contenu additionnel, censé enrichir l’expérience d’un titre déjà controversé, a de nouveau reçu les louanges de la presse, avec une moyenne de 85/100 sur Metacritic.
Mais après avoir terminé la campagne du jeu, un sentiment domine : la frustration. Il est désormais clair que ce DLC, loin d’apaiser les attentes grandissantes des fans, n’a fait qu’aggraver le malaise autour d’un jeu qui semble avoir perdu la boussole de son identité.
Tout d’abord, évacuons le scandale technique. Censé sortir le 8 octobre partout dans le monde (à 1h00 du matin heure de Paris pour être précis), Vessel of Hatred a subi plusieurs heures de retard. La faute à un énorme imbroglio technique : les joueurs ne pouvaient pas se connecter aux serveurs, car la version du DLC qu’ils avaient pré-téléchargé était incompatible avec les versions de lancement, ce qui fait que la structure Battle.net ne reconnaissait pas ledit DLC.
Adam Fletcher, responsable de la communauté Diablo IV, a écrit sur le blog officiel le 8 octobre 2024 :
« Nous nous excusons pour cette nouvelle tardive concernant le décalage horaire, mais il s’agit d’une étape importante que nous devons franchir pour que chaque joueur puisse commencer son voyage à travers Nahantu ensemble ».
Rien de mieux pour bien réussir un lancement qu’une belle catastrophe technique, surtout pour un DLC coûtant la bagatelle de 39,99 € dans sa version standard, et 89,99 € dans sa version Deluxe.
Au Diablo IV vauvert
Passé ce moment de solitude, on a enfin pu accéder au DLC. Après l’arrière-goût amer laissé par Diablo IV, c’est donc avec une certaine impatience doublée de fébrilité que la communauté espérait que Vessel of Hatred corrigerait le tir, apportant les améliorations narratives et de gameplay tant réclamées. Ce DLC devait apporter un souffle nouveau, une conclusion digne à un récit inachevé.
Or, la réalité est toute autre.
Vessel of Hatred ne comble en rien le vide narratif laissé béant par la fin décevante de la campagne principale de Diablo IV. Loin d’apporter une véritable conclusion, ce contenu additionnel s’apparente davantage à une transition frustrante. Là où les joueurs espéraient une résolution épique, une apothéose du conflit qui sous-tend l’univers de Sanctuaire, ils se retrouvent face à une intrigue accessoire, déconnectée de la grandeur initialement promise. Cette absence de conclusion laisse une saveur amère, renforçant l’impression d’un projet mal ficelé et précipité.
Le pire étant la manière dont cela est amené : on progresse pendant de longues heures, on moissonne les ennemis comme on fauche les blés, la tension monte, on sent le climax approcher… et puis RIEN.
D’un coup, un PNJ vous alpague pour vous donner une quête sans intérêt, puis une autre, et ainsi de suite. On comprend alors par la force des choses qu’on vient de se prendre la gifle de l’année par l’aspect GaaS (Game as a Service : Jeu-Service) de Vessel of Hatred.
La suite (notez que l’on ne dit pas « la fin »…) ne sera dévoilée que plus tard, dans une autre saison, voire un autre DLC. Une bouffée de colère est arrivée, puis s’est imposée une succession d’images déjà bien connues. Fallout 3, Kingdom Hearts 3, Control… tous ont fait le coup de fournir une « vraie » fin payante via un DLC.
Là où Vessel of Hatred est d’un vicieux à faire peur, c’est que le public s’attendait à connaître la fin de la saga de Neyrelle grâce à ce DLC. Alors, certes, à aucun moment il ne semble que les équipes de Blizzard n’aient annoncé que le DLC serait la vraie fin de Diablo IV (en tout cas, les recherches de l’auteur de ces lignes n’ont pas permis d’en trouver la preuve). Mais il s’agissait d’une attente tacite, et cette déception finale sera vécue par beaucoup comme un coup de poignard dans le dos, et dans le portefeuille.
L’échine du Diablo
Au-delà du fait que nos plus simples attentes furent crucifiées, il faut tirer la sonnette d’alarme concernant la manière dont ce DLC accentue les problèmes structurels déjà inhérents à Diablo IV. Les mécaniques de jeu, censées incarner la quintessence du hack’n’slash, deviennent ici répétitives à l’excès. Le manque d’innovation palpable dans les quêtes et les missions de Vessel of Hatred finit par étouffer tout plaisir de jeu.
Une monotonie implacable s’installe, alimentée par des ennemis redondants et des objectifs mal calibrés. Incarner le Sacresprit, ce nouvel artiste martial aux pouvoirs issus d’une communion avec la nature, n’est satisfaisant qu’à moitié : passé la surprise de la nouveauté, et l’envie d’expérimentation de différents builds, on finit par s’axer sur un animal totem (Gorille, Aigle, Mille-Pattes ou Jaguar) pour rouler sur les ennemis.
Le DLC souffre d’un équilibrage aux fraises, qui fait du joueur un dieu en quelques heures. Et l’ajout d’un mercenaire à embaucher ne fait que faciliter encore plus le périple. Là où l’on attendait de la créativité, un renouvellement des enjeux, on se heurte à une stagnation quasi insolente. Vessel of Hatred ne fait que raviver l’impression que le cœur battant de la saga, autrefois rythmé par la frénésie et l’exploration, s’est éteint.
Veritas diaboli manet in aeternum
Mais ce qui achève de susciter une véritable colère, c’est la manière dont ce DLC semble ignorer les retours de sa communauté. Depuis la sortie de Diablo IV, les critiques pleuvent : manque de profondeur dans le système de loot, progression mal équilibrée, absence d’un endgame véritablement satisfaisant. Et pourtant, rien de cela ne semble avoir été pris en compte dans Vessel of Hatred.
Malgré quelques ajustements et ajouts au fil des saisons successives (un système aussi très décrié pour son obligation de refaire un nouveau personnage à chaque fois), on a le sentiment d’être face à un refus obstiné d’entendre les voix des joueurs et joueuses.
Certes, ils n’ont pas toujours raison, il ne faut pas donner trop de crédit à des minorités aboyantes, et un titre ne plairait jamais à tout le monde. Mais quand une immense majorité de joueurs est dans l’attente de certains aspects qui ne viennent jamais (une réelle fin, la possibilité de jouer en solo, une refonte de la forge, des mécaniques endgame plus folles, la possibilité de conserver son personnage d’une saison à l’autre…), ils se sentent trahis.
On finit par voir dans les décisions prises par Blizzard une forme de mépris difficile à ignorer. Comment ne pas ressentir une frustration légitime lorsque l’on voit des problèmes structurels être éludés, voire amplifiés, par un contenu additionnel censé corriger les lacunes du jeu principal ? Et pourquoi cette absence de fin, si ce n’est une stratégie pour vous forcer à revenir au prochain épisode (payant bien sûr) ?
Insidious
Plus qu’une colère ou une déception passagère, la fanbase souffre bien d’un sentiment d’abandon. Les joueurs et joueuses avaient mis leurs espoirs dans ce DLC, espérant que Diablo IV pourrait enfin retrouver un souffle épique. Ils se retrouvent aujourd’hui face à un produit qui trahit les promesses faites lors des premières annonces.
Pire encore, Vessel of Hatred ne semble pas comprendre que sa mission première était d’apporter une conclusion. À cet égard, il est presque inconcevable qu’un tel jeu, fort d’une franchise aussi légendaire, continue à se perdre dans des méandres de contenu sans fin.
En définitive, Vessel of Hatred ne fait qu’alourdir la liste des déceptions qui accompagnent Diablo IV. Plus qu’un simple DLC, c’est le symbole d’un échec plus large : celui d’un jeu incapable de répondre aux désirs de ses joueurs. Il ne reste qu’à espérer que les créateurs de la saga sauront écouter la frustration de leur communauté et corriger le cap avant que la colère ne se transforme en indifférence. Car à ce rythme, même la fidélité des plus anciens adorateurs de Diablo pourrait finir par se dissiper.
Le DLC de Diablo IV : Vessel of Hatred est disponible sur PC, Xbox Series, PS5 et dans le Game Pass Ultimate depuis le 8 octobre 202
Merci pour l’article. Je viens d’hesiter à l’acheter. Finalement j’ai pris Alien Isolation, a la lecture de l’article, je ne regrette pas mon choix !
Le jeu ne tient aucune promesse. Et ils ont bien compris comment pomper l’argent des fans de Diablo en poussant à acheter leur franchise en épisodes.
Dans Diablo 1, 2 et 3, on affronte Diablo, sans extension. C’est le point culminant du jeu de base. Et les extensions enrichissent simplement et agréablement l’histoire principale.
Dans Diablo 4, on devient déjà dépendant des futures extensions, et en plus ils osent l’annoncer d’entrée de jeu. Seul le nom a été gardé, par pure nécessité pour le service marketing, car Lilith 1, le véritable nom du jeu (on n’est pas censé nommer le jeu par rapport à son contenu ?), n’aurait pas vendu autant de copies.
Je viens de finir l’histoire et je suis effectivement très très déçue. Déjà que je n’ai pas été conquis par l’histoire en elle même mais la beauté des décors et le gameplay plutôt agréable rattrape bien les choses mais alors la fin est atroce. On aurait clairement dû tuer mesphito, d’ailleurs j’étais persuadé de l’avoir fait avec le gros vilain toutou…
perso, fan de Diablo 2 et 3, j’ai complètement abandonné le 4. trop de restrictions, pas assez de fun, l’impression de passer mon temps à faire des aller retours à vendre du stuff inutile qui donne « +2% de puissance des sorts de feu sur les ennemis morts-vivants de niveau 32 maximum et de moins de 800 PV les soirs de pleine lune si vous êtes équipé d’un bâton de sorcier niveau 42 ou moins » (j’imagine que certains trouvent ça super cool, mais perso, je trouve ça ridicule tellement je n’ai pas l’impression que ça donne du gap à quoi que ce soit, tout comme la courbe de difficulté (bon après, c’était pareil dans les anciens), si tu fais le jeu en commençant en normal, la monté de niveau de difficulté ne se ressent quasiment pas (c’est juste pour refaire le jeu, encore et encore, et encore… ils pourraient monter jusqu’à tourment 79 que ça ne changerait rien.
Bref, Diablo, c’est clairement plus ma came.
Etrange cet article. On dirait que l’auteur vit dans une dimension parallèle. La refonte du craft a été salué à la saison 4. Pourquoi refaire la forge à nouveau juste après? 🙂 Les retours sont positifs pour Vessel chez les joueurs. SI tu t’attends à ce que ce DLC mette un terme à l’histoire sur sanctuaire c’est que tu n’as jamais joué à Diablo 3 ( Reaper of souls) ou le 2 🙂 Tu roules sur le jeu tel un DIeu? Fais la campagne en Tourment IV. La campagne c’est une amorce pour jouer au end game saisonnier. C’est pas un jeu solo qui boucle une histoire. (au dela de Lilith) ça n’arrivera jamais. Je crois que tu t’es trompé de jeu.