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Le méga-bide de Suicide Squad fait mal : crise et licenciements pour le studio Rocksteady

Par JL Techer
5 septembre 2024
4 commentaires
Le méga-bide de Suicide Squad fait mal : crise et licenciements pour le studio Rocksteady © Canva Warner Bros

Suite au ratage commercial du jeu Suicide Squad : Kill The Justice League, le studio Rocksteady est en pleine crise avec des licenciements.

Le lancement de Suicide Squad a été une immense foirade. Après sept ans de développement, le titre conçu par Rocksteady, un studio pourtant auréolé des succès de la saga Batman Arkham, a accouché d’un monstre difforme. Une créature exploitant maladroitement l’univers DC par le prisme d’une Suicide Squad composée de Harley Quinn, Captain Boomerang, Deadshot, et King Shark. Une équipe de bras cassés dont le but était donc de « tuer la Justice League« , tombée sous l’emprise d’un Brainiac en plein trouble de la personnalité borderline.

Avec un gameplay aux fraises, techniquement daté, des mécaniques de jeu-service mal fichues, et une direction artistique plus que douteuse, Suicide Squad : Kill The Justice League s’est pris les pieds dans le tapis des critiques. Avec 60/100 chez Metacritic, et à peine 18% de recommandations chez OpenCritic, le titre de Rocksteady n’a pas réussi à décoller et a été très mal accueilli par le public. Résultat : c’est l’un des plus gros ratages commerciaux de ces dernières années, avec une perte estimée 200 millions de dollars pour la Warner.

En plein retour de bâton, Rocksteady voit ses équipes êtres victimes de licenciements. Et on craint que ce ne soit que le début.

La tête des actionnaires de WB

Suicide Squad : Suicidal Tendencies

Suicide Squad aurait dû être une poule aux œufs d’or, capable de pondre de la rentabilité sur le long terme, grâce à un système de saisons successives, à un pass saisonnier, et à l’exploitation sans vergogne du catalogue de personnages de l’écurie DC. Il n’en est rien. Kill The Justice League n’est même pas rentré dans ses frais.

D’après les données du site Gamalytic, spécialisé dans l’agrégation de données financières de jeu vidéo, le jeu-service AAA de Rocksteady ne se serait écoulé qu’à 173 000 exemplaires (avec une estimation haute à 260 000). Ce faisant, le titre n’aurait généré qu’entre 10 et 14 millions de dollars de revenu. On est bien loin des 200 millions de dollars investis dans le budget de départ de Suicide Squad.

Le coup de grâce est asséné en faisant un détour par SteamDB, afin de consulter les chiffres de fréquentation du jeu en ligne. Actuellement, le titre traine de la patte avec moins de 70 joueurs connectés simultanément. Pour un jeu essentiellement axé sur le multijoueur, le score est catastrophique. C’est à peine plus que Concord, l’autre fiasco de l’année, qui met la clé sous la porte alors qu’il affiche 35 joueurs connectés.

Grosse fatigue

Salut, et encore merci pour le poisson

D’après les sources du site Eurogamer, Rocksteady a commencé à licencier du personnel en raison des mauvaises performances de Suicide Squad. Ce serait plus de la moitié du service Assurance-Qualité qui a été licenciée, soit 18 personnes sur 33 au total. Plusieurs autres membres du personnel, dont des vétérans, ont été « remerciés ». Comble de la classe, un membre de l’équipe a même été viré pendant son congé paternité.

Pour l’heure, ni Rocksteady, ni Warner Bros. ne se sont exprimés publiquement concernant ces licenciements. Le seul commentaire de Warner sur la situation actuelle est à aller chercher du côté des bilans financiers de la société. Dans le bilan concernant le quatrième trimestre de l’exercice fiscal 2024, la firme a déclaré une perte de 41% par rapport à l’an dernier.

« Le chiffre d’affaires des jeux a baissé de 41 % […], principalement en raison de la faible performance de Suicide Squad : Kill the Justice League cette année, par rapport à la bonne performance de Hogwarts Legacy l’année précédente [24 millions de copies – NDLR] »

Personne ne voulait voir ça

Suite à cet énorme échec, un grand nombre de développeurs du studio Rocksteady ont été affecté au développement de l’édition Director’s Cut d’Hogwarts Legacy. Rocksteady tournerait donc en service minimum sur le SAV de Suicide Squad, et sur la création de contenu pour ce jeu. Selon les sources de Jason Schreier pour Bloomberg, suite aux échecs de l’écurie JV DC Comics dans le domaine du jeu-service, Rocksteady aurait présenté des plans de nouveau jeu solo à la Warner.

Cependant, entre le succès écrasant de la franchise Harry Potter, et les pertes énormes provoquées par Suicide Squad, rien ne permet de savoir de quoi sera fait l’avenir du studio Rocksteady. Il pourrait très bien être dissout et voir ses membres répartis parmi les autres équipes de la branche jeu vidéo de la Warner : NetherRealm (Mortal Kombat) Avalanche Software (Hogwarts Legacy), Monolith (le futur Wonder Woman). L’avenir ne s’annonce pas sous les les meilleurs auspices pour Rocksteady.

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rognonpaul1

Triste de voir à nouveaux les developpeurs trinqué pour des stratégie marketing bidons. Leur trilogie Batman Arkham est légendaire. Immense respect à eux pour avoir fournis la meilleure adaptation de Batman du 21e siècle.

dutch

Certains employés virés se sont juste contenté de faire leur boulot, on leur demande de faire un jeu type shooter c’est ce sur quoi ils ont bossé.

gtb

Et encore une fois, ce ne sont pas les véritables responsables du désastre qui trinquent. On commence à connaître le schéma, tant il se répète en boucle depuis quelques années: envieux des Fortnite & autres machines à fric des décisionnaires incompétents poussent des équipes vers une typologie de jeux radicalement différente de leur spécialité, en général c’est un enfer pour les équipes et les conditions/ambiance de travail prennent cher, le jeu se gaufre royalement, l’éditeur subit des pertes à 7 zéros, le moral des équipes prend une sévère claque…et comme si ça ne suffisait pas c’est eux qui subissent les conséquences d’une erreur professionnelle qui vient d’au dessus.