Test Redfall : c’est quoi ce total carnage de Microsoft ?

xbox sieste pass

Deux ans avant l’annonce du rachat par Microsoft d’Activision Blizzard (procédure toujours en cours de validation), une autre acquisition du géant Américain défrayait déjà la chronique. En effet, le 21 Septembre 2020, la firme dirigée par Satya Nadella annonçait prendre possession du groupe Zenimax Media. Si le nom de l’entreprise du Maryland n’évoque pas grand chose auprès du grand public, elle détient pourtant quelques filiales très populaires au sein de l’industrie vidéoludique. Id Softwares, Arkane Studios et surtout l’éditeur très estimé Bethesda atterrissent donc directement dans la besace de Microsoft.

Après quelques années d’une politique de rachat essentiellement tournée vers l’acquisition de studios indépendants à l’image d’Obsidian ou Ninja Theory, le roi de l’informatique intègre cette fois un acteur majeur du secteur, fort de plus de 2000 salariés à travers le monde et d’un historique prestigieux, bien qu’entaché par une période compliquée. Pour Microsoft, l’objectif est clair : fournir enfin à ses consoles et à son Game Pass leur lot d’exclusivités marquantes, capables de rivaliser avec les productions Sony.

La galaxie Zenimax.

Trois ans après le choc, le constat est finalement plutôt amer. Oui, les jeux de l’éditeur ont envahis le catalogue du Game Pass, mais du côté des propriétés intellectuelles flambant neuves, c’est le calme plat. Starfield tarde à arriver, une hypothétique nouvelle itération de The Elder Scrolls n’a toujours rien montrée et le seul jeu ayant réellement convaincu, Hi-Fi Rush, est bien loin des standards d’un AAA.

Redfall est introduit au cours de la première conférence commune de Xbox et Bethesda, dans le cadre de l’E3 2021. Les images sont intrigantes, et semble présager d’une resucée d’un Left 4 Dead (ou Back 4 Blood) à la sauce vampirique. Surtout, le jeu semble bénéficier de la patte artistique maison d’Arkane Studios, société de développement Française au palmarès élogieux, comprenant notamment les deux Dishonored ou plus récemment Deathloop.

Redfall nous arrive finalement en mai 2023, après un développement auréolé de mystère, affublé du statut de première exclu majeure annuelle de Microsoft. Nous lançons finalement le jeu, au fait de premiers retours extrêmement négatifs (comme de coutume avec Bethesda, la presse à bénéficié de versions de test très tardives). Le suspense est de courte durée : c’est une immense déception.

N’ayez crainte, vous ne croiserez pas grand monde.

Vampire que tout 

Redfall nous plonge donc dans la bien-nommée ville éponyme, après une brève contextualisation. Nous apprenons que cette charmante petite bourgade est en proie depuis quelque temps à une invasion vampire, et qu’il est impossible d’en sortir. Voila pour le pitch, dont nous n’attendions pas beaucoup plus. Première petite douche froide cependant : le jeu ne s’encombre d’aucune intention de mise en scène, ni même de cinématique. Il faudra se contenter d’images vaguement animées relatant les quelques événements sortant le joueur de la torpeur de la boucle du gameplay : ça démarre mal.

Vient ensuite le temps de choisir un héros parmi nos quatre protagonistes aux capacités … relativement identiques. En dehors de leur apparence (et encore, nous sommes dans un jeu à la première personne), choisir un personnage plutôt qu’un autre n’aura aucune réelle incidence sur l’expérience globale. Pire encore, les capacités spéciales de chacun se révèlent tellement accessoires que l’on aurait tendance à les oublier totalement, d’autant que rien ne pousse jamais à les employer. Imaginez incarner une guérisseuse alors qu’un minimum d’exploration suffira à noyer le joueur sous les trousses de secours. Oui, c’est aussi cohérent que ça.

Quatre personnages, une seule possibilité.

Rendons toutefois hommage à la direction artistique chapeautée par Arkane, qui fait mouche une fois de plus. Le design des différents héros est plutôt réussi (ce qui est d’autant plus frustrant) et les rues de la ville dégagent une véritable ambiance, de jour comme de nuit. Retenez bien ce motif de satisfaction, car les choses se gâtent très rapidement une fois la manette en main.

Il ne faut que quelques minutes – et une introduction délicate – pour appréhender le noeud du problème : Redfall est une oeuvre qui ne sait jamais ce qu’elle veut être. Entre monde ouvert bardé d’activités digne d’un jeu Ubisoft, looter shooter à la Borderlands, ou descendant direct d’un Left 4 Dead, le jeu se perd, nous perd, et ne réussit jamais rien.

Les séquences d’action sont totalement léthargiques, la faute à une absence d’impact et à une animation de rechargement interminable. La course à la puissance du loot est entravée par les trois seuls emplacements d’armes disponibles sans repasser par l’inventaire (alors que la pause n’existe pas dans le jeu). Quand à la folie d’un Left 4 Dead, elle ne sera jamais de la partie car… les rues sont désespérément vides. Passer d’un refuge à une zone de mission sans jamais croiser d’opposition, tel est le lot des chasseurs de vampires de Redfall.

On peut voir des vampires dans votre jeu de vampires la ?

Draculag

Après avoir constaté l’absence de fun absolue du jeu, sa boucle de gameplay monotone et sa durée de vie plutôt limitée (comptez une quinzaine d’heures pour voir le bout de l’aventure en ligne droite, sans jamais vraiment souffrir), une question reste en suspens : quid de la technique ? Et bien la encore, difficile de se montrer élogieux. Sur Xbox Series X, console utilisée pour ce test, Redfall ne dépasse pas les 30 images/secondes (alors que les previews promettaient le contraire). Impensable pour un FPS à gros budget sorti en 2023, qui n’est même pas une bête graphique.

Textures se chargeant en retard, bugs d’affichage incessant, dialogues incohérents en solo comme en coopération, les traces d’une finition bâclée se suivent et se ressemblent dans les rues de Redfall. Une fois l’aventure terminée, impossible de profiter d’un contenu endgame solide, le jeu ne nous permettant même pas de retourner achever les taches laissées en cours de route. Tout bonnement incompréhensible.

Quelques décors sympathiques, et puis c’est tout.

Difficile de comprendre les raisons ayant amenée à un lancement aussi bancal (et on reste polis), pourtant loin d’être l’apanage d’Arkane Studios. Toujours est-il que nous ne pourrons que constater les tristes démêlées d’une équipe créative aux prises avec une montagne de features qu’elle ne maîtrise pas. La pression est elle venue de l’éditeur ? Nous n’aurons probablement jamais la réponse.

Quoi qu’il en soit, après un Halo Infinite qui n’avait déjà pas bousculé l’équilibre en place, c’est une nouvelle exclusivité Microsoft qui fonce droit dans le mur, et nous savons à quel point il est difficile pour un jeu de surmonter un lancement catastrophique (les chiffres de ventes des années suivant la sortie de Cyberpunk 2077 peuvent en témoigner). Pendant ce temps, les premières rumeurs concernant l’état déplorable de Starfield, à quelques mois de sa sortie, font déjà surface. On en tremble d’avance.

Test réalisé sur Xbox Series X. Redfall est disponible sur PC, Xbox Series X et dans le catalogue du Game Pass depuis le 2 Mai 2023.