jamais sans mon alexandrin
La cape, l’épée, oui. Mais surtout le panache ! Ce projet d’étudiant n’en a guère manqué. Et certains auront dû se tuer à la tâche pour en faire un titre complet et peaufiné. Fireplace Games – c’est le nom du studio – n’existe d’ailleurs que depuis trois années : et les débuts d’un jeune éditeur sont cruciaux. Pour un premier jeu, il faut donc impressionner. Et En Garde ! impressionne, amuse, étourdi. Il frappe juste – au cœur – en témoigne ces vers.
Et si d’héroïsme, d’action, vous êtes épris, vous rêvant vengeur à la botte de Nevers, En Garde ! vous tend la rapière et vous dit : ne soyez pas Gonzague, soyez Lagardère ! Dans les chausses d’une justicière sans peur, on affronte cent hommes (mille peut-être !) pour s’illustrer en intrépide et fin bretteur. Un exercice dans lequel on se sent maître dès les toutes premières minutes du jeu. Mais passé le panache, il faut parler clairement. Faire un éloge en alexandrins, c’est heureux, mais en prose pour la suite, c’est plus franc.
Triompher de tous les ennemis : à un contre cent, s’il le faut !
Un contre cent !
En Garde ! s’assume ainsi comme un méga hommage, synthétisant et parodiant à travers sa protagoniste (Adalia de Volador) tout ce qui fait l’attrait des héros d’œuvres de cape et d’épée. Afin de ne pas s’éparpiller et perdre cette essence, le jeu concentre sur une aventure très linéaire et un scénario minimaliste, mais plaisant. Les développeurs connaissent bien les atouts de leur titre et mise ainsi tout dessus pour se parfaire et procurer aux joueurs une sensation vidéoludique pas loin d’être inédite.
Entre une esthétique exubérante évoquant le Mexique de Zorro, le sens du spectacle (constamment au cœur du gameplay) et l’accompagnement sonore absolument impeccable, il serait bien difficile de ne pas se laisser entraîner. On s’endiable vite face à des hordes d’ennemis et on se sent la fille de D’Artagnan. En repoussant les féroces spadassins à coup d’escrime, on finit par se surprendre à ponctuer nos meilleures parades de quelques bons mots. Et pour tout l’or du monde, on ne se refusera certainement pas ce plaisir.
Tout le décor est votre allié pour mettre en déroute les ennemis… et vous mettre en scène
a la fin de l’envoi…
Enfin, le jeu de Fireplace Games a un autre charme qui le rend particulièrement savoureux au milieu des standards de jeux actuels. De par son monde coloré, son esthétique cartoon et son level design très dynamique, il nous remémore nombre de jeux d’aventure du début des années 2000. Parmi des titres comme les Jackie Chan, les Risen ou Jade Empire, il y avait une indescriptible sensation de fluidité et de rapidité qui rendait leurs combats extrêmement grisants.
Et en quelques heures, En Garde ! ressuscite avec brio cette sensation. Et même mieux : elle en fait son entier propos. Pour ce premier duel avec l’industrie, les Français de Fireplace Games auront réussi l’exploit d’élaborer un gameplay d’escrime d’une très rare cohérence et précision malgré les limites de leur budget.
Assez proche d’une direction artistique à la Sea of Thieves, le jeu en est aussi enchanteur
De plus en plus riche au fur et à mesure de la campagne, celui-ci parvient toujours à nous procurer de nouveaux outils pour naviguer dans les arènes avec aisance et à nous donner en spectacle tout en triomphant d’adversaires progressivement plus coriaces. Le sentiment d’être acculé par des ennemis qui n’attendent pas leur tour pour nous attaquer nous force ainsi souvent à la fuite.
La gestion de l’environnement renforce aussi l’intérêt de faire des cascades et de détruire le décor durant les affrontements. Malgré la difficulté parfois assez déséquilibrée de certaines mêlées, le plaisir du spectaculaire l’emporte. Du jeu PS2, on se retrouve transporté dans les films d’aventure de Jean Marais, où le héros ne rate jamais une occasion de faire une cabriole, de se moquer de la loi pour, au final, triompher des corrompus. Et tout ceci… avec panache bien sûr.
Test réalisé sur PC. En Garde ! est disponible depuis le 16 août sur PC
C’est vraiment dommage ce titre qui est du même accabit que la plupart des comédies françaises toutes pétées. En France on a vraiment du mal pour titrer une oeuvre.