one (wo)man army
Children of the Sun, donc, intrigue pas plusieurs aspects avant même de le lancer. D’abord, le jeu a été conçu par un unique développeur, René Rother. Et il ne manquait certes pas d’inspiration. Quand bien même il a reçu de l’aide pour en imaginer l’univers, il a a priori travaillé en solitaire pendant près de quatre ans. Un gros boulot pour ce jeu véritablement indépendant, qui a fini par attirer l’attention de l’audacieux éditeur Devolver (toujours dans les bons coups).
Difficile de ne pas être admiratif de ces hommes orchestres du jeu vidéo (on pense à Lucas Pope pour The Return of Obra Dinn, Toby Fox pour Undertale, Eric Barone pour Stardew Valley, et bien d’autres) qui accouchent d’œuvres sortant toujours du lot. Avec un seul développeur aux commandes, on se retrouve souvent avec une vision artistique atypique et un gameplay bourré de bonnes idées. Et avec Children of the Sun, on coche toutes ces cases. On a là un jeu à l’esthétique psychédélique, qui ne ressemble effectivement à aucun autre.
la nuit de la chasseuse
Le menu du jeu donne le ton immédiatement. Children of the Sun nous met face à son héroïne, cadrée en gros plan dans une semi-obscurité. Le titre nous apparaît avec une police d’écriture qui rappelle étrangement celle du sulfureux film Saltburn (un point commun qui réunit ces deux jeux de massacre). Sans autre forme d’introduction, on nous propose de nous « mettre en chasse » et aussitôt, on est plongé dans le vif du sujet. Notre héroïne sans nom, dissimulée derrière un masque, va alors voyager de scène en scène dans le but d’en éliminer les occupants.
On n’a guère d’explications (du moins, au début), car Children of the Sun a la bonne idée de nous imprégner de son ambiance et de ses mécaniques avant de nous dérouler son récit. Et c’est salutaire. Car n’importe quel joueur attiré par ce genre d’OVNI voudra d’abord en apprécier le concept : contrôler la balle d’un sniper et dézinguer tout le monde avec. Le scénario passe après.
Référence à True Detective ou Saltburn, au choix
Ainsi, l’expérience de Children of the Sun n’en est que plus fluide et sa mythologie, elle, fonctionne. Car elle se révèle lentement, par bribes, laissant au gameplay la tâche de nous en faire saisir la nature punk et torturée. C’est une narration purement vidéoludique et donc efficace. Le minimalisme de Children of the Sun est parfaitement adapté à son récit qui mêle paranormal, vengeance et secte totalement ravagée.
Son esthétisme bichromatique sert à épouser la perception de la protagoniste et à mieux capter la mystique du jeu. À chaque décor nocturne, seuls les silhouettes flamboyantes de nos ennemis et les incendies qu’ils propagent illuminent les lieux. Ils sont les enfants du soleil après tout, et il nous appartient d’éteindre leur flamme. En plus d’ajouter du folklore fantastique, ces lumières vives nous servent tout bêtement de cibles de tir. Le game design de Children of the Sun marche ainsi en harmonie avec sa mise en scène.
Enfants du soleil, tu parcours la terre, le ciel
sniper élite
Parmi les bémols, le jeu est court, très linéaire et ne brille pas toujours lorsqu’il sort de sa zone de confort (les rares mini-jeux en dehors des niveaux classiques sont assez ratés). Mais sa promesse de base, Children of the Sun la tient à merveille. En tant qu’ingénieux puzzle-shooter (mêlant puzzle-game et jeu de tir), il rappelle l’excellent Superhot – à cause duquel beaucoup ont acheté un casque VR. Même s’il est moins nerveux, il est tout aussi malin et technique.
En nous conférant un contrôle quasiment total sur nos tirs et une mécanique pour ralentir le temps, le jeu parvient à créer une sensation grisante de toute-puissance pour le joueur. Et il compte sur la grande variété des ennemis et des obstacles pour maintenir la pression. Le but étant que chaque défi soit imposant et nous pousse à le surmonter par la ruse et l’observation. On a un gros paquet d’adversaires à abattre et notre balle ne doit jamais se perdre (ce qui n’est pas toujours simple quand on n’a pas repéré toutes les cibles). À mesure que le jeu avance, la précision des tirs et de moins en moins un problème (on contrôle mieux nos pouvoirs), mais la résistance et le nombre des ennemis, eux, augmentent.
À chaque niveau, on en apprend un peu plus sur la secte que l’on combat
La difficulté du jeu est donc progressive, mais elle n’est jamais punitive. Au contraire, elle rend le fait de venir à bout de chaque niveau de plus en plus gratifiant. Plus les ennemis se multiplient, plus les joueurs reçoivent de nouveaux pouvoirs, capacités et outils pour en venir à bout. Malgré sa brève campagne (environ 4 à 5 heures), Children of the Sun dispose aussi d’une bonne rejouabilité que l’on pourrait comparer, par exemple, à celle du récent Lysfanga (dont on a aussi fait le test sur Écran Large).
- A lire aussi : notre test de Lysfanga
Chaque niveau complété nous donne un record personnel et un tableau des scores dans un style de jeu d’arcade. La vitesse et l’efficacité de nos massacres peuvent être optimisées de mille façons et nous donnent une bonne raison de réessayer quelques défis, même après la fin du jeu. Avec des mécaniques grisantes et une ambiance réussie, c’est donc sans déplaisir qu’on retournera, de temps à autre, sur ce très bon Children of the Sun pour grimper au classement. Par ailleurs, on a déjà hâte de voir les futurs projets de René Rother.
Test réalisé sur PC. Children of the Sun est disponible sur PC depuis le 9 avril.
Un jeu parfait pour tous les celibataires qui ont envie de tirer un coup, … et meme plusieurs :).