Cours de la bourse d’Histoire
Civilization VII, « C’est une nouvelle manière d’expérimenter et de réfléchir à l’Histoire, et je pense que cette approche fraiche est saine. » Confiant en cette approche « fraiche » (Humankind ? Connait pas), nous avons donc choisi Benjamin Franklin, comme chacun sait fier leader de la civilisation Maya, et avons bâti notre futur. Un futur fait de missclicks et de catastrophes naturelles bénéfiques, de petits textes trop longs et de trahisons soudaines qui ont repoussé ce test aux calendes grecques, ou aux calendes Maya en l’occurrence.
L’argument développé par le lead designer Ed Beach auprès d’IGN est le suivant : en nous forçant à changer de civilisation à chaque âge, ce nouvel opus est soit plus fidèle historiquement, soit tout aussi délirant que ses prédécesseurs. Au joueur de décider s’il opte pour une combinaison logique ou un anachronisme absolu. En effet, à travers les âges, les civilisations s’éteignent et se succèdent plutôt que de prospérer durant des millénaires comme auparavant.

Quand bien même la volonté de fidélité historique dans un jeu de stratégie 4X ne serait pas une vaste blague, cette interprétation simpliste va à l’encontre d’une saga qui nous proposait justement d’incarner une et une seule civilisation. Pour plus de cohérence, Firaxis aurait mieux fait de copier James Cameron et de rajouter un « $ » derrière le titre. Et pour plus de cohérence, il aurait fallu également se débarrasser du dirigeant unique. Si les civilisations ne sont pas éternelles, que dire de leurs chefs ?
Pourquoi ce deux poids deux mesures historique ? La réponse à cette question est fournie avant même que le spectateur ait eu le temps de se la poser, ou même de démarrer une partie : « Connectez-vous à 2K pour débloquer Napoléon ! ». Traduisez : passez un pacte avec le diable pour un DLC prestigieux qui aurait très bien pu se trouver dans le jeu à l’origine. La tentation d’humilier Ridley Scott était grande, mais nous avons préféré préserver notre boite mail de l’invasion.

Nul doute que, dans le futur, Attila, Hannibal et Padmé Amydala viendront enrichir ce trombinoscope pour le moment un poil léger, étant donné que le jeu coûtait 80 euros lors de sa sortie. Moyennant finances, bien sûr. Le nerf de la guerre, c’est le nerf de l’Histoire.
Passons outre donc les motivations floues derrière cette nouvelle stratégie : la formule fonctionne plutôt bien chez la concurrence (Humankind ? Connait pas) et pourrait forcer les joueurs à changer leur fusil d’épaule, voire à développer des stratégies complexes en trois phases. Tout le monde a donné son avis à ce sujet. Selon nous, la mécanique est plus frustrante qu’intéressante, même après plusieurs parties. Elle s’accorde mal avec le système pourtant intéressant des communes et surtout avec les nouvelles conditions de victoire…

Écrit par les vainqueurs
Les grandes déclarations promotionnelles sur le nouveau système d’âges sont donc moyennement crédibles. Mais quid de la liberté promise aux joueurs ? « Nous devions vraiment réfléchir à la formule de Civ, ce qui marchait et ce qui ne marchait pas. Et ce n’est pas juste la formule de Civ, c’est la formule de la stratégie 4X en général. Il y a cette explosion exponentielle d’objets dans le monde et de décisions imposées au joueur. » Problème, selon Ed Beach : la fin du jeu est trop laborieuse.
Firaxis aurait donc logiquement pu trouver des moyens de combattre la monotonie du end-game et rendre au joueur une part de liberté. Ils ont préféré rendre les fameuses décisions plus accessibles. « Plus accessibles » signifiant donc ici plus automatiques.

Les barbares et les cités état? C’est désormais la même chose. Les options de gestion de la ville ? Simplifiées. Le système de quartiers et de bâtisseurs, décrié à la sortie du sixième volet ? Éradiqué. Désormais, il faut étendre sa ville à chaque nouveau gain de population, cliquer sur la case verte qui propose le plus de ressources quand une fenêtre nous intime de le faire. Des évènements spontanés, très attendus, mais très décevants, aux achats d’unités, la progression ressemble à un banal arbre de compétences sur lequel on avance case après case.
Bien entendu, le jeu propose au contraire plusieurs révisions agréables, notamment le système d’amélioration d’unités qui implique désormais ironiquement un arbre de compétence, un vrai, offrant des options stratégiques. De même que la diplomatie gagne considérablement en importance. Finies les dénonciations à chaque tour sans conséquence. Impossible désormais de briser toutes les règles du droit international et de s’en tirer à bon compte. Ça ne fonctionne que dans le vrai monde, ça. Pour se faire bien voir, il faudra user avec parcimonie de son influence.

Oui, Civilization VII reste un jeu de stratégie passionnant. Mais le ver est logé plus profond dans le fruit que jamais, en témoignent les nouvelles conditions de victoire, transformées pour la plupart en bêtes objectifs de RPG. Vous voulez la victoire culturelle ? Aller chercher 15 artefacts. Vous voulez la victoire économique ? Visitez les villes avec votre banquier. À cause (entre autres) du système d’héritage, chaque partie devient une quête. De quoi faire supporter les dernières heures de jeu… mais pas de savourer la victoire.
ÉCertes, les communautés de joueurs ont tendance à faire preuve d’un conservatisme violent. Mais les pratiques toujours plus cyniques et manipulatrices de l’industrie du jeu vidéo AAA ne donnent pas envie de la défendre outre mesure, comme l’ont fait bien d’autres médias aux Etats-Unis. Civilization 7 n’est pas le plus touché. Mais en tant que dernier rejeton d’une franchise très respectée, il fait forcément regretter l’époque où les nouveautés – pourtant bienvenues – étaient principalement au service du gameplay.
Grosse déception pour moi aussi, avec l’ennui qui arrive très vite…
Et je ne comprends pas qu’en 2025, le niveau de difficulté se base sur un système de bonus ou malus pour l’IA. Je n’ai pas envie de jouer contre une IA avantagée mais contre une IA douée 🙁
Je n’ai joué qu’une seule partie et je ne suis même pas allé au bout, comme devant un mauvais film ou un mauvais jeu, je me suis régulièrement demandé quel était l’intérêt de tout ça.
Ayant pourtant 1800h sur le civ5 et 1500h sur le civ6, je suis plutôt rodé et fan de 4x et en particulier de le licence.
Il faudra probablement attendre un dlc à 30€ pour prendre du plaisir sur le jeu. Ce sera donc 110€ pour la première partie intéressante.
Où est passé Sid ?