Sa place n’est plus dans un musée
Après tout ce temps, on avait bien des raisons de penser qu’Indy avait dit tout ce qu’il avait à dire. Tout comme son interprète, Harrison Ford, la saga a vieilli, appartenant désormais à une autre génération d’aventuriers. Comment ranimer la légende de l’archéologue sans en faire une relique poussiéreuse qui n’aspire qu’à regarder tristement en arrière ? Qu’on les apprécie ou non, c’était bien l’effet que donnaient les opus 4 et 5 de la saga cinématographique, sortis en 2008 et 2023.
Niveau film, donc, c’est compliqué. Mais qu’en est-il du jeu vidéo ? Ce médium où le temps se fige et où tous les héros sont immortels. C’est bien là qu’Indiana Jones pourrait continuer à vivre, sans perdre son essence. Le gameplay est d’ailleurs un outil narratif merveilleux pour inviter le spectateur (et donc le joueur) au rocambolesque. Mais hélas, même du côté du jeu vidéo, Indiana Jones n’est plus en terrain conquis. Déjà ringardisé par ses successeurs (Tomb Raider, Uncharted,…), son retour pourrait sembler bien superflu.
Sans être totalement tranché, on aurait eu tendance à dire il y a peu que, oui, Indy mérite bien sa retraite. Un avis qui n’est toutefois pas partagé par Bethesda et MachineGames (les artisans des jeux Wolfenstein) qui, aujourd’hui, tentent le pari d’une réanimation aussi risquée qu’inespérée. Sous les traits d’un jeune Harrison Ford (doublé en VO par l’acteur Troy Baker, tandis qu’en VF on a la chance de garder la familière voix de Richard Darbois), Indiana Jones fait ainsi une cure de jouvence.
Et nous voilà d’un coup de retour en 1937 – entre Les Aventuriers de l’arche perdue et La Dernière croisade –, alors que le professeur Jones a toujours des ennuis avec les nazis, les fascistes et les anciennes civilisations. Un chouette programme, mais est-ce que MachineGames aura été capable d’émuler l’esprit des films dans un jeu de 2024 sur plusieurs dizaines d’heures ? On ne l’aurait pas cru… mais la réponse est oui. C’est un tour de force improbable : le mythe d’Indiana Jones a repris vie.
Un Indiana Jones plus vrai que vrai
La recette de cette réussite tient sur deux points : un bon savoir-faire du jeu d’action (en termes de rythme et d’efficacité, du moins) et beaucoup de soin apporté à l’authenticité. Plutôt que de tenter de révolutionner la franchise ou de tout miser sur un spectacle démesuré digne des triples A, MachineGames s’est davantage consacré à pasticher l’essence des films avec une précision inouïe. Dès l’introduction du jeu, calquée sur la légendaire scène d’ouverture des Aventuriers de l’arche perdue, le ton est donné.
La première et principale ambition du jeu sera donc de nous replonger dans l’âge d’or d’Indiana Jones – une saga dont la vertu était elle-même de rendre hommage aux récits d’aventures pulp des années 30 à 50 (de Jean Bruce à Ian Fleming en passant par Hergé). Le scénario du jeu ne se prend alors jamais au sérieux, enchaînant d’abracadabrantesques péripéties, des cascades improbables et les réparties d’un héros qui font toujours mouche. En somme, c’est le panache qui l’emporte sur ce Cercle Ancien. Et ce, du début à la fin.
On retrouve un Indy plus vrai que nature qui, même à la première personne (un choix de game design un peu risqué) est toujours au centre du récit, porté par des dialogues parfaits et un doublage omniprésent. Il est sarcastique, bagarreur, érudit, prêt à casser du nazi. Exactement comme on l’avait laissé, en 1989. Cette irrévérence qui le caractérise l’amènera bien entendu à revisiter l’histoire à sa façon, à croiser la route de figures comme Mussolini, tandis qu’il désacralise les secrets du Vatican. Dans son impertinence, le développeur a beaucoup puisé dans le ton des Wolfenstein et ça marche du tonnerre.
Tout est décomplexé et sincèrement drôle (la scène du confessionnal est génial et 100% dans l’essence de la première trilogie). C’est ce qui permet ainsi à l’aventure de ne jamais perdre de sa saveur, même au bout de nombreuses heures. Maintenant, si Indiana Jones et le Cercle Ancien brille par sa fidélité à la saga, sa technique (en tant que jeu sorti en 2024) n’est pas tout à fait irréprochable.
Du charme et des imperfections
On ne peut pas ignorer le fait qu’il est assez décevant pour un titre estampillé Indiana Jones d’avoir autant de soucis d’optimisation et une technique globale plutôt moyenne. De même, le jeu propose beaucoup de phases d’infiltration dont l’intérêt est franchement amoindri par des IA à côté de la plaque (parfois aveugles et parfois omniscientes). Heureusement que la difficulté est peu punitive et qu’Indy dispose toujours de moyens pour s’en sortir, car autrement, les courses poursuites auraient pu devenir pénibles à chaque infiltration ratée.
Il faut aussi noter une interface et des contrôles peu instinctifs qui auraient mérités d’être mieux travaillés. Sur la forme, on ne sera donc pas impressionné par Le Cercle Ancien et on peut le déplorer. Toutefois, aucun de ces défauts n’est difficile à pardonner. Si on voulait être de mauvaise foi, on pourrait même dire qu’ils participent à restituer un charme d’aventure à l’ancienne. En tout cas, rien de tout ça ne gâche l’expérience.
Pour ce qui est du reste, Le Cercle Ancien fait, à la lettre, tout ce qu’on aurait pu attendre d’un jeu Indiana Jones. Tous les ingrédients sont là : des personnages stéréotypés, mais engageants, une aventure en plusieurs actes très généreuse et une pléthore de contenus secondaires qui s’imbriquent organiquement dans l’intrigue principale. Les combats, eux, sont aussi jubilatoires qu’ils semblent l’être dans les films et c’est un autre point fort. Se servir de n’importe quel objet du décor pour l’exploser sur la tête d’un ennemi puis enchaîner avec un crochet du gauche, c’est non seulement fun, mais c’est aussi hyper cohérent avec l’action pulp qui fait le cœur de la saga.
L’exploration est également plutôt réussie (elle est linéaire, mais d’une façon intelligente). Elle a le bon goût de ne pas être blindée d’ennemis inutiles pour laisser l’immersion du joueur se faire et proposer quelques chouettes énigmes qui rappellent La Dernière croisade. En somme, même s’il ne réinvente rien, Le Cercle Ancien est un élève surdoué. Il sait offrir tout ce qu‘Indiana Jones fait de mieux, en l’adaptant à une formule vidéoludique efficace.
Test réalisé sur PC. Indiana Jones et le Cercle Ancien est disponible sur PC, Xbox Series depuis le 9 décembre.
Erreur du rédacteur sur la mention PS5 ! On a corrigé
Excellent je passe un très bon moment, le meilleur épisode depuis la dernière croisade !
En effet, pas encore dispo sur PS5… et quel supplice ! Grand fan d’Indy c’est certainement le jeu que j’attends le plus depuis bien longtemps… vivement sa sortie PS5 ! et qui sait ? il sera peut-être avec son premier DLC prévu « L’ordre des Géants » ! 😉
« Indiana Jones et le Cercle Ancien est disponible sur PC, Xbox Series et PS5 depuis le 9 décembre. »….. Euh… Non…
Le jeu est sympa mais trop de quêtes inintéressantes.
difficle de passer après le fun des unchqrtrd .
ce pendant étant fan des 3premiers films je passe un bon moment .
ps : si jamais le jeu est pas encore sur ps5