Bande dessinée

Gaston Lagaffe : le nouveau volume du légendaire gaffeur dans le viseur de la justice

Par La Rédaction
31 mars 2022
MAJ : 19 novembre 2024
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Gaston Lagaffe : photo

Après l’annonce polémique de la sortie prochaine d’un album inédit de Gaston Lagaffe, la justice s’empare de l’affaire. 

Quand le 17 mars, en plein festival d’Angoulême, Stéphane Beaujean prend la parole devant un parterre de festivaliers pour annoncer le retour de Gaston Lagaffe, le directeur éditorial de la maison Dupuis se doute-t-il des nombreuses réactions scandalisées que la captation de son intervention déclenchera sur les réseaux sociaux ? Sait-il déjà qu’en ressuscitant l’un des personnages phares de Franquin, héros intergénérationnel de la bande-dessinée franco-belge, c’est à un possible tir de barrage judiciaire, scruté par tout le secteur, que l’entreprise s’expose ? 

Nul ne le sait, mais quand Dupuis a racheté en 2013 l’intégralité des droits patrimoniaux de l’artiste, lequel les avait de son vivant confié à l’homme d’affaires François Moyersoen, ce n’était certainement pas pour aboutir à une procédure légale susceptible de menacer la parution d’un ouvrage pensé comme un rouleau compresseur éditorial. C’est que Le Retour de Gaston Lagaffe devait tout de même être tiré à 1,2 million d’exemplaires.  

 

Gaston Lagaffe : photoDe retour pour nous jouer un mauvais tour ?

 

Mais si l’entreprise estime être dans son bon droit en donnant suite aux légendaires gags de Franquin, lequel fit savoir à plusieurs reprises qu’il espérait que personne ne prolonge ses œuvres après sa mort, ce n’est pas le cas d’Isabelle Franquin, sa fille. Elle qui n’était pas parvenue à empêcher la mise en chantier du film Gaston Lagaffe de sinistre mémoire, s’est manifestement donné les moyens de peser sur le processus éditorial en cours. 

Elle a donc saisi la justice belge en référé. Une procédure d’urgence qui devrait déboucher sur une décision au mois de mai. Fait notable, c’est de “plagiat” qu’elle accuse l’éditeur de celui qui reprend les travaux de son père. Lors de l’annonce de ce nouveau volume, le journal Le Monde dévoilait d’ailleurs que pour s’inscrire tout à fait dans la continuité de l’univers de Franquin, l’artiste canadien Delaf avait pour ainsi dire, décortiqué, compulsé et en quelque sorte “standardisé” le trait de l’auteur original, pour composer une vaste banque de données à même d’aboutir à un cahier des charges “fidèle” à l’oeuvre originale. 

Reste désormais à savoir quelle sera l’issue de ce bras de fer, à l’heure où le statut légal du droit moral de dessinateurs décédés est un enjeu pécuniaire notable pour les maisons d’édition.

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Magister

Si La partie demandante part sur du plagiat, alors elle a toutes les raisons de se viander. En effet, le plagiat est l’appropriation de la paternité de l’œuvre. Or, ici, c’est l’appropriation de l’œuvre tout court. La qualité du dessin, du scénario, la technique du nouveau dessinateur, tout cela n’a de justification juridique. Rendez-vous donc en octobre pour de nouvelles aventures de Gaston Lagaffe.

Correction

« Nul ne le sait, mais quand Dupuis a racheté en 2013 l’intégralité des droits patrimoniaux de l’artiste, lequel les avait de son vivant confié à l’homme d’affaires François Moyersoen »

Franquin ne lui a pas « confié » les droits, il lui les a vendus.

Mercuryal

Franquin était un dessinateur surdoué, un génie tout simplement ! Son style est hyper dynamique, nerveux, le trait edt affûté, vif et mouvant, les sauts de cases sont des ellipses de haut vol. Il a un sens du rythme absolument unique, des cadrages vertigineux…
Alors que, le peu qu’on voit de cette reprise, donne l’ impression d’une copie maladroite, appliquée, le trait est mou, les postures désincarnées, le dessin figé, statique, sans élan…
N’est pas génial qui veut…

Ethan

@Cmtdp
Lagaffe de nos jours why not
Moi j’ai lu dans les années 90 comme tintin et s’adaptait parfaitement à l’époque.
Certes il y a les téléphones portables de nos jours mais il n’y a que ça !

Les albums gala de gaffes à gogo ou Lagaffe mérite des baffes
n’ont pas pris une ride je trouve

Sebcool

J’ai lu 2 pages mises en ligne et c’est nul. On dirait un remake hollywoodien, il n’y aucune saveur.

kontan

Je pense que les critiques connaissent très mal la génèse de l’oeuvre Gaston Lagaffe. Pour rappel, Jidehem codessinait avec Franquin tous les albums jusqu’à l’abandon de Spirou, Il déclarait même à qui voulait l’entendre que l’objectif était dès le départ de donner le personnage à Jidehem. Ce dernier était bien plus qu’un assistant, c’est lui qui dessinait sur la base des brouillons de Franquin toutes les cases souvent à partir d’idées de Jidehem (j’ai d’ailleurs l’album R1 dédicacé par Jidehem qui au moment de sa remise m’avait dit avec un sourire en coin : « en attendant celle de Franquin »). Se retrouvant après l’arrêt de Spirou au chômage technique, Franquin décide de reprendre le personnage à son compte à mon sens pour s’occuper et ne pas trop perdre la main (le style des personnages évoluant alors d’un coup complètement – on a vu bien plus tard l’impact de son arrêt total du dessin pour dépression sur la qualité de son trait, sans âme dans le dernier album), et se met à réécrire l’histoire en essayant de faire passer Jidehem pour un simple exécutant qui de toute façon n’aurait rien compris au personnage. Donc, que le personnage passe par un autre auteur, why not, il avait commencé comme ça, et personnellement, les premiers gags de Gaston sont mes préférés.

Cmtdp

@的时候水电费水电费水电费水电费是的 Stéphan

Moi je suis d’accord particulièrement sur ton dernier argument, Lagaffe en 2022, ce n’est plus du tout d’actualité je trouve. Le dessin, l’époque qu’il retranscrivait, on ne le retrouve pas non plus.

Sachant que franquin ne voulait pas qu’on continue les albums de Gaston, son alter égo a bien des égards, Delaf n’a qu’à créer son propre personnage, son propre univers.

Et puis lagaffe a déjà assez morflé avec les « films »…

Shuntoyz

Pas du tout, les styles de Franquin sont immédiatement identifiables et franchement inimitables. On peu s’en approcher avec de l’entrainement mais quand on y regarde bien, on fait vite la différence. Un style unique et en constante évolution.
Dire que son dessin est identique d’un album à l’autre c’est oublier à quel point son coup de pate à changé au fil des années, passant d’une ligne incisive et tendue à son célèbre trait « dynamiquement mou », fouillé, toujours en mouvement et hyper expressif .
Delaf a sans doute bien potassé, s’est exercé pour se détacher du style des Nombrils mais non, c’est complètement raide et appliqué.

Morcar

SI je n’aime pas trop non plus le fait de reprendre une franchise en copiant le style original à tel point qu’on ne voit pas la différence (c’est la même chose pour Boule et Bill, Astérix, mais ceux-ci ont été fait en accord avec les artistes originaux) qu’on peut en effet assimiler à du plagiat, je suis aussi d’accord que l’accusation de décalque pourrait s’appliquer à tous les tomes précédents.
Si on glissait ce tome au milieu de tous les autres, on serait bien incapable au niveau des dessins de savoir laquelle n’est pas de Franquin. C’est bien tout le principe.

D’un autre côté, si la suite avait été faite avec un style de dessin totalement différent, il est évident que le choix aurait été vivement critiqué.

Oliviou

@stephan.
On pourrait extraire une planche de Franquin et dire « regardez, c’est la reprise de Delaf », et on obtiendrait exactement les mêmes commentaires de la part de ceux qui sont contre la reprise par principe. S’il y a un gars qui « revisitait » constamment ses planches et ses gags, c’est bien Franquin. C’est tout le principe de ce genre de séries.