C’est toujours l’heure d’Astérix et Obélix, donc on se replonge dans les 10 meilleurs albums de la bande dessinée Astérix, le héros créé par René Goscinny et Albert Uderzo.
Tout le monde connaît Astérix, notre Superman gaulois, notre Goku rigolard, notre Tintin baffeur. Écoulée à plus de 380 millions d’exemplaires depuis sa première histoire éditée le 29 octobre 1959 dans le magazine Pilote, Astérix est, avec ses 39 albums, la série de bandes dessinées la plus vendue au monde derrière One Piece.
Il faut dire que la série du petit gars à la potion magique a été, dans son âge d’or, l’habile alliance d’aventure et de jeux de mots de René Goscinny, un maître en la matière (il faut lire Iznogoud). Aux illustrations, Albert Uderzo a offert un trait détaillé et caricatural parfait pour dépeindre ce monde antique anachronique. Après le décès de Goscinny en 1977, Uderzo a continué la série, avant de laisser sa place à Jean-Yves Ferri et Didier Conrad en 2013 pour Astérix chez les Pictes. Depuis, les deux artistes ont sorti cinq albums, Astérix et le Griffon publié l’an dernier étant le dernier. Pour le 40e numéro, Fabcaro (Zaï Zaï Zaï Zaï) sera au scénario.
L’arrivée du film Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu de Guillaume Canet (le 1er février 2023) est une bonne occasion-excuse pour revenir à la source. On a donc sélectionné les 10 meilleurs albums Astérix, qu’on a classé du plus récent au plus ancien.
« Nous sommes en 50 avant J-C (James Cameron)… »
10. Astérix en Corse
Sortie : 1973
Ce qu’il se passe : Pour fêter l’anniversaire de la glorieuse victoire gauloise de Gergovie, une joyeuse mise à sac du camp de Babaorum est organisée. Astérix et Obélix y libèrent le prisonnier Ocatarinetabellatsointsoin Ocatarinetabellatchitchix, laconique chef corse, qu’ils décident de raccompagner chez lui. L’occasion pour nos deux Gaulois de découvrir Massilia, le maquis, les austères mœurs corses et les fromages qui puent. Après avoir renversé le gouverneur corrompu Suelburnus et réconcilié les clans rivaux d’Ocatarinetabellaploumploum Ocatarinetabellatchitchix et Figatellix, Astérix et Obélix rentrent chez eux avec une trouvaille géniale : la sieste.
Pourquoi c’est l’un des meilleurs albums : Astérix en Corse est la quintessence de l’humour franchouillard-régionaliste, que toute la vieille garde du rire ringard essaye désespérément de reproduire. Qu’il s’agisse de Bienvenue chez les Ch’tis ou de Permis de construire, tous essayent d’être Astérix en Corse. Personne ne sera d’ailleurs étonné d’apprendre que le grand maître de la beauferie Fabien Onteniente avait une adaptation de cet album dans la tête (pas touche).
Pour la semaine de 20h et la sieste au travail
Astérix en Corse est à ce titre un véritable festival de vannes et de plaisanteries fines, toutes plus hilarantes les unes que les autres. Cette XXème publication du duo Uderzo-Goscinny est également leur apogée stylistique, avec des découpages de cases qui sortent de l’ordinaire, un rythme de lecture varié et un trait de crayon plus affûté que jamais. Un album haut en couleur, dans tous les sens du terme.
La meilleure blague : Difficile de choisir tant les blagues fusent dans ce volume. On est cependant obligés de s’arrêter sur la dégustation de fromage corse dans la cale du vaisseau pirate – si piquant et si fort qu’Astérix et Obélix manquent de s’évanouir.
Mais ce n’est pas tout. Quelques pages plus tard, les pirates récupèrent leur navire, soulagés de constater que pour une fois, il n’a pas été détruit par les Gaulois. Malheureusement, un marin a la mauvaise idée de descendre avec une torche à la cale, où se trouve ledit fromage, dont le gaz entre en contact avec la flamme. S’en suit la plus grosse et la plus spectaculaire explosion jamais vue dans un Astérix.
9. Le domaine des dieux
Sortie : 1971
Ce qu’il se passe : Ne parvenant pas à conquérir le village gaulois après de multiples échecs, Jules César décide de changer de stratégie. Plutôt que de les écraser, le consul décide de les enclaver pour mieux les assimiler, et met en marche un plan de destruction de la forêt entourant le village pour construire des demeures romaines.
Petit à petit, tout le village se convertit au luxueux mode de vie urbain romain, et se vide de sa substance. Dans un geste désespéré, Astérix et Panoramix envoient Assurancetourix occuper un appartement, et ses chants horribles font fuir les habitants de l’immeuble. Le barde est expulsé, les Gaulois s’énervent, et détruisent le Domaine des Dieux.
Pourquoi c’est l’un des meilleurs albums : Qu’Alexandre Astier se soit intéressé à ce Domaine des dieux n’a rien d’une surprise. Cet album est un véritable OVNI dans le canon d’Astérix. Plutôt que de faire voyager ses personnages, la série porte cette fois le combat chez eux, et encense ses habituels calembours et jeux de mots d’un drôle de parfum de satire. Ce qui d’ailleurs vaut régulièrement à cet opus un procès rétrospectif en gauchisme (ce qui est à hurler de rire quand on voit certains personnages).
Syndicat, une définition (et oui, ce dessin a beaucoup vieilli, mais c’est toujours moins raciste qu’Hergé)
Si on vous laisse le soin de trancher sur la question, difficile de ne pas voir les régulières saillies sur le travail, la grève, la gentrification ou encore la spéculation immobilière. César le dit lui-même avec un jeu de mots : en coupant l’accès aux ressources naturelles, son but est de transformer le village en bidonville amphoreville. Mais loin d’être un pensum politique, Le Domaine des Dieux est avant tout une œuvre drôle et singulière au sein d’une série qui a une sacrée tendance à la répétition et à la fainéantise (ce ne sont pas les derniers albums qui vont nous contredire). Et rien que pour cela, il mérite sa place dans les meilleurs albums d’Astérix.
La meilleure blague : Il serait facile d’isoler les moments de satires politiques, qui ne sont d’ailleurs pas sans rappeler un certain dialogue de Monty Python, sacré Graal. Mais pourtant, c’est un jeu de mots, gratuit, qui a retenu notre attention : « Il ne faut jamais parler sèchement à un Numide ». Oui, parfois il nous en faut peu.
8. Astérix chez les Helvètes
Sortie : 1970
On fond pour les orgies romaines en Helvétie
Ce qu’il se passe : Garovirus est un gouverneur autant porté sur les orgies (gastronomiques !) que sur le détournement de fonds. Comme César est suspicieux, il envoie le questeur Malosinus pour inspecter ses comptes. Afin de s’éviter du tort, le malveillant Romain empoisonne le contrôleur fiscal. Souffrant, Malosinus demande du secours à Panoramix pour le soigner. Mais le druide a besoin d’une fleur nommée étoile d’argent pour le remède, et celle-ci ne pousse qu’en Helvétie.
Astérix et Obélix s’y rendent, rencontrent les locaux, mangent de la fondue, découvrent l’inviolabilité des banques du pays et rentrent avec la fleur. Malosinus est sauvé et Garovirus va servir de plat pour l’orgie (gastronomique !) des lions de l’arène.
Pourquoi c’est l’un des meilleurs albums : Astérix chez les Helvètes est le 16ème tome d’une machine parfaitement huilée. Le style de Uderzo est plus qu’abouti avec ses multiples détails et finesses d’expressions, dont quelques poses et traits de visages suffisent à caractériser un personnage. Son attention à la fidélité des décors force le respect, et n’a rien à envier aux magnifiques planches des aventures d’Alix de Jacques Martin, autre bande dessinée française de l’époque sur l’Antiquité.
En plus de ça, Goscinny continue de croquer intelligemment les cultures de l’époque, avec la dose suffisante de rappels à notre société moderne. L’ouverture de l’album reprend notamment l’esthétique de Satyricon de Frederico Fellini, une référence adressée à un public aussi connaisseur qu’adulte. La transposition des autoroutes à l’époque gallo-romaine fournit un terreau à blagues aussi savoureux qu’une fondue suisse. Et en parlant du plat pays, les Helvètes ne sont pas plus épargnés que les Bretons ou les Belges, avec leur talent en sablier – au lieu de l’horlogerie – que les deux artistes exploitent pour des gags dans la lignée des Monty Python.
La meilleure blague : Pour échapper aux légionnaires, et récupérer la fleur argentée, Astérix, quelques charmants Helvètes, et un Obélix enivré escaladent la montagne. Juste à temps, un Romain parvient à s’accrocher à un bras ballant d’Obélix. Mais l’ascension continue et le soldat de César, bien embêté, est suspendu au bras du plus redoutable des Gaulois.
Là, en quelques cases, Uderzo insuffle une expressivité et une gestuelle cinématographique au personnage désemparé. La scène est tordante de rire, et nous achève avec la berceuse franco-latine qu’entonne le pauvre Romain à Obélix.
7. La Zizanie
Sortie : 1970
Ce qu’il se passe : Puisque César passe plus pour une poule d’eau qu’un aigle romain auprès du sénat, il décide d’engager Détritus, un expert de la discorde. Le semeur de mésententes est envoyé au village d’Astérix pour détruire l’amitié si forte entre les barbares fous. Le résultat dépasse ses espérances et la fin du village est proche.
Mais Panoramix et Astérix sont malins et comprennent les intentions de Détritus. Usant de ruse plutôt que des poings, les héros vont retourner la « guerre psychologique » du fourbe Romain contre lui. Le village est de nouveau uni sous un même objectif (casser les nez des Romains), et tout finit bien.
Pourquoi c’est l’un des meilleurs albums : La Zizanie permet à Goscinny d’exploiter à plein régime l’univers et ses personnages. Car les tensions entre les nombreux villageois (Cétautomatix, Ordralfabétix, Agecanonix, etc) résultent d’une mise en place de la toile relationnelle entre tous les Gaulois durant les quatorze précédents volumes. Ainsi, l’album arrive à un moment idéal dans la série, puisqu’il recentre l’histoire sur les héros et leur entourage, pour mettre en priorité – et en danger – leur amitié. Cette camaraderie, tous les lecteurs et lectrices veulent en être. Qu’elle soit en péril est donc un bel enjeu.
Chose assez rare : La Zizanie se limite quasiment à une seule unité de lieu (le village). Ramener l’aventure sur le fameux point noir de la campagne de conquête de César permet de reposer sur la table à quel point nos héros sont irréductibles. Et justement, Uderzo se fait même plaisir avec une pleine page de bataille au pied des palissades du bourg.
Quand tu viens en soirée pour casser l’ambiance
Le tout est mené tambour battant par les dialogues de Goscinny où la débilité des Romains, comme des ancêtres des Français, transforme ce tome en théâtre de l’absurde. Sans oublier bien sûr cette alliance entre références historiques et bons mots, l’un des terrains de jeu préférés du scénariste. De la fameuse citation de César (« Et toi aussi mon fils ») adressée à Brutus aux références à la bataille de Munda (elle avait opposé les forces de Pompée et de César), c’est toujours irrésistible.
La meilleure blague : La guerre psychologique amenée par Détritus se heurte à un problème de taille – tout le monde est foncièrement débile. Plus le stratagème du machiavélique romain avance, et lui échappe, plus le centurion Aérobus se perd dans les différentes strates du plan. Et dans un album où le texte le dispute à l’action en matière d’humour, l’accumulation autour de cette ruse incompréhensible de Détritus rend hilarante chaque réplique désespérée du centurion et des légionnaires.
6. Astérix en Hispanie
Sortie : 1969
Ce qu’il se passe : Toute la région de l’Hispanie est occupée par les Romains. Toute ? Non ! Un village peuplé d’irréductibles Ibères résiste encore et toujours à l’envahisseur. Pour régler le problème, Jules César fait enlever le petit Pépé, fils du chef Soupalognon y Crouton, et le garde comme otage à Babaorum.
Malheureusement, Astérix et Obélix libèrent par hasard le turbulent garnement, qui s’avère si insupportable que la décision est rapidement prise de la ramener en Hispanie. Une rencontre avec Don Quichotte, une corrida et quelques danses flamencos plus tard, c’est mission accomplie pour nos Gaulois, qui permettent au passage au centurion Nonpossumus d’accomplir son rêve : déserter et devenir toréro.
Pourquoi c’est l’un des meilleurs albums : Souvent oublié, Astérix en Hispanie est pourtant un magnifique volume sous-estimé. Outre sa beauté graphique et, évidemment, son humour truculent et imparable, il étonne par le développement des personnages secondaires et principaux. Oui, Astérix en Hispanie est un album plus fin qu’il n’y paraît.
Qu’Astérix doive faire face à une épreuve musclée seul et sans potion magique, que le bourrinisme d’Obélix soit mis de côté pour mieux mettre en valeur ses penchants lyriques, ou qu’on nous présente un gentil romain aspirant à quitter l’armée et devenir membre du peuple qu’il colonise (comme quoi, la modernité d’Avatar hein…), Astérix en Hispanie sort des sentiers habituels et confortables.
Voilà un album qui expérimente plus qu’il n’y paraît, et qui expérimente bien. Astérix en Hispanie profite également à plein régime de Pepe, rare personnage enfantin de la série et morveux inarrêtable, qui dynamite le rythme de cette aventure.
La meilleure blague : Sans surprise, elle vient de Pepe, qui a la sale manie de faire du chantage au suicide quand on n’accède pas à ses désirs en… retenant sa respiration. Une méthode puérile, mais efficace, au point d’être également adoptée avec succès par Obélix et Idéfix.
5. Astérix aux jeux olympiques
Sortie : 1968
Ce qu’il se passe : Le romain Cornedurus s’entraîne pour les Jeux olympiques près du village de nos irréductibles Gaulois. Manque de bol, il se fait ridiculiser par Astérix et Obélix. Cette humiliation inspire les Gaulois, qui vont participer aux Jeux. Tout le monde part pour la Grèce et fête une victoire évidente grâce à la potion magique… sauf qu’elle est interdite.
Sans le breuvage de Panoramix, Astérix n’a pas le niveau de ses rivaux. Les héros tendent donc un piège aux autres concurrents en laissant en évidence une marmite de potion pleine d’un colorant. Le jour de l’épreuve, les tricheurs sont démasqués et Astérix gagne. « L’honneur » des Gaulois est sauf.
Pourquoi c’est l’un des meilleurs albums : Les meilleures trouvailles (et les meilleurs albums) arrivent dès que Goscinny et Uderzo doivent représenter un autre peuple face à Astérix. Ainsi, dans Astérix aux Jeux olympiques, l’apparence des locaux pastiche les représentations picturales des poteries antiques, les textes s’adaptent à la police d’écriture grecque, et les différentes délégations sportives sont un déluge de jeux de mots et références.
Chaque page cache un clin d’œil à la mythologie et la culture hellène, et Astérix aux Jeux olympiques illustre ainsi parfaitement la force de cette série : son mélange d’aventure et d’Histoire.
Toutes les nations du pourtour méditerranéen sont passées par la case de la parodie dans Astérix, et cette fois les Français vont en prendre pour leurs gros nez. À la beauté de l’acropole, les auteurs opposent les franchouillards Gaulois. Chauvins, mauvais perdants, bruyants et à l’ego fragile : Goscinny et Uderzo ne se retiennent pas pour faire de nous des braillards râleurs. Morale de l’histoire : une victoire (clairement volée) suffit à flatter notre amour propre. Heureusement, Astérix reste sport dans la dernière case.
NDLR : On ne parlera pas de l’affreux film Astérix aux Jeux olympiques pour ne pas mitrailler une ambulance bien assez trouée de balles – mais surprise ça n’a ni compris la bande dessinée d’origine, ni cherché à le faire.
La meilleure blague : Au cours d’une planche, Goscinny et Uderzo semblent s’être perdus à jouer les guides touristiques antiques. En quelques cases passionnantes, les lieux d’Olympie sont détaillés, avant de finement retomber dans la blague avec la mention de la pointure de Héraclès. Détourner l’attention du lecteur pour mieux le précipiter dans un gag, c’est là tout le talent de René Goscinny.
4. Astérix légionnaire
Sortie : 1967
La 1re légion, 3e cohorte, 2e manipule, 1re centurie prend ses quartiers
Ce qu’il se passe : Obélix tombe amoureux de Falbala. Malheureusement, elle est déjà fiancée à Tragicomix, enrôlé de force dans l’armée romaine et obligé de combattre en Afrique, où Jules César tente de mater son rival Scipion (vrai fait historique).
Ni une ni deux, Astérix et Obélix s’engagent à leur tour dans l’armée pour aller sauver le soldat Ryan Tragicomix. Après avoir foutu le bordel dans la caserne et s’être liée d’amitié avec tout un ensemble cosmopolite de bidasses (Grec, Goths, Égyptien…), la bande de frères d’armes est déployée. Astérix et Obélix déclenchent par accident la bataille de Thapsus, libèrent Tragicomix et permettent à eux seuls de vaincre Scipion. Reconnaissant, César les laisse rentrer.
Pourquoi c’est l’un des meilleurs albums : Ce n’est pas un hasard si Astérix légionnaire a été en très grande partie adapté dans Astérix et la surprise de César. C’est tout simplement l’un des meilleurs albums. Ou en tout cas, à n’en pas douter, l’un des plus variés. L’armée romaine permet en effet à Goscinny et Uderzo de mélanger un nombre colossal d’univers culturels, unis dans la moquerie de la guerre.
Pardon Obélix mais Tragicomix est dessiné d’après les traits de Jean Marais…
Inspiré par les souvenirs de service militaire de Goscinny, Astérix Légionnaire fait du M.A.S.H. avant l’heure et dessine une satire hilarante des institutions guerrières et leurs protocoles, pompeux et ridicules. Puisant dans la bonhommie de Laurel et Hardy aussi bien que dans l’antimilitarisme nonchalant de Boris Vian, Astérix Légionnaire est sans doute le plus punk de tous les Astérix.
La meilleure blague : Quel est le comble de l’absurdité de la guerre ? Quand deux armées portant le même uniforme se tapent dessus. C’est ce qui se passe ici, provoquant de savoureux moments de confusion ; notamment lors d’un échange de mots de passe en latin complètement absurde, où plus personne ne se souvient de qui commande qui à cause de la malice d’Astérix.
Mentions spéciales à la case qui parodie le radeau de la Méduse avec l’équipage de pirates, et à la case sur le bureau des renseignements, préfigurant dix ans avant la recherche kafkaïenne du fameux laissez-passer A38 dans l’incontournable Les 12 travaux d’Astérix.
3. Astérix chez les Bretons
Sortie : 1966
En attendant l’article de Boucherie Ovalie
Ce qu’il se passe : Tout le monde connaît probablement déjà l’histoire grâce au film génial Astérix chez les Bretons, mais allons-y. Jules César envahit la (Grande-)Bretagne, et inflige une sévère défaite aux locaux. Jolitorax, le cousin d’Astérix, est donc envoyé au village gaulois pour demander de l’aide. Panoramix concocte un tonneau de potion magique censé assurer la victoire.
Malheureusement, le voyage retour ne se passe pas comme prévu, et le tonneau est confisqué puis brisé. Grâce à quelques herbes confiées par Panoramix, Astérix fabrique néanmoins une fausse potion magique : le thé. Galvanisés par l’effet placebo, les Bretons boutent les Romains hors de l’Angleterre.
Pourquoi c’est l’un des meilleurs albums : Devenu avec le temps et avec le génial dessin animé (ne nous forcez pas à reparler de Astérix & Obélix : Au service de Sa Majesté par pitié) l’un des albums les plus appréciés, Astérix chez les Bretons n’a pas volé sa réputation.
La particularité de cet épisode est d’être étonnamment riche en rebondissements et retournements de situations. Les failles des différents personnages donnent lieu à beaucoup de moments improbables, dont les plus fameux sont à n’en pas douter le match de rugby et la beuverie des Romains.
Le cousin germain qui n’est pas Germain et ne s’appelle pas Germain
Imprévisible, Astérix chez les Bretons avance à un rythme d’enfer, et multiplie les décors et les péripéties improbables. Bousculé par nos deux Gaulois qui n’obéissent à aucune convention, le récit est sans cesse court-circuité, saute de liane en liane au cours d’acrobaties narratives périlleuses, mais toujours captivantes. 48 pages qui passent à la vitesse de l’éclair.
La meilleure blague : La beuverie des Romains, grand moment d’anthologie, sublimée par un « JE NE SUIS PAS GROS » d’Obélix. Et c’est encore meilleur dans le dessin animé, bande de barbares et de décadents.
2. Astérix et Cléopâtre
Sortie : 1965
Un humour hautement cinématographique
Ce qu’il se passe : On va faire une piqure de rappel, même si tout le monde connaît par cœur. Cléopâtre ne veut pas perdre la face (et son beau nez) contre un César méprisant du peuple égyptien. Elle accepte donc le pari de faire ériger un palais en trois mois, et engage le bancal Numérobis pour y arriver. Effrayé par la tâche, l’architecte appelle à l’aide Panoramix, Astérix et Obélix. Le trio gaulois va donc en Égypte fournir de la potion magique à tous les ouvriers du chantier. Évidemment, Amonbofis, le rival de Numérobis, et César apprécient peu ces renforts à moustaches. Leurs manipulations sont déjouées et le palais est fini dans les temps (ce qui est très rare à l’époque).
Pourquoi c’est l’un des meilleurs albums : Avec ce sixième tome, le rythme de croisière de Goscinny et Uderzo est trouvé. L’intrigue est lancée en quelques planches pour enclencher directement sur les premiers rebondissements, puis Astérix et Cléopâtre ne se repose jamais et enchaîne les situations.
La course contre le sablier pour terminer le palais in extremis (ce n’est pas le nom d’un Égyptien), les embûches qui exploitent la culture des habitants des rives du Nil et l’enchaînement de blagues plus rapides que des baffes font de cet album une magnifique BD d’aventure, et le fait rentrer obligatoirement dans le top 3 des histoires d’Astérix.
Une blague qui marche moins bien s’il vient du Caire
Pour se rendre compte de l’efficacité et de la modernité du tome, il suffit de comparer au film Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Le réalisateur et scénariste Alain Chabat a repris au mot près quantité de calembours et répliques (en y ajoutant le style Canal+LesNuls), et a reproduit les gestes et poses des cases de l’album dans quantité de plans. La BD de Goscinny et Uderzo n’a nul besoin de réécriture tant elle est un parangon d’épique et de drôlerie en l’état.
Et bein sûr, l’album avait déjà été adapté en 1968 dans le dessin animé cultissime Astérix et Cléopâtre. L’excellence qui engendre l’excellence, en somme.
La meilleure blague : Pour représenter les dialogues des Égyptiens, des hiéroglyphes remplacent les habituelles lignes de texte. L’idée purement graphique est maline sur le papier, impossible à retranscrire à l’écran, et permet d’adapter la culture de l’époque au monde cartoonesque d’Astérix.
En plus de ça, elle sert un comique de répétition inépuisable. Entre la prononciation maladroite du nom d’Obélix, le chien qui aboie en symboles et les hiéroglyphes d’Égyptiens à l’accent du Sud, c’est une mine d’or parfaitement exploitée par les deux artistes.
1. Astérix et les Goths
Sortie : 1963
Le barde et ses notes de musique, et ce n’est que la première case
Ce qu’il se passe : Dans la forêt des Carnutes, les druides gaulois se réunissent pour un concours destiné à élire le meilleur d’entre eux. De belliqueux Goths vont en profiter pour capturer le plus doué des mages. Ainsi, Panoramix, gagnant du menhir d’or, est enlevé jusqu’en Germanie.
Astérix et Obélix s’empressent d’aller le libérer, non sans être victime d’un délit de faciès par les Romains. Ils arrivent finalement à retrouver leur ami druide et, pour prémunir la Gaule de toute invasion gothique, montent les Goths les uns contre les autres. La Germanie est en guerre et les Gaulois peuvent rentrer en paix.
Pourquoi c’est l’un des meilleurs albums : Dans le troisième tome, Astérix et Obélix vont pour la première fois à la rencontre d’une autre culture que les Romains, celle des Goths (d’où le titre Astérix et les Goths, qui n’a rien à voir avec les fans d’Evanescence).
Goscinny et Uderzo exploitent pour la première fois le potentiel comique du choc des cultures, notamment en mixant les références historiques de divers siècles. Ainsi, les codes de l’armée allemande de la Première Guerre mondiale (et un peu de la Seconde) servent d’inspirations pour les designs des Goths, quand les clichés sur le pays permettent de croquer un peuple aussi comique que les Gaulois ou les Romains.
Et les Romains parlent le Times New Roman
Certes, l’histoire démarre timidement, puisque c’est à la moitié de l’album qu’Astérix et Obélix arrivent chez les Wisigoths (les Goths de l’Ouest, à ne pas confondre avec les Ostrogoths, ceux de l’Est). Mais une fois partie, la BD ne s’arrête plus. Comme Téléféric libéré de ses entraves, Goscinny et Uderzo sont déchaînés. Les situations absurdes (le spectacle de torture) occupent plusieurs pages dans un album où les Gaulois se transforment en fauteurs de trouble.
Bon, il faut admettre qu’ils passent pour de sacrées enflures à laisser le pays en ruines derrière eux, mais on en retient le côté sale gosse des Gaulois et le ton léger d’Astérix où une guerre se résout à coups de gourdins.
La meilleure blague : Une fois au cachot, les héros décident de retourner le pays en distribuant à des anonymes de la potion magique. Pour ce faire, Panoramix a besoin d’ingrédients et va gentiment les demander à son geôlier. Dans la scène, Obélix détruit trois fois la porte, sur demande du druide, par pure taquinerie envers le garde.
Si le gag ne casse pas trois pattes à un sanglier, il illustre pourtant le côté coquin des personnages principaux et leurs envies de s’amuser. Des héros farceurs dont l’esprit moqueur les rend incroyablement attachants.
Ce dossier a été écrit par Lino Cassinat et Lucas Jacqui.
Je trouve qu’il manque le Tour de Gaule et Astérix chez les Belges, tout simplement le meilleur (c’est le dernier à avoir été scénarisé par Goscinny)
C’est pas du Times New roman mais l’alphabet dit gothique qui était écrit par les germaniques encore il y a quelques décennies !
Peut-être qu’il vaut mieux être belge pour pleinement apprécier le festival de clins d’oeils, de références et de taquineries (taquineries, pas moqueries), mais je suis étonné de ne pas trouver Astérix chez les belges dans ce classement. Le meilleur gag: la dispute entre Gueuselambix le nervien et Vanendfaillevesix le ménapien pour une part de langue de sanglier avec Nicotineke qui explique à Astérix qu’il y a un depuis longtemps un problème de langue entre ces deux-là (peut-être justement trop private joke belgo-belge pour les autres, possible).
Mon préféré c’est La grande traversée. Pendant des années, ça a été mon livre préféré, tout type de littérature mélangé.
La première page, entièrement blanche, avec les « couché Zoodevincen mon toutou » est tout simplement inoubliable…
Asterix chez les Belges est à mon avis un des meilleurs albums, avec notamment la bataille de la fin qui paraphrase la description de la bataille de Waterloo dans un poème de Victor Hugo.
Je possède tous ces albums en reliure en cuir depuis 40 années. Je m’étais promis d’avoir les premiers ASTERIX dans ma collections. Je suis NÉ avec cette BD que j’ai toujours aimé. J’ai dessiné toute mon enfance des héros et j’ai légué à mon fils tout l’art du dessin et sa créativité. Maintenant la valeur de cette collection est inestimable.
La réplique d obelix qui répond au legionnaire ivre dans le DA Astérix chez les bretons est ma préférée de tout Astérix je crois. Tellement simple et tellement amusante à la fois.
Le meilleur c’est les douze travaux d’Astérix avec la maison qui rend fou
Assez étonnée de voir les Goths présent dans le top… J’aime bien l’album mais je n’ai jamais considéré que c’était l’un des meilleurs… C’est sûrement la seule entrée du classement avec laquelle je suis en désaccord. Je l’aurai remplacé par Le Tour de Gaule, un album génial souvent mésestimé. Ou par les Belges, un album très drôle qui aura marqué les gens par l’apparition des Dupondt!
Ne pas avoir mis Obélix et compagnie c’est une faute de goût impardonnable…