Avec la sortie de Jurassic World : Le Monde d’après on a eu envie de parler de la fois où Captain America a affronté un dinosaure nazi dans une aventure plus intéressante qu’on pourrait le croire.
L’Âge d’Or des comics (1938-1954) a vu foisonner nombre d’histoires aussi incroyables que délirantes. Alors qu’on n’ira pas jusqu’à espérer une telle imagination dans les séries et films de Marvel Studios, on se contentera des comics actuels qui sont tout aussi barrés en faisant par exemple d’un T-rex le premier super-héros de Marvel. Cependant, alors que l’idée d’un dinosaure nazi affrontant Captain America a de quoi faire rire, celle-ci a aussi de quoi surprendre par son message terriblement ancré dans la réalité de la Seconde Guerre mondiale.
En 1943, il n’est plus à prouver que les nazis sont une sérieuse menace à la paix mondiale, faisant d’eux des ennemis tout désignés des comics. Les USA étant plutôt à l’abri d’une attaque sur leur territoire, les vilains des comics prennent la forme d’espions et d’Américains pervertis dans des histoires qui proposent plus que de simples rhinoplasties à coups de bouclier. Quand Captain America croise la route d‘un dinosaure porté sur le national-socialisme dans Captain America #29 (le premier numéro étant celui à la fameuse couverture où le Cap’ frappe Hitler), le scénariste Ray Cummings arrive à faire du récit un drame s’adressant à toutes les générations.
nazirosaure
Tout commence plutôt bien pourtant, avec une incroyable découverte faite par le Professeur Schultz et son subordonné Olaf : un iguanodon parfaitement conservé dans la glace (l’un des trois dinosaures les plus populaires à l’époque). Cerise sur le gâteau, la grosse bête est en mode hibernation et donc, bel et bien vivante.
Le dinosaure herbivore, sorte de vache du Crétacé, atterrit donc dans un musée pour y être exposé, logique. Mais pour Schultz, les affaires ne font que commencer et en bon nazi qui se respecte, il ne laisse pas un dinosaure vivant prendre la poussière : il faut imaginer un plan machiavélique.
« Sa place est dans un musée ! »
C’est alors que le massif herbivore d’un âge ancien reprend mystérieusement conscience, avant d’aller semer chaos et destruction. Le désordre causé par le dinosaure attire évidemment Captain America et son sidekick enfant Bucky qui, en enquêtant, vont faire une terrible découverte. Le professeur Schultz, explorateur-archéologue mais aussi éminent neurochirurgien, et ses bros nazis ont fait d’Olaf le cobaye d’une sombre expérience en transposant son cerveau dans le crâne du dino. Olaf, ignorant que son sort a été décidé par Schultz, continue de répondre aux ordres de son « maître » (il l’appelle comme ça) en attaquant un dépôt de munitions.
Le mystère levé, Captain America, plutôt que de tuer l’iguanodon (et donc tuer Olaf), lui révèle toute la mesquinerie de Schultz tout en lui rappelant à quel point l’Amérique est un pays qui l’aime. Le dinosaure à conscience humaine est raisonné et termine son carnage par une dernière charge vengeresse contre Schultz, le tuant. Après un bref instant d’hésitation, Olaf se suicide en se jetant dans le ravin sous les yeux de Captain America, Bucky et de sa sœur (elle joue la demoiselle en détresse).
« Ça alors un dinosaure dans notre dos qu’on n’avait pas entendu arriver ! »
derrière le monstre
Si l’on peut sourire devant la niaiserie apparente de l’histoire, le comics est tout de même marqué d’une certaine brutalité alors qu’il s’adresse principalement à un jeune public, et aux soldats sur le front qui avait besoin de se changer les idées. Le fait que les comics puissent soumettre les enfants à des histoires violentes a notamment donné naissance au Comics Code Autority, un organisme de censure d’après-guerre. Mais en 1943, rien n’empêche les éditeurs de choquer, et Captain America #29 ne se retient pas puisqu’on y voit des armes à feu réalistes (chose interdite par la suite), du sang couler des babines du dinosaure en couverture et surtout une scène de suicide venant conclure le comics.
Cette fin reste tragique et surprenante même encore actuellement, surtout quand on lit la réplique de Captain America face au drame « c’est probablement la meilleure chose qu’il pouvait faire ». Une conclusion dramatique qui voit un homme mourir que Cap’ ira décrire en héros auprès de sa soeur. Les actes comptent et chacun est en droit d’espérer qu’on sera retenu pour les bons. Cette vision de l’héroïsme est à remettre dans le contexte de l’époque où parmi les lecteurs se trouvaient autant des enfants ayant probablement des membres de leur famille à la guerre, que des militaires risquant leurs vies.
Le traitement de Olaf incarne toute l’intelligence de l’écriture qui parvient à être simple, mais pertinente puisqu’il n’est qu’un innocent idolâtrant son supérieur au point d’accepter d’être un monstre pour ravager une ville. Une métaphore de la manipulation, de l’obéissance aux ordres et de l’embrigadement qui montre toute l’ambiguïté du comics dans un conflit où l’endoctrinement est une arme. Une double lecture qui continue dans la résolution de l’intrigue puisque même si Olaf a cédé aux idéaux de son maître, il n’en est pas pour autant un ennemi à éliminer. Captain America montre que certains combats peuvent se mener avec de la compassion et de l’écoute (il ne frappera d’ailleurs jamais le dinosaure).
Le nazisme et ses grosses pattes
Bien sûr, ce qu’on retient surtout de l’histoire est que la première chose qui a été faite d’un dinosaure revenu à la vie est d’en faire une arme par les nazis. Pourtant, comme un conte façon pulp, Captain America #29 a une morale totalement contemporaine de son époque destinée à être comprise par des enfants avant tout, mais aussi rassurer des adultes. On ne dit pas que c’est un comics intelligent, mais il est moins bête qu’il n’y paraît.
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C’est ça qu’on veut comme adaptation ciné !
Quelle idée w*f de reunir capitaine america et un dino nazi !!! et pourquoi pas ecrire une romance entre un aigle royale et un canard boiteux