Deadpool à l’ancienne
Imaginé par Rob Liefeld au début des années 90, Deadpool est un condensé de cette époque : irrévérencieux, surarmé, excessivement bourrin et équipé d’une ceinture bardée de sacoches inutiles – la signature de cette ère. Et Liefeld est l’un des ambassadeurs de cette période dans les comics, pour le meilleur et souvent pour le pire.
Les intrigues de ces années-là sont généralement dignes d’un bon actionner aux calibres disproportionnés et aux personnages torturés à l’excès. La subtilité n’est pas le mort d’ordre et réfléchir après avoir agi est rarement envisagé. C’est pourquoi un bon paquet de comics des nineties ont mal vielli, ou passent carrément pour des nanars dans certains cas.
Mais le mercenaire blagueur a changé depuis cette décennie folle. Il est devenu bien plus comique, et briser le quatrième mur fait partie de sa routine. Avec le temps et certains auteurs, Deadpool s’est aussi mu en un clown triste, cachant une âme en peine derrière son humour. En bref, faire revenir l’auteur et illustrateur Rob Liefeld (épaulé par Chad Bowers à l’écriture), c’est jouer avec la nostalgie, mais aussi la dynamite.
Ce tome de Deadpool : Badder Blood a donc autant les qualités que les travers de cette période. L’histoire n’est qu’un grossier prétexte à des fusillades à gogo, offrant certes de belles scènes de baston, mais très peu de profondeur. À ça s’ajoute un fan service jeté en vrac au visage du lecteur pour cacher les blancs d’un scénario n’ayant rien à raconter. Le plus étonnant est que ce volume est une suite, mais n’en a jamais l’air tant il peut se lire comme un one-shot. Les mauvaises langues diront que les premières informations sur Deadpool & Wolverine laissent craindre une formule similaire.
Liefeld prend son pied avec Deadpool
Que le comics mise principalement sur son visuel n’est en rien un mal, mais Rob Liefeld est beaucoup critiqué pour ses proportions souvent aberrantes. Son Captain America au buste plus gonflé qu’un bateau pneumatique est notamment resté dans les annales, aux côtés des innombrables pieds qu’il ne parvient pas à dessiner (ce à quoi la bande-annonce de Deadpool & Wolverine fait d’ailleurs un clin d’œil).
Ici, néanmoins, s’il y a bien des anomalies stylistiques, elles restent accessoires. On sent principalement la passion de Rob Liefeld à illustrer Deadpool, Wolverine et Cable (personnage qu’il a également créé). Comme témoin de cet amour véritable pour ces héros, on peut noter les nombreuses pleines pages du volume qui leurs sont consacrées. Celles-ci mettent en avant les physiques bodybuildés des personnages dans des planches qui, pour ceux aimant ce type de traits, sont de petites machines à voyager dans le temps.
Malheureusement, Rob Liefeld devait avoir un forfait réduit sur les crayons puisque si les super-héros et vilains bénéficient d’une attention toute particulière, les arrière-plans sont oubliés. L’histoire paraît se dérouler dans un sous-sol bétonné ou un tarmac d’aéroport. Aucun effort n’est fait pour donner de la profondeur aux environnements, laissant donc les protagonistes sur des fonds légèrement dégradés pour habiller l’ensemble.
Deadpool : Badder Blood est un tome d’action et rien d’autre. Rob Liefeld s’amuse avec ces héros fétiches, et gâte ceux qui se contenteront de ça, car l’artiste ne se foule pas vraiment plus. On espère que Deadpool 3 ne ressemblera pas à ce comics.
Deadpool : Badder Blood est disponible depuis le 10 juillet 2024 chez Panini Comics France.
En effet, les mains de Deadpool dans les images que l’on voit, c’est quelque chose, comme le dit cepheide.
Cependant, sur la dernière image, je ne comprends pas ce que je vois au niveau des pectoraux et abdominaux du Deadpool, toujours. C’est bizarre, non ?
Rob Liefeld n’a rien inventé car Deadpool c est Spider-man X deathstroke et cable c est Schwarzenegger / terminator.
Il sait dessiner les pieds et les mains, mais n’aime pas ça. Donc il ne fait pas de pied, et ses mains sont impossibles. Il suffit de regarder comment Deadpool tient son katana dans l’une des images de cet article.
Là où il est vraiment mauvais, c’est dans l’anatomie, les détails et la rigueur. Ainsi dans un comics de Liefeld, les costumes, les coiffures et les « lieux » peuvent changer de case en case, sans cohérence.
Car ce monsieur est un parfait escroc du comics, dans les affaires comme dans l’art. Il n’hésite pas non plus à refaire toujours les mêmes visages, les mêmes poses et à parfois décalquer ses petits camarades.
Mais… cela fait 30 ans qu’il est là, et il y a une raison. Car son trait possède une énergie et une agressivité unique qui emporte tout avec elle.
Etant un ancien défenseur du Rob, j’ai aujourd’hui lâché l’affaire, ne suivant plus rien de ce qu’il fait. Parce qu’il me semble qu’il a perdu cette fameuse énergie, et qu’il ne tente plus que de recopier ce qu’il faisait à ses 17-18 ans.
Ce badder blood est comme tous ses travaux de ces 10 dernières années : une coquille vide, presque un foutage de gueule.