La renaissance de Venom
Après Toxin, Carnage, Anti-Venom, et la dizaine de symbiotes de plus en plus colorés et délirants (avec des versions d’à peu près tout le monde dans la franchise Marvel), le concept de Venom a commencé à tirer de sa langue bien pendue. Mais avec la série Venom (débutée en 2018 aux États-Unis), le vilain préféré de Spider-Man s’offre une nouvelle jeunesse.
Et Panini Comics réunit en un tome les douze premiers numéros de celle-ci – quelques sympathiques numéros bonus de la série Web of Venom : Carnage Born et Web of Venom : Ve’Nam viennent également agrémentés ce volume.
À la barre de cette aventure toute fraîche, on retrouve Donny Cates. Ce scénariste, doué pour emmener ses personnages vers des horizons étonnants ou exploiter les limites de l’univers Marvel comme avec le Cosmic Ghost Rider (un croisement entre le Ghost Rider, Punisher et Lobo), s’avère idéal pour secouer le lore de Venom. Les buildings de la métropole donnent une toile de fond initiale qui va, au fil des pages, laisser place à une aventure aussi ambitieuse qu’introspective.
Entre les mains du scénariste, l’alien gluant se dote d’une fantastique mythologie cosmique à base de dragon alien et de dieu du vide. L’envie d’installer Venom dans plus grand que lui est posée dès les premières pages. Cates va même établir des liens cohérents et surtout épiques entre l’antihéros et le reste de l’univers de la Maison des Idées. Dans sa première partie, Venom s’engage donc sans trembler des genoux dans une voie purement dark (space) fantasy au milieu des rues d’une ville moderne.
Donny Cates ne cède pas aux appels de la surenchère permise par ces nouveaux jouets. Au contraire, pour contrebalancer cet élan d’action, l’auteur va dans un second temps recentrer son histoire sur Eddie Brock et le lien intense qu’il entretient avec le symbiote qui lui colle à la peau. Le triste sir est un antihéros brisé, et Cates l’écrase un peu plus à chaque instant. Ce dernier en vient à torturer chaque moment de vie du personnage jusqu’à sa seule bouée de sauvetage : sa fraternité avec son Autre visqueux. Et tout ça, sans jamais tomber dans les niaiseries des films avec Tom Hardy.
King in Black
Pour mettre en page ce comics plein de violence et de noirceur, c’est Ryan Stegman, un artiste au style sentant bon les années 90 – période qui a popularisé Venom. Aussi, les protagonistes sont illustrés avec des traits de visages saillants autant que leurs tours de bras sont gros. Tout paraît poisseux, de la représentation de la ville plus crade encore que New-York dans The French Connection, aux cheveux gras d’Eddie Brock. Les illustrations évitent néanmoins les fautes de goût propres aux comics des nineties, pour n’en retenir que l’esprit.
Cette atmosphère glauque, le coloriste Frank Martin la travaille dans ses teintes si désaturées que chaque planche tend vers un quasi noir et blanc, en écho à la tenue de Venom comme à l’état dépressif d’Eddie. Mais au fur et à mesure des chapitres, le rouge se fait plus présent. Et son rôle est double puisqu’il anticipe le carnage à venir, autant qu’il participe à préparer l’arrivée en grande pompe du nouveau vilain imaginé par Cates et Stegman : le divin Knull.
L’antagoniste fait ici ses débuts en comics, avant de devenir iconique dans le lore de Venom et des symbiotes au cours de l’event King in Black. L’apparition progressive de ce mystérieux personnage va jusqu’à transformer certaines cases en superbe jeu d’ombres sanguinolentes. Même physiquement absent, le vilain a une aura qui plane sur le récit et ne laisse aucun repos à Eddie Brock – même lorsque celui-ci est en PLS entre deux poubelles d’une ruelle sans nom.
Pour ce premier tome, Cates et Stegman envoient notre baveux Venom dans une direction passionnante, comme il en avait besoin. Les rues humides de la ville sont troquées avec réussite pour l’esprit en charpie d’un héros victime de lui-même, et d’un dieu du néant. En somme, Marvel et Panini Comics nous servent un comics bien gothique, qui serait parfait à adapter au cinéma (mais on rêve).
Venom T01 : Rex est disponible à partir du 10 juillet 2024 chez Panini Comics France.
C’est une nouvelle réédition hein ? Panini comics n’a pas attendu aujourd’hui pour publier ce très bon récit.
Ça Va être un super bon film 👍 comme les autres le 1 et 2.