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Look Back : après Chainsaw Man, Fujimoto explose dans un one shot bouleversant

Par La Rédaction
10 mars 2022
MAJ : 21 mai 2024
4 commentaires
Look Back : photo

C’est le 9 mars que Kazé Manga publie sous nos latitudes un des mangas les plus acclamés de ces dernières années, et consécration de son auteur. Une réusite qui réunit d’impressionnantes ambitions, une profonde réflexion sur la nature de l’inspiration et du talent, servie par une écriture et un trait que l’on doit à l’immense  Tatsuki Fujimoto.

 

Look Back : photoAux éditions Kazé, dès le 9 mars 2022

 

GRAPHIQUE CONSECRATION

En moins d’une décennie, Tatsuki Fujimoto est passé de jeune pousse à sensation de la scène manga. Alors que les innombrables regards de lecteurs affamés se sont braqués sur lui à l’occasion de Fire Punch, puis Chainsaw Man, l’auteur confirme aujourd’hui toute sa verve créatrice à l’occasion d’un nouveau récit, intitulé Look Back, lequel pourrait bien faire de lui un des nouveaux maîtres en son domaine. Car si sa nouvelle œuvre s’inscrit en apparence dans les canons du shonen qu’il arpente depuis plusieurs années, son approche, sa mise en scène et son écriture le propulsent plus encore qu’espéré. 

Depuis ses débuts, l’artiste manie les différents niveaux d’expression, le mélange des tons et un art certain de la rupture, l’autorisant à précipiter ses héros de l’épique au tragique, toujours au sein de canevas faussement classiques. Et c’est bien de cette volonté de pirouette que pourrait relever Look Back, ambitieux récit initiatique, dont la finesse et la densité, tout comme l’ambition, saisissent instantanément. On y suit le parcours, tantôt heurté, solidaire ou marqué par la confrontation de deux jeunes filles, Fujino et Kyômoto, toutes deux passionnées de dessin. 

 

Look Back : photoDeux femmes, un art

 

La première croit en son talent dur comme fer, ne doute pas de sa capacité à faire fructifier le don qu’elle a reçu. La seconde ne conçoit pas non plus de vivre sans dessiner, mais ne jouit pas la même certitude quant à son destin ou des mêmes facilités sociales. D’une timidité maladive, elle peine à se rendre en cours, jusqu’à demeurer recluse chez elle, ne consacrant plus son existence qu’au dessin. Leurs rapports n’en seront que plus complexes, et d’abord établis à travers une concurrence sourde, exprimée à travers le journal de leur établissement scolaire, où s’étalent leurs créations respectives. 

 

Look Back : photoQuelqu’un qui ne sait pas que le premier chapitre est disponible en ligne

 

DESSINER C’EST GAGNER 

Au fil des décennies, on aura lu et vu quantité de domaines d’activité ou de pratiques artistiques, sportives, explorées par les mangas, les shonen en particulier, qu’ils servent de cœur palpitant aux intrigues, ou de vague toile de fond. Non seulement les arts picturaux n’y sont pas les plus fréquemment représentés, mais ils constituent dans Look Back un défi de taille, superbement relevé par Fujimoto.

Tout d’abord, ce choix narratif contraint l’auteur à faire coexister trois régimes formels. L’essentiel du récit, bien évidemment, mais aussi les cases noircies par ses deux héroïnes, aux styles différents, encore en pleine maturation. 

 

Look Back : photoUn art singulier de la composition

 

L’exigence de précision stylistique indispensable pour rendre limpide aux lecteurs les enjeux, tant de l’intrigue, que des progrès artistiques des protagonistes est particulièrement complexe, mais jamais prise en défaut. Mieux, il parvient à rendre compte de l’évolution du trait de ses personnages de manière évidente, sans jamais les caricaturer, ni simplifier à outrance leurs parcours ou errances graphiques. Et le sentiment d’assister alors à une narration en gigogne, ou en poupée russe, devient dès lors impressionnant, tant d’intelligence que de fluidité. 

C’est là que les qualités déjà bien connues du mangaka prennent un tour nouveau. On évoquait plus haut ses capacités à déjouer les attentes en provoquant moult rebondissements ou ruptures de ton, elles n’ont peut-être jamais été aussi brillamment entreprises. Qu’un retournement de situation apparaisse à travers les strips des protagonistes, une de leurs caricatures, ou que le trait sensible de Fujimoto nous saisisse au détour d’une réplique inattendue, ou lorsque que surgit une émotion plus violente qu’à l’accoutumée, on est presque toujours cueilli par l’intensité du parcours de ces deux âmes. Mais surtout par la précision délicate avec laquelle elles sont couchées sur le papier. 

 

Look Back : photoToi aussi retrouve la discrète invasion bretonne au sein de ces cases

 

LARMES ULTIMES

Car c’est bien la mise en scène qui impose ici un sentiment d’admiration qui croit, page après page. Toujours aussi délicat, le style de l’auteur semble avoir été transcendé par le format One Shot, qui pousse naturellement le dessinateur à s’appuyer plus encore qu’à l’ordinaire, sur la grammaire visuelle. Non pas que la structure de son intrigue soit en reste, ou en retrait (c’est même le contraire, tant l’orchestration des duos et de ses intéractions fait preuve d’une sensibilité et d’une délicatesse épatantes), mais jamais à ce jour Fujimoto n’avait exploré avec tant de finesse les sentiments qui explosent ici dans la moindre case. 

Preuve de cette réussite éclatante, la quantité de passages muets, qui exacerbent encore la mélancolie de l’ensemble. Alors que nos yeux jonglent entre les temporalités, les ellipses ou les dessins de nos héroïnes, c’est une forme d’enquête, ou de suspense poétique qui se dessine. Comment surmonteront-elles leurs différences, et feront-elles de leurs oppositions matière à se soutenir, puis se dépasser ? 

Lire Look Back, c’est investiguer autant le rapport délicat d’un créateur à son propre art, que ses propres questionnements sur sa pratique, ainsi que ses souvenirs d’une époque charnière. Avec la générosité de ses premiers travaux, mais avec une affectivité qu’on ne lui devinait pas, déclinée par une mise en scène parfois époustoufflante, Tatsuki Fujimoto livre son plus bel ouvrage à date, dont vous pouvez lire en ligne le premier chapitre.

Ceci est un article publié dans le cadre d’un partenariat. Mais c’est quoi un partenariat Ecran Large ? 

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ReptilianS

@T2HX
Je suis pas d’accord avec t’on commentaire car le mangaka est très fort en dessin il y a juste à regardé chainsaw man pour les scènes dynamique, vu que tu as l’air de pas aimé les dessins figé qui sont là pour l’ambiance (ils sont pas beau juste pour être beau). Je ne comprends vraiment pas t’on commentaire on à l’impression que tu essaye d’analysé mais sans vraiment analyse car tu critique les dessins et non la scène hors que les 2 sont liés (ex: plus la scène est sinistre plus les dessins deviennent sombres)
PS: déso de m’on orthographe j’ai que 16 ans

Su

@T2HX
Je trouve ton avis vraiment pas recevable, étant donné que dans les cases montré le fait que ça semble figé est normal pour l’ambiance que ces passages essayes de donner. Le fait que le mec soit géant n’est rien de gênant non plus, surtout quand on sait que les 2 filles sont des enfants. Et pour les étagères, c’est un style d’étagères qui existe, mais ça se voit que c’est fait exprès. Le mec est un dessinateur, s’il fait une droite pas droite, il le voit

Foals

@T2HX
Je te l’accorde, Tatsuki Fujimoto n’est pas le meilleur technicien niveau dessin, et son style fait un peu brouillon. Mais la composition des planches est très travaillé, et il utilise une approcche très cinématographique dans le rythme et l’enchainement des cases. Personellement, je trouve qu’il a un style très distinctif et unique, j’ai adoré toutes ses proposition jusqu’à maintenant.

T2HX

Hum, qualité du mangaka… Dessins figés et gros problèmes de perspectives et de proportions, dans la case »supermarché » l’étagère exagérément penchée, et surtout évidents dans la case »crêpes », on dirait des hobbits sur le banc, à moins que le personnage derrière soit un géant ?…