Cyfandir Chronicles, premier spin-off du manga à succès Radiant, débarque dans nos librairies. Et c’est à ne pas rater.
Il y a peu, Radiant fêtait ses dix ans. La série créée par Tony Valente et éditée chez Ankama Éditions s’impose aujourd’hui comme le premier manga de création française du monde du monde avec plus d’un million d’exemplaires vendus. Il a été traduit dans plusieurs langues et a même été publié au Japon, sans passer par les magazines de prépublications. La consécration ultime : Radiant a même reçu une adaptation animée de 42 épisodes par le Studio Lerche (Assassination Classroom) en 2018. Un sacré parcours pour ce manga démarré à Toulouse en 2013.
Après 18 tomes, cette ambitieuse saga de fantasy est actuellement à mi-parcours, mais Tony Valente a déjà de la suite dans les idées. Désormais, le monde de Radiant ne s’arrête plus à la série principale. Plusieurs spin-offs sont déjà prévus afin d’explorer l’univers plus en détail. Et le premier d’entre eux, Cyfandir Chronicles, vient de débarquer !
Une nouvelle porte d’entrée
Radiant, de quoi ça parle déjà ? On y suit les aventures de Seth, un jeune sorcier, qui aspire à anéantir le mal qui menace son quotidien. En effet, des créatures monstrueuses appelées Némésis tombent du ciel en permanence et seuls les sorciers comme Seth (infectés par les bêtes) sont aptes à s’en débarrasser.
Seth comprend bien vite qu’éliminer les Némésis un par un ne l’avancera pas à grand-chose. Il décide plutôt de se mettre en quête du Radiant, la source de tous les maux, à l’origine des Némésis, afin de le détruire. Accompagné de ses amis, Seth se lance alors dans une épopée qui sent bon le shonen à l’ancienne. Ce qui n’empêche pas le manga d’avoir sa propre identité.
Si la structure narrative de Radiant s’inspire évidemment de piliers du manga shonen (One Piece ou Dragon Ball, pour citer les plus connus), sa mythologie est davantage rattachée à un folklore occidental. C’est notamment le cas avec Cyfandir, pays enchanteur qui évoque les légendes celtes et la matière de Bretagne. Les noms de Merlin ou de Boadicée (référence à Boudica, la reine des Iceni au 8ème siècle) y sont même évoqués.
Et c’est justement ce royaume qui est au cœur du premier spin-off de Radiant. Cette nouvelle série donne l’opportunité à Tony Valente de se détourner de son récit principal pour digresser un peu. Dans Cyfandir Chronicles, il entend ainsi embarquer les lecteurs avec lui dans l’une des parenthèses de son œuvre, aussi intéressante thématiquement que rafraîchissante.
Un récit court et autonome
Cyfandir Chronicles n’est ni un prequel ni une suite de Radiant. Il s’agit d’une histoire parallèle à la série mère, qui démarre après les événements du tome 10. Dans ce spin-off, on découvre les conséquences de la guerre contre l’Inquisition en Cyfandir, tout en s’attardant sur certains lieux clés : l’académie des Chevaliers-Sorciers et la forêt de Caillte, dont le charme a été levé.
N’ayez crainte, tout ça n’est pas très compliqué à appréhender. Bien qu’il soit un prolongement de Radiant, Cyfandir Chronicles est conçu comme une œuvre autonome. En racontant une histoire complète et assez courte (elle était prévue pour durer trois tomes, mais elle pourrait aller jusqu’à 4 ou 5, selon l’auteur), ce spin-off se présente comme une nouvelle porte d’entrée idéale pour découvrir l’univers.
Pour se faire, Tony Valente réintroduit les bases de son monde de fantasy grâce au regard neuf de son protagoniste. Le jeune Aquill sert en effet de guide touristique pour tout lecteur dépaysé. Lui qui a été piégé dans la forêt de Caillte pendant une longue période a aussi tout à apprendre. Et c’est à travers ce héros égaré que le royaume de Cyfandir se révélera à nos yeux.
L’auteur profitera aussi de ce spin-off pour présenter de nouveaux personnages comme pour approfondir certaines figures secondaires de Radiant (comme Lord Brangoire ou la reine Boadicée). C’est aussi une occasion pour Tony Valente d’aborder d’étonnants sujets de fond comme celui de l’immigration et des camps de réfugiés, rebondissant sur la situation politique du royaume de Cyfandir.
Fantasy et réflexion
Tout comme Aquill, d’autres égarés émergent des bois, maintenant que la forêt de Caillte a perdu sa magie. Et tandis que le royaume de Cyfandir est en pleine reconstruction d’après-guerre, ses habitants doivent apprendre à gérer ces réfugiés (certains venant d’un autre temps).
Cette étonnante rencontre entre deux populations issues de la même culture, mais malgré tout divisées, amène alors le manga à se pencher sur des thèmes assez inédits. C’est d’ailleurs même ça qui aurait, en partie, motivé Tony Valente à se lancer dans le projet, selon son interview par l’éditeur :
“ La forêt, qui était un lieu dans lequel on se perd, n’est plus magique… donc tous ces individus égarés doivent bien aller habiter quelque part ? Ça crée une situation particulière et ça m’intéresse de la raconter, de me questionner sur un flux migratoire qui ne vient pas d’ailleurs, mais de chez toi et de quelques siècles ou années en arrière. Il faut gérer un tel contexte. Ça interroge…”
Et ça tombe bien, car ce qui fait aussi le charme de Radiant, c’est le contraste entre son ton de “shonen classique” et la maturité de son propos. Il n’était ainsi pas rare que le manga fasse référence à l’actualité politique (on se souvient du clin d’œil à un discours de Manuel Valls).
La fantasy amène parfois quelques problématiques concrètes de notre réalité vers un espace hors du temps où ils peuvent soudain être réfléchis sous de nombreux angles. On ne peut que se réjouir que Radiant s’y essaye à nouveau avec son spin-off.
Radieuse collaboration
Enfin, il est important de souligner que Cyfandir Chronicles n’est pas un projet que Tony Valente mène seul cette fois-ci. Étant déjà très occupé avec les futurs tomes de Radiant, il ne se charge que de la partie écriture du spin-off et laisse le dessin à un son nouveau collaborateur : le talentueux Naokuren.
Celui-ci a beau n’avoir que 24 ans, il accomplit un travail assez dingue, collant avec succès à l’esthétique de la série d’origine, tout en se démarquant. Pour un fan de Radiant, on reconnaît du premier coup d’œil Cyfandir et les personnages croisés auparavant. Et pourtant, Naokuren trouve le moyen de révéler sa singularité de dessinateur dès le premier tome, avec le même coup de crayon.
En comparaison, le dessin de Tony Valente pastiche très bien le style du shonen nekketsu japonais (il est assez proche d’Hiro Mashima, l’auteur de Fairy Tail) avec un découpage très évident, des lignes claires, et une mise en avant de l’expressivité des personnages et des corps au détriment de l’arrière-plan. Naokuren, lui, abandonne quelque peu la simplicité, pour s’attarder sur les détails et les décors.
Dans son découpage de l’action, il se rapproche également parfois de la BD franco-belge. De fait, sa mise en scène impressionne.
Le résultat en est que plus rafraîchissant et bénéfique pour Cyfandir Chronicles. Cette jolie parenthèse enchantée en devient encore plus plaisante, car elle a sa propre identité et elle apporte une vision artistique complémentaire à l’univers de Tony Valente. Et ça tout en restant parfaitement cohérente avec celui-ci. Avec un duo aussi performant, on espère donc que la collaboration durera.
Il y a en tout cas de nombreuses choses à découvrir Cyfandir Chronicles, que ce soit dans la forme et dans le fond, et que vous soyez un connaisseur de Radiant ou non. Le premier tome est disponible dès ce 31 mai.
Ceci est un article publié dans le cadre d’un partenariat. Mais c’est quoi un partenariat Écran Large ?