Chaque titre de zombie essaye de trouver un angle particulier pour se démarquer des autres. Ici, pas de membres qui volent ou de tir à volonté, juste la vie « normale » de personnes qui vivent avec la pandémie, ou plutôt qui revivent grâce à elle. Bienvenue dans Bucket List of the Dead !
Après l’excellent Alice In Borderland qui a été adapté en série sur Netflix, Haro Aso revient avec Bucket List of the Dead avec au dessin Kotaro Takata chez Kana. Un shonen déjanté et absolument pas explosif où les zombies ne sont qu’un prétexte pour du développement personnel ou pour faire de grosses folies. Surtout avec son héros prisonnier d’une société de publicité esclavagiste, comme toute bonne agence de pub, et qui se retrouve du jour au lendemain plongé dans une pandémie zombie. Au lieu de se battre et de fuir les zombies, il va au contraire utiliser ce temps pour se recentrer sur lui-même et réaliser enfin toutes les choses qu’il ne pouvait pas faire avant !
En prenant ça comme une aubaine de ne plus aller au travail, de ne plus supporter ses collègues et son boss, Akira Tendo va se créer une liste de 100 tâches à faire avant de devenir un zombie. Une aventure décalée où la mort peut arriver à chaque moment, donc autant profiter de l’instant présent !
Bucket List of the Dead reprend les codes frénétiques des histoires de zombies et les tournent en comédie, notamment grâce au constant lâcher-prise du héros sur la situation et donc sur l’histoire. Cet avènement zombiesque lui permet enfin d’être ce qu’il a toujours voulu être et de vivre la vie comme il l’a toujours souhaité. Pour lui, le véritable enfer, c’est ce qu’il a vécu pendant les trois ans dans son agence de publicité. D’ailleurs, dès les premiers chapitres, on sourit et on se morfond sur sa vie misérable où il devient un véritable esclave, ne pensant même plus à démissionner, le lavage de cerveau ayant totalement fonctionné.
Quand le déclic intervient, c’est là que le twist scénaristique devient intéressant. Au lieu d’être submergé par cette crise planétaire, on suit juste la crise morale et sociétale du héros, qui profite enfin de sa vie, rentrant en décalage total avec le reste de la population. C’est totalement jouissif et hilarant.
Haro Aso, que l’on connaissait déjà avec Hyde&Clover et Alice in Borderland tous les deux publiés chez Delcourt, maîtrise le scénario et ses twists rocambolesques. Il joue avec son héros et s’amuse à le mettre en scène dans un quotidien à la fois classique et extraordinaire. Au milieu des zombies, son héros se balade tranquillement pour prendre des bières, tout en les évitant en chantant. C’est loufoque, totalement débile et extrêmement cocasse.
La bière permet la socialisation
Ce côté déjanté est accentué par le trait très expressif de Kotaro Takata, le dessinateur. Chaque émotion des personnages est assujettie à de gros plans pour montrer l’ironie de la situation. C’est souvent ce qu’on voit dans les films ou œuvres de zombie, et encore une fois, ici on le montre avec beaucoup d’humour et de détachement. D’ailleurs, les deux auteurs ne se privent pas de faire des références à Shaun of the Dead ou Bienvenue à Zombieland, aussi bien sur le découpage ou sur les situations ubuesques.
Sans être nerveux, le trait du dessinateur pose les choses avec finesse, que ce soit les mouvements de vitesse, les posings ou bien les expressions. C’est réfléchi et maîtrisé, car l’alternance des scènes d’horreurs et de comédie se joue parfois à une case près. Du coup, il faut très vite désamorcer tout cela pour que ça reste léger, tout en sentant la tension environnante pour créer ce décalage qui fait la beauté du titre. Dessin et scénario sont donc au diapason pour une liste de tâches qui pourrait peut-être se finir dans la mort. Mais qu’importe, pour le moment, c’est la vie qui prédomine et tout en s’amusant qui plus est !
La vérité sort toujours d’une personne à moto
Bucket List of the Dead est un manga qui joue avec nos nerfs, dans le bon sens du terme, à l’image de la planche ci-dessus. L’ironie est constante aussi bien dans le dessin que dans le scénario. On ne peut s’empêcher de sourire ou de rire face à ce héros faussement ingénu. Chaque situation est en rupture totale avec le reste pour notre plus grand plaisir.
Ce manga est prépublié dans le Sunday GX de Shogakukan, six tomes sont déjà parus et il sort en France ce 12 mai 2021 chez Kana. Un manga qui fait plaisir à lire, car on retrouve la plume d’Haro Aso qui excelle dans la psychologie des personnages et aussi parce que c’est une belle ode à la vie. Profiter de l’instant présent malgré les zombies. Ce n’est pas beau ça ?
Aïe aïe aïe, le niveau de langage de l’article (et de pas mal de vos articles mangas) pique les yeux.
Un peu de relecture ou un peu de temps en plus avant la publication, ça serait chouette.