HUNTERS X HUNTERS
La promotion évite de trop mettre en avant la fameuse formulation économique « inspirée d’une histoire vraie », et pour cause : la seule once de vérité qui parcourt Hunters, c’est le mouvement stratégique américain sur lequel repose le scénario, c’est-à-dire la fameuse opération Paperclip.
Cette opération consistait en effet à recruter dans un élan de générosité onéreux les têtes pensantes les plus performantes du 3e Reich, 1 500 en tout, histoire de leur faire fabriquer des bombes plus performantes que les pauvres missiles communistes. Rendue publique en 1973, elle n’est pas très populaire, ce qui est probablement lié au fait que le gouvernement du pays de la liberté a logé, nourri et blanchi des personnes ayant commis des actes impardonnables sous couvert d’expériences en tous genres et sous le commandement d’Hitler et ses sbires.
S’inspirant très vaguement des « chasseurs de nazis » juridiques tels que Simon Wiesenthal, le showrunner David Weil a quelque peu malmené cette histoire, et l’a confrontée à une troupe de personnages fictifs, les chasseurs du titre, à la tête desquels trônent Al Pacino, mettant tout son cœur à articuler le moins possible. S’inspirant des récits de sa grand-mère, survivante des camps, il a préféré s’attarder sur ses désirs scénaristiques plutôt que faire foi d’authenticité, au grand dam de certaines institutions.
Et on ne va pas le blâmer. C’est justement ce qui faisait de la série Amazon un objet relativement attendu. Le concept tient presque de la nazisploitation, ce type de séries B, Z voire X reprenant à son compte l’imagerie nazie pour draguer le spectateur sans scrupule, ou bien sûr du revenge movie classique et jouissif. La séquence de la batte de base-ball d’Inglourious Basterds ne demande qu’a être imitée. Du moins, avec un tel pitch, on était loin de s’attendre à une réflexion poussée sur le rapport de la communauté juive à l’Holocauste, surtout que le sujet a déjà été abordé moult fois dans des œuvres se gardant bien de trop dériver vers la fiction.
C’est malvenu d’embêter Kate Mulvany
NAZIS NAZES
Le pilote rassure dès sa scène d’introduction délicieusement bis, où un nazi dépourvu de la moindre forme d’empathie, mais camouflé derrière un vernis type « American way of life » ridicule assassine l’intégralité de son entourage dans quelques plans très fluides. À mille lieues du sérieux chirurgical de The Man in the High Castle, l’expérience est amusante, parfois un peu verbeuse, mais néanmoins divertissante, grâce à une mise en scène bien plus audacieuse que la moyenne et à un duo Logan Lerman / Al Pacino dynamique. Tranchant de façon relativement claire entre séries B sans prise de tête et thèses appuyées, le premier épisode ne laisse augurer que du bon.
La fameuse séquence de l’échiquier, largement critiquée par le musée d’Auschwitz-Birkenau en raison d’un mépris évident pour toute forme de réalisme, y trouve donc parfaitement sa place en tant qu’hommage grand guignol à un pan de culture populaire bien loin de ce genre de considérations. Tout ça n’existe que pour faire des antagonistes des monstres et des incarnations aussi absolues que purement fonctionnelles du mal. Et là-dessus, c’est réussi. Si on peut reconnaître une chose à Hunters, c’est le casting de ses bad guys.
Il n’y a pas d’âge pour être un nazi
Entre le vieux sadique incarné par Dylan Baker, la leader respectée campée par Lena Olin et surtout le jeune premier élevé dans la violence qu’est le personnage de Greg Austin, la distribution s’en donne à cœur joie pour faire de ces méchants des clichés savoureux, tellement dénué de nuances que ça en devient drôle. Il faut dire qu’ils sont bien aidés par l’écriture, s’amusant à faire transparaitre leur violence grâce à quelques flashbacks bien bourrins, une conspiration délirante et des gimmicks échappés de l’exploitation des années 1970, période où se déroule justement l’intrigue.
Et la troupe de chasseurs aperçue dès la fin du premier épisode aurait également pu être assez bourrine pour fédérer, d’autant plus qu’ils sont présentés avec des cartons faisant tout droit référence à la série B, technique que ne renie jamais Quentin Tarantino. Assez complexe pour échapper aux productions cyniques, peu drôles et lassantes à la Iron Sky, mais pas assez épuré pour tutoyer la sincérité d’Overlord, le scénario se suit sans déplaisir pendant les premières heures.
T’EN AS TROP PRIS
Mais ça se gâte dès que la série commence vraiment. Loin de se contenter d’un simple divertissement, Hunters veut finalement raconter beaucoup trop de choses par rapport à ce que lui permettait un traitement en apparence totalement décomplexé. En l’occurrence, le résultat serait plutôt complexé, cherchant à profiter du beurre, de l’argent du beurre, de l’usine de beurre et de l’intégralité de la Bretagne par la même occasion.
Bien sûr, on ne peut pas reprocher à Weil de développer ses personnages. D’ailleurs, quelques bonnes idées apparaissent ici et là, notamment la trajectoire d’Al Pacino, malheureusement développée sur les 3 ou 4 derniers épisodes. L’artificialité assumée du récit ne se concilie vraiment pas avec un traitement de l’émotion aussi faussement original que le reste. Les morts reviennent à l’occasion de certaines séquences décisives, histoire d’expliciter au maximum les contrariétés qui se cachent au fond du cœur du personnage principal, sans réussir à faire grand effet. Le procédé, vu et revu, ne peut vraiment s’intégrer dans une œuvre auto-proclamée cool et branchée dès sa première scène.
C’est bien le problème global de la série, visant la subversion tarantinesque sans jamais vraiment proposer d’idée visuelle marquante et surtout sans jamais vraiment les assumer complètement dans la composition dramaturgique d’un récit qui devient vite répétitif. D’autant plus que les épisodes durent presque tous plus d’une heure. Difficile alors de s’attacher à des personnages dont les trajectoires soi-disant atypiques sont expédiées en quelques flashbacks bien moins stylisés dès qu’il s’agit de quitter les années 1970.
ACCIDENTS DE CHASSE
Le point de non-retour est atteint quand ça commence à lorgner vers la satire bas du front et que les nazis sans foi ni loi et délicieusement caricaturaux évoqués précédemment sont politisés. Bien sûr, le parti républicain est plein à craquer d’aspirants au 4e Reich. Utiliser l’opération Paperclip pour s’amuser de l’hypocrisie de la classe politique américaine ? Pourquoi pas, mais autant il aurait fallu le faire avec des personnages plus travaillés que des conspirationnistes trop machiavéliques pour susciter l’intérêt.
Pire : l’intrigue se lance dans une réflexion bancale sur la pertinence et la nécessité de la vengeance, alors même qu’elle la légitime régulièrement par de timides effusions de violence ! Dès lors qu’elle s’y attaque avec sérieux, l’analyse de la Shoah parait un peu opportuniste. Jojo Rabbit avait su récemment troquer son ton rigolard contre une certaine sensibilité nécessaire dès qu’il abordait le sujet de façon plus grave et concrète, Hunters s’impose directement comme contre-exemple à ce niveau.
Une critique subtile du rêve américain
Une séquence particulière, sortie de nulle part comme la plupart des digressions gentillettes surgissant régulièrement, met en scène, par exemple, une sorte de jeu télévisé détaillant les raisons de l’antisémitisme qui sévit encore largement dans l’Amérique des années 1970. Après les avoir longuement détaillées, le présentateur se tourne littéralement vers la caméra et s’adresse directement au spectateur. Le procédé en rajoute une telle couche que tout ce que raconte la scène s’évapore. Entre trip bourrin et pamphlet à charge, il faut choisir. Weil en est incapable, alors il batifole entre les deux, entrainant un désintérêt certain de son spectateur.
Dénués de tout second degré, les flashbacks montrant les camps commencent à en devenir franchement gênants, tant ils servent de véhicule peu travaillé, mais étrangement pseudo-tragique pour la caractérisation de personnages. Ces séquences se mettent à instrumentaliser sans trop de vergogne un évènement qui n’en avait pas besoin. Sus au romantisme reconstitué : rendez-nous nos parties d’échecs humaines, improbables et donc divertissantes. D’autant plus que le cliffhanger de fin persiste à verser dans la débilité la plus délicieuse. Il ne faudrait pas réfléchir à une saison 2, juste la faire.
Hunters est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video en France depuis le 21 février
Je sais pourquoi maintenant je suis parti de votre site, c juste parc’que vous êtes vraiment des grosses merde!
Retirer la merde que vous vous mettez vous même dans les yeux!
Cette série est une merveille de jeu et d’écriture, tous ce que vous ne serez jamais!
Je comprends pas trop cette critique qui est loin d etre une bonne analyse…la série est très solide , avec un al pacino très en forme ,la réalisation splendide, on ne s ennuie pas une seconde , et tout est bien dosé entre drame et fiction plus legere
cette série se laisse regarder sans déplaisir, Tarantino du moins son esprit est présent surtout dans le 2eme épisode. Des références en pagaille aux comics, d’ailleurs, le héros agit comme s’il était un super héros. Al Pacino est Bruce Wayne (milliardaire) sans être batman pour le costume mais dans son attitude en flirtant avec le côté obscur dans la violence; le héros lui sert de sidekick version robin pour essayer de canaliser al pacino
il suffit de regarder la scène où le meilleur ami de jonah lui dit que Robin est la constante de Batman, qui évite à celui ci de franchir la ligne rouge…..
Hunters n’est pas une série historique mais une fiction dont le point de départ est une histoire vraie : l’opération paperclip…Dès le D DAY, les américains ont fait la course avec l’URSS pour savoir qui aller arriver à Berlin en 1er. chacun d’eux ont récupérer des nazis. Von Braun a contribué à aider les USA à terminer le programme de la bombe et se trouve être le père du programme,spatial US.
Enfin, pour les geeks, une allusion à von braun existe dans le 3eme retour vers le futur quand Marty et doc découvrent que celui ci est mort au far west alors qu’il précise à marty que son ancètre a quitté l’Allemagne dans les années 30.
Pour conclure, HUNTERS est divertissant et jouissif….les nazis sont des salauds, les américains sont ambivalents et ambigus et les hunters sont des humains avec leurs qualités leurs défauts
Il faut prendre la série comme « Inglourious Basterds », je le trouve super. C’est aussi un critique de la société américaine qui a recueilli les nazi de la nasa.
Greta forever , avec ce pseudo déjà tout est dit….donc en fait un millenials ou zoomer basique , persuadé d’être un justicier, d’avoir tous compris, de tous connaître….????mais incapables de faire de vrais recherches et de se documenter correctement . Ah la la la ce sens de l’approximation et de la simplification chez ces petits égocentriques….????
wouai … 2 ep et ça m’ennuie déjà au plus haut point .
Assez d’accord avec Dwigt ,je lis pas mal que ça ressemble à du Tarantino mais c’est faux .Déjà l’écriture est a des années lumière et surtout Tarantino va s’amuser avec l’Histoire pour stopper net la souffrance des juifs (ou de sharon Tate) grâce a la fiction et non pas pour la prolonger en exagérant la sauvagerie nazi jusqu’à l’absurde .
ps: le coup est partie tout seul sur le 1er post .désolé :/
wouai … 2 ep et ça m’ennuie déjà au plus haut point .
Assez d’accord avec Dwigt ,je lis pas mal que ça ressemble à du Tarantino s Déjà l’écriture , Tarantino va s’amuser avec l’Histoire
@Kouak
Vous avez entièrement raison.
Wernher von Braun, et son accent allemand à couper au couteau, était une des inspirations du personnage du Dr Folamour dans le film de Kubrick en 1963. Von Braun était un scientifique recruté par le régime allemand, il n’était pas un idéologue forcené (ça aurait été autre chose si la Nasa avait pris des militants convaincus ou des gens impliqués dans la mise en place des camps), et il avait été retourné par les Américains assez facilement. Le public américain était en tout cas au courant de son passé dès les années 60 parce qu’il s’exprimait souvent à la télévision dans le cadre du programme spatial, et qu’on avait aussi enquêté sur son passé. Et les spectateurs du film comprenaient donc parfaitement à l’époque les gags de Peter Sellers sur le salut nazi ou les « personnes d’élite ».
En 1983, dans L’Étoffe des héros, il y a le directeur du programme spatial à la NASA qui est également un ancien nazi avec un accent à couper au couteau très inspiré de Braun.
Bref, c’était un secret de Polichinelle, le grand public de 1977 était parfaitement au courant de l’opération « Paperclip » et de la présence d’anciens scientifiques allemands dans le programme spatial. Ce que la NASA veut cacher dans Hunters, c’est qu’ils auraient aussi pris des militants nazis impliqués dans la Solution finale, ce qui est en revanche une hypothèse totalement fausse.
@Gretha for ever
Pitié. Pas de la retape pour l’UPR ici. Asselineau raconte n’importe quoi sur Hallstein, y compris qu’il s’appuie sur des travaux d’historiens (les spécialistes en question l’envoient paître et il ne détaille pas ses sources, ce qui est la base du travail d’un historien), avec des théories sans fondement sur ses idées nazies. Comme le type s’adresse de toute façon à des gogos prêts à tout avaler parce que convaincus de tout savoir mieux que les autres, autant raconter qu’Hallstein était un croquemitaine, ça aurait à la limite plus de bases « sérieuses ».
Un problème de base de cette série, c’est que c’est exactement le même canevas que The Boys, avec des nazis à la place des super-héros : un jeune qui vient de connaître une tragédie, qui veut se venger, qui rejoint une société secrète avec un mentor ambigu, qui s’y intègre au départ très mal et et qui découvre qu’il y a un vaste complot à l’œuvre.
Après, il y a la mise en scène du pilote qui est calamiteuse, tant le réalisateur tente de pomper le style froid et clinique de Mindhunter alors que le script est totalement kitsch. Dans la première scène au bord de la piscine, tout le monde joue de façon sérieuse, c’est filmé comme une tragédie, il n’ y a que Dylan Baker (le Boucher) qui a compris qu’il fallait cabotiner à fond.
Dans les épisodes suivants, ça passe un peu mieux, parce qu’ils adoptent des styles plus variés, qui collent mieux à l’histoire, mais cette histoire en question reste incroyablement lourde, avec des reconstitutions assez saumâtres des camps, des débats qui se croient profonds sur la vengeance alors qu’ils enfilent les clichés. Les auteurs croient faire du Tarantino, alors que Tarantino avait eu de bonnes raisons de ne pas montrer certaines choses dans Inglourious Basterds. Eux, ils les montrent et ils croient pouvoir en être fiers.