STELLARIS PERSONAE
Après plusieurs mois de guerre ouverte contre les ceinturiens menés par le belliqueux Marco Inaros, les premiers d’hier sont devenus les derniers d’aujourd’hui. Malgré une alliance entre Mars et la Terre, les deux ennemis jurés d’hier ne peuvent rivaliser face aux trop nombreux avantages technologiques et stratégiques accumulés dans l’ombre pendant des années par le chef rebelle, et les deux hégémons se savent condamnés si la guerre d’usure perdure. Mais, lors d’une mission de routine, le capitaine Holden et l’équipage du Roci découvrent une faille qui pourrait retourner le cours du conflit.
Le fan affuté de The Expanse aura probablement déjà déduit le gros problème de cette saison 6 dans l’énoncé qui précède : alors que la qualité suprême de la série a toujours été la solidité d’acier et la cohérence à toute épreuve de son écriture ultra-rigoureuse, son ultime saison démarre grâce à… du hasard. Un bon gros coup de bol même pourrait-on dire. Une facilité inhabituelle et qui en soi ne signifie pas grand-chose, mais qui s’avère être le premier gros symptôme du mal qui ronge ce point final à une série que nous avons tant aimée : elle est prisonnière de sa logique d’action.
Rapidement, la très désagréable impression d’être devant le résumé Wikipedia de ce qu’aurait dû être cette saison 6 envahit le spectateur. Il n’y a plus ici qu’une énumération de péripéties – inhabituellement fades, qui plus est. L’histoire a déserté, et les personnages ont été vidés de leur substance. L’âme de la série est écrasée sous le poids d’un cahier des charges narratif devenu tyrannique. Pas le temps pour les émotions, l’exploration de l’univers, ou de tisser la toile de fond. Non, il faut conclure, et vite, trop vite.
Tiens, ce serait pas un incident déclencheur sur mon radar ?
ÇA SENT LE ROCI
Alors, tout le monde s’organise pour en finir : machin fait un truc pendant que bidule amène MacGuffin aléatoire numéro 26 à chose. Pas le temps de penser, il faut agir, et rien ne dévie moins de sa trajectoire qu’un pantin qui ne réfléchit pas. Tout le monde progresse en ligne droite selon un programme horriblement robotique. Cette nécessité est tellement impérieuse qu’elle est directement incarnée dans Guoliang, nouveau personnage atroce aussi plat et mort que le cadavre écrasé de Mufasa, dont la seule fonction est de torcher le développement psychologique de Marco et Filip.
Comme une troupe de PNJ, tout le monde ici accomplit sa destinée programmée et personne n’interagit plus que ce qu’il ne faut pour faire avancer le scénario, car il faut que cela avance, pas de temps à perdre.
Guoliang à droite, qui vérifie que le scénario avance comme prévu
Alors certes, en fouillant un peu et en restant attentif, une ou deux scènes parviennent à reproduire une petite vibration, quelques idées intelligentes se démarquent (dont une sidérante prédiction de la crise migratoire initiée par Lukashenko) et rappellent que The Expanse est (fut ?) une série d’une finesse remarquable. Mais le mal est fait : impossible de s’impliquer dans ce récit éteint, artificiel et paresseux, dénué de la moindre ambition narrative ou visuelle.
Même le travail technique, pourtant d’ordinaire déjà le point faible de The Expanse, est à minima. Où sont passés les décors variés et créatifs d’avant, les scènes d’action en plan séquence, l’enchantement et la découverte de nouveaux horizons ? Ne restent qu’une enfilade d’intérieurs de vaisseaux et de ponts de commandement, et l’on croit halluciner lorsqu’on nous fait grâce de quelques gros plans ou de cadres un peu composés.
Oh tiens, un plan moyen pas inspiré
LA MORT N’EST PAS UNE FIN
En toute franchise, on fulmine un peu lorsque défile le générique de fin du tout dernier épisode de The Expanse, le meilleur de cette saison bâclée certes, mais juste dans la moyenne haute au regard de la globalité de la série. La pyrotechnie, l’intensité et l’action trépidante reviennent enfin, mais il est déjà trop tard. Le sentiment de gâchis est là, clair, net, précis. Manifestement, plutôt que de servir une belle cerise, Amazon a servi la soupe au cours de ce sprint final, et donne presque même l’air de râler en le faisant, comme si on dérangeait avec nos exigences. Voilà qui a de quoi sérieusement entamer le capital sympathie.
Comment expliquer autrement ce choix absolument suicidaire de conclure en six épisodes seulement et donc d’assumer, par là même, de laisser complètement en jachère de nombreux arcs narratifs ? C’est plus de moitié moins de temps que les légendaires saisons 2 et 3 – que nous consacrons d’ailleurs officiellement et donc définitivement comme les meilleures de la série – et les dommages sont aussi inévitables que colossaux. La protomolécule, l’avancée du rêve de Mars, les aliens… tout ce qui n’est pas de l’ordre de la politique de l’espace sera laissé à la discrétion du spectateur et de son imaginaire. La série n’en fait tout simplement pas son affaire, se débarrasse de tout ce qui ne l’aide pas à se débarrasser du cadavre et se tirer au Mexique.
Puisque c’est comme ça, je me barre au soleil
Et qu’on ne nous fasse pas le coup de la fin ouverte : le travail n’est pas fini. Creuse et famélique, cette conclusion n’en est tout simplement pas une. La demi-saison 6 de The Expanse n’est pas une fin, c’est une exécution. La preuve ? Ces six épisodes souffreteux paraissent bien misérables à côté de la fin de la saison 3, qui devaient déjà marquer la fin définitive de la série et apportait un vrai sentiment d’achèvement tout en laissant exactement ce qu’il fallait de mystères pour donner envie de continuer à parcourir cet univers mentalement. En un mot, on rêvait.
Plutôt qu’une transcendance, la renaissance de The Expanse aura donc abouti à une deuxième mort de la série. C’est peu de dire que cette saison 6 n’est pas à la hauteur des attentes, puisqu’elle satisfait déjà péniblement le minimum syndical. D’ailleurs même les auteurs des livres n’ont pas l’air de savoir quoi en faire puisqu’ils ont eux-mêmes déclaré il y a peu qu’ils considéraient cet arrêt de la série comme… une pause. Ce que l’on espère sincèrement vu la queue de poisson qui nous a été faite, pour ne pas dire la quenelle lyonnaise qui nous a été mise.
Amos, réduit à peau de chagrin
« … ET DÉFIER LES ÉTOILES TYRANNIQUES »
Que dire de plus, face à aussi peu de substance ? Tout cela peut sembler dur, mais qui aime bien châtie bien. Alors, il semble juste et logique de dire combien nous avons aimé The Expanse après l’avoir châtiée comme nous venons de le faire. Nous avons donc beaucoup, beaucoup aimé The Expanse. Après une première saison lente, mais très engageante, elle a su transformer ses faiblesses en avantages tout en profitant à fond de ses forces.
Tout cela l’a propulsée mille fois au-delà de sa promesse initiale au cours de ses saisons 2 et 3, ses heures de gloire flamboyantes que l’on évoque encore ici non sans encore trembler quelque peu. Bien qu’inférieures, les saisons 4 et 5 furent également de belles aventures.
Drummer, lorsqu’elle découvre le vide du scrpit
Évidemment, The Expanse n’est pas parfaite, elle ne l’a jamais été d’ailleurs. Hormis quelques moments de bravoure, la réalisation n’a jamais cassé des briques, et les effets ont généralement toujours oscillé entre « potables » et « bien exécutés sans plus ». Tous les arcs narratifs n’ont pas également su toucher juste (la planète Ilos, Marco et Naomi…), même si la plupart ont su transporter très loin, voire effleurer du doigt le génie pur (faut-il vraiment préciser qu’on parle d’Éros ?). Mais, donnez de la boue à un bon artisan et il saura y trouver de l’or.
Tant pis pour les qualités naturelles ou cosmétiques : ce sont les traits profonds de The Expanse qui ont fait sa grandeur, son intelligence vivace, sa rigueur de travail, sa passion pour le genre. Et quelque part, son identité s’est aussi affirmée à travers ses défaillances.
Un grand méchant raté, mais bien coiffé
Nul doute qu’avec sa toile de fond fourmillante de détails, son inventivité créative et sa galerie de personnages attachants, voire marquants (Chrisjen et Amos), The Expanse a su se démarquer de la concurrence et faire revivre la hard SF télévisuelle légèrement en avance, a été une des premières à remettre de la pureté dans un genre exigeant trop souvent parasité par les ficelles du space opera (Perdus dans l’espace, Foundation), sans doute par sécurité.
Gageons que si The Expanse aura galéré, voire échoué, à trouver son grand public, elle aura contribué à enhardir les producteurs et préparer les esprits du public pour le futur. Et avec les superbes For All Mankind ou Raised by Wolves, il est permis de croire à ce futur. Ne nous quittons pas trop fâchés donc : pour tout cela, merci d’avoir existé !
La saison 6 de The Expanse est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video en France depuis le 14 janvier 2022
j ai commencé a voir la série avant de lire les livres. la fin de la saison 6 me semblant un peu bizarre et précipitée , j ai lu avec grand plaisir les livres. les premières saisons sont de très fidèles, à assez fidèles. Mais plus on avance dans les saisons moins la série TV suit les scenaris des livres. mais la toutes dernière saison dérive tres fortement même si globalement le squelette du scénario est respecté. Dans la précipitation à finir la série on a l impression que le banquier a dit « ho les gars vous avez vu combien ça coute vot’e truc, arrêtez moi ça »
Avec cette série j’ai eu l’impression de voir l’avenir, sérieusement, c’est tellement réalisable cette histoire, enfin du moins celle avec les conflits interplanétaires, cela rappelle ce qui va nous arriver dans un futur proche.
Que dire de plus ? Pour être franc, j’ai attendu avec impatience cette ultime saison. Forcer de constater, que je reste sur ma faim. Je suis carrément même frustré car l’univers autour de The Expanse avait réussi jusqu’ici à me transporter vers cette imaginaire Hard SF que j’apprécie énormément. Pour le coup, six épisodes seulement ça sentait le Roussi…mais j’aurai aimé autre chose pour cette série que j’ai adoré suivre depuis le commencement. Alors comme Zendaya nous le rappelle souvent, Quand vous vous attendez à une déception vous pouvez pas être déçu malheureusement je m’y attendais pas visiblement. J’ose espérer me tromper avec un come back hypothétique après tout Zidane est bien revenu en équipe de France donc pourquoi pas une saison 7 ? Je prie pour revoir The Expanse et en attendant j’irai me plonger dans les derniers tomes. Vive la Terre, Vive Mars, Et vive la Ceinture See you soon
Fabuleuse série adapté d’un roman encore plus fantastique, cette dernière saison bâclée n’est clairement pas à la hauteur, pourquoi mettre en place des éléments d’arc narratifs qui ne sont meme pas dans le bouquin à ce stade ou on ne voit pas du tout ce qu’il se passe derrière les anneaux , l’histoire des jumeaux n’arrive que dans le livre suivant qui se passe 30 ans plus tard et n’est même pas détaillés à ce point.
Ils veulent peut etre faire une suite à thé expansé mais pas du tout avec les mêmes acteurs …
On verra bien, toujours est il que cette fin est belle est bien bâclée et aurait mérité un ou deux épisodes de plus.
En effet ils ont tous fais pour ce débarrasser de la série au plus vite. Je n’ai pas compris à quoi servais l’histoire du petit frère ressuscité à chaque début d’épisode. Mais au moins ils ont le mérite d’avoir terminé l’histoire. Carmina Drummer et Bobby Drapper les meilleurs personnages de la série de mon point de vue.
Ah oui et j’oubliais: Camina Drummer, meilleur personnage de la série. Elle mériterait un spin off pour elle seule. Bravo a l’actrice qui a fait un putain de travail.
Une saison quasi inintéressante, rushée, même pas sauvée par un final fort en action mais pas non plus transcendant. Les 3 premières saisons étaient parfaitement rythmées, pleines de surprises et de personnages fascinants, d’enjeux forts, d’arcs narratifs bien traités. Bref c’était passionnant à suivre. Le passage par Amazon a transformé la série en quelque chose de poussif et baclé, avec des personnages principaux devenus fantomatiques, errant dans la série comme des pions actionnant des leviers. La tension a disparu, de même que le mystère. Le rythme est en roue libre, un temps excessif un temps mou pendant des demi-saisons entières. Et surtout le méchant est ridicule, porté par un acteur qui n’est pas du tout à la hauteur. Dès lors, difficile d’accrocher.
On termine le dernier épisode dans une quasi-indifférence totale. Les gentils ont gagné mollement sans rien perdre et le méchant a perdu, wow impressionnant. Le générique final se déroule et on a cet énorme goût de frustration dans la bouche d’avoir a peine effleuré la surface de cet univers pourtant si vaste, et on se demande ce qu’il s’est passé les 3 dernières saisons tant il ne s’est rien passé. Et le budget on en parle ? Le commandement militaire de la Terre c’est 8 personnes dans une piece de 30 m2 ? Tout est étriqué, recyclé, cheap.
Je me souviens quand l’Anneau est apparu je me suis dit mon Dieu, mais ca va être incroyable. Ben tout l’inverse, c’était naze. Bref merci EL pour cette critique très juste. Encore une série foirée vers la fin qui peut rejoindre ses pairs: Vikings, Westworld, House of Cards…
@Yazuk
Une note pile à la moyenne, pour un texte qui s’achève en remerciant la série pour ce qu’elle a apporté au genre…
C’est au contraire extrêmement mesuré dans le négatif.
Rolala… tellement excessif dans le négatif. Moins bien que les autres saisons ? Oui. Trop rapide ? Oui. Mauvaise ? Non. Bonne ? Plutôt. Ça reste une excellente série de SF et une bonne série tt court.
Ils nous ont fait une game of throne avec des livres déjà écrits.
Les meilleurs saisons restent les deux premières et le rachat s’est fait sentir.
La conclusion est un résumé de ce qu’ils n’ont pas su préserver.
Là oú les détails et le réalisme maintenaient l’envie, il reste des conclusions précipités pour remplir le cahier des charges. Personnages, intrigues, tout est survolé.
Un grand dommage …